Cet article a été publié dans Allaiter aujourd'hui n° 34, LLL France, 1998
Devant un bébé qui pleure souvent, longtemps (1), parfois de façon inconsolable, mais qui par ailleurs est en bonne santé, le diagnostic est souvent : coliques du nourrisson.
Cela étonne certaines mères, qui ne pensaient pas que les bébés allaités puissent eux aussi avoir des coliques.
En effet, parmi les causes possibles des coliques, la plus souvent évoquée est la cause alimentaire, et il est sûr que l'allaitement évite bien des problèmes intestinaux. Néanmoins, le bébé peut réagir à ce que mange la mère, dont certains composants passent en partie dans le lait (notamment les protéines de lait de vache). C'est pourquoi on conseille parfois de réduire les produits laitiers (2), voire les choux et oignons (3).
Bien que les bébés allaités avalent généralement moins d'air que les bébés au biberon, cela peut néanmoins arriver si la mère a un réflexe d'éjection très fort (4) ou si le bébé n'a pas une bonne coordination succion/déglutition/respiration.
Autre cause possible liée à l'allaitement : un changement trop fréquent et rapide de sein au cours d'une même tétée, qui fait que le bébé absorbe trop de lait "de début de tétée" particulièrement riche en lactose, parfois mal toléré par certains bébés.
D'autres théories sur les coliques (il n'en manque pas !) concernent autant les bébés allaités que les autres.
Pour certains, elles seraient la manifestation de l'immaturité du système nerveux dans les premiers mois. Il faut en effet bien se rendre compte que le petit d'homme naît quasiment "prématuré", si on le compare à beaucoup d'autres mammifères (qu'on pense au poulain ou au veau, qui sont debout et marchent quelques heures après leur naissance). Le bébé naît à un moment où la maturation de son cerveau, de son système nerveux en général, de son système digestif, de son système immunitaire, etc., est loin d'être terminée. D'où, peut-être, ces "douleurs de croissance" que seraient les coliques (5).
D'autres mettent en cause des changements hormonaux chez la mère au cours des trois premiers mois, qui pourraient causer des spasmes intestinaux chez l'enfant ; une maladie du bébé, ou un problème respiratoire l'empêchant de réguler correctement son sommeil et son oxygénation ; un sommeil perturbé où les phases de sommeil léger et de sommeil profond ne sont pas bien organisées au cours des trois premiers mois.
Si les études ne sont pas toutes d'accord sur les causes, elles s'accordent par contre à dire qu'il est non seulement cruel et dangereux (6), mais aussi contre-productif de "laisser pleurer" le bébé : globalement plus on répond aux pleurs des bébés, plus on les porte, plus on les console, moins ils pleurent (7).
À plus long terme, on a montré que les mères qui décident très tôt que leur bébé est difficile, se retiennent davantage quand il s'agit de répondre à ses pleurs, et ont moins tendance à avoir des "conversations" avec lui (Shaw, 1977). Or ces vocalisations réciproques sont très importantes pour le développement du langage, et si un parent évite son bébé qui pleure, celui-ci aura lui aussi tendance à couper la communication.
(1) Traditionnellement, on définit les coliques par la "règle des 3" : plus de trois heures de cris par jour, plus de trois jours par semaine, pendant au moins trois semaines, au cours des trois premiers mois de la vie.
(2) Voir par exemple l'étude de Clyne et Kulczyski (Pediatrics 1991 ; 87 : 439-44) montrant que la présence d'IgG bovines dans le lait de femme pourrait jouer un rôle dans l'apparition des coliques, et celle de Hill, Hudson et Sheffield (All Clin Immunol 1995 ; 96 : 886-92) montrant que les pleurs dus aux coliques diminuent en cas d'alimentation hypoallergénique de la mère.
(3) Maternal intake of cruciferous vegetable and other foods and colic symptoms in exclusively breastfed infants, Lust KD, Brown JE, Thomas W, J Am Diet Assoc 1996 ; 96 : 46-48.
(4) Voir Les Dossiers de l'allaitement n° 28, p. 17-21.
(5) D'après des études danoises (Nilsson, 1985, Klougart, 1989), un traitement ostéopathique pourrait aider en cas de coliques, sans doute en aidant à l'ajustement de ces systèmes immatures.
(6) Voir Risques inhérents aux pleurs chez les nourrissons, Les Dossiers de l'allaitement n° 28.
(7) Voir par exemple l'étude du Dr Barr, Pediatrics 1989 ; 84 : 514-21.
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Vous dites : "Autre cause possible liée à l'allaitement : un changement trop fréquent et rapide de sein au cours d'une même tétée, qui fait que le bébé absorbe trop de lait "de début de tétée" particulièrement riche en lactose, parfois mal toléré par certains bébés."
Du coup, il ne faut pas donner les 2 seins ? Ou alors il vaut mieux faire une petite pause entre chaque tétée ?
Ma fille allaitée fait des coliques. Et quand elle tete, je lui donne les 2 seins (10-15 min par seins). Est ce trop ?
De temps en temps elle ne fait pas de selles tous les jours : cela pourrait expliquer les coliques ?
Merci pour votre aide.
Bonjour,
Une femme medecin qui avait allaité m'avait recommandé d'arrêter le gluten pour mon bébé qui avait des coliques.
Et en effet, quelques jours après que j'ai arrêté d'en prendre, je sentais que mon bébé allait mieux. J'ai repris du gluten pour voir et les coliques sont revenues de plus belle.
J'ai donc enlevé le gluten de mon alimentation pendant les 3 premiers mois environ de mon bébé.
Bonne journée
Bonjour,
Merci infiniment pour tous vos conseils, bien utiles pour faire face aux moments difficiles.
Concernant les coliques, mon pédiatre m'avait demandé de faire un test sur quelques jours: supprimer les laitages et observer les réactions de bébé. Si bébé semblait plus calme, il fallait que je réintroduise les laitages peu de temps après et de nouveau observer les réactions de bébé. Conclusion: avec les laitages bébé se tortillait et hurlait avant de faire les selles. Sans les laitages, bébé était calme. Du coup, je ne me suis pas posé plus de question, j'ai supprimé les laitages durant les 4 premiers mois et j'ai pu profiter des merveilleux moments avec un bébé calme et souriant. Maintenant qu'elle est un peu plus grande, j'ai recommencé à manger des laitages, elle est un peu inconfortable et s'agite un peu mais ne pleure pas. Bien sûr, ce n'est que mon expérience, d'une maman comblée et heureuse de pouvoir faire face aux obstacles en tous genres. Merci à la LL
Bonjour,
Il est clair pour moi que la qualité de l'alimentation de la mère est primordiale dans l'alaitement, malgré ce qu'on a pu m'avoir dit.
Autre chose moins connue, le terrain acido-basique peut expliquer beaucoup de pépins. Allez voir un naturopathe si vous êtes désespéré(e)(s).
Par rapport aux sushis, pensez aux maquereaux ou aux saumons (atlantique) qui ont un meilleur score PRAL que le thon. Vous protégerez du même coup votre porte-monnaie. Le gingembre est excellent, mais ne pas en abuser du fait de son caractère excitant bien connu. Eviter la sauce soja qui n'a plus rien de japonaise (produit industriel très éloigné de la recette japonaise traditionnelle).
Par contre, les produits laitiers de vache, ce n'est pas tout blanc ou tout noir. Je vous conseille 1/ la lecture du best seller sur l'intestin. 2/diversifier votre alimentation en légumes verts et complets avant de supprimer les laitages.
Tout ça, c'est du "bon sens de bonne femme".
Rien de vraiment médical, je tiens à le préciser.
Bonjour,
Je mange des sushis, et je me demandais si je peux egalement manger du gingembre et du wasabi?
Mon petit garçon de 3mois a eu mal a l'estomac hier soir.
Merci pour votre reponse.
B.journée
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