Editorial du n° 75 d'Allaiter aujourd'hui, LLL France, 2008
L’allaitement, ce n’est pas que de la nourriture. Cela, les mères allaitantes l’ont toujours su.
Et le lait maternel, ce n’est pas qu’un aliment. Ce n’est pas que l’addition de lipides, de glucides, de protides, de vitamines, d’oligo-éléments… destinés à faire grandir et grossir les petits humains, et parfaitement adaptés à leur métabolisme.
Le lait maternel, c’est aussi plein de facteurs de protection : anticorps, lactoferrine, lysozyme, caséine, fibronectine, protectine, protéines du complément, mucine, lactadhérine, lymphocytes, cytokines, enzymes comme la catalase, oligosaccharides, etc., etc. (1)
Tous ces éléments (et on en découvre de nouveaux chaque jour) jouent non seulement un rôle important pour la protection de l’enfant pendant la période d’allaitement, mais on pense maintenant qu’ils ont aussi un impact à long terme, car ils aideraient à la mise en place du système immunitaire de l’enfant.
Une récente étude a découvert une autre façon pour le lait maternel de participer à la mise en place du système immunitaire : en transportant des bactéries ayant pour origine l’intestin de la mère, il aiderait à la constitution de la flore microbienne digestive du bébé, essentielle pour la mise en place et l’« éducation » des fonctions immunitaires (2).
Encore plus récemment, une équipe française a découvert par quel mécanisme l’allaitement pouvait prévenir les allergies : lorsqu’une mère qui allaite respire de potentiels allergènes, ceux-ci pourraient, à l’instar des aliments, passer dans le lait et être transmis au bébé. Cette voie de transmission pourrait être particulièrement efficace pour rendre l’enfant tolérant à cet allergène (3). En somme, une sorte de désensibilisation précoce !
Des bactéries (utiles). Des allergènes (utiles). Qu’est-ce que le lait maternel pourrait bien encore contenir ? Eh bien, des chercheurs australiens viennent tout juste de découvrir qu’il contient… des cellules souches !
Pour le Dr Cregan, qui a fait cette découverte avec son équipe (4), les seins d’une nouvelle mère prennent, à la naissance, le relais du placenta pour faire en sorte que la destinée génétique du bébé s’accomplisse correctement.
Et il ajoute : « Les fabricants de lait industriel se sont polarisés sur le fait d’égaler les qualités nutritives du lait maternel, mais jamais leurs produits ne pourront assurer cette bonne conduite du développement de l’enfant (developmental guidance). »
Vous qui allaitez votre bébé, sachez-le : ce faisant, vous en faites pleinement l’être humain qu’il était destiné à être. Et ce n’est pas rien !
Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau
1. Ces facteurs de protection sont tellement nombreux et redondants qu’il est virtuellement impossible, pour un germe donné, de développer une résistance vis-à-vis du lait humain (contrairement à ce qui se passe, on le sait, avec les antibiotiques). Pour une description détaillée des mécanismes de protection : Cleary TG, Human milk protective mechanisms, Adv Exp Med Biol 2004 ; 554 : 145-154.
2. Perez P et al, Bacterial Imprinting of the Neonatal Immune System: Lessons From Maternal Cells? Pediatrics 2007 ; 119(3).
3. Verhasselt V et al, Breast milk-mediated transfer of an antigen induces tolerance and protection from allergic asthma. Nat Med 2008 Feb ;14(2) :170-5.
4. Cregan MD et al. Identification of nestin-positive putative mammary stem cells in human breastmilk. Cell Tissue Res 2007 ; 329(1) : 129-36.
Des études plus récentes ont montré que ces cellules souches étaient pluripotentes. Voir notamment : Hassiotou F et al. Breastmilk is a novel source of stem cells with multilineage differentiation potential. Stem Cells 2012 ; 30(10) :2164-74.
Bonjour,
Je vous remercie beaucoup pour l'article .J'ai trouvé vraiment une chose qui m'aide dans mes recherches sur les avantages du lait maternel.
Bien à vous ,
SALIHA MEHEIRIS
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