Article publié dans les Dossiers de l'Allaitement numéro 66 (Janvier - Février- Mars 2006)
Pendant longtemps, on a pensé que l’alcool augmentait la production lactée, et pendant des siècles on a conseillé aux mères allaitantes d’en consommer. Le but des auteurs était d’évaluer l’impact de la prise d’alcool sur le taux des hormones de l’allaitement chez des mères allaitantes.
L’étude a porté sur 17 femmes, qui allaitaient un enfant âgé de 2 à 4 mois. Chaque femme a absorbé soit une quantité donnée de jus d’orange pur, soit la même quantité de jus d’orange auquel on avait ajouté 0,4 g/kg d’alcool pur. Chaque femme a été son propre témoin, l’ordre de la prise étant déterminé par tirage au sort, et les 2 tests étant pratiqués sur 2 journées différentes. Les femmes ont tiré leur lait avec un tire-lait électrique pendant les heures suivantes, et des prises de sang ont été effectuées pour dosage des taux d’oxytocine, de prolactine et de cortisol, avant, pendant et après l’expression du lait.
Pendant les quelques heures qui suivaient l’absorption d’alcool, le taux d’oxytocine baissait d’en moyenne 78%, tandis que le taux de prolactine augmentait d’en moyenne 336%. La baisse du taux d’oxytocine avait pour corollaire une efficacité moindre du réflexe d’éjection : il était retardé, et le volume de lait tiré par la femme était moins important. L’augmentation du taux de prolactine était corrélé à une sensation d’euphorie, et était susceptible d’augmenter transitoirement la production lactée (sensation de seins « plus pleins » rapportée par les mères). La prise d’alcool augmentait également le taux de cortisol, sans que cela ait un impact sur la lactation.
Les mises au sein induisent une augmentation des taux d’oxytocine (l’hormone qui déclenche l’éjection du lait) et de la prolactine (l’hormone qui augmente la production lactée). La prise d’alcool avait un impact significatif et opposé sur ces deux hormones. Le principal résultat était une plus grande difficulté à déclen¬cher le réflexe d’éjection, et une moindre quantité de lait obtenue lorsque la femme tirait son lait dans les quelques heures qui suivaient la prise d’alcool, en dépit du fait que la femme se sentait plus détendue et euphorique.
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