Article publié dans les Dossiers de l'Allaitement numéro 64 (Juillet - Août - Septembre 2005)
D'après Mothers performing in-home measurement of milk intake during breastfeeding of their preterm infants : maternal reactions and feeding outcomes. NM Hurst, PP Meier, JL Engstrom, A Myatt. J Hum Lact 2004 ; 20(2) : 178-87.
Un pourcentage important des femmes ayant des enfants de moins de 12 mois exerce une activité professionnelle. Les femmes qui travaillent sont tout aussi nombreuses que les autres à débuter un allaitement, mais la reprise du travail aura souvent un impact négatif sur l’allaitement. La durée du congé de maternité et le degré de contrôle que peut avoir la femme sur son travail auront un impact important sur la durée de l’allaitement. Si de plus en plus de mères décident de poursuivre l’allaitement après la reprise du travail, ce souhait pourra se heurter à des obstacles tels qu’un environnement peu favorable sur le lieu de travail, un congé de maternité court, ou un travail à plein temps. Nombre de ces mères tireront leur lait sur leur lieu de travail. Le but de cet article était d’évaluer les pratiques, en matière d’expression du lait, des mères ayant repris une activité professionnelle.
Les données utilisées ont été recueillies à l’occasion d’une grande étude nationale sur les pratiques d’alimentation infantile, menée au sein de CIGNA, une grosse entreprise nationale américaine, qui propose à ses employées un programme d’aide à l’allaitement dans toutes ses succursales (en particulier des salles, équipées de tire-lait électriques automatiques à double pompage, où les mères peuvent tirer leur lait). 78% du personnel de CIGNA est féminin. 76% des employées sont blanches non hispaniques, 14% sont afro-américaines, et 7% sont hispaniques. Toutes les employées qui étaient d’accord pour participer ont répondu à des questionnaires envoyés en période prénatale, puis tous les mois pendant la première année de l’enfant.
343 femmes (25% des femmes à qui l’on avait demandé si elles souhaitaient participer à l’étude) ont accepté. 283 prévoyaient d’allaiter en période prénatale. 103 d’entres elles avaient repris leur travail à 3 mois post-partum ; 71 d’entre elles allaitaient toujours, et toutes les données souhaitées ont été fournies par 70 femmes. 9 femmes ne tiraient pas leur lait, et les données sur l’expression du lait ont été analysées pour 61 femmes. A 6 mois post-partum, 121 mères avaient repris leur travail, 67 d’entre elles allaitaient encore, et 60 tiraient leur lait. Ces femmes travaillaient en moyenne 4,5 jours par semaine.
Les femmes qui avaient décidé d’allaiter étaient plus souvent blanches non hispaniques, mariées, âgées de 30 ans et plus, primipares, travaillaient à CIGNA depuis moins de 5 ans, et avaient repris leur travail avant 12 semaines post-partum. Les 61 mères qui tiraient leur lait à 3 mois post-partum le faisaient 2,2 à ±0,8 fois par jour, et 82% y consacraient au maximum une heure par jour. Les 60 mères qui tiraient leur lait à 6 mois le faisaient 1,9 ± 0,6 fois par jour, et 95% y consacraient au maximum une heure par jour. 15 des mères qui allaitaient à 3 mois avaient sevré avant 6 mois ; il n’existait aucune différence significative quant à la fréquence d’expression du lait et au temps qui y était consacré entre ces mères et celles qui allaitaient toujours à 6 mois.
La fréquence et la durée d’expression du lait constatées dans cette étude étaient similaires à celles rapportées par d’autres études effectuées au sein d’entreprises offrant à leurs employées des programmes d’aide à l’allaitement. Les horaires de travail des femmes étaient similaires à 3 et 6 mois, mais la fréquence d’expression du lait était inversement corrélée à l’âge de l’enfant. Lorsqu’on permet aux employées de bénéficier d’un environnement favorable à l’allaitement sur leur lieu de travail, les femmes peuvent poursuivre l’allaitement pendant des mois en tirant leur lait en moyenne 2 fois par jour, pendant au total moins d’une heure. Les programmes d’aide à l’allaitement sur le lieu de travail peuvent contribuer efficacement à augmenter la durée de l’allaitement. D’autres études seraient utiles pour évaluer le vécu des mères de différentes professions, bénéficiant ou non d’un environnement favorable sur leur lieu de travail. Il serait bon que ces études soient effectuées par des personnes « neutres » ; les femmes pourront en effet hésiter à répondre avec une totale franchise à une enquête menée par leur entreprise concernant des activités non professionnelles si elles pensent que cela peut avoir pour elles des répercussions négatives.
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