Utilisation de lait humain chez un enfant atteint de cancer
D'après : Trophic donor human milk feeds in a pediatric oncology patient. Bowers H et al. Breastfeed Med 2014 ; 9(S1) : S8.
Les auteurs présentent le cas d'un enfant de 6 ans atteint d'un neuroblastome abdominal agressif. Pendant les 12 mois précédents, il a subi une première chimiothérapie, une résection tumorale, puis une nouvelle chimothérapie à doses massives avec conservation de cellules souches, et une irradiation abdominale. Il a développé de façon chronique des vomissements, une diarrhée, des douleurs abdominales, une mucosite, une entérite radio induite, une cholestase, et une infection à Cryptosporidium, le tout ayant culminé avec une inflammation de tout le tube digestif accompagnée d'une pneumatose diffuse.
Ces dernières complications ont été traitées en mettant le tube digestif totalement au repos (alimentation parentérale totale), et en administrant des antalgiques. Toutes les tentatives de réintroduction de l'alimentation orale ont échoué en raison de la douleur éprouvée par l'enfant. Les similitudes entre les manifestations cliniques de cet enfant et les entérocolites ulcéronécrosantes rencontrées chez les nourrissons ont amené les médecins qui le suivaient à envisager le don de lait humain à titre trophique, à savoir en doses insuffisantes pour le nourrir, mais susceptibles de favoriser une amélioration de l'état de son tube digestif.
Après obtention du consentement parental, on a commencé à lui administrer 5 à 10 cc par heure de lait humain pasteurisé provenant d'un lactarium, donné par sonde. Le volume de lait a progressivement été augmenté jusqu'à 20 cc par heure. Au bout de quelques semaines d'administration, l'enfant était à nouveau capable d'être nourri par voie entérale.
Le lait humain peut être utilisé comme adjuvant dans la gestion nutritionnelle des patients cancéreux souffrant de lésions intestinales sévères induites par le traitement. À défaut de pouvoir nourrir le patient exclusivement avec du lait humain, un traitement trophique peut être une option thérapeutique.
La HAMLET, un anti-tumoral
D’après : Milk therapy : unexpected uses for human breast milk. Witkowska-Zimmy M et al. Nutrients 2019 ; 11 : 944.
Le complexe HAMLET (human alpha-lactalbumine made lethal to tumor cells) a été découvert par l’équipe de Svanborg lorsqu’elle étudiait les propriétés anti-adhésives de certaines molécules du lait humain (Håkansson). La HAMLET se forme suite à la précipitation de la caséine en raison du pH bas de l’estomac. Cela induit une modification de la structure spatiale de l’alpha-albumine et sa liaison avec un acide gras. La HAMLET s’est avérée déclencher une dégradation rapide des cellules tumorales in vitro ainsi que chez des patients souffrant de cancer (Trulsson). Pour synthétiser la HAMLET, on sépare l’alpha-lactalbumine du lait humain par chromatographie, elle est traitée, puis liée à de l’acide oléique via une matrice échangeuse d’ions, le complexe est lyophilisé, aliquoté et congelé jusqu’à utilisation.
Son efficacité a été démontrée tant in vitro que sur des modèles animaux, et sur divers types de cancer (glioblastome, cancer vésical, intestinal, papillomes – Gustafsson ; Ho ; Rath). De plus, elle n’a aucun impact sur les cellules saines et sa toxicité est nulle. Dans une étude sur des souris chez qui un cancer urinaire à cellules humaines avait été déclenché, l’instillation intra-vésicale pendant 8 jours de HAMLET retardait le développement de la tumeur et prolongeait la survie par rapport aux souris du groupe témoin (Mossberg). Dans une autre étude, la HAMLET a été testée en administration orale sur le cancer du côlon (Puthia) chez des souris. Le nombre et la taille des tumeurs étaient significativement abaissés, et la durée de survie était plus élevée chez les souris traitées que chez celles du groupe témoin. Les auteurs estimaient que l’impact de la HAMLET était en rapport avec des modifications de l’expression de gènes, avec un impact sur la signalisation des protéines Wnt et de la bêta-caténine, sur la glycolyse, la phosphorylation et le métabolisme lipidique au niveau des tumeurs. La HAMLET avait également une forte activité bactéricide vis-à-vis de certains pathogènes de la cavité orale et du tractus respiratoire, en particulier vis-à-vis du Streptococcus pneumoniae (Håkansson) ou du SARM (Marks).
Références :
• Gustafsson L et al. Treatment of skin papillomas with topical alpha-lactalbumin-oleic acid. N Engl J Med 2004 ; 350 : 2663-72.
• Håkansson A et al. Apoptosisinduced by a human milkprotein. Proc Natl Acad Sci USA. 1995 ; 92 : 8064-8.
• Håkansson AP et al. Apoptosis-like death in bacteria induced by HAMLET, a human milk lipid-protein com-plex. PLoS ONE. 2011 ; 6 : e17717.
• Ho JCS et al. HAMLET – A protein-lipid complex with broad tumoricidal activity. Biochem Biophys Res Commun 2017 ; 482 : 454-8.
• Marks LR et al. Sensitization of Staphylococcus aureus to methicillin and other antibiotics in vitro and in vivo in the presence of HAMLET. PloS One 2013 ; 8 : e63158.
• Mossberg AK et al. HAMLET treatment delays bladder cancer development. J Urol 2010 ; 183 : 1590-7.
• Puthia M et am. Prevention and treatment of colon cancer by peroral administration of HAMLET (human α-lactalbumin made lethal to tumour cells) Gut 2014 ; 63 : 131-42.
• Rath AE et al. Structure and potential cellular targets of HAMLET-like anti-cancer compounds made from milk components. J Pharm Pharm Sci 2015 ; 18 : 773-824.
• Trulsson M et al. HAMLET binding to α-actinin facilitates tumor cell detachment. PLoS ONE. 2011 ; 6 : e17179.
Les cancers de la vessie répondent à l'instillation intravésicale de HAMLET (human alpha-lactalbumine made lethal to tumor cells).
D'après : Bladder cancers respond to intravesical instillation of HAMLET (human alpha-lactalbumin made lethal to tumor cells); Ann-Kristin Mossberg, Björn Wullt, Lotta Gustafsson, Wiking Månsson, Eva Ljunggren, Catharina Svanborg. Int J Cancer 2007 ; 121(6) : 1352-9.
Nous avons étudié si les cancers de la vessie répondent à HAMLET (human alpha-lactalbumin made lethal to tumor cells) pour établir si une instillation intravésicale de HAMLET peut être utilisée pour éliminer sélectivement les cellules cancéreuses in vivo.
Les patients atteints de carcinomes à cellules transitionnelles non invasifs musculaires étaient inclus. Neuf patients ont reçu 5 instillations intravésicales quotidiennes de HAMLET (25 mg/ml) pendant la semaine précédant la chirurgie programmée. HAMLET a stimulé une augmentation rapide de l'excrétion de cellules tumorales dans l' urine, quotidiennement, pendant les 5 jours d'instillation. L'effet était spécifique à HAMLET, une instillation intravésicale de NaCl, de PBS ou d'alpha-lactalbumine native n'augmentait pas l'excrétion cellulaire. La plupart des cellules éliminées étaient mortes, et une réponse apoptotique a été détectée chez 6 des 9 patients en utilisant la technique T.U.N.E.L. Lors de la chirurgie, des changements morphologiques dans les tumeurs exophytes ont été documentés par photographie endoscopique, et une réduction de la taille de la tumeur ou une modification de son caractère a été détectée chez 8 de 9 patients. La coloration T.U.N.E.L. était positive dans les biopsies de la tumeur restante chez 4 patients mais les tissus sains adjacents n'ont montré aucun signe d'apoptose et pas de réponse toxique.
Les résultats suggèrent que HAMLET exerce un effet direct et sélectif sur les tissus cancéreux de la vessie in vivo et que l'administration locale de HAMLET pourrait être utile dans le traitement futur des cancers de la vessie.
Expérience de patients cancéreux utilisant du lait humain
D'après : Qualitative analysis of cancer patients’ experiences using donated human milk. Rough SM, Sakamoto P, Fee CH, Hollenbeck CB. J Hum Lact 2009 ; 25(2) : 211-9.
Le lait humain contient des facteurs protecteurs qui peuvent également être utile à des adultes malades. Des études ont retrouvé dans le lait humain un facteur induisant l’apoptose chez les cellules cancéreuses, mais pas chez les cellules saines. Une étude avait fait état de l’efficacité du lait humain pour le traitement des papillomes. Un certain nombre de patients cancéreux ont demandé à recevoir du lait humain, en complément de leur traitement. Le but de cette étude qualitative était de faire le point sur l’utilisation du lait humain dans le traitement des cancers : motivation pour l’utilisation du lait humain, perception de son impact sur la qualité de vie, intégration de la prise de lait humain dans le traitement.
L’étude a inclus des sujet âgés de 18 à 80 ans, qui ont demandé à recevoir du lait humain, et qui ont pu en obtenir, et ce entre 1999 et 2005. 39 patients dans ce cas ont été retrouvés et contactés par courrier. Parmi les 11 personnes qui ont accepté de participer à l’étude, une est devenue trop malade, et les données recueillies concernaient donc 10 personnes. Elles ont été interrogées (ou leurs proches lorsque la personne était décédée), soit à leur domicile, soit par téléphone lorsqu’une visite à domicile était impossible. Il n’existe aucun moyen fiable et standardisé d’évaluer la qualité de vie. Les auteurs ont donc mis au point des échelles d’évaluation spéciales pour cette étude, afin d’évaluer la symptomatologie, les effets secondaires, le statut physique, psychologique et social. Les entretiens ont été enregistrés, et les auteurs ont pris de nombreuses notes. Les réponses ont ensuite été classées en catégories suivant leur thème.
5 des personnes interrogées étaient le malade lui-même, et c’était un membre de la famille ou un ami proche dans les 5 autres cas. Les personnes avaient 44 à 86 ans. Toutes avaient au moins un niveau de scolarité secondaire, et la moitié avaient un niveau universitaire. 8 étaient d’origine européenne. 4 souffraient d’un cancer du poumon, 2 d’un cancer du sein, 2 d’un cancer de la prostate, 1 d’un cancer du colon, et 1 d’un lymphome. Lorsqu’ils ont commencé à recevoir du lait humain, le cancer était à un stade précoce d’évolution chez 2 patients, à un stade moyen chez 3 patients, et à un stade avancé chez 5 patients. Parmi les 5 patients qui étaient décédés, 2 sont décédés dans les 2 mois qui ont suivi le début de la consommation de lait humain, et les 3 autres sont décédés dans l’année suivante. Les informations sur la possibilité d’utiliser du lait humain comme adjuvant avaient été obtenues sur Internet par tous les patients. 2 patients étaient également suivis par des consultations de médecine alternative, qui incluaient le lait humain dans les traitements proposés.
Le lait humain avait été prescrit par un médecin. En l’absence de toute recommandation sur la posologie, cette dernière avait été déterminée expérimentalement, et elle allait de 59 à 355 ml/jour. Ces personnes ont pris du lait humain pendant 5 à 338 semaines, et ont reçu entre 3 et 174 litres par personne, pour un total de 584 litres pour les 10 personnes (ce qui représentait moins de 2 % du lait humain traité par le lactarium local pendant cette période). Les 5 patients décédés avaient commencé à recevoir du lait humain alors qu’ils étaient à un stade avancé, et sont les personnes qui en ont reçu les quantités les plus faibles. 2 patients étaient en rémission, et continuaient à prendre du lait humain à titre prophylactique ; ces 2 patients étaient ceux qui recevaient du lait humain depuis le plus longtemps. Toutes ces personnes recevaient du lait provenant du lactarium local, mais 3 recevaient également du lait donné par des mères.
7 patients suivaient également d’autres thérapies alternatives (vitamines et suppléments variés, homéopathie, naturopathie, chiropractie, régime alimentaire, prière…). Tous les patients avaient fait part aux professionnels de santé qui les suivaient de leur souhait de recevoir du lait humain, mais certains de ces professionnels de santé se sont avérés très réticents à le prescrire. Les patients recherchaient alors un autre médecin plus ouvert. Certains membres de la famille étaient également sceptiques. La principale difficulté de l’utilisation de lait
humain était son coût élevé. Venaient ensuite son goût, et la désapprobation de l’entourage. Certains patients masquaient le goût du lait en lui ajoutant par exemple du chocolat. 5 patients qui pouvaient recevoir du lait humain cru le trouvaient très bon, d’un goût bien plus agréable que le lait humain pasteurisé. 9 des 10 patients devaient payer eux-mêmes le lait humain (aucun remboursement par leur assurance maladie), ce qui ne les a pas empêchés de continuer à en prendre, même si certains ont réduit la quantité absorbée, ou ont recherché d’autres sources de lait humain que le lactarium.
6 patients n’avaient pas d’attentes spécifiques vis-à-vis du lait humain. 2 patients espéraient qu’il renforcerait leur système immunitaire, et ils estimaient que cela avait été le cas. Une personne espérait que cela induirait une rémission de son cancer, ce qui n’est pas arrivé. 2 patients estimaient que le lait humain était le dernier recours, mais que cela n’aurait pas d’impact sur l’évolution de leur cancer, et effectivement il n’y a pas eu d’impact. Globalement, le lait humain était vu comme la dernière chance, qui méritait d’être tentée même s’il n’y avait qu’une chance de succès sur 1 million. De ce point de vue, la prise de lait humain avait un indéniable impact psychologique bénéfique, il était porteur d’espoir. Un patient notait que si son cancer n’avait pas régressé, il n’avait pas non plus progressé, et que de toute façon il n’avait pas d’options supplémentaires de traitement. 2 patients ont constaté que le lait humain les avait fait se sentir mieux. Seulement une personne estimait que la prise de lait humain n’avait strictement servi à rien. Les autres estimaient qu’elle constituait un traitement simple, bien toléré, qui améliorait le niveau d’énergie et le statut immunitaire, augmentait le niveau de bien-être, améliorait la fonction respiratoire, diminuait les nausées, et augmentait l’appétit. 3 patients estimaient que le lait humain avait eu un impact bénéfique sur leur fonction digestive, qui contrebalançait l’impact négatif des chimiothérapies. Ce lait constituait également un apport nutritionnel significatif. Pour certains patients, le lait humain avait une composante spirituelle.
5 patients ne prenaient plus de traitement conventionnel pendant la période où ils consommaient du lait humain. Une étude a constaté que 5 % des patients cancéreux abandonnent ces traitements pour suivre des thérapies alternatives, les patients en phase terminale étant plus
susceptibles de le faire. Les 5 patients en phase terminale de cette étude faisaient état de l’absence d’efficacité des thérapies conventionnelles, et/ou de leurs effets secondaires inacceptables. Globalement, l’abandon des traitements conventionnel était lié à leur absence d’efficacité. Pour certains patients toutefois, la priorité était de limiter la dégradation de leur qualité de vie, et cela était jugé plus important, même si les chimiothérapies augmentaient leurs chances de survie. Cette étude montre que certains patients cancéreux sont déterminés à utiliser du lait humain comme adjuvant dans le traitement de leur cancer, même en l’absence de données scientifiques sur son éventuel impact bénéfique, et en dépit de son coût élevé, du goût du lait humain jugé désagréable par certains, ou de la désapprobation de leur médecin ou de leur entourage.
Cette étude présente un certain nombre de limitations. Elle porte sur un très petit nombre de personnes. Elle est rétrospective, et dans la moitié des cas, c’est l’entourage qui a répondu au questionnaire. Il était impossible de connaître de façon fiable et précise les quantités de lait absorbées par chaque patient. La plupart des patients suivaient d’autres thérapies, conventionnelles et/ou alternatives, et il est difficile de cerner l’impact spécifique du lait humain. Améliorer leur qualité de vie était, pour la plupart de ces patients, plus important que la guérison de leur cancer, et de ce point de vue, presque tous estimaient que le lait humain avait été bénéfique. D’autres études sur le sujet devraient être effectuées, randomisées et portant sur des groupes plus importants. Si le lait humain présente réellement un bénéfice mesurable pour ces patients, son prix devrait être pris en charge par les assurances maladie.
Du lait maternel contre le cancer
D'après : Fighting cancer with daughter’s breast milk ? M Major, L Ferran. ABC News Internet Ventures, May 27, 2009.
Il y a deux ans, un cancer du côlon déjà avancé a été diagnostiqué chez ce retraité anglais. Une chirurgie à ce stade était exclue, et il a donc été mis sous chimiothérapie. Sa fille allaitait à cette époque un bébé de 8 mois. Elle avait lu sur Internet des articles sur l’utilisation de lait humain comme adjuvant pour le traitement des cancers, et elle a proposé à son père de tirer son lait pour lui. Il le prend le matin avec un bol de céréales. Il a dû arrêter d’en consommer pendant une période où la chimiothérapie induisait d’importantes nausées. Il est très difficile de dire si cela a contribué à améliorer son état, et on ne peut exclure un effet placebo, mais cet homme a l’impression que le lait de sa fille lui est réellement bénéfique. Et cela a renforcé la relation entre le père et sa fille.
Du lait humain pour traiter des patients souffrant de cancer
D'après : Breast milk used to treat cancer patients. S Slater. WFAA-TV. February 18, 2008.
Cet homme souffrait d’une tumeur cancéreuse située sur les cordes vocales, suffisamment volumineuse pour empêcher la respiration. Elle a été excisée, et on lui a posé une canule endotrachéale. Après cette chirurgie, son état clinique était censé s’améliorer, mais cela n’a pas été le cas. Il a perdu 17 kg en une semaine. Il souffrait de diabète, et ce dernier est devenu incontrôlable.
L’équipe aurait aimé le faire rentrer dans un protocole pour qu’il reçoive du lait humain provenant du lactarium local. Le Dr Meymand, qui dirige un centre de cancérologie, estime que la prise de lait humain aide l’organisme de ses patients à détruire les cellules cancéreuses, tout en protégeant les cellules saines. Mais ce dernier ne peut faire face à la demande, qui a été multipliée par 300 pendant les trois dernières années. Le lait humain qu’il recueille est distribué en priorité aux prématurés. Cet homme n’a pas pu recevoir de lait humain, et a pris à la place des comprimés apportant certains composants du lait humain. Il est actuellement en rémission.
Utilisation du lait humain chez une adulte en fin de vie
D'après : Ruth goes home : an adult’s use of human milk. McGuire E. Breastfeed Rev 2012 ; 20(3) : 44-8.
Quelques articles ont été publiés sur l’utilisation du lait humain pour soigner certaines pathologies chez les adultes. Il a entre autres été utilisé chez des patients cancéreux. L’auteur fait le point sur le sujet à partir d’un cas d’utilisation chez une patiente cancéreuse en fin de vie.
Cette femme d’origine américaine avait suivi son mari en Australie, où elle vivait depuis plusieurs années lorsqu’on lui a diagnostiqué un cancer. Elle a suivi plusieurs chimiothérapies, puis ces dernières sont devenues inefficaces, et on lui a dit qu’elle devait rentrer aux États-Unis pour essayer d’autres traitements éventuellement plus adaptés. Elle a donc programmé une petite fête d’adieu pour leurs amis en Australie, mais elle n’a pas pu y participer : elle a dû être hospitalisée la veille. Son état s’était dégradé, manger quoi que ce soit était très difficile et douloureux, et les médecins ne lui donnaient plus que deux semaines à vivre. Elle était cependant déterminée à prendre l’avion pour rentrer aux États-Unis, et elle cherchait ce qu’elle pourrait arriver à boire pendant le trajet pour ne pas se déshydrater. Un de ses amis a suggéré d’essayer le lait humain ; un autre (une mère allaitante) a tiré un peu de lait pour lui permettre d’essayer, et cela a été un succès. La question qui s’est alors posée était : comment arriver à obtenir suffisamment de lait humain pour la soutenir pendant tout le voyage ?
Ses amis et relations se sont mobilisés pour contacter d’une part l’Australian Breastfeeding Association, et d’autre part les mères allaitantes qu’ils connaissaient, et le soir-même ils commençaient une "tournée de ramassage" de lait humain. Cependant, le médecin qui suivait cette patiente a décidé qu’elle allait trop mal pour prendre un vol normal, et qu’elle devait être rapatriée par avion médicalisé, accompagnée par un médecin et une infirmière. Une semaine a été nécessaire pour mettre sur pied ce rapatriement, et le défi est alors devenu de collecter suffisamment de lait humain pour nourrir la patiente en attendant son départ, puis pendant le trajet, et éventuellement pendant les quelques jours suivant son arrivée. Et ses amis y sont arrivés : ils ont collecté plus de 12 litres de lait humain !
La consommation de lait humain a été très bénéfique pour la patiente. Au bout de quelques jours, elle était à nouveau capable de manger de petites quantités d’aliment solides, et son état d’hydratation était suffisamment bon pour qu’on retire la perfusion. Elle a pu faire le voyage dans un siège normal en position allongée (au lieu du brancard prévu au départ), et pendant l’escale à Los Angeles, elle a pu rendre visite à des membres de sa famille. Le voyage de retour a duré en tout 25 heures, et à son arrivée, elle a été hospitalisée. Elle est rapidement sortie pour aller dans la maison de ses parents, où elle est décédée sereinement 15 jours plus tard.
Sauver la vie de cette femme n’était pas l’objectif de ses amis dans leur course au lait humain, même s’ils l’avaient quand même un peu espéré. Mais cela a permis à cette femme de "tenir le coup" et de mourir auprès des personnes qui lui étaient les plus proches. Et cela a permis à ses amis de lui offrir bien plus que du lait humain : ils lui ont offert une manifestation de la solidarité humaine.
La cachexie courante chez les cancéreux en fin de vie reste mal expliquée, mais elle semble être multifactorielle, et impliquer un stress oxydatif et inflammatoire. Le lait humain a permis à cette femme d’être suffisamment réhydratée et nourrie pour pouvoir se passer de perfusions. Le lait humain contient des facteurs anti-oxydants et anti-inflammatoires, ainsi que des nutriments dont la biodisponibilité est optimale pour les humains. Son osmolarité est similaire à celle du sérum, ce qui le rend particulièrement adapté aux personnes dont la muqueuse digestive est sévèrement lésée (ce qui est le cas des personnes suivant des chimiothérapies). Les lipides du lait humain sont particulièrement digestes, et constituent une source appréciable de calories. Ses protéines contiennent tous les acides aminés indispensables dans les proportions correspondant exactement aux besoins des humains. Le lait humain contient également des enzymes qui facilitent sa digestion
Chez les cancéreux, les taux de leptine et de cytokines pro-inflammatoires sont augmentés. Les acides gras en oméga-3 ont été étudiés pour leur propriétés anti-inflammatoires. Le lait humain en contient, ainsi que des facteurs anti-inflammatoires. On a constaté que le lait maternel limitait l’anorexie chez des bébés malades. Les chimiothérapies induisent une baisse de l’appétit et une modification du goût. Certaines personnes trouveront délicieux le lait humain, d’autres trouveront son goût ou son odeur très désagréables, et le lait devra être "parfumé" (sirop…). Des études ont constaté que la HAMLET (alpha-lactalbumine rendue létale pour les cellules tumorales) détruisait spécifiquement les cellules cancéreuses. Cette protéines n’est pas présente dans le lait humain, mais elle est fabriquée pendant le processus de digestion (en présence d’un pH bas et d’acide oléique). Le TRAIL (TNF-related apoptosis-inducing ligand) est un autre facteur du lait humain, qui induit l’apoptose des cellules cancéreuses (il joue également un rôle dans la différenciation des cellules de la lignée digestive).
Une étude (Rouhg, 2009) a évalué le vécu de 10 patients cancéreux qui recevaient du lait humain. La plupart estimaient que cela leur avait été bénéfique : moins de nausées pendant les chimiothérapies, augmentation de l’appétit. Toutefois, aucune évaluation objective sur l’impact du lait humain n’a été faite chez ces patients. Il est très improbable qu’il soit possible d’obtenir suffisamment de lait humain pour permettre de l’inclure dans le traitement de tous les patients cancéreux, mais pour ceux qui le souhaitent et qui peuvent trouver des mères allaitantes qui sont d’accord pour en donner, il peut constituer un adjuvant au traitement conventionnel.
Seule la dernière revue est recevable. Il n'y a pas eu de "peer review" sur cet abstract et sur les infos entendu sur des chaînes de TV américaines. De plus ces résultats (je parle de l'abstract) sont tellement bien qu'il n'ont pas fait l'objet de réelle publication....c'est étrange. On parle de cancer quand même. Citer la revue et les articles qui la composent aurait largement suffit.
Bonjour Killian,
Alors donc, si vous ne trouvez pas sur Internet, ça prouve que c'est faux ?!
L'abstract a été publié dans le numéro spécial de Breastfeeding Medicine sur la 19ème conférence internationale sur l'allaitement (Cleveland, OH, November 13-16, 2014). C'est le résumé d'une présentation faite à cette conférence internationale. On le trouve à la page S8. Je ne peux pas mettre ici le fichier en pièce jointe, mais je l'enverrai à qui me le demandera.
On en trouve aussi mention sur la page d'une des co-auteurs, dans "Publications" : https://csgdocs.com/doctors/linda-pegram-md/
Quant aux deux autres cas, ce n'est pas parce que c'est passé à la télévision que c'est faux aussi, non ?
Il existe très peu d'études sur le sujet, espérons qu'il va y en avoir et nous ne manquerons pas de les signaler.
Le premier article qui est cité est introuvable dans la littérature(c'est donc faux)....le deuxième et troisième articles relais des trucs entendu à la TV....génial. C'est pas très sérieux....
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