Article publié dans les Dossiers de l'Allaitement numéro 66 (Janvier - Février- Mars 2006)
A l’occasion de l'échographie du 4ème mois de grossesse, il a été découvert que le bébé de Mme X était porteur d'une fente labiopalatine. Passé le choc psychologique, Mme X a commencé à se documenter sur cette malformation et ses conséquences au niveau de l'alimentation du nouveau-né. Tous les articles et témoignages sur le sujet parlaient de la difficulté à alimenter normalement ces bébés, la non-fermeture du palais empêchant une succion normale. En particulier, il était précisé que l'allaitement était la plupart du temps rendu impossible, puisque la fente palatine ne permet pas la création d'une dépression dans la bouche. Mme X avait allaité son aîné jusqu'à l'âge de 18 mois. Elle a commencé à faire le deuil de l’allaitement de ce second enfant.
Elle avait appris que les bébés porteurs d'une fente labiopalatine avaient un risque élevé d'otites à répétition, en raison de la communication entre la cavité buccale et les voies aériennes. Elle a alors décidé que son bébé recevrait son lait, au moins pour la protection contre les infections, et pour favoriser la cicatrisation après les futures chirurgies réparatrices.
La maternité où elle devait accoucher ne disposant pas de tire-lait double pompage, elle a loué, une semaine avant la date prévue d'accouchement, un tire-lait électrique double pompage « Lactaline Personal » d'Ameda qu’elle prévoyait d’apporter à la maternité. La première journée post-partum fut particulièrement éprouvante (choc d'une césarienne inattendue, injection de morphine contre la douleur, séparation mère-enfant imposée, le bébé étant admis en néonatalogie en raison des difficultés prévues pour son alimentation). D'après les recommandations d'une consultante en lactation, Mme X savait qu’elle devait tirer son lait 8 à 10 fois par 24 heures pour bien lancer sa lactation. Elle a commencé à tirer son lait environ 26 heures après la césarienne. Les premiers jours, à la maternité, elle tirait son lait entre 6 et 8 fois par 24 heures, pendant 10 à 15 minutes. Elle a tiré aussi un certain nombre de fois son lait manuellement pour désengorger ses seins. Elle a très mal vécu le fait qu’elle devait jeter son colostrum, le personnel lui ayant dit que la morphine qu’elle recevait interdisait le don à son bébé (NDLR : ce qui est inexact). A partir du 4ème jour, elle a exigé que son lait lui soit donné. La montée de lait a eu lieu le 5ème jour. Elle obtenait alors en moyenne 20 à 50 ml par séance d’extraction (avec un pic de 140 ml).
Mme X est rentrée chez elle à J7. Elle a continué à tirer son lait entre 6 et 8 fois par 24 heures, et elle notait scrupuleusement, pour chaque séance d’expression, l’heure et la quantité obtenue, ainsi que la quantité de lait absorbée par son bébé (au biberon). Pendant la première semaine qui a suivi le retour au domicile, la production de lait a été très irrégulière d'un tirage à l'autre, mais en constante augmentation. Si elle tirait environ 25 à 80 ml par séance d’expression à J7, elle en tirait 65 à 190 ml à J14 (ce qui représentait quotidiennement près du double des besoins du bébé). A partir de J15, la production lactée est devenue plus régulière. A J20, elle tirait de 130 à 215 ml par séance d’expression. Pendant la 4ème semaine post-partum, elle tirait son lait 6 fois par jour, et à partir de 5 semaines elle a pris un rythme de 5 séances d’expression par 24 heures. Le tire-lait double pompage lui permettait de gagner du temps et d’obtenir un volume nettement supérieur aux besoins de son bébé : elle avait toujours au minimum 2 biberons d’avance.
Ce rythme n’était pas facile à assurer pour la mère, entre les séances d’expression du lait, le nettoyage du matériel, le don des biberons… Elle estime qu’elle a pu « tenir » grâce aux nombreux contacts pris, avant la naissance, avec des consultan-tes en lactation et des animatrices de La Leche Lea¬gue, qui ont répondu à ses interrogations, lui ont envoyé des articles et de la documentation, et lui ont permis d'anticiper la vie avec son bébé. Elle a aussi été mise en contact avec des mamans ayant connu des expériences similaires, auxquelles elle a pu poser des questions par téléphone. La documentation recueillie sur Inter-net lui a également été précieuse. Le fait de consigner toutes les données concernant l’alimentation de son bébé dans un cahier l’a beaucoup aidée au quotidien, ainsi que la maniabilité et l’efficacité du tire-lait, utilisé très souvent. Le soutien moral et matériel de son mari s’est avéré très important. Enfin, sa motivation, en particulier vis-à-vis des professionnels de santé ren-contrés (qui trouvaient incongru de vouloir allaiter un enfant souffrant de fente labiopalatine), lui a donné l’énergie nécessaire pour faire valoir son choix.
La première chirurgie (fermeture de la fente labiale) a été effectuée lorsque l’enfant avait 1 mois. Par la suite, lorsque sa mère essayait de le metttre au sein, Jérémy acceptait parfois de « tétouiller », mais pas lorsqu’il était affamé. Cette situation était très frustrante pour la maman, qui préférait donc le nourrir au biberon. Jérémy a été exclusivement nourri avec du lait maternel jusqu’à 4,5 mois ; il a alors commencé à recevoir des solides donnés à la cuillère, en vue de la chirurgie (on avait dit à sa maman qu’il ne pourrait pas prendre le biberon pendant un certain temps après cette chirurgie). La fermeture de la fente palatine a été effectuée à 8 mois. Dans les semaines qui ont suivi, Mme X a décidé d’arrêter de tirer son lait, et Jérémy était sevré à 9 mois.
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