Mise à jour janvier 2022.
"Le lait maternel est l'aliment par excellence du nourrisson."
Cette phrase, somme toute très simple, une lapalissade diraient certains, fait partie des 10 concepts qui forgent la philosophie de notre association. L'OMS, l'UNICEF, les recherches actuelles... encouragent les mères à allaiter leur bébé exclusivement les 6 premiers mois de leur vie, et à poursuivre l'allaitement, en plus de la nourriture solide, jusqu'à 2 ans et plus, pour une santé optimale.
Notons que l'OMS, dans sa Stratégie mondiale pour l'alimentation du nourrisson et du jeune enfant, liste ainsi les options possibles pour nourrir un bébé : la première est le lait pris au sein de la mère, la deuxième, du lait tiré par la mère, la troisième, du lait d'une nourrice en bonne santé, et vient en quatrième position du lait de lactarium. Le lait artificiel arrive lui en cinquième position.
Le partage de lait informel désigne le fait pour une mère de partager gratuitement son lait avec une autre sous la forme d'un don ou via l'allaitement croisé (cross nursing) de l'enfant. Pratique ancestrale habituellement réalisée dans un cadre familial ou de l'entourage proche, elle est en pleine augmentation, avec notamment l’apparition, depuis 2010, de réseaux de partage sur internet. Depuis lors, diverses déclarations ont été émises à ce sujet par divers acteurs – organisations professionnelles, religieuses ou de soutien à l’allaitement – sans que s’en dégage une réelle unité.
Qui sont les mères qui donnent ou reçoivent du lait de manière informelle et pour quelles raisons le font-elles ?
Une étude de 2019 réalisée auprès d’un réseau de partage a montré que les mères qui ont recours à ce type de plateformes le font pour diverses raisons parmi lesquelles : difficultés d’allaitement, impossibilité pour la mère d’allaiter liée à une pathologie, maladie de l’enfant, adoption, familles LGBTQ+, intolérance de l’enfant au lait industriel. La plupart des mères interrogées dans le cadre de cette étude estimaient "que les risques du lait maternel provenant d’autres mères étaient plus faibles que ceux d’un lait industriel pour la santé de leur enfant […] elles percevaient le don du lait provenant d’autres mères comme étant le meilleur choix après leur propre lait".
Certaines mères, pour des raisons culturelles ou religieuses, pourront préférer faire appel à d’autres mères plutôt qu’à un lactarium. Pour d’autres, le partage informel sera la conséquence d’une impossibilité d’obtenir tout ou partie du lait souhaité auprès d’une telle structure. D’autres encore souhaiteront que leur bébé reçoivent du lait humain qui n’a pas été pasteurisé.
Le lait ainsi obtenu par les mères est utilisé de différentes manières : pour nourrir exclusivement le bébé, en complément du lait maternel ou d’un lait industriel. L’obtention de lait humain via un tel réseau nécessitera pour la mère la mise en place d’une organisation parfois stressante : recherche, gestion et planification, déplacements.
Les mères qui donnent de manière informelle ont des caractéristiques visiblement proches de celles qui donnent à un lactarium. Ainsi, les mères pourront souhaiter donner si, par exemple, leur bébé hospitalisé a bénéficié de lait issu d'un lactarium, en cas de production surabondante ou encore suite au décès de leur propre enfant.
Quid des risques et de la façon de les limiter ?
Un récent numéro des Dossiers de l'allaitement indique que :
“Le lait humain peut contenir des germes pathogènes et diverses molécules susceptibles de présenter des risques. De nombreuses études ont évalué la présence de virus dans le lait maternel, soit des virus pour lesquels une transmission via le lait maternel a été constatée, soit des virus dont la présence dans le lait maternel a été constatée mais sans que cela induise forcément une contamination de l’enfant.
Les virus susceptibles d’être transmis via le lait maternel sont le VIH, les HTLV I et II et le CMV. De nombreuses études ont été menées sur ces virus ainsi que sur les stratégies permettant de limiter ou d’éliminer le risque de transmission. La bactérie responsable de la brucellose peut également être transmise via le lait maternel (Arroyo Carrera ; Ceylan). Pendant longtemps, le lait humain a été considéré comme un fluide stérile, mais on sait maintenant qu’il contient une flore abondante, complexe et diversifiée [...]
Le lait humain peut également contenir des bactéries pathogènes qui peuvent proliférer si le lait maternel est exprimé et/ou stocké dans des conditions insuffisantes d’hygiène, ou si la mère souffre de mastite par exemple.
Toutefois, le lait humain cru contient également de nombreux facteurs protecteurs et immunocompétents qui limitent la prolifération des germes pathogènes (Marín ; Sosa & Barnes).
[...] On sait que la plupart des médicaments pris par une mère allaitante sont excrétés dans son lait, à un taux qui sera fonction des caractéristiques physiques et pharmacocinétiques du produit, de la posologie, de la durée du traitement. Cette excrétion lactée est faible pour la majorité des médicaments, et peu d’entre eux sont réellement susceptibles d’induire un problème chez l’enfant allaité (Hale).
[...] Les produits récréatifs tels que la nicotine, l’alcool, l’ecstasy, les amphétamines, la cocaïne et les traitements substitutifs comme la méthadone ou la buprénorphine ne sont pas considérés comme contre-indiquant l’allaitement de l’enfant de la mère qui les utilise, mais cela pourra être différent pour ce qui est du don du lait de cette mère à l’enfant d’une mère qui n’en consomme pas (OMS)."
Les familles qui souhaitent avoir recours au partage informel de lait humain pourront utiliser différentes méthodes pour limiter les risques susmentionnés, parmi lesquelles :
- Avoir une discussion en toute transparence avec la donneuse : sérologies, usage de médicaments, de tabac, d'alcool, de drogues, hygiène du recueil.
- S'assurer de la façon dont le lait a été tiré, stocké, transporté, acheminé.
- Pasteuriser le lait obtenu en utilisant la méthode de pasteurisation flash.
La position de LLL
La première des priorités de LLL est d’aider les mères à allaiter leurs bébés au sein. Une priorité secondaire est de les aider, quand c’est nécessaire, à exprimer, conserver et gérer leur propre lait en toute sécurité pour leurs bébés. Lorsque le lait de leur mère n’est pas disponible, les bébés peuvent avoir besoin de lait humain donné par d’autres mères. Comme on l'a vu plus haut, pour l’Organisation mondiale de la Santé, le lait de donneuses est le meilleur choix après le lait tiré par la mère.
Il est toujours important que l’animatrice LLL encourage la mère à parler de sa situation à son médecin et au médecin du bébé. Si le bébé ou la mère est hospitalisé(e) et que l’allaitement est impossible, l’animatrice devrait recommander à la mère de parler avec l’équipe médicale de la politique de l’établissement pour ce qui est de se procurer et d’utiliser du lait tiré par la mère ou du lait de donneuses.
Si une mère contacte une animatrice en cherchant à obtenir du lait de donneuses ou à discuter des options qui s’offre à elle, le rôle de l’animatrice est de lui donner de l’information et du soutien, y compris des informations sur les bénéfices et risques de pratiques telles que la lactation induite, la relactation, l’allaitement par une nourrice ou le cross-nursing (NdT : le fait d’allaiter à l’occasion d’autres enfants que les siens). La discussion peut également aborder les différentes formes de partage et de don de lait, que ce soit formel, commercial ou informel (de mère à mère), qui se pratiquent dans les différentes parties du monde.
Si une mère est intéressée par donner son lait ou recevoir du lait donné, l’animatrice l’encouragera à se renseigner sur les différentes façons d’en donner comme d’en recevoir. La mère devrait être encouragée à prendre une décision éclairée qui soit la meilleure pour elle et son bébé, et qui soit en accord avec les attentes de la société où elle vit. Une animatrice peut fournir les coordonnées des banques de lait à but non lucratif (NDT : en France, les lactariums), d’autres centres de collecte réglementés, ainsi que des réseaux d’échange de lait formels et supervisés médicalement ou informels (comme Human Milk 4 Human Babies ou Eats on feet). Les protocoles régissant la collecte et la manipulation du lait humain en toute sécurité sont de la responsabilité des banques de lait et des réseaux, et l’animatrice devrait encourager la mère à évaluer ces protocoles. Il n’est pas de la responsabilité des animatrices LLL d’autoriser, de recommander ou d’évaluer des banques de lait ou des réseaux, mais simplement de partager l’information avec les mères.
Sources
- Dossiers de l’allaitement n° 153
- Déclaration de LLLI sur le don de lait humain
- Milk donation and sharing
Voir aussi la Déclaration de principe de l'Academy of Breastfeeding Medicine sur le partage informel de lait humain.
Le don de lait entre mère peut être un merveilleux cadeau pour un bébé qui en as besoin.
Je suis Christelle maman de 4 enfants, 4 eme allaitement en cours. Cela fait bientôt 12mois que je tire mon lait pour complementer mon neveu qui a un Rgo et un trouble de loralite . Quand l'alimentation est compliqué et douloureuse ses enfants ont grandement besoin de lait maternel .
L'enfant de ma sœur souffrait beaucoup, on a vu radicalement changer de comportement une fois qui buvait ses biberons de lait maternel.
Biensur il y a des précautions à prendre.
Ma sœur me fait confiance et je suis heureuse de nourrir mon ptit guerrier .
Mon 3 e enfant avait déjà reçu un don de lait maternel ( presque 4litres de lait ) j'ai fait confiance à une maman qui donnait pour le lactarium auparavant. Son lait été trop vieux pour être pris . Elle souhaitais le donner à un enfant qui en avait besoin.
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