Le non-allaitement augmente le risque de bronchiolite
D'après : Risk factors associated to bronchiolitis in infants less than two years of age. MG Ruiz-Charles, R Castillo-Rendon, F Bermudez-Felizardo. Rev Invest Clin 2002 ; 54(2) : 125-32
Le but de cette étude était de déterminer les facteurs augmentant le risque de bronchiolite chez les enfants de moins de 2 ans. Pour cette étude prospective, des enfants hospitalisés pour bronchiolite dans un service hospitalier ont été enrôlés. Pour chaque cas, un témoin de même âge et de même sexe a été enrôlé à partir des consultations pédiatriques de routine données dans le même hôpital. Le diagnostic de bronchiolite a été effectué en accord avec des critères cliniques et radiologiques. Tous les enfants ont été examinés et pesés à leur entrée dans l'étude, et les parents ont répondu à un questionnaire sur les antécédents familiaux, la prématurité, l'alimentation reçue par l'enfant, les antécédents de l'enfant, l'exposition au tabagisme passif, l'environnement de l'enfant. Les données recueillies ont été analysées par régression logistique multiple. Chaque cohorte comportait 110 enfants, âgés de 10 jours à 23 mois : 49 filles et 61 garçons dans chaque cohorte. Les facteurs associés à un risque plus élevé de bronchiolite étaient des antécédents familiaux d'asthme, et la prématurité. Le fait que l'enfant avait été allaité (RR : 0,44) et qu'il était encore allaité au moment de l'étude (RR : 0,53) était associé à un risque nettement plus bas de bronchiolite. Aucune des autres variables étudiées n'avait de corrélation significative avec le risque de bronchiolite.
Les facteurs qui augmentent le risque de bronchiolite sont la prématurité, des antécédents familiaux d'asthme, et le non-allaitement ou le sevrage précoce.
Voir aussi : DA 196 - Impact de l’allaitement sur l’incidence et la sévérité des infections à virus respiratoire syncytial, 2023
Que devient l'allaitement en cas d'hospitalisation pour bronchiolite
D'après : Breastfeeding disruption during hospitalisation for bronchiolitis in children : a telephone survey. Heil-Bronner C et al. BMJ Paediatr Open 2017 ; 1 : e000158.
En France, environ 500 000 enfants souffriront de bronchiolite aiguë tous les ans, et parmi ceux qui seront amenés aux urgences, environ 50 % des enfants de < 6 mois (et 62 % de ceux de < 3 mois) seront hospitalisés. Cette hospitalisation pourra induire un sevrage non souhaité par la mère pour diverses raisons : difficultés de mise au sein en raison de la dyspnée et mise en place d’une alimentation par sonde ou parentérale, impossibilité pour la mère de rester en permanence près de son bébé, stress et fatigue de la mère… Cette dernière ne pourra pas toujours tirer son lait, et les soignants pourront ne pas soutenir adéquatement la mère. Le but de cette étude française était d’évaluer l’impact négatif d’une hospitalisation pour bronchiolite sur l’allaitement et d’identifier les facteurs corrélés, afin de mettre en place les mesures nécessaires.
Elle a été menée entre octobre 2015 et février 2016 auprès de parents dont l’enfant avait été hospitalisé pour bronchiolite dans l’un des services de l’hôpital Necker-Enfants Malades (Paris). Étaient éligibles les parents dont les enfants avaient < 6 mois au moment de leur hospitalisation, étaient admis pour une bronchiolite sans autre pathologie sérieuse, étaient allaités au moins partiellement au moment de leur hospitalisation, l’enfant étant sorti du service au moment de l’étude. Les dossiers médicaux des enfants ont été analysés, et les parents ont été contactés par téléphone 0,5 à 6 mois (3 mois en moyenne) après la sortie de leur enfant. Ils ont répondu à un questionnaire pour collecte de données démographiques et socioéconomiques, sur l’aide éventuellement reçue pour la poursuite de l’allaitement pendant l’hospitalisation de leur enfant, une éventuelle suspension de l’allaitement, le point de vue de la mère et son niveau de satisfaction vis-à-vis des pratiques des soignants… On a également collecté des données sur les pratiques des soignants dans les services, incluant l’existence de personnes compétentes en matière d’allaitement parmi eux. Les données ont été analysées suivant le test de Student et le test de Fisher.
Parmi les 332 enfants hospitalisés pour 345 épisodes de bronchiolite pendant la période d’étude, 144 enfants étaient allaités, et toutes les données nécessaires ont pu être collectées pour 84 enfants (dont 65 étaient exclusivement allaités au moment de l’hospitalisation). La durée médiane de l’hospitalisation était de 3 jours ; 27 enfants ont été admis en soins intensifs pédiatriques pendant une durée médiane de 3 jours, et 1 enfant a nécessité une aide respiratoire invasive pendant 10 jours. 45 enfants ont nécessité un soutien nutritionnel par sonde (n = 38), par alimentation parentérale (n = 5) ou les deux (n = 2). La majorité des mères étaient non fumeuses et vivaient en couple ; parmi les 54 mères ayant fourni ces données, 1 mère avait repris le travail, 28 étaient en congé de maternité, 10 avaient pris un congé parental et 15 étaient mères au foyer. 43 mères ont dit que l’hospitalisation avait eu un impact négatif sur leur allaitement ; 17 ont cessé d’allaiter, 12 sont passées de l’allaitement exclusif à l’allaitement partiel, et 14 ont réduit la fréquence des tétées sans sevrer. Pour les 41 autres mères, l’hospitalisation n’a pas eu en soi d’impact sur leurs pratiques. Les raisons données par les mères dont les pratiques d’allaitement ont été affectées étaient le manque de soutien et de conseils (n = 27), les problèmes respiratoires importants de leur bébé (n = 14), des problèmes logistiques (n = 13, difficultés à exprimer son lait, pas de tire-lait, introduction d’un lait industriel…) ou des problèmes familiaux (long trajet entre le domicile et l’hôpital, autres enfants à gérer…). Tous les enfants avaient une chambre individuelle et toutes les mères pouvaient dormir dans la chambre de leur bébé. Des données sur l’expérience antérieure d’allaitement ont été collectées pour 63 mères, qui avaient en moyenne 2 enfants, et une durée cumulée d’allaitement de 8 mois (0,9 à 36 mois) pour les enfants précédents. L’équipe soignante comportait 1 infirmière pour 3 enfants en soins intensifs, et 1 infirmière pour 6 à 7 enfants dans les services de pédiatrie et de pneumologie. Les divers services où ces enfants ont séjourné avaient tous plusieurs soignants compétents en matière d’allaitement.
Les principales limitations de cette étude sont qu’elle a été menée dans un seul CHU, et qu’un pourcentage important de familles n’a pas pu être recontacté. Le taux d’allaitement chez les enfants inclus était élevé, et le risque d’impact négatif sur l’allaitement était lui aussi élevé. L’allaitement exclusif n’avait pas d’impact protecteur vis-à-vis des bronchiolites. Contrairement aux attentes des auteurs, la sévérité de la bronchiolite n’était pas la cause la plus souvent donnée par les mères pour l’impact négatif sur l’allaitement. Ces dernières citaient en premier le manque de soutien de l’équipe soignante. Or, ce paramètre est modifiable, et les soignants peuvent jouer un rôle important dans le soutien aux mères. Le rapport soignants/enfants semble correct dans les services de ce CHU, mais augmenter ce rapport pourrait optimiser le soutien à l’allaitement. Il est possible que la formation en matière d’allaitement soit insuffisante chez les soignants. Enfin, l’aménagement des chambres pour faciliter le séjour de la mère près de son enfant n’est peut-être pas optimal, mais il est probablement aussi bon, voire significativement meilleur dans ce CHU (qui constitue une référence en matière de soins pédiatriques) que dans d’autres services français de pédiatrie. D’autres études sur le sujet sont nécessaires. Il serait également utile de mener des études évaluant l’impact sur l’allaitement des bronchiolites n’ayant pas nécessité d’hospitalisation.
Question/réponse
Q – Ma petite fille de bientôt 4 mois est hospitalisée pour bronchiolite aiguë depuis 48 heures. Elle n'est pas autorisée à téter, sauf 5 minutes 2-3 fois par jour depuis hier après-midi. Elle est alimentée par perfusion. Je tire mon lait 3-4 fois par jour, mais les quantités diminuent dangereusement et j'ai peur de perdre notre allaitement... Que puis-je faire ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF – Oh, qu'est-ce que vous devez être triste, déçue, contrariée, inquiète pour votre bébé malade et dont la situation médicale l’empêche de prendre le sein pour de multiples petites tétées.
Concernant votre production de lait, l’expérience des mamans montre que plus vous allez tirer votre lait, plus vous allez en produire, de la même façon que plus le bébé tète, plus la mère fabrique du lait. Malgré le stress généré par cette hospitalisation, pensez-vous pouvoir augmenter, peut-être même doubler le nombre de tirages, passer à 8, 10, 12 tirages par 24 heures, et pas forcément toutes les 3 heures en prenant comme repère le début de la tétée ? Cela peut être au bout d'une heure, d'une demi-heure, deux heures, comme si votre bébé demandait des tétées non-stop parce qu'elle traverserait une période de jours de pointe. Tirer au moins une fois la nuit, de façon à ne pas laisser plus de 5-6 heures sans séance d’expression du lait, est aussi très efficace
Beaucoup de mamans ont trouvé, et les études l’ont confirmé, qu’il était bénéfique avant le tire-lait de masser les seins pour les "allumer", les "réveiller", les "prévenir qu'ils doivent se mettre en ordre de marche", et pendant la tétée d’utiliser un bustier, un vieux collant trafiqué (voir ICI), pour que ce bustier tienne les téterelles et que vous puissiez alternativement prendre votre sein avec vos deux mains et le compresser, comme si vous pressiez une éponge, pour faire couler plus de lait. À la fin de la période d’expression au tire-lait, vous pouvez finir par exprimer votre lait à la main, et vous en obtiendrez encore. Tirer auprès de son bébé facilite aussi l’efficacité du tire-lait.
Quand elle respirera mieux, et qu’elle pourra reprendre les tétées, celles-ci restimuleront votre lactation, et ce sera plus facile pour elle de boire si le lait coule facilement.
Témoignages
Céline : À un mois, il a eu une bronchiolite. Huit jours d'hospitalisation en unité mère-enfant, pour que je puisse continuer à l'allaiter, même quand il était sous oxygène. À aucun moment il n'a été question d'arrêter mon allaitement, j'étais même (et je le suis encore) persuadée que s'il a si bien traversé cette épreuve, c'est parce qu'il était au sein. J'ai donné le sein, tire-allaité, pesé avant et après les tétées, noté le nombre de grammes qu'il prenait, tout fait pour qu'il continue à recevoir ce don de moi. Je me souviens d'une auxiliaire de puériculture qui, en pleine nuit, m'a dit : « Bon, le tire-lait, vous arrêtez. À la prochaine tétée, on le met au sein. S'il le prend, tant mieux, s'il le prend pas, tant pis pour moi, je me serai trompée. Mais je suis sûre d'avoir raison. » Et elle avait effectivement raison : dès qu'il a été mis au sein, il a tété avec vigueur. (Allaiter aujourd'hui n° 90, janvier 2012)
À la mère d'un bébé de 3 semaines hospitalisé pour bronchiolite, l'animatrice LLL parle de "micros-tétées, plein de micros-tétées", car le bébé fatigue vite, plus vite que lorsque tout allait bien. Le service a mis à sa disposition un tire-lait, car elle se retrouve rapidement engorgée. Le bébé ne refuse pas le sein, mais est très gêné par beaucoup de glaires, une respiration modifiée, etc. Pour le moment le bébé ne reçoit pas de biberon.
Ma fille a eu une bronchiolite à 5 mois nécessitant une hospitalisation car n'avaitvplus assez de force pour téter. Allaitelent exclusif depuis sa naissance elle a était nourrie par sonde durant 5 jours et demi. J'ai donc dû tirer mon lait pendant ces 5 jours. Dans l'ensemble un bon soutien de la part des infirmières et infirmiers ainsi que les auxiliaires de puériculture. Pour eux rien de meilleur que mon lait pour ma fille. Baisse de lactation dû au stress et à la fatigue mais on a réussi à tenir le coup. En revanche une infirmière a failli mettre à mal mon allaitement en n'étant pas à mon écoute et celui de ma fille. Heureusement que les autres l'ont été. On est sorti au bout de 7 jours.
Malheureusement aujourd'hui 6 mois et rechute.
Je pense qu'il manque un élément très important dans cette étude ; la présence ou nom d'une fratrie car si le ou la grande a une bronchite ça aide vraiment pas le miens s'est remis tout seul deux fois grâce a l'allaitement mais la ça va être compliqué depuis que ma grande a une infection pulmonaire mon bébé suit le même chemin.
Mon fils de 6mois allaité exclusivement...Grosse bronchiolite nécessitant une hospitalisation de 5jours.. Grosse difficulté pour récupérer un bon état général bien que tjs allaité... comme quoi l'allaitement ne prémunit pas et n'influence pas la résistance immunitaire de nos bébés.. A bon entendeur....
Ma fille de 5 semaines est allaitee et a quand meme eu la bronchiolite avec hospitalisation...pas d antedecedents nes a terme, non fumeurs... comme quoi...
Ma puce, née à terme, et allaitée depuis sa naissance a eu la bronchiolite à 1 mois et demi.
Encore sous allaitement durant son hospitalisation, celle ci a dû etre nourrie par sonde.
Pas facile. Pourtant aucun antécédents
Dans l'article il est noté "risque PLUS BAS de contracter la maladie" et non risque inexistant...
Donc il est possibles que des bébés aient eu cette maladie même sous allaitement :-) ça ne contredit pas pour autant les résultats de cette recherche.
Fils de 3 mois allaite exclusivement et bronchiolite aucun antécédent d'asthme et né à terme
Julie, ils parlent aussi de prématurité et de sevrage précoce... Peut être l'un de ces cas vous correspond !
Il est toujours bon d'allaiter, ma fille n'échappe pas aux maladies (même avec un allaitement de 11 mois et toujours en cours) mais elle ne l'affecte pas autant que si je ne l'allaitais pas.
Mon fils a 5mois, allaité exclusivement et il a fait deux bronchiolite... Nous n'avions pourtour pas d'antécédents d'asthme...
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