Hyperlactation : how left-brained « rules » for breastfeeding can wreak havoc with a natural process. CM Smillie, S Hetzel Campbell, S Iwinski.
Newborn Infant Nurs Rev 2005 ; 5(1) : 49-58.
Il y a 50 ans, toutes les mères qui allaitaient s’entendaient répéter de ne mettre leur enfant au sein que toutes les 4 heures. En conséquence, la plupart des enfants ne recevaient pas suffisamment de lait, et les mères passaient rapidement à l’alimentation au lait industriel. Encore aujourd’hui, de nombreuses femmes reçoivent des conseils variés, qui ont souvent pour principal point commun de ne se fonder sur aucune base scientifique sérieuse, et elles sont habituellement considérées comme responsables des problèmes d’allaitement qui en résultent. Les auteurs travaillent dans une consultation d’allaitement, et ils ont eu l’occasion de voir environ 2 800 mères allaitantes ces huit dernières années. La moitié de ces femmes avaient des problèmes liés à leur production lactée surabondante.
L’hyperlactation a été décrite pour la première fois en 1988 par Woolridge et Fisher. Ces auteurs ont aussi montré que les nourrissons peuvent réguler leurs apports, pour peu qu’on s’abstienne d’appliquer des règles strictes à l’allaitement. Les auteurs font le point sur ce que leur expérience professionnelle leur a permis de constater.
La mère peut évoquer des symptômes variés chez son enfant : il semble affamé en permanence, tète mal, s’étrangle au sein, se débat pendant les tétées, souffre de « coliques » importantes, régurgite beaucoup, a des selles explosives, éventuellement vertes ou mousseuses… Souvent, la prise de poids est très rapide, tout au moins au début. Plus rarement, elle est insuffisante. Certaines tétées peuvent se passer mieux que d’autres. Dans l’ensemble, la mère est déroutée par le comportement de son bébé. Elle peut également avoir des problèmes de mamelons douloureux, des engorgements ou des mastites à répétition. Beaucoup d’entre elles pensent qu’elles n’ont pas assez de lait, et cherchent à augmenter leur production lactée, ce qui aggravera les symptômes.
Lorsque la mère se présente en consultation, l’enfant a le plus souvent entre 3 et 6 semaines, mais dans certains cas le problème a débuté dès 10 à 15 jours. Les auteurs estiment que ce syndrome est induit par des interférences avec le processus physiologique normal de l’allaitement.
La production lactée est régulée par la demande de l’enfant, et la réponse de la mère à cette demande. La fréquence avec laquelle les seins sont stimulés et « vidés » régule la rapidité de synthèse du lait.
Lorsque les seins sont « pleins », un facteur autocrine intervient pour ralentir à court terme la production lactée. La capacité de stockage mammaire, et donc la quantité de lait disponible au moment de la tétée, est l’un des facteurs qui affectent la fréquence à laquelle le bébé aura besoin de téter pour obtenir suffisamment de lait. De son côté, l’enfant régulera la production lactée en fonction de son appétit. Le fait que la mère décide de quand son bébé doit téter, et pendant combien de temps, pourra interférer avec ce processus. Lorsque les besoins de l’enfant sont mal compris ou mal interprétés, ou que des règles inadaptées sont appliquées, le mécanisme physiologique de régulation de la production lactée pourra se dérégler.
Il est nécessaire de suivre de près les apports de l’enfant pendant les premières semaines (urines, selles). Toutefois, la nécessité de ce suivi peut renforcer l’angoisse de la mère liée à sa peur de ne pas avoir suffisamment de lait. Une situation très souvent rencontrée est celle de la mère qui met son enfant au premier sein pendant une durée arbitrairement décidée, puis le met à l’autre sein ; l’enfant reçoit une grande quantité de lait, mais un lait pauvre en lipides et riche en lactose. Il sera rapidement affamé à nouveau. La mère le fera téter à nouveau selon le même schéma, ce qui stimulera de plus en plus la production lactée. Pour rompre ce cercle vicieux ou prévenir sa survenue, il est nécessaire de ne pas laisser nos raisonnements culturels interférer avec l’instinct de la mère et l’observation du bébé qui sait manifester ses besoins.
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Publié dans Les Dossiers de l'Allaitement n° 70, LLL France, 2007
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Les règles trop strictes peuvent avoir des conséquences négatives sur l'allaitement
Au tout début on m'a forcé à donner les 2 seins à chaque têtée. C'était la cata. Puis naturellement j'ai décidé qu'un seul sein était suffisant 2 fois de suite pour bien vider. Et aujourd'hui à bientôt 4 mois je donne 1 sein par têtée. Le jour où j'aurais besoin d'en donner 2 je le ferai. Apprenez à vous écouter. Il n'y a pas de règles. Il faut avoir confiance en soi et en sont bébé. C'est la recette parfaite.
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