Article publié dans les Dossiers de l'allaitement n° 60 (Juillet - Août - Septembre 2004)
D'après "Predictional need for supplementing breastfeeding in preterm infants under Kangaroo Mother Care". JG Ruiz, N Charpak, Z Figuero. Acta Paediatr 2002 ; 91(10) : 1130-34.
95 % des bébés prématurés naissent dans les pays en voie de développement. Les 5 % de prématurés qui naissent dans les pays industrialisés bénéficient de l’essentiel des fonds dépensés pour les soins à ces enfants. Et la plupart des études effectuées sur ces soins portent sur des techniques hautement sophistiquées et très coûteuses, qui ne seront utilisables que dans les pays industrialisés. Il existe très peu d’études sur des techniques simples et peu coûteuses accessibles aux pays en voie de développement.
Par exemple, un dogme scientifique en vigueur dans les pays industrialisés est que le lait maternel qui sera donné à un prématuré de moins de 2000 g doit absolument être enrichi, sous peine d’un impact néfaste sur leur développement. Cela représente pourtant une vision simpliste du problème. Tous les prématurés de moins de 2000 g ne présentent pas les mêmes caractéristiques, et n’ont ni les mêmes besoins, ni les mêmes risques. La plupart des prématurés qui survivent dans les pays en voie de développement pèsent plus de 1200 g, et leurs besoins sont différents de ceux des enfants de moins de 1200 g. Dans les pays en voie de développement, enrichir le lait maternel est rarement possible, et représente une dépense trop importante. Et il a été constaté que la plupart des prématurés (en particulier ceux qui pèsent plus de 1200 g) peuvent avoir une croissance tout à fait satisfaisante en étant exclusivement allaités.
C’est l’expérience des auteurs de cette étude. Environ 45 % des enfants suivis par cette unité colombienne de soins kangourou ont une croissance tout à fait satisfaisante. Dans ce service, décider de donner ou non des produits d’enrichissement à tous les prématurés est impossible. C’est la raison pour laquelle les auteurs ont décidé de mener une étude destinée à trouver les moyens de distinguer, aussi rapidement que possible après leur naissance, les prématurés qui survivront à la période néonatale précoce et qui auront ensuite une croissance satisfaisante lorsqu’ils sont exclusivement allaités, des prématurés qui ont un risque de croissance insuffisante lorsqu’ils sont exclusivement allaités.
Identifier ces enfants permettra de consacrer les faibles ressources financières dont dispose le service de la façon la plus rentable, en enrichissant le lait maternel uniquement pour les prématurés dont la croissance est mauvaise lorsqu’ils reçoivent uniquement du lait maternel. En effet, enrichir le lait implique non seulement d’acheter le produit d’enrichissement, mais aussi d’informer soigneusement les mères sur la façon d’enrichir leur lait avant de le donner à leur bébé, sans compromettre l’allaitement et sans augmenter le risque d’infections.
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