Extrait des Dossiers de l'Allaitement numéro 62 (janvier-février-mars 2005)
Fatty acids in formulae for term infants : compliance of present recommandations with the actual human milk fatty acid composition of geographically different populations. EN Smit, IA Martini, RFJ Kemperman et al. Acta Paediatr 2003 ; 92 : 790-96. Mots-clés : lait humain, lait industriel, acides gras.
Le lait humain contient des acides gras polyinsaturés à longue chaîne (AGPI) qui sont particulièrement utiles pour le développement du système nerveux central, et qui sont absents des laits industriels courants. Certains fabricants ajoutent des acides gras au lait industriel pour nourrisson. Le but de cette étude était de comparer les taux d’acides gras dans les laits industriels et dans le lait de femmes appartenant à diverses populations. Le lait humain est en effet l’étalon or en ce qui concerne l’alimentation du jeune enfant, et sa composition en acides gras est utilisée pour déterminer ce que devrait être la composition du lait industriel. Mais il existe en fait d’importantes différences dans la nature des acides gras présents dans le lait maternel selon les populations. En outre, on se pose de plus en plus de questions sur l’augmentation du rapport oméga 6/oméga 3 dans le lait des femmes occidentales, ainsi que sur la présence d’acides gras trans. Par ailleurs, l’enrichissement des laits industriels en acides gras polyinsaturés à longue chaîne a donné des résultats déconcertants.
455 échantillons de lait ont été collectés sur une période de 25 ans, chez des femmes vivant en Hollande, à Antigua, Belize, Curaçao, en République Dominicaine, à Sainte Lucie, à Saint Vincent, au Surinam (ces 7 dernières localisations étant regroupées sous le nom de région des Caraïbes), à Jérusalem et en Tanzanie. Chaque groupe de mères consommait l’alimentation traditionnelle locale. Les taux d’acides gras ont aussi été recherchés dans 30 laits industriels destinés à des enfants nés à terme.
Les taux des divers acides gras recommandés pour les laits industriels n’étaient pas les mêmes que ce qui a été constaté dans de nombreux échantillons de lait humain provenant de mères non occidentales, en particulier les acides gras en 12:0, 14:0 et 18:2w6, ce qui est compréhensible dans la mesure où ces recommandations sont fondées sur le lait de mères occidentales qui ont une alimentation typique des pays industrialisés. De même, les taux de 18:2w3, 20:4w6, 22:6w3 des laits industriels présentaient de nettes différences avec les taux retrouvés dans les échantillons de lait humain, ainsi que le rapport 18:2w6 / 18:3w3, ce qui peut être le signe de la mauvaise qualité des recommandations. Les taux de la plupart des acides gras du lait humain étaient corrélés entre eux, soit positivement, soit négativement, en particulier ceux des acides gras en 12:0, 14:0, 16:0, 18:0, 18:3w3, 22:6w3, 18:2w6, 20:4w6, 18:1w9, alors que dans les laits industriels ces corrélations n’existaient pas, ce qui ne respectait pas les relations physiologiques normales entre les acides gras. Les taux des divers acides gras dans les laits industriels étaient globalement conformes aux recommandations pour leur composition quand cette composition était analysée de façon univariable, mais pas quand elle était analysée de façon bivariable.
Il serait nécessaire de créer un modèle multivariable, dans lequel tous les acides gras seraient pris en compte simultanément. Mais même si cela était fait, de nombreuses choses ne seront pas encore prises en compte, comme la structure spatiale des acides gras, les combinaisons de ces acides gras sous forme de triglycérides, leurs interactions avec d’autres lipides sous forme de globules lipidiques, leurs interactions avec les autres composants du lait maternel… On peut en conclure que les recommandations pour la composition en acides gras des laits industriels sont médiocres. Elles doivent être révisées, les nouvelles recommandations devant beaucoup plus tenir compte de la physiologie du lait maternel.
Article sur les acides gras du lait industriel et du lait humain extrait des Dossiers de l'Allaitement numéro 62 (janvier-février-mars 2005)
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