Publié dans le n° 196 des Dossiers de l'allaitement, septembre 2023
D'après : Impact of breastfeeding on the incidence and severity of respiratory syncytial virus (RSV)-associated acute lower respiratory infections in infants : a systematic review highlighting the global relevance of primary prevention. Mineva GM et al. BMJ Glob Health 2023 ; 8 : e009693.
Le virus respiratoire syncytial (VRS) est la principale cause des infections respiratoires basses aiguës chez les jeunes enfants partout dans le monde, ces infections étant une cause importante de morbidité, d’hospitalisations et de mortalité. Si les enfants sont exposés au VRS partout dans le monde, l’essentiel des décès suite à une infection au VRS survient chez des enfants nés à terme dans des pays en voie de développement. Des études ont conclu à un risque plus élevé d’infection à VRS chez les enfants qui n’avaient pas été allaités. Le but de cette méta-analyse était de faire le point sur les relations entre l’allaitement et l’incidence et la sévérité des infections à VRS.
Les auteurs ont recherché toutes les études publiées sur le sujet entre 2000 et 2021, incluant des enfants exclusivement ou partiellement allaités (et/ou nourris avec du lait humain provenant de donneuses), quelle que soit la durée de l’allaitement, ayant présenté une infection confirmée comme étant à VRS pendant les 12 premiers mois. Ils ont exclu les études portant sur des enfants présentant des comorbidités ou des troubles respiratoires liés à d’autres causes (asthme…), celles pour lesquelles l’infection par le VRS n’avait pas été confirmée, et celles incluant des enfants présentant des infections respiratoires causées par d’autres pathogènes. Ils ont retenu les études longitudinales observationnelles, transversales, cas-témoin, cliniques, randomisées et épidémiologiques, qu’elles soient prospectives ou rétrospectives. Deux auteurs ont sélectionné de façon indépendante les études pertinentes, en ont extrait et classé les données et en ont évalué la qualité méthodologique à l’aide de la UK National Service Framework pour les études de cohorte ou les études cas-témoin (score de 0 à 10). Les études ont été dites de qualité élevée si leur score était ≥ 7 et de mauvaise qualité s’il était ≤ 3.
Parmi les 217 études analysées, 19 études correspondaient à tous les critères d’inclusion. Elles incluaient au total 16 787 enfants résidant dans 31 pays, dont 8 pays moyennement développés et aucun pays sous-développé. 10 études étaient de bonne qualité, 2 étaient de mauvaise qualité, la qualité des autres étant moyenne ou difficilement évaluable. Dans la mesure où ces études étaient très hétérogènes, les auteurs ont mené une analyse qualitative. 5 des 6 études qui évaluaient l’impact de l’allaitement sur l’incidence des infections à VRS concluaient qu’elle était significativement plus élevée chez les enfants non allaités. L’impact bénéfique de l’allaitement était visible chez les enfants exclusivement et partiellement allaités, et il persistait après le sevrage. 15 des 19 études concluaient que le taux d’admission pour infection à VRS était plus bas chez les enfants allaités. Une étude danoise concluait que même l’allaitement pendant seulement les 14 premiers jours de vie abaissait le risque d’hospitalisation. 3 études ont évalué l’impact de l’allaitement sur la nécessité d’une oxygénation chez les enfants hospitalisés pour une infection à VRS. Toutes concluaient que la nécessité d’une oxygénation était significativement plus élevée chez les enfants non allaités que chez ceux qui étaient exclusivement allaités. Globalement, toutes ces études concluaient qu’un allaitement exclusif de > 4-6 mois abaissait significativement la prévalence des infections à VRS, le risque d’hospitalisation pour ces infections, la nécessité d’une oxygénation, le risque d’admission en soins intensifs et la durée d’hospitalisation.
Cette analyse présente des points faibles. Elle incluait uniquement les articles publiés en anglais entre 2000 et 2021, portant sur des enfants de < 12 mois. Divers facteurs susceptibles d’avoir aggravé l’infection à VRS n’ont pas forcément été pris en compte, ainsi que des variables telles que le placement en crèche, le tabagisme parental ou d’autres facteurs environnementaux. Aucune étude n’avait été menée dans un pays défavorisé. Les études étaient très hétérogènes, en particulier concernant la collecte de données sur l’allaitement, ce qui empêchait toute réelle méta-analyse. L’infection à VRS peut être sévère. Ces études montrent que l’allaitement constitue un facteur de prévention primaire de cette infection, qui est de plus universellement disponible et très peu coûteux. Les mères devraient en être informées.
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