Dossier paru dans le numéro 80 (juillet-août-septembre 2009) de la revue Allaiter Aujourd'hui
En 1998, nous avions déjà consacré un numéro d’Allaiter aujourd’hui au matériel autour de l’allaitement (AA n° 35).
Dans l’éditorial, nous écrivions : « Chez nous, la consommation étant reine, il était hors de question que les femmes allaitantes échappent complètement aux lois du marché. On tente donc de créer un ‘marché de l’allaitement’ en présentant toute une panoplie de gadgets censés être indispensables à la femme qui allaite. Alors que, pour quelques-uns qui sont vraiment utiles dans certaines circonstances bien définies, beaucoup d’autres sont au mieux inutiles et au pire nuisibles. »
Plus de dix ans se sont écoulés depuis, et que constatons-nous ? Les taux d’allaitement à la naissance ont bien augmenté (64 % en 2004 contre 46 % en 1996), et avec eux le « marché » des femmes allaitantes et… le nombre de produits proposés (1).
Il était donc nécessaire de refaire le point pour voir aujourd’hui ce qui est utile, ce qui est inutile et ce qui peut être nuisible.
Indispensables : de l’information et du soutien
Allaiter est un art qui s’apprend. Dans les livres, sur Internet, et surtout auprès de mères ayant elles-mêmes allaité ou toujours en train de le faire.
Depuis dix ans, la bibliothèque de livres français sur l’allaitement s’est énormément étoffée, et l’on trouve beaucoup plus facilement une information de qualité sur le sujet (voir la rubrique « livres » dans chaque numéro de AA). A savoir : LLL France prépare actuellement une nouvelle version française de L’Art de l’allaitement maternel, qui devrait être en librairie à l’automne. Nous vous en parlerons plus longuement lorsqu’elle sortira.
L'Art de l'Allaitement Maternel - version Pocket
Pour la première fois dans le monde en version poche ! Pour répondre à toutes vos questions, à lire dès la grossesse et pendant toute la durée de l’allaitement. La toute nouvelle édition française de ce best-seller mondial.
9,50 €
De l’information de qualité, on en trouve également de plus en plus sur Internet, à commencer par le site de LLL France, dont une nouvelle version a été mise ne ligne en mai dernier, encore plus riche et plus facile à consulter.
Important également, un réseau qui renseignera en cas de problème, épaulera dans les moments de doute, soutiendra au fil du temps : animatrices LLL, réunions de mères, forums et listes de discussion, copines, etc.
Un bon porte-bébé
On dit qu’à la naissance, un bébé n’a besoin que de deux choses : le lait de sa mère et la chaleur des bras de ses parents.
Les « bras supplémentaires » fournis par un bon porte-bébé peuvent vraiment rendre la vie plus facile, en répondant aux besoins de proximité et de sécurité du bébé tout en permettant au parent de vaquer à ses occupations.
Il est aujourd’hui beaucoup plus facile qu’en 1998 de trouver un mode de portage respectueux de la physiologie du bébé et de celle du porteur. On ne compte plus les boutiques et les sites Internet proposant écharpes de portage, slings, porte-bébés d'inspiration traditionnelle…
S’il y a bien UN objet de puériculture utile à s’offrir ou se faire offrir, c’est celui-là !
À savoir : depuis quelque temps, il existe en France un produit qui permet de pratiquer le peau à peau avec un bébé prématuré (voire avec un nouveau-né à terme). Il s’agit du bandeau Minilou qui s’inspire de ce qui existe en Amérique du Sud mais comporte deux bretelles qui apportent un confort supplémentaire.
Des produits pour se préparer ?
On a longtemps cru qu’il fallait préparer ses seins à l’allaitement tout au long de la grossesse. On conseillait de les masser, d’y appliquer des crèmes, du jus de citron, d’étirer les mamelons, de les frotter avec une brosse à dents, etc. Tout cela dans le but de leur donner la « bonne » forme et de les « endurcir ».
On sait aujourd’hui que toutes ces manœuvres sont non seulement désagréables, mais complètement inutiles : ce n’est pas cela qui évite l’apparition de crevasses, mais une bonne position du bébé au sein.
Seuls les massages peuvent être agréables et aider certaines à apprivoiser l’idée que bientôt la bouche d’un bébé happera leurs seins, avec une vigueur parfois étonnante.
Crèmes et pommades
De même, une fois le bébé né, rien ne sert de se tartiner les seins de pommades diverses dans le but d’éviter les crevasses : si certains produits (notamment la lanoline purifiée, qu’on trouve maintenant sous diverses marques) peuvent aider à leur cicatrisation quand elles sont là, ils n’ont pas pour autant d’effet préventif.
Par contre, on peut, à la fin de la tétée, étaler sur le mamelon et l’aréole un peu de colostrum ou de lait de fin de tétée : c’est un produit naturel, toujours disponible, qui a une odeur familière au bébé, un bon goût, est non allergisant et efficace, car rempli d’anticorps (pour éviter une surinfection) et de facteurs de croissance (pour régénérer la peau). Et gratuit !
On peut aussi l’utiliser en cas de crevasses, en imbibant des compresses qu’on applique sur le mamelon et qu’on protège de film alimentaire pour les garder humides.
Des compresses Hydrogel (diverses marques) peuvent également soulager en rafraîchissant des mamelons douloureux, mais contrairement au lait maternel, ce n’est pas gratuit !
A une époque, on a préconisé de sécher les seins après la tétée avec un sèche-cheveux. C’est maintenant déconseillé, car, loin de prévenir les crevasses, cela pouvait les favoriser, la chaleur excessive déshydratant les cellules cutanées et les fragilisant.
En cas de mamelons plats ou ombiliqués
Beaucoup de femmes se font dire qu’elles ont les mamelons plats et qu’elles auront donc des difficultés à allaiter. A l’examen, très souvent, les mamelons s’avèrent tout à fait normaux. Donc première chose : faire vérifier !
Si le mamelon est effectivement plat, voire rétracté, mais qu’une pression douce permet de le faire ressortir, pas d’inquiétude à avoir : la succion du bébé, si elle est bonne, le fera aussi ressortir. Sachant par ailleurs que ce n’est pas seulement le mamelon que le bébé a en bouche quand il tète, mais un bon morceau de l’aréole.
Si par contre, tout ou partie du mamelon reste invaginé dans le sein, les débuts de l’allaitement risquent d’être plus problématiques.
Pour remédier au problème, on suggérait le port de coupelles - par exemple les « forme-mamelon » de Medela (2) - dans le soutien-gorge, à partir du dernier trimestre de la grossesse, et/ou les exercices dits « de Hoffmann » (pressions fermes des pouces à la base du mamelon) destinés à assouplir le tissu péri-mamelonnaire.
Mais l’efficacité de ces techniques a été fortement mise en cause par une étude datant de 1992, où l’on a demandé à des femmes ayant au moins un mamelon plat ou rétracté de porter des coupelles, ou de faire les exercices de Hoffmann, ou les deux, ou de ne rien faire. Résultat : le taux d’allaitement à l’arrivée était le plus élevé… chez celles qui n’avaient rien fait !
Depuis cette date, deux nouveaux produits sont arrivés sur le marché : la Niplette de Avent (qu’on peut remplacer par une simple seringue dont on a découpé le fond, enlevé l’aiguille et remis le piston en passant par le fond), et le LatchAssist de Lansinoh (3), petit bulbe en caoutchouc sur un embout. Avec ces deux produits, il s’agit de créer un vide qui aspire le mamelon. Même si des mères en sont satisfaites, il n’existe pas à notre connaissance d’étude un peu vaste sur leur efficacité.
Dans tous les cas, l’important sera de veiller à une bonne prise du sein par le bébé, qui arrivera généralement à faire ressortir le mamelon, même si ce dernier rentre à nouveau dans le sein dès que le bébé le lâche. Sachant également que, le plus souvent, un seul des mamelons est concerné, on pourra, si les mises au sein sont vraiment trop douloureuses, choisir d’allaiter d’un seul sein.
Bouts de sein : attention !
C’est ce que nous écrivions en 1998. Et malgré les « progrès » faits depuis (bouts de sein plus minces, échancrés au niveau du nez du bébé…), nous sommes bien obligées de redire « attention ».
En effet, l’utilisation des bouts de sein n’est pas sans effet sur l’allaitement. Et c’est pour cette raison que des experts comme le Dr Jack Newman n’en recommandent pas l’utilisation.
Voici ce qu’en dit Danielle Ortais, animatrice LLL, sage-femme, et titulaire du DIU LHAM (4) :
« Certes, dans certaines situations inextricables, utiliser les bouts de sein peut permettre de poursuivre l’allaitement.
Ils sont fréquemment utilisés en cas de crevasses et peuvent parfois apporter un soulagement. Mais ce n’est pas leur meilleur usage, dans la mesure où la cicatrisation des crevasses nécessite d’abord d’en corriger les causes.
Les bouts de sein peuvent être utilisés chez des bébés prématurés qui n’arriveraient pas à téter, mais on arrête généralement de le faire autour du terme.
Et quelle que soit la raison pour laquelle les bouts de sein sont mis en place, on évitera de les utiliser en tout début d’allaitement et lorsque la lactation est basse.
En effet, l’usage de bouts de sein diminue la quantité de lait reçue par le bébé, et peut induire à la fois des difficultés de prise de poids chez le bébé et une diminution de la lactation chez la mère.
Pour minimiser leurs inconvénients, on peut : les utiliser une tétée sur deux ou uniquement en début de tétée ; offrir des tétées fréquentes, aux « signes d’éveil », et en effectuant une compression du sein ; tirer le lait régulièrement et le donner au bébé en complément, si besoin est (DAL, seringue, pipette, soft-cup, tasse, doigt-paille...) ; apprécier la quantité de lait que reçoit le bébé (urines, selles) et les signes d’une bonne tétée ; sevrer le bébé du bout de sein en le retirant en cours de tétée quand le bébé est un peu endormi ou calme, ou déjà un peu repu.
Attention aussi d’adapter la taille du bout de sein au mamelon et à la bouche du bébé, et de ne pas utiliser d’autres modèles que ceux en silicone mince.
Telle une roue de secours, les bouts de sein devraient être arrêtés dès que possible en raison de leur effet possible sur la lactation. Et rappelons qu’en cas de difficultés d’allaitement et surtout en cas d’utilisation des bouts de sein, l’aide de personnes compétentes est indispensable. »
Voir Comment se sevrer d'un bout de sein
Coquilles, coupelles et coussinets
Certaines mères apprécient le port de coupelles recueil-lait, mais il n’est pas conseillé de les porter en permanence, car en appuyant constamment sur l’aréole, elles peuvent entraîner une sur-stimulation de la lactation (il arrive que des mères portent des coupelles parce qu’elles ont des écoulements de lait, et que ce soit justement le port des coupelles qui les provoquent !), voire des engorgements.
Il existe également des coquilles « protège-mamelon », dotées de nombreux trous pour laisser circuler l’air, destinées à éviter tout frottement à un mamelon irrité. Mais dans ce cas, l’important est avant tout de corriger la position du bébé au sein qui crée cette irritation.
Pour « éponger » les fuites de lait (à noter que certaines mères n’en auront jamais), il existe toute une variété de coussinets d’allaitement : coussinets jetables, coussinets lavables (plus économiques et plus écologiques), coussinets en silicone LilyPadz (qui fonctionnent non par absorption mais par compression : en appuyant sur le bout du sein, ils empêchent l’écoulement du lait).
Sur son blog, Ségolène Finet a fait en septembre 2008 une étude comparative intéressante des coussinets d’allaitement (5), en prenant en compte cinq critères de choix : l’impact sur l’environnement, le prix, la sensation sur la peau, la discrétion, la capacité d’absorption, le confort lors des tétées.
On trouve maintenant des coussinets lavables sur de nombreux sites Internet, dont certains très « mode » (6). On peut aussi facilement les fabriquer soi-même (voir l’ouvrage de couture en page 30), ou utiliser de simples mouchoirs en coton pliés.
Encore moins cher : comprimer le mamelon (en appuyant directement dessus ou en croisant fermement les bras sur la poitrine) peut suffire à stopper l’écoulement de lait !
Coussins d’allaitement
On a toujours dit que pour être confortable pendant la tétée, il ne fallait pas hésiter à s’aider de coussins, traversins, accoudoirs…, afin de garder sans fatigue ni crispation les bras et le bébé à la bonne hauteur.
Les coussins d’allaitement ont la même utilité, à condition d’être utilisés à bon escient, ce qui n’est pas toujours le cas.
Anne Catteau, animatrice de LLL Flandres, fait part de son expérience : « Animatrice depuis de nombreuses années, j'observe depuis deux ou trois ans que 90 % des mamans qui m'appellent pour des douleurs aux seins ont des coussins d'allaitement. J'ai l'impression que les publicités pour ces objets sont les seules images que ces mamans ont de l'allaitement. Alors, elles font comme sur la photo : elles posent le coussin, posent le bébé dessus, et se penchent vers lui ! Et c'est là qu'il manque les quelques millimètres qui feront la douleur et la baisse de lait…
Le coussin d'allaitement est super pour le confort des mamans de jumeaux. Pour les autres, il est important qu'il serve d'abord à la maman, qu'elle s'en fasse des accoudoirs. Si elle s'installe bien penchée vers l'arrière – position "transat" ou "bain de soleil" –, le bébé sera enroulé autour d'elle, une grande partie de son poids sera réparti sur le torse, et le bras de la maman ne servira plus à porter le bébé, mais juste à le maintenir. »
Soutiens-gorge…
Longtemps, les mères se sont plaintes de l’aspect tristounet et austère des soutiens-gorge d’allaitement.
On trouve maintenant de la lingerie d’allaitement gaie, colorée, voire sexy : Sibellia, Made in femmes, Hotmilk… (7) Mais le côté esthétique ne doit pas faire oublier le confort et l’aspect pratique : un bon soutien-gorge d’allaitement ne doit pas comprimer les seins (attention aux baleines que certains comportent), et doit si possible pouvoir s’ouvrir et se fermer d’une main, l’autre tenant le bébé.
Si certaines mères peuvent se passer de soutien-gorge quand elles allaitent, d’autres, au contraire, qui ont de très gros seins, auront peut-être besoin d’un soutien spécial pendant la tétée, afin que le poids de leurs seins ne gênent pas la succion du bébé. On a depuis toujours conseillé dans ce genre de cas de coincer sous le sein une serviette éponge roulée. Il existe maintenant au moins deux dispositifs qui ont le même effet de soutien et de réhaussement du sein : le Breastfeeding Sling, c’est-à-dire un « porte-sein » (8), et le Utterly Yours Breast Pillow, un petit coussin triangulaire en mousse qu’on coince sous le sein (9).
… et vêtements
En 1998, nous écrivions : « Contrairement à des pays comme les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, on ne trouve pas encore en France de vêtements spécialement conçus pour la femme qui allaite (mis à part des chemises de nuit), mais cela viendra peut-être. »
Cela permet de voir que les choses ont bien évolué en dix ans. Car oui, cela est venu !
Il est devenu très facile d’acheter, notamment sur Internet mais aussi dans certaines boutiques, des vêtements spécialement adaptés à l’allaitement, soit importés soit fabriqués par des sociétés françaises : Tebalou, Mamanana, nouS, Instinct maternel, À fleur de lait… (10)
Une initiative intéressante : dans le Pas-de-Calais, une association d’aide à l’insertion, VESTALI (Vestiaire Emploi Services T Association Locale d’Insertion), transforme n’importe quel vêtement d’occasion en vêtement d’allaitement. Ils vendent des vêtements déjà transformés, ou transforment ceux qu’on leur envoie (11).
On peut bien sûr aussi adapter soi-même des vêtements (12) ou les fabriquer.
Allaiter « sous cape » ?
Une des raisons pour lesquelles on peut avoir envie de vêtements adaptés à l’allaitement, c’est le souci d’être discrète, de ne pas exposer plus de « chair » que nécessaire.
Mais jusqu’où aller dans la discrétion ? Et certains produits faits pour l’assurer ne risquent-ils pas d’avoir exactement l’effet inverse ?
Je pense par exemple au « bavoir d’allaitement » qu’on s’accroche au cou et qui couvre le sein et le bébé, créé aux Etats-Unis et qu’on trouve maintenant aussi en France (13).
Ou le chapeau pour bébé à très larges bords, qui vous cache le sein complètement (14).
Ou encore, le fauteuil cache-allaitement, dont le dossier pourvu de larges oreillettes cache le sein et le bébé aux regards. Voici ce qu’en disait Ségolène Finet sur son blog en juillet 2008 : « L’idée est de proposer ce fauteuil dans les restaurants, cafés, centres commerciaux, etc. D’un côté, c’est sympa de prévoir quelque chose de confortable pour les mamans qui allaitent, de l’autre, qui va oser aller s’asseoir dans une espèce de trône violet et rose vif ? Du genre : regardez-moi, J’ALLAITE !!! Autant avoir un panneau avec une flèche et écrit en gros, ‘cette femme allaite, vous pouvez lui jeter des cacahuètes’ ! »
On ne peut qu’être d’accord avec elle !
Colifichets
Dans cette veine, on trouve pêle-mêle : le collier d’allaitement (à se mettre autour du cou pour « occuper » la main du bébé au lieu qu’il tripote l’autre sein, les cheveux, le grain de beauté, etc., ce que certaines mères trouvent particulièrement énervant…) ; la « bague d’allaitement » (15) (qui remplace l’épingle à nourrice pour savoir si l’on a donné le sein droit ou le sein gauche à la dernière tétée…), les bijoux faits à partir de lait maternel…
Tire-lait
Loin des colifichets, le tire-lait est un produit qui a toute son utilité dans un certain nombre de circonstances.
Même si, comme le rappelle Marie Courdent (animatrice LLL, puéricultrice, consultante en lactation et titulaire du DIU LHAM), « on oublie que tirer son lait à la main est ce qu’il y a de plus pratique, de plus silencieux, de plus économique et de plus hygiénique (pour peu que l’on se soit lavé les mains au préalable). Le personnel soignant des maternités en route vers le label Hôpital Ami des Bébés doit montrer aux mères comment exprimer leur lait à la main. C’est un coup de main qui s’apprend vite et peut rendre de grands services : la main fait un C autour du sein légèrement au-dessus de l’aréole, la mère aplatit son sein sur sa cage thoracique puis resserre ses doigts comme une pince pour chasser le lait des canaux sous l’aréole.
Sinon, choisir un tire-lait dépendra de l’usage que l’on veut en faire. S’il s‘agit de lancer une lactation car le bébé est hospitalisé ou s’il faut stimuler la production de du lait, le choix ira directement vers les tire-lait électriques double pompage dont la location est remboursée, en demandant les marques les plus plébiscitées par les mères (Medela, Ameda, Mamivac). Se méfier des appareils datant de Mathusalem qu’on trouve encore dans les officines…
Quand une mère qui allaite un nourrisson veut disposer ponctuellement de lait réfrigéré ou congelé, elle peut utiliser un tire-lait manuel moderne. Là aussi, pas de bruit, pas de prise de courant, juste l’énergie manuelle. Mieux vaut se tourner vers les marques les plus spécialisées dans le domaine : Lansinoh, Ameda, Medela, Avent, Mamivac.
Un compromis entre les tire-lait électriques en location et les tire-lait manuels consiste à acheter un tire-lait mini électrique, soit à piles rechargeables soit sur secteur. »
Pour tirer son lait en gardant les mains libres, un bustier peut être utile : Easy Expression de Medela, ou à fabriquer soi-même.
Pour conserver le lait et le faire donner
Et quand le lait est tiré, il faut le boire !
Et d’abord le conserver.
Au cours des dernières années, les écoles se sont affrontées pour savoir quel matériau, du verre ou du plastique, était préférable. Actuellement, il semble que les meilleurs choix, notamment pour la congélation, soient les récipients en verre (de préférence teinté) ou en plastique rigide pouvant fermer hermétiquement. Evitez le polycarbonate, qui peut relarguer dans le lait du Bisphénol A (BPA), un perturbateur endocrinien soupçonné d’être à l’origine de cancers.
Avent commercialise les petits pots de conservation VIA (garantis sans BPA) qui peuvent convenir. Mais l’on peut tout à fait utiliser des récipients moins coûteux, par exemple des petits pots pour bébé en verre, des pots de confiture, des pots à yaourt en verre, des petites bouteilles de jus de fruit, etc.
On peut également utiliser des sacs de congélation à usage unique spécialement conçus pour protéger et conserver le lait maternel, comme par exemple les Lactisacs (garantis sans BPA), les sachets Ameda ou Medela. C’est sans doute le meilleur choix, mais un choix assez coûteux.
Certaines utilisent des sacs de congélation « ordinaires », plus fins que les sacs spéciaux. Mieux vaut dans ce cas les doubler, pour éviter le risque de les voir craquer et de perdre le précieux liquide. A savoir : les graisses ont tendance à adhérer au plastique de ce type de sachets.
Certaines aussi congèlent leur lait dans des sacs à glaçons (ou dans un bac à glaçons souple acheté pour cette utilisation), ce qui permet d’avoir de petites portions. De manière générale, mieux vaut conserver le lait maternel par petites quantités, cela évite de le gâcher lors de l’utilisation.
Puis le transporter.
Si l’on tire son lait au travail, il sera bon de disposer d’un réfrigérateur pour le stocker jusqu’à la fin de la journée de travail. A défaut, on pourra utiliser une glacière portative.
Celle-ci sera bien utile également pour transporter le lait entre le travail et son domicile, ou le travail et le lieu d’accueil de l’enfant. En effet, si l’on va soi-même rechercher le bébé, il sera préférable de laisser le lait pour le lendemain chez la nounou ou à la crèche, plutôt que lui imposer un transport supplémentaire.
Il existe également des sacs spéciaux pour les femmes qui travaillent et allaitent, permettant de transporter soit uniquement le lait, soit également le tire-lait.
Le tire-lait Lactaline de chez Ameda est vendu dans une mallette dont le compartiment réfrigéré permet de garder le lait jusqu’à dix heures.
Medela vient de sortir le sac City Style, fourni avec quatre biberons et un bloc réfrigérant, permettant, d’après le fabricant, la conservation du lait jusqu’à huit heures dans un environnement d’environ 25°.
Et Avent commercialise depuis longtemps un sac de voyage isotherme contenant son tire-lait manuel Isis avec des biberons de conservation.
Cela dit, un sac isotherme ordinaire avec un pain de glace peut très bien convenir, et reviendra moins cher.
Et enfin le donner au bébé.
Comme les fabricants de lait infantile prétendent s’approcher du lait maternel, les fabricants de biberons et tétines se vantent de « reproduire la souplesse, la sensation et le mouvement du sein de la mère », d’avoir des tétines « créées pour imiter le sein maternel quant à sa forme et sa taille », ayant « la même flexibilité naturelle que le sein maternel », etc.
En fait, même si certains biberons semblent mieux acceptés que d’autres par les bébés, aucun ne supprime réellement le risque de « préférence sein/tétine ».
Il est donc bon à savoir que le lait (maternel ou artificiel d’ailleurs) peut être donné au bébé avec d’autres ustensiles : cuiller, pipette, seringue à médicaments, SoftCup (16), petit gobelet sans couvercle, biberon muni d’un bec souple (éventuellement sans la valve) à la place d’une tétine, gobelet à bec, paille
DAL, Lact Aid
Nous terminerons ce tour d’horizon par un matériel très spécifique, qui rend un réel service à des mères dans des situations particulières (voir plusieurs témoignages dans les pages qui suivent) : le DAL (Dispositif d’aide à la lactation), un fin tuyau en silicone fixé sur l’aréole et relié à un flacon suspendu au cou de la maman, qui apporte du lait au bébé qui tète donc à la fois le sein et le tuyau (17). Ce qui permet d’éviter les biberons et de stimuler la fabrication du lait, et de garder le bébé au sein même si la mère ne peut pas produire suffisamment.
On arrive avec le DAL au cœur de la contradiction concernant le matériel autour de l’allaitement.
Le nombre de femmes allaitantes étant en progression régulière, elles deviennent un marché intéressant, et sont la cible de propositions commerciales en nombre croissant, pour des produits plus ou moins utiles qu’on leur présente comme indispensables.
Et d’un autre côté, des femmes qui n’auraient auparavant jamais eu l’idée d’allaiter en raison de difficultés particulières en ont maintenant envie, et peuvent susciter l’invention de nouveaux produits susceptibles de les aider.
C’est aux femmes à bien faire le tri entre l’utile, l’inutile et le nocif !
1. Et ça va encore croître, voir les prévisions de croissance de ce marché aux Etats-Unis jusqu'en 2020.
2. www.medela.fr
3. Commercialisé par Almafil (www.almafil.com).
4. Diplôme Inter-Universitaire Lactation Humaine - Allaitement Maternel. Voir aussi son mémoire pour le DIU, Les effets de la prescription dès la maternité de « bouts de seins artificiels » en cas de difficultés d’allaitement chez des nouveau-nés à terme, 2008.
5. http://blog.allaitement.mamanana.com/2008/09/index.html
6. Voir par exemple les coussinets en bambou et imprimés de motifs sur www.ethicgarden.com
7. www.sibellia.fr, www.madeinfemmes.com, www.hotmilklingerie.com
8. Voir www.abc.net.au/tv/newinventors/txt/s2311779.htm
9. www.utterlyyours.com/howtouse.htm
10. www.mamanana.com, nous-store.com
11. Vitrine sur ebay.fr (vestali62880), 03 21 74 23 87, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
12. Voir « Comment s’habiller pour allaiter », AA n° 77, octobre 2008
13. bbletche, www.lebabymilk.com
14. www.moboleez.com
15. www.poupke.com
16. Commercialisée par Medela.
17. Autre produit similaire : le Lact Aid, qu’on peut se procurer sur Internet et que certaines mères préfèrent.
Peut être reproduit, imprimé ou diffusé à condition de mentionner la provenance de cet article.
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