Publié dans le n° 64 des Dossiers de l'allaitement, juillet 2005.
D'après : Use of Botox during lactation : a case report. KA Marinelli, RH Raleigh, JC Haliburton, TW Hale, 8th Annual Meeting of the Academy of Breastfeeding Medicine, Chicago, Oct 16-20 2003, ABM News and Views 2003 ; 9(4) : 31.
La toxine botulinique (Botox®) est de plus en plus utilisée à des fins médicales et esthétiques. Par exemple, on l’utilise pour le traitement des plaies rectales en post-partum. Il n’existe actuellement qu’un seul cas publié sur le passage lacté de la toxine botulinique chez une mère allaitante souffrant d’un botulisme grave. Cet article présente un cas d’utilisation de toxine botulinique chez une mère allaitante.
Cette femme de 33 ans allaitait exclusivement son second enfant âgé de 6 semaines lorsqu’elle a contacté les auteurs pour des renseignements sur l’utilisation de toxine botulinique. Une semaine après l’accouchement, elle a commencé à souffrir de douleurs anales, et une fissure anale a été diagnostiquée. Le spécialiste a proposé soit une injection de Botox® pour réduire le spasme local et faciliter la cicatrisation, soit une correction chirurgicale susceptible d’induire des effets secondaires sérieux. Étant donné l’absence de données sur l’excrétion lactée de la toxine botulinique, le chirurgien a dit à cette femme qu’il refuserait de faire l’injection s’il n’avait pas un courrier de l’obstétricien affirmant que la mère avait subi un bilan sanguin prouvant qu’elle avait cessé d’allaiter.
La mère est allée consulter un autre chirurgien. Ce dernier a admis que le produit était censé rester au niveau du site d’injection, et qu’en conséquence c’était à la mère de décider ; il estimait que la mère pourrait tirer et jeter son lait pendant une semaine par mesure de sécurité, ou décider de sevrer, d’autant qu’il pensait que la constipation est plus fréquente pendant l’allaitement, ce qui aggravait les fissures anales. Ce chirurgien était d’accord pour effectuer des prélèvements de sang chez la mère pour suivi du taux sérique de toxine botulinique.
La mère a reçu une injection de 40 unités de Botox® dans le sphincter anal à 3 mois post-partum. 7 échantillons de lait maternel et 4 échantillons de sang ont été collectés entre 1,5 et 19,5 heures après l’injection. La mère avait tiré son lait avant l’injection, et elle a donné à son bébé le lait qu’elle avait tiré, ainsi que des compléments de lait industriel. Les échantillons de plasma et de lait ont été envoyés à un laboratoire spécialisé. Ils ont été mélangés, et 1 cc du mélange a été injecté à des souris pesant environ 30 g. Aucune des souris n’a présenté la moindre réaction à l’injection pendant les 48 heures suivantes, ce qui signifiait que le taux de toxine botulinique dans le mélange plasma/lait était inférieur à 1 unité/ml.
La première injection n’a permis aucune amélioration de la symptomatologie douloureuse chez la mère. Une seconde injection de 80 unités a été effectuée 1 mois après la première, et a induit une amélioration pendant 2 jours. Une 3ème injection a été effectuée 2 mois plus tard. Après chacune de ces injections, la mère a tiré et jeté son lait pendant 48 heures, puis a remis son enfant au sein. La 3ème injection a fait enfin céder le spasme sphinctérien, et a permis une cicatrisation à 90 %. Une dernière dose a permis la guérison totale. À 15 mois, l’enfant était toujours allaité. Après injection rectale, la toxine botulinique n’est pas retrouvée dans le sérum ou dans le lait. On peut donc penser que l’arrêt de l’allaitement n’est pas nécessaire lorsqu’un tel traitement doit être entrepris chez une mère allaitante.
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