Article publié dans les Dossiers de l'Allaitement numéro 63 (Avril - Mai - Juin 2005)
D'après "Mother-to-infant hepatitis C virus transmission and breastfeeding." EE Mast. Adv Exper Med Biol 2004 ; 554 : 211-216.
Le virus de l’hépatite C (HCV) est essentiellement transmis par voie sanguine. L’infection n’a pas d’impact sur le déroulement de la grossesse, et la contamination se fait habituellement au moment de l’accouchement ou en période périnatale. La majorité des enfants contaminés présentent une hépatite chronique biologique sans signes cliniques. Les seules études à long terme portent sur des adultes, et ont constaté que 10 à 20% des personnes souffrant d’hépatite chronique à HCV pourront présenter une cirrhose et 1 à 5% un carcinome hépatique au bout de 20 à 30 ans. Aucune étude à long terme n’existe sur les enfants.
L’analyse de toutes les études publiées sur le sujet permet d’estimer que le taux de transmission verticale du HCV est d’environ 5,8%. Les facteurs augmentant le risque sont une charge virale élevée au moment de l’accouchement, et la co-infection avec le VIH. Le mode d’accouchement semble n’avoir aucun impact sur ce risque. Dans les études publiées sur le sujet, l’ARN du HCV a été retrouvé dans 0 à 100% des échantillons de colostrum/lait maternel chez les mères séropositives, sans qu’il y ait de relation entre la charge virale lactée et la charge virale sérique. Toutefois, aucun cas de transmission tardive du HCV, susceptible d’être lié à l’allaitement, n’a jamais été constaté ; tout permet de penser que la contamination survient au moment de la naissance.
En conséquence, les spécialistes déconseillent le dépistage en routine du HCV chez les femmes enceintes, dans la mesure où actuellement il n’existe aucun moyen d’abaisser le risque de transmission verticale. Ce dépistage ne sera effectué que si la femme présente des facteurs de risque pour cette infection. Rien ne permet de penser qu’un accouchement par césarienne permette d’abaisser le risque. Rien ne permet non plus de contre-indiquer l’allaitement. Il sera prudent de mettre en garde les mères contre un risque possible de transmission du HCV à l’enfant en cas de mamelons présentant des crevasses qui saignent. Si on sait qu’une mère est séropositive pour le HCV, le statut de l’enfant pour le virus sera recherché par PCR à 1-2 mois. Si le test est positif, d’autres tests seront effectués pour vérification du statut, et la fonction hépatique de l’enfant sera évaluée régulièrement. En cas d’élévation persistante des transaminases, l’enfant sera adressé à un gastro-entérologe pédiatrique pour un suivi adapté.
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