Extrait du numéro 74 d'Allaiter aujourd’hui, janv-fév-mars 2008
Inès est née en septembre 2005, librement, respectueusement, sans péridurale ni épisiotomie, après un accompagnement global et un accouchement en plateau technique.
Puis les débuts ont été difficiles, très difficiles. Elle pleurait beaucoup, je pleurais, je ne comprenais rien… J’allaitais « à la demande » avec un intervalle de deux ou trois heures entre chaque tétée (et j’étais tellement perdue que je ne voyais même pas l’absurdité de la chose), sur les conseils de ma sage-femme, incompétente en allaitement.
Cinq semaines plus tard, j’ai rencontré LLL, appris à gérer mon REF (réflexe d’éjection fort, fini les coliques en 24 h), commencé à allaiter en permanence, compris que les bébés n’étaient pas tous pareils et que j’avais un bébé aux besoins intenses.
Tout en restant très sensible, j’ai arrêté de pleurer, un début de lâcher prise. J’ai aussi senti au fond de moi que plus j’arriverais à répondre à ses besoins maintenant, plus elle serait libre plus tard. Je lui ai dit : « Même si je dois te porter 24 h sur 24 en permanence, je le ferai tant que tu en auras besoin. » Promesse bien ambitieuse puisque j’avais l’impression que ça durerait jusqu’à ses 18 ans, mais ça m’a rendue plus forte. Une semaine plus tard déjà, elle pleurait un peu moins. J’ai mis la famille dehors, c’est-à-dire que je n’ai plus laissé Inès en garde quelques heures pour me reposer, car cela me faisait perdre confiance en moi. J’ai commencé à apprendre mon bébé, j’ai commencé à apprendre à vivre en allaitant.
Allaiter en dînant
Les premiers mois de ma fille, pour ma survie mentale, il m’était absolument indispensable de pouvoir dîner (en ayant un minimum de temps pour le faire) avec mon mari. C’était ma pause après une journée avec bébé. Mais, comme je l’ai découvert assez vite, je n’avais pas un bébé sur le format « une tétée et au lit » (de tels bébés existent-ils ?). Non, le soir, Inès passait 2 h, 3 h, 4 h, voir 5 h au sein… non stop. Eh bien, j’ai fait des dîners de 2 h à table, entrée, plat, dessert, déca compris ! Matériel nécessaire : une chaise avec un grand dossier ferme, un coussin d’allaitement, une serviette, un grand torchon. Mode d’emploi : caler le coussin d’allaitement autour de son ventre, les deux extrémités du coussin coincées entre son dos et le dossier de la chaise, une serviette sur le coussin d’allaitement (obligatoire avec mon REF), bébé allongé dessus, ventre à ventre avec moi, au sein, un torchon par-dessus pour éviter de la couvrir de sauce tomate ! Depuis, j’ai vu d’autres mamans faire la même chose en portant bébé en hamac dans un porte-câLLLin ; ça permet de se lever au cours du repas. J’ai noté, pour quand on en fera un deuxième !
Allaiter en voyageant
Train, avion, pas de problèmes… avec la carte enfant+, on a même plus de place grâce à bébé qui, de toute façon, reste dans les bras, au sein… Mais en voiture, hum… J’avoue de nombreux kilomètres à moitié tordue sur le siège bébé pour qu’elle puisse s’endormir, l’inconfort de la position étant largement compensé par l’absence de hurlements. Après quelques essais, j’ai trouvé la position la moins inconfortable, avec la ceinture un peu desserrée mais toujours attachée. Plus Inès grandissait, plus c’était facile puisqu’elle attrapait le sein plus facilement.
Et maintenant, elle a presque 2 ans et accepte de voyager à côté de son papa ! Comme quoi, même si au début, je ne pouvais pas le croire, c’est vrai quand on nous dit que ça ne dure pas toute la vie !
Allaiter en se lavant
La baignoire bébé, j’ai vite laissé tomber, d’autant plus que ça faisait pleurer Inès, et moi ça me stressait. En plus, j’ai le dos trop fragile. Prendre ma douche était devenu une course poursuite puisque ça voulait dire laisser Inès hurlante dans son transat sur le sol de la salle de bains. J’ai alors essayé les bains avec bébé : je me lavais (y compris les cheveux, faut un peu pratiquer avant de trouver la bonne méthode), je la lavais, puis vive les tétées reposantes où nous nous endormions toutes les deux dans le bain (elle complètement, moi à moitié). Sans compter ma petite jubilation à l’idée de ce que tout bon psychanalyste penserait d’une telle pratique : en plus du traumatisme de me voir nue, imaginez ses prédictions de troubles cumulés de l’hygiène, du sommeil et de l’alimentation !
Allaiter en dormant
Il m’a fallu trois mois d’apprentissage. Trois mois pour passer Inès du couffin posé à côté de notre lit, au matelas posé à hauteur de notre lit, à notre lit contre moi… Trois mois pour ne plus allumer la lumière, ne plus regarder l’heure… Trois mois pour juste me retourner, la rebrancher au sein et me rendormir, le tout en trois minutes. Cet apprentissage a été vital, car si je restais éveillée plus de cinq minutes, j’en prenais pour deux heures d’insomnie et une journée du lendemain absolument abominable pour moi et mon entourage.
Allaiter en bougeant
Métro, courses, réunion de copropriétaires, conférences, expos, balades du dimanche… C’est l’écharpe qui m’a rendue libre. Une écharpe qui permet de porter à hauteur de seins (et non de bisous). Indispensable quand on n’a pas de tétées identifiées pendant lesquelles on descend bébé, mais juste une tétée permanente ! Sans compter un dos fragile.
Tout cela sans compter les séjours aux toilettes tout en donnant la tétée, les besoins de chacune étant tout aussi urgents !
En même temps, il y a les jours sans, où j’en ai marre, ras le bol, je crise, rien ne marche. Ces jours-là, j’ai aussi appris à essayer d’en faire un peu moins, à juste faire la sieste avec bébé et laisser le reste pour plus tard. Mais pour passer le cap de la journée, il m’était aussi presque indispensable jusqu’à ses 6 mois d’avoir 15 ou 30 minutes, voire une heure les jours fastes (ceux où elle partait en écharpe avec son papa faire le marché), sans elle, seule, dans mon lit, pour récupérer.
Inès a maintenant 22 mois, tète moins, et je m’aperçois qu’au-delà d’allaiter, c’est toute la vie quotidienne que j’apprends progressivement à vivre avec elle, sans cloisonnement inutile. Tout prend plus de temps. Mais chaque jour, je constate que c’est par imitation qu’elle apprend. Et quand on la voit, aussi petite, donner la tétée et porter sa poupée, aller aux toilettes, vider les couverts du lave-vaisselle, mettre la table, étendre le linge, bricoler, lire le journal… on craque à fond avec mon mari.
Prochain challenge : avoir une vie professionnelle sans la laisser de longues heures chez la nourrice. On verra bien. Pour l’instant, je savoure de me retrouver maman à temps plein après une reprise trop précoce du travail.
Merci du fond du coeur à Charlotte, Flore, Laure et Léa pour leur expérience et leur soutien dans le chemin de ma parentalité.
Marie-Florence
juillet 2007
Bonjour,
Je vous admire,moi j'ai l'impression de ne plus avoir de vie tellement mon Bébé réclame mon sein et mes bras.Bientot 2ans il me réveille encore quatre fois minimum la nuit.Je suis épuisée d'être sa tétine,son doudou,son matelas (il est très rare qu'il ne dorme pas sur moi ou coller à moi).Cet un Enfant éveillé plein de Vigueur qui joue , danse,grimpe (dès qu'il accepte de ne plus être dans MES bras) toute la journée et moi je ne peux et ne veux plus faire un marathon pour me laver, aller au toilettes,ni manger sous crainte de hurlements jusqu'au vomissements.Cinq minutes,c'est le maximum que j'ai avant qu'il ne devienne tout rouge et vomisse.Bebe n'a jamais vous le porte bébé écharpe ou pas que les bras.Bebe ne mange pas,a goûté à tout sans problème mais recrache systématiquement tout après la quatrième cuillère ( riz,légumes,fruits,biscuits,pates,compote,glace,ect...)et fait non de la tête pour se nourrir presque exclusivement de tété. Au bout de pratiquement 2 ans sans une seule nuit complete,je craque et ce soir j'ai dit STOP...pour cette nuit au moins.Je sais qu'à minuit ma poitrine fera sa lolo Ferrari avec la montée laiteuse mais j'avais envie d'aller au toilettes,me laver,et me brosser les dents en solitaire et sans me presser et de ne pas coucher avec les sein à l'air en ayant l'impression d'être une tétine-biberon géante.
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