Cas présenté par Mme Pascale Gendreau, animatrice LLL, Sallebœuf (33)
Cette mère a accouché à terme de son second enfant, par voie basse et sans problème particulier. Dès la naissance, elle s'est aperçue que son enfant avait un problème anatomique : son menton était très fuyant, et donnait l'impression que son visage s'arrêtait sous sa lèvre supérieure. Pourtant il a pu être « mis au sein » en salle de naissance. La nuit qui a suivi l'accouchement, il avait des difficultés à téter, mais la mère ne s'est pas inquiétée, pensant qu'il avait besoin d'un peu de temps pour apprendre. Le lendemain, elle a signalé les caractéristiques anatomiques de son bébé au pédiatre, mais ce dernier lui a répondu que ce n'était pas un problème. Le bébé a dormi presque en permanence pendant toute la journée, la mère ayant beaucoup de mal à le réveiller pour le mettre au sein. Le jour suivant, elle a commencé à présenter un engorgement très important, ce qui a rendu la prise du sein encore plus difficile pour son enfant. Il pesait 3 670 g à la naissance, et 3 100 g à J5. Le pédiatre a alors recommandé le don de suppléments de lait industriel. La mère avait allaité son premier enfant jusqu'à 11 mois ; elle avait donc une bonne expérience en la matière, et elle voulait absolument allaiter son second enfant. Elle a refusé de donner ces suppléments.
Après le retour au domicile, la mère a constaté que son bébé était manifestement très gêné pour téter, qu'il n'arrivait pas à placer sa langue sous le sein, ou qu'il se fatiguait très vite, et n'arrivait pas à rester au sein plus de 5 minutes. Elle présentait un engorgement très important, et a commencé à tirer son lait pour se soulager, entretenir sa lactation et permettre à son bébé de prendre le sein plus facilement. Elle a aussi remarqué que son bébé refusait de plus en plus souvent de téter le sein gauche. Entre J5 et JI0, le bébé a continué à perdre du poids. La mère a donc décidé de commencer à donner des compléments de lait industriel au biberon après les tétées ; outre le lait matemel que sa mère avait exprimé, le bébé prenait 40 à 60 ml de lait industriel environ 4 fois par jour. Elle a aussi veillé à ce que son bébé prenne le sein toutes les deux heures environ, jour et nuit, en le réveillant si nécessaire. Elle a contacté à J10 une animatrice de La Leche League, qui lui a suggéré de mettre son bébé au sein en le plaçant à cheval sur ses cuisses, posé sur un coussin, et en lui maintenant le menton d'une main. Comme sa tête était un peu penchée en arrière, cette position permettait au bébé de mieux prendre le sein, et de téter beaucoup plus efficacement. L'enfant a repris son poids de naissance à J19.
Les choses sont restées très difficiles pendant les semaines suivantes : problèmes de mises au sein, pesées répétitives, suivi étroit des couches de l'enfant, don de suppléments, impossibilité d'allaiter le bébé en position allongée, crevasses persistantes dues au fait que l'enfant avait du mal à placer sa langue correctement... La mère a consulté plusieurs professionnels de santé. Son enfant avait environ 8 semaines lorsqu'elle est allée voir un ostéopathe, qui a immédiatement diagnostiqué un torticolis congénital (Mauvaise position du bébé in utero ? Lésion survenue à l'occasion de la naissance ?). Le bébé arrivait à tourner la tête vers la droite, mais ne pouvait pas le faire vers la gauche en raison d'un blocage. Il a eu 4 séances d'ostéopathie dans les semaines suivantes, et l'amélioration a été spectaculaire, le torticolis avait presque totalement disparu lorsque l'enfant a eu 2 mois ½, et il s'était mis peu à peu à téter en position assise classique, sa prise de poids est devenue excellente. Il avait 8 mois et pesait 11 kg lors de la cinquième séance d'ostéopathie.
À 15 mois, l'enfant est en bonne santé. Sa mâchoire inférieure est bien revenue en position normale, avec une occlusion correcte. Il persiste une tension au niveau cervical, et il est toujours suivi pour cela par l'ostéopathe. Il est toujours allaité. La mère pense qu'elle aurait probablement rapidement sevré son bébé en raison des difficultés rencontrées si elle n'avait pas été aussi bien informée, aussi motivée pour allaiter, et soutenue aussi activement par les mères du groupe local de LLL.
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