Publié dans le n° 182 des Dossiers de l'allaitement, mai 2022
D'après : Effects of breastfeeding on endometriosis-related pain : a prospective observational study. Porta RP et al., Int J Env Res Public Health 2021 ; 18 : 10602.
L’endométriose est une pathologie gynécologique inflammatoire œstrogéno-dépendante liée à la présence de tissu endométrial fonctionnel ailleurs que dans l’utérus. Elle induit des douleurs pelviennes plus ou moins importantes chez 30 à 80 % des femmes touchées, et une infertilité dans 30-40 % des cas. Son caractère œstrogéno-dépendant suggère qu’une réduction du taux circulant d’œstrogènes peut favoriser sa régression, et on peut donc supposer que l’allaitement aura un impact bénéfique sur l’endométriose. Le but de cette étude italienne était d’évaluer l’impact de l’allaitement (incluant sa durée et son intensité) sur les divers paramètres de l’endométriose chez des femmes chez qui cette pathologie avait été confirmée.
Elle a été menée auprès d’un sous-groupe de 156 femmes souffrant d’endométriose et suivies par un service spécialisé, incluses pendant leur grossesse dans une étude sur les relations entre l’endométriose et la grossesse. Les auteurs ont sélectionné les femmes qui ont allaité pendant au moins 1 mois, qui n’ont pas pris de contraception orale après leur accouchement, et qui ont accepté le suivi régulier jusqu’à 24 mois post-partum. Ces femmes ont été réparties en sous-groupes en fonction de leur durée d’allaitement : 1-2 mois (A), 3-5 mois (B), 6-8 mois (C), 9-11 mois (D), 12-18 mois (E) et > 19 mois (F). La durée d’allaitement exclusif a également été prise en compte, ainsi que celle de l’aménorrhée du post-partum. Les femmes ont fourni des données sur la dysménorrhée, la dyspareunie et les douleurs pelviennes avant la grossesse (T0), puis à 3 (T3), 6 (T6), 12 (T12) et 24 (T24) mois. Le volume du tissu endométrial a également été évalué en début de grossesse, puis à T6 et T24 par échographie transvaginale.
Les données concernaient 123 femmes : 29 femmes dans le groupe A, 33 dans le groupe B, 41 dans le groupe C, 10 dans le groupe D, 6 dans le groupe E et 4 dans le groupe F. Elles avaient 33,8 ± 4,7 ans. Toutes avaient un indice de masse corporelle normal. L’endométriose était de stade III chez 66 femmes et de stade IV chez 57 femmes. Les ovaires étaient touchés chez toutes les femmes, les 2 ovaires l’étant chez 47 d’entre elles. 74 avaient des lésions péritonéales et 39 avaient des lésions profondes infiltrantes. 51 avaient utilisé une contraception œstro-progestative pour la contraception et/ou le traitement de l’endométriose et 109 prenaient des anti-inflammatoires non stéroïdiens. 39 femmes avaient déjà eu au moins un enfant auparavant. 105 femmes ont accouché à ≥ 37 semaines de gestation. 60 ont accouché par voie basse et 63 par césarienne. 96 femmes ont allaité exclusivement, et ce pendant 1 à 8 mois. Elles ont été réparties en 3 groupes en fonction de la durée de l’allaitement exclusif : 1-2 mois (G1, 28 femmes), 3-5 mois (G2, 31 femmes) et 6-8 mois (G3, 37 femmes). La durée de l’aménorrhée du post-partum dans l’ensemble de la cohorte était de 5,6 ± 4,3 mois.
Toutes les femmes ont connu une baisse de l’intensité de la dysménorrhée pendant toute la durée du suivi, la différence étant significative à partir du groupe C. Les femmes de ce groupe ont connu un soulagement significatif pendant les 6 premiers mois post-partum, et les femmes du groupe D jusqu’à 24 mois. Toutes les femmes ont fait état d’une diminution des douleurs pelviennes, mais elle n’était pas statistiquement significative. Il en était de même de la dyspareunie. Toutefois, si 88,6 % des femmes prenaient des AINS avant leur grossesse, c’était le cas de seu-lement 12,2 % pendant les 24 mois du suivi. 81 femmes ont fait état d’une amélioration significative de leur qualité de vie, et 60 d’entre elles avaient allaité exclusivement. La durée de la baisse de la douleur était également positivement corrélée à la durée de l’allaitement exclusif ; elle était de 3 mois dans le G1, 6 mois dans le G2 et 24 mois dans le G3. De plus, l’intensité de la douleur restait inférieure au niveau antérieur à la grossesse, sauf dans le G1. La durée de l’allaitement exclusif était également inversement corrélée à l’intensité de la dysménorrhée après le retour de couches. À 24 mois, le volume du tissu endométrial baissait dans tous les groupes pendant les 24 mois du suivi, cette baisse n’étant corrélée ni à la durée de l’allaitement exclusif, ni à la durée totale de l’allaitement, aucune réaugmentation de ce volume n’étant constatée à 24 mois.
Cette étude présente des points faibles. Elle incluait relativement peu de femmes, et ne comportait pas de groupe témoin de femmes n’ayant pas du tout allaité. Une autre étude prospective est en cours, incluant un tel groupe témoin. Les résultats de cette étude suggèrent que l’allaitement soulage les manifestations cliniques de l’endométriose d’une façon dose-dépendante, diminue le volume du tissu endométrial, et prévient les récidives. On peut donc encourager ces femmes à allaiter pendant une longue période.
Bonjour,
Pour celles que cela intéressent, je confirme que suite à un allaitement exclusif de mon fils qui a aujourd’hui 15 mois, mes douleurs d’endométriose ont considérablement diminué pendant mes règles. C’est vraiment le jour et la nuit. Je peux facilement voire totalement me passer d’antidouleurs. Une simple bouillotte suffit à me soulager et je ne sens même pas mes règles arriver puisqu’il n’y a plus de douleurs évocatrices de l’arrivée de mes règles.
MAIS la douleur varie aussi en fonction de la fréquence des tétées de mon fils. Plus il tête, moins j’ai mal pendant les règles et vice versa.
Il va retourner à la crèche bientôt donc il y a juste les tétées du matin, du soir et de la nuit, j’imagine donc que les douleurs seront plus intenses mais encore une fois, rien de comparable aux douleurs sans allaitement.
Pour poser une question, n'utilisez pas l'espace "Commentaires" ci-dessous, envoyez un mail à la boîte contact. Merci