Je suis Claire, maman de 7 enfants. J’ai allaité tous mes enfants, à l’exception de la première (allaitement écourté au bout de quelques jours par manque d’information), jusqu’à un sevrage induit par la grossesse suivante (à l’exception d’un co-allaitement de 10 mois entre mes quatrième et cinquième enfants). Je suis mère active au sein de LLL France depuis un peu plus de six ans et animatrice LLL France depuis octobre 2018.
J’ai accouché de mon septième enfant le 5 avril 2019 (accouchement déclenché à J+5 pour manque de liquide amniotique, néanmoins sans péridurale). Mon fils pesait 3,7 kg pour 53 cm à la naissance. Comme ses frères et sœurs, il présentait à la naissance un frein de langue postérieur. Certains de ses frères et sœurs ont subi une frénotomie pour leur frein postérieur, sans que je note d’amélioration de leur comportement au sein après la frénotomie. La littérature scientifique sur la nécessité de couper les freins postérieurs et les soins post-frénotomie ne faisant pas consensus non plus au plan scientifique, nous avons choisi de ne pas réaliser de frénotomie dès lors que la prise de poids de S. restait correcte.
J’ai eu, dans les semaines qui ont suivi la naissance, plusieurs épisodes de canaux lactifères bouchés, toujours au même endroit. Cela m’était également arrivé dans les premières semaines postpartum de mes autres enfants, et cela s’était toujours résolu en appliquant les conseils généralement donnés dans cette situation : prendre de la lécithine de soja en complément alimentaire, faire beaucoup téter le bébé, plonger le sein dans de l'eau chaude, utiliser la position de la louve pour allaiter, masser la zone, tirer au tire-lait en plus des tétées, prendre du repos (autant que cela soit possible avec sept enfants), etc.
Pourtant, au cours de la sixième semaine postpartum, le canal s’est de nouveau bouché, et malgré toutes mes tentatives, je n’ai pas réussi à le déboucher en utilisant les techniques citées ci-dessus. J’ai passé plusieurs jours à essayer de le déboucher, en appuyant fortement sur la zone bouchée, à m’en faire littéralement pleurer de douleur, mais j’étais persuadée de la nécessité de déboucher rapidement la zone avant que la situation n’empire. Voyant que mes efforts n’étaient pas couronnés de succès, j’ai demandé à une amie kiné de me faire trois séances d’ultrasons de 5 minutes à 2 Mhz, puisque je sais que cette technique a parfois du succès.
Je n’ai noté aucune amélioration suite à ces séances. La zone demeurait dure et devenait de plus en plus douloureuse.
À J+7 par rapport au début de cette infection, j’ai demandé à mon amie Magali Bontemps, co-animatrice et consultante en lactation IBCLC, de venir me voir pour me donner son avis sur ce que je pouvais mettre en œuvre pour déboucher ce canal.
Après avoir regardé mon sein, Magali m’a dit qu’elle pensait que j’avais dépassé le stade du simple canal bouché et que, même si je ne présentais pas de fièvre ni de syndrome grippal, la situation ressemblait à un cas atypique d’abcès. Elle m’a alors proposé d’aller passer une échographie pour vérifier cette hypothèse.
J’ai eu la chance d’avoir un rendez-vous en urgence le lendemain (soit à J+8) au cabinet d’échographie du Dr X à Paris.
L’échographie a montré un abcès de 24 mm. Le Dr X m’a proposé de ponctionner l’abcès (avec un guidage par échographie), si celui-ci était assez liquide pour être ponctionnable, et m’a prescrit de la Pyostacine, 1 g toutes les 8 heures pendant 12 jours. La Pyostacine est un antibiotique à large spectre, souvent prescrit dans cette situation. Il n’a pas été effectué d’antibiogramme du liquide prélevé.
Après une légère anesthésie locale, la ponction échoguidée est réalisée. L’injection de l’anesthésie est plus douloureuse que la ponction elle-même, même si j’aurais préféré ne rien subir du tout. Le geste n’est pas très invasif et permet de rester en permanence avec son bébé (ce qui n’aurait pas nécessairement été le cas si j’avais dû aller aux urgences).
J’ai été moralement très soulagée de savoir que le contenu de l’abcès était assez liquide pour être ponctionné, de savoir que je n’aurais pas à subir de séparation avec mon bébé (séparation qui me semblait impossible à mettre en place compte tenu de mon souhait de le materner en l’allaitant à l’éveil depuis sa naissance, et aussi souvent et longtemps qu’il le souhaiterait). Enfin, j’étais également très réconfortée de savoir que j’étais prise en charge par un médecin qui connaissait l’allaitement, dont les mots en me raccompagnant à la porte ont été "et surtout, continuez d’allaiter votre bébé des deux seins", et pas par un médecin qui m’aurait charcutée en ne connaissant rien à l’allaitement et aurait probablement endommagé des canaux lactifères en effectuant un drainage chirurgical
Le médecin m’a prévenue que la poche de l’abcès pouvait de nouveau se remplir dans les jours suivant la ponction, et qu’il était difficile de savoir s’il faudrait une ou deux ponctions pour venir à bout de l’abcès. Il m’a donc dit de ne pas hésiter à rappeler le cabinet pour un rendez-vous en urgence si je sentais que l’abcès se remplissait de nouveau, et il a insisté sur la nécessité d’être très stricte sur la prise des antibiotiques toutes les 8 heures (j’ai donc mis un rappel toutes les 8 heures sur mon téléphone).
Je n’ai pas senti d’amélioration physique immédiate après la ponction et dès le lendemain, j’ai senti que la poche de l’abcès se remplissait de nouveau.
Le surlendemain (J+10), j’ai rappelé le cabinet pour prendre un nouveau rendez-vous. L’échographie a montré que la poche s’était à nouveau remplie sur 1 cm, et la collaboratrice du Dr X a proposé de reponctionner l’abcès avec échoguidage, en utilisant l’incision faite deux jours avant pour ne pas piquer à deux endroits différents. Je ne sais pas si c’est parce qu’il y a eu deux ponctions à deux jours d’intervalle au même endroit, mais suite à cette deuxième ponction, j’ai fait un hématome très important, et la douleur liée à l’hématome dans les jours suivants a été beaucoup plus importante que celle liée à l’abcès en lui-même. La collaboratrice du Dr X m’a également prescrit de l’ibuprofène en plus du traitement antibiotique déjà en place.
Je suis assez résistante à la douleur, mais le lendemain de cette deuxième ponction, je souffrais tellement que je n’ai pas pu me lever pour m’occuper des enfants. L’hématome était si massif que du sang s’est évacué par les canaux lactifères.
Photo à J+11 du canal bouché, à J+1 de la deuxième ponction
Cela m’a naturellement angoissée, et j’étais aussi embêtée car, même si tous les écrits scientifiques encouragent à donner le sein même en cas d’abcès, savoir que S. allait boire du sang ne me plaisait pas.
La douleur, à chaque fois qu'il tétait, était si forte que je ne pouvais pas retenir mes larmes. Tirer mon lait au tire-lait était encore plus douloureux et donc inenvisageable.
Très sincèrement, si je n’avais pas eu dix ans d’allaitement derrière moi, si je n’avais pas été animatrice LLL France, si je n’avais pas été aussi convaincue de la nécessité d’allaiter mon fils pour sa santé, je pense que j’aurais baissé les bras.
À ce moment-là, j’étais très mal, physiquement et aussi moralement. Je voyais que, depuis le début, la situation ne faisait qu’empirer, j’avais chaque jour plus mal et j’avais l’impression d’être entrée dans une spirale de douleur à laquelle je ne voyais pas d’issue. Les médecins, qui étaient pourtant d’une bienveillance extrême, ne pouvaient pas me dire quand la situation allait s’améliorer. J’ai fouillé toute la littérature scientifique de LLL sur les cas d’abcès, j’ai cherché également des textes en anglais pour me rassurer, pour trouver des témoignages, mais il n’y avait quasiment rien. L’essentiel de ce que j’ai pu trouver, c'était des articles déjà assez anciens qui évoquaient le fait que, depuis une dizaine d’années, le traitement par ponction était préféré à un drainage chirurgical, pour les raisons que je connaissais déjà : moins de traumatisme pour le sein, pas de séparation maman/bébé, plus de facilité à poursuivre l’allaitement. Les articles mentionnaient en général que le taux de succès par ponction était élevé. En revanche, les articles ne mentionnaient pas dans quel délai ce traitement était un succès. Or, pour me rassurer, j’avais besoin de savoir quand j’allais sortir de cette spirale de douleur. Au bout de combien de temps devais-je m’inquiéter de voir le traitement ne pas fonctionner ? Et qu’en était-il quand la maman faisait, comme moi, un très gros hématome ?
Je me suis sentie très seule face à la douleur, très seule face à cette situation où je n’étais pas sûre médicalement de prendre les bonnes décisions. Je me demandais ce que j’avais fait pour mériter ça. Un abcès du sein, ce n’est pas un abcès du genou, je me suis sentie profondément atteinte dans ce qui fait de moi une femme. Je me suis aussi sentie atteinte dans mes compétences de mère. Mes seins qui allaitaient sans discontinuer mes bébés depuis dix ans avec tant de naturel, de facilité, se mettaient tout à coup à me faire défaut, pourquoi ? Qu’est-ce que j’avais fait ou pas fait pour en arriver là ?
Le lendemain (J+12), la douleur a un peu diminué, je pouvais allaiter sur ce sein sans pleurer, même si j’avais encore très mal. En plus de l’hématome, mon sein était œdématié, c’est-à-dire plus gonflé que l’autre, sans que je puisse dire si ce gonflement était lié à l’hématome ou à l’inflammation plus générale de mon sein, sachant que mon fils continuait à téter sur ce sein aussi souvent que sur l’autre malgré la douleur.
Photo (à J+12 du canal bouché, J+2 de la 2ème ponction)
qui montre l’hématome/l’œdème très important après la 2ème ponction.
L’abcès est localisé sur le haut du sein, on ne voit pas la poche où il est localisé sur cette photo,
toute la rougeur est liée à l’hématome lors de la ponction (incision sous le strip)
Sur la suggestion de Magali qui prenait de mes nouvelles régulièrement, je suis entrée en contact avec Marie, une animatrice LLL avec beaucoup d’expérience, qui pouvait peut-être m’offrir un éclairage scientifique et des témoignages du vécu de mamans qu’elle avait accompagnées dans leur allaitement.
Marie s’est montrée d’une grande bienveillance et d’un grand réconfort, et a partagé avec moi des pistes concernant ce que je vivais. Elle m’a également proposé de me mettre en contact avec Y qui est sage-femme mais aussi consultante en lactation certifiée IBCLC et qui a le DIULHAM. Y travaille dans un service hospitalier où les cas d’abcès du sein de mamans allaitantes sont traités par ponction depuis de nombreuses années. Elle pourrait certainement apporter, grâce à son expérience professionnelle et à sa connaissance de l’allaitement, un regard nouveau et éclairé sur ce que je traversais.
Y a très généreusement accepté de me contacter, et nous avons pu avoir de nombreux échanges téléphoniques au cours des jours suivants. Sans ces échanges, sans son soutien quasi quotidien et sa bienveillance, je ne sais pas si j’aurais pu continuer à affronter cette situation, car malheureusement, il s’est écoulé encore un moment avant que la situation ne s’améliore.
Y m’a rassurée sur le fait qu’après l’abcès soit "guéri", il faudrait du temps avant que mon sein ne reprenne son apparence d’avant. Elle m’a expliqué comment, la nature étant bien faite, l’abcès se localise dans une "coque", et que cette coque, une fois vidée, allait rester là pendant un moment avant de disparaître. C’était pour moi rassurant de pouvoir projeter ce qui allait se passer par la suite, je pense que j’aurais sinon été inquiète que cette zone demeure dure, marquée par cet épisode de "crise", et ne revienne pas immédiatement à la normale. La poursuite de l’allaitement était, dans son expérience, un facteur aidant à la guérison, car un sevrage brutal sur le sein infecté pouvait amener de nouveaux engorgements qui pouvaient à leur tour dégénérer en abcès et ce, sur un sein déjà affaibli.
Pendant les jours qui ont suivi, il m’était impossible de savoir si la deuxième ponction avait suffi à vider l’abcès. En effet, l’hématome que j’avais fait en réaction à cette deuxième ponction était tellement important que mon sein était extrêmement gonflé sur toute la partie supérieure, et il m’était par conséquent impossible de sentir si la poche était vidée ou non. Du pus s’écoulait chaque jour un peu par l’incision faite pour la ponction, et les médecins m’avaient encouragée, autant que possible, à presser mon sein pour aider à évacuer ce liquide, ce drainage étant favorable à la guérison. J’ai pris soin, tant que du liquide s’écoulait, d’occuper les mains de mon fils pendant les tétées pour qu’il ne touche pas la zone où le liquide sortait, il avait donc un lange entre les mains qu’il pouvait tripatouiller pendant les tétées au lieu de toucher le sein comme il le faisait habituellement. De mon côté, j’avais toujours à disposition des compresses pour éponger ce qui pouvait sortir de l’incision pendant les tétées.
Quelques jours après (J+14 du canal bouché), j’ai revu le médecin pour une échographie de contrôle.
Photo à J+14 du canal bouché, prise dans le RER alors que je vais au rendez-vous de contrôle,
j’allaite S. sur le sein malade
Lors du rendez-vous, le médecin m’a indiqué que la guérison était en bonne voie et que, s’il restait encore un peu de liquide, il n’était pas nécessaire de re-ponctionner, pour ne pas créer de nouvel hématome. Selon lui, le liquide restant allait pouvoir s’évacuer par l’incision faite lors de la ponction, les antibiotiques continuant leur travail de leur côté.
Pendant les cinq jours suivants, l’abcès a continué à se vider un peu chaque jour par l’incision, mais mon sein restait douloureux et gonflé.
Photo à J+16
Je n’étais pas sereine malgré ce que le médecin m’avait dit. Le fait de voir du pus chaque jour sortir de mon sein me donnait l’impression de pourrir de l’intérieur, d’avoir une maladie sale qui attaquait l’intérieur de mon corps, et ce, à un endroit à la fois qui me définit en tant que femme et que j’identifie fortement à mes compétences de mère. Le fait que mon fils continue à téter à ce moment-là m’a permis de garder confiance dans ma capacité à le materner.
Je me sentais aussi confusément honteuse vis-à-vis de l’extérieur. Moi qui allaite habituellement mes enfants partout, en tous lieux et sans gêne, j’étais gênée d’allaiter sur ce sein malade à l’extérieur, j’avais peur du regard des gens et des questions que cela pouvait susciter. À l’extérieur, j’ai donc choisi d’allaiter préférentiellement sur l’autre sein, ou d’allaiter avec un tissu couvrant ce sein-là. Savoir que l’allaitement était un facteur aidant à la guérison m’a permis de m’accrocher et de ne pas perdre pied face aux sentiments négatifs que j’éprouvais face à cette situation.
J’ai continué pendant ces quelques jours à envoyer des photos de mon sein à Y qui n’était pas inquiète et m’encourageait à tenir le coup, à faire confiance à mon corps dans ce processus de guérison qui me semblait si long.
J’ai fait des cataplasmes d’argile verte plusieurs fois par jour pour aider à la guérison.
Photo à J+21
Je sentais clairement que l’inflammation repartait dans le mauvais sens, la zone de l’abcès était très gonflée, plus gonflée qu’elle ne l’avait été par le passé.
J’ai donc repris rendez-vous chez le médecin à J+24. Cette fois-ci, avant même l’échographie, un simple regard lui a suffi pour confirmer qu’en effet l’abcès s’était de nouveau rempli, et même qu’il n’était pas loin de faire une fistule. Il m’a expliqué cela, tout en me disant que même si c’était très impressionnant, si l’abcès venait à faire une fistule, c’était une bonne chose. Cela voulait dire que mon corps se soignait lui-même et qu’il évacuait l’abcès. Le médecin m’a alors indiqué les gestes d’hygiène à adopter si la fistule se produisait (lavage des mains très régulier et rigoureux, plusieurs nettoyages par jour de la plaie à l’eau et au savon). Elle m’a également proposé de réaliser une nouvelle ponction échoguidée pour me soulager en termes de douleur, et nous avons convenu d’envoyer le liquide prélevé au laboratoire pour réaliser un antibiogramme (le fait que l’abcès continue de se remplir malgré l’antibiothérapie en place depuis deux semaines faisait penser que l’antibiotique ne correspondait pas au germe). La ponction a été réalisée à un endroit différent des deux premières fois pour limiter le risque que je fasse de nouveau un hématome massif.
Photo à J+24 du canal bouché (et jour de la 3ème ponction)
Suite à cette troisième ponction, je n’ai heureusement pas fait d’hématome, ce qui était ma grosse crainte, car j’avais peur de souffrir à nouveau très fort comme cela avait été le cas suite à la deuxième. Pendant quelques jours, cette ponction m’a soulagée et j’ai cru que la guérison était proche.
Je voudrais aussi évoquer la difficulté d’être malade quand on est mère et qu’on n’a pas de famille proche qui puisse prendre le relais et aider. D’être malade, mais de devoir malgré cela se lever chaque matin pour préparer les petits déjeuners, de devoir continuer à vider le lave-vaisselle, à faire tourner la machine à laver et à plier les vêtements, de devoir aider chaque soir aux devoirs des enfants à une heure où la douleur et la fatigue de la journée sont tels qu’on voudrait plutôt pouvoir aller se coucher
Il y a également la culpabilité qu’on ressent inévitablement quand on n’est pas en état de s’occuper de ses enfants, ou en tout cas beaucoup moins et beaucoup moins bien qu’on le voudrait. La culpabilité qu’on ressent à leur dire pour la vingtième fois de la journée "s’il vous plait, soyez gentils, soyez calmes, maman est fatiguée", et cette culpabilité grandit à mesure que les jours passent parce qu’on sent bien, en tant que maman, qu’on ne peut pas leur demander d’être immobiles et silencieux pendant tant de jours.
L’accalmie a duré quelque jours... jusqu’à ce que je sente la poche à nouveau se remplir à la fin du quatrième jour suivant cette troisième ponction (J+28).
Photo à J+29, ça recommence...Malgré tout, je m’accroche et S.continue de téter sur le sein malade.
Je suis très attentive à ce qu'il tète autant des deux côtés. Il n’a jamais manifesté de préférence pour le sein non atteint.
Ses selles sont restées identiques en couleur et en quantité tout au long de cet épisode et sa prise de poids est restée constante.
J’ai tiré mon lait sur les deux seins à plusieurs reprises au cours des semaines où je suis restée malade
et je n’ai pu déceler aucune différence en termes de goût entre le lait du sein atteint et celui du sein non atteint
Au cinquième et sixième jour (J+29 et J+30 du canal bouché) après la troisième ponction, la douleur était vraiment très forte, mon sein pelait au niveau de la zone de l’abcès et je sentais la peau qui s’affinait et commençait à se déchirer.
Au soir du sixième jour (J+30 du canal bouché), l’abcès a fait la fistule et le pus a commencé à s’évacuer.
Photo à J+30, juste avant la fistule
Photo à J+30 après la fistule
Pendant la nuit, l’abcès s’est pas mal vidé. Mon sein était très rouge, très enflammé, et la peau était à vif à l’endroit de la fistule. J’avais de toute façon rendez-vous au cabinet d’échographie le lendemain.
Subir l’échographie sur les chairs à vif a été un vrai supplice, même si le médecin, voyant ma douleur, a été la plus douce possible. La bonne nouvelle à l’échographie a été que les zones ponctionnées la fois précédente ne s’étaient pas remplies, et que seule la partie supérieure de l’abcès, la plus proche de la peau et qui n’avait pas pu être vidée par ponction, était en train de s’évacuer par la fistule. L’antibiogramme récupéré pendant l’échographie du laboratoire a révélé, à la grande surprise du médecin, que le germe responsable de l’abcès n’était pas, contrairement à ce qui est habituellement le cas, un staphylocoque, mais un E-Coli, contre lequel l’antibiotique que je prenais depuis 15 jours n’était pas efficace. Le médecin a alors changé la Pyostacine pour de l’Amoxicilline, qui est efficace contre E-Coli.
Dans les jours qui ont suivi, l’action combinée de la fistule et du nouvel antibiotique m’ont apporté un réel soulagement. Voir la fistule est psychologiquement impressionnant. Y a été à ce moment d’une grande aide et d’un grand soutien moral, et elle m’a réconfortée sur le fait qu’une fois la fistule faite, mon sein allait guérir rapidement et qu’en quelques jours, son aspect allait s’améliorer. Cela a en effet été le cas, et voici des photos qui peuvent en témoigner jour après jour. Y m’a également indiqué que, dans son expérience, lorsqu’une maman arrête l’allaitement à ce moment-là, la guérison du sein est moins rapide, l’allaitement étant vraiment un facteur aidant à la réparation du sein.
Photo à J+31
Photo à J+32
Photo à J+34
Photo à J+37
Je pense pouvoir dire, à J11 de la fistule et de la prise de cet antibiotique (J+41 du canal bouché), que cet épisode est derrière moi. J’ai beaucoup souffert physiquement et moralement. Je ne m’attendais pas à ce que cela m’arrive après dix ans d’allaitement et alors que je suis animatrice LLL France. Je pense finalement qu’en tant qu’animatrice, on se sent un peu protégée contre ce type d’incident par les connaissances que l’on peut avoir sur l’allaitement. On a vite fait de penser que cela peut n’arriver qu’à une maman "débutante", à une maman qui aurait espacé les tétées trop vite, ou n’aurait pas répondu à la demande réelle de son bébé. Pourtant, au moment où ce canal s’est bouché, S. tétait à l’éveil, le lait coulait à flot, et il faisait plusieurs tétées nocturnes.
Est-ce parce que, du fait de son frein postérieur, les tétées auraient pu être plus efficaces ? Est-ce parce qu’en tant que maman de 7 enfants, j’étais surmenée, trop fatiguée ? Est-ce parce que je ne prenais pas bien le temps de m’hydrater et de me nourrir correctement ? Est-ce à cause d’une combinaison de tout cela ? Il est difficile de savoir pourquoi c’est arrivé.
En revanche, j’ai souhaité que cet épisode douloureux et qui m’a fortement marquée ne soit pas inutile. J’ai pensé que mon expérience pourrait servir à d’autres mamans allaitantes, et c’est pourquoi j’ai eu le réflexe de prendre des photos régulièrement lorsque j’ai senti que la situation se dégradait. J’espère que ces photos pourront permettre à des mamans de se rassurer, de voir que ce qui leur arrive est "normal" en cas d’abcès, et que la guérison est possible et pas si lointaine, même quand on se sent aussi atteinte dans son identité de femme et dans ses compétences de mère.
Mon souhait est que si une maman cherche le mot "abcès" sur le site de LLL France, elle puisse lire mon témoignage pour ne pas se sentir aussi seule que j’ai pu me sentir face à ce vide de "publications" sur le sujet. J’espère que d’autres mamans viendront elles aussi témoigner pour enrichir les connaissances scientifiques et médicales sur les cas d’abcès et leur traitement. S. a pu continuer à téter tout du long de cet épisode douloureux, ce qui m’a été d’un grand réconfort, car l’allaitement est vraiment au cœur de mon projet de vie pour et avec lui. Les tétées m’ont aidée à tenir le coup, et je suis convaincue que l’ocytocine produite à chaque tétée m’a été d’un grand secours tant physique que moral, et m’a aidée à supporter la douleur.
PS : deux mois après la rédaction de cet article et le début de ma guérison, je poursuis avec bonheur l’allaitement exclusif de S. Sa prise de poids n’a pas du tout été impactée par cet incident, et il est en excellente santé. Mon sein porte encore de légères traces physiques de l’abcès (la marque de l’incision, et une coloration particulière de la peau à l’endroit où la coque était située), mais je n’ai pas de douleur résiduelle. J’ai bon espoir que ces traces disparaitront avec le temps. Comme un pied de nez à ce vilain abcès, ce sein est aujourd’hui celui qui donne le plus de lait.
Bonjour a toutes et merci pour vos témoignages qui en ce jour me dise que je ne suis pas seule..pour ma part ,j ai eu mon fils,unique il y a 9 ans maintenant. Contrairement a vous je n ai pas allaitter ,cependant j ai eu quelques semaines après l accouchement un premier abcès. Cela ses répéter 3 fois ,a chaque fois ca recommençait malgré les ponctions, traitement etc..et voila maintenant 9 ans que ce ne s arrete pas,malgré des grandes pauses ou je n ai rien d un coup ca réapparaît.je suis désespérée. Mon medecin
m a diagnostiqué ce matin la maladie de Verneuil. Abcès en cours encore une fois ....
J'ai pleuré en vous lisant, je suis dans le même cas, mais jamais fait de ponction, mais tout le reste oui, j'en peux plus, je suis abonnée, ça se perce naturellement et se vide naturellement, mais ça revient malgré les antibiotiques que vous avez cités
Bonjour à toutes,
Pour ma part j’ai été transfusé à la naissance de mon fils et le médecin m’a dit :" vous risquez d’être plus sensible aux infections prochainement". Bingo: j’ai fait une infection du sein mal soignée (on m’a dit par la suite que l’antibiothérapie était àune dose pédiatrique) qui a tourné en abcès de 5cm par la suite. Il fallu que j’insiste auprès de mon généraliste pour faire une échographie, il ne pensait pas que ça pouvaitêtre un abcès. J’ai été traitée par ponction écho-guidée (sous anesthésie locale), toutes les semaines pendant 2 mois avec traitement antibiotique. La première ponction a été faite par une sadique sans anesthesie, j’ai douillé. Après j’ai refusé qu’on me touche sans anesthésie locale, et j’ai eu une anesthésie locale dans le sein à chaque fois. J’ai pu allaiter mon fils tout le temps du traitement. J’ai du suspendre l’allaitement juste une fois parce que du pus s’ecoulait par le mamelon, et j’ai tiré mon lait jusqu’au retour à la normale après 24h. Je n’ai pas eu de douleurs pendant le traitement, mon sein avait sa couleur habituelle, mais il était dur sur la zone de l’abces, et il y avait une pastille rouge de la taille de 1 euro. J’ai pu allaiter mon filsle temps que je voulais par la suite. Par contre le sein qui a été malade n’a jamais produit autant de lait que l’autre, même au deuxième allaitement. La faute à l’abcès? Je ne sais pas...
Merci d’avoir pris le temps d’expliquer tout ça, c’est vraiment une bonne action de votre part !
Bonjour à toutes j’ai lue un peu touts les témoignages de chacune et là mienne se ressemble à celle d’Anissa j’ai eu exactement là même choses que toi. Je me suis fait opérer 2 fois et malheureusement je retourne en plein de dedans à ce jour abcès qui est revenu depuis 1 semaine douleurs horrible. Franchement à ce stade je suis perdue je sais plus quoi faire. Et bien sûr j’ai eu des abcès dans les 2 seins ??
Bonjour Mélanie,
J’ai sollicité les animatrices LLL F pour savoir si elles connaissaient des professionnels de santé compétents dans la prise en charge des abcès des seins lactants dans votre région mais aucune réponse.
Peut être pourriez vous vous tourner vers les consultantes en lactation certifiées IBCLC de votre région qui pourront vous orienter ? cf association française des consultantes en lactation
ou voir au niveau de la maternité où vous avez accouché ?
Merci de me donner des nouvelles et bon courage pour trouver de l’aide pour guérir
Merci pour ce témoignage... Il m' aidé à comprendre mieux mon cas. J'ai un abcès de 33 mm après un semaine... On va voir comment ça évolue... Et pareil après 10 ans d'allaitement je ne pensais pas d'arriver à quelque chose comme ça.
Bonjour, merci pour votre réponse, j' habite dans le 13 près de Arles dans les bouches-du-rhones.
Bonjour Mélanie,
Votre situation est inhabituelle et je pense que la fistule pérennise l’écoulement. Il faut consulter , peut être pour enlever la fistule, mais je ne suis pas médecin.
Il ne s’agit pas de trouver un praticien qui ponctionne les abcès des seins, mais un professionnel de santé qui saura gérer la fistul,e tout en préservant l’allaitement. Où habitez vous ?
En tous cas, tous les témoignages concordent pour dire que la poursuite de l’allaitement sur le sein avec l’abcès aide à guérir et aide à retrouver un sein « ordinaire »
J’attends votre réponse sur votre lieu de résidence pour vous orienter.
Bonjour,
Merci pour ce témoignage qui aide beaucoup!! J' ai moi-même un abces depuis 3 mois. Au début j'avais une boule dure dans le sein. J'ai passé une écho et le médecin à penser à un cancer. Il m'a fait une biopsie et m'a percé l'abcès. Moi qui n avais pas du tout mal j'ai eu un gros hematome très douloureux avec fistule qui c est très vite fait.
Par contre aucun des médecins que j ai vue n'a voulue y toucher, on m'a conseillé d'arrêter d allaiter. Tous les soirs je vide mon sein de la collection qui se forme.
Je suis un peu dépitée. J'aimerai savoir combien de temps ça vous a pris pour être vraiment guéris? et combien de temps avez-vous allaitez après?
Je ne sais plus vraiment quoi faire, mon sein ne me fait plus mal, il n est pas indurė, ni rouge. Et ma pepette tėtoune très bien dessus.
Quel conseil pouvez vous me donner
Merci
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