Extrait du numéro 76 d'Allaiter aujourd'hui (juil-août-sept 2008)
Je suis Florence, 25 ans, maman de Théo, 4 mois 1⁄2, allaité exclusivement.
J’ai la maladie des os de verre et je me déplace en fauteuil roulant.
À 5 mois de grossesse, je suis allée voir une sage-femme près de chez moi pour une préparation à la naissance. Lorsqu’elle m’a demandé si je voulais allaiter, j’ai répondu « oui, si je peux ». En effet, cela me semblait naturel. Je ne me suis donc jamais posé la question en ces termes. Bien sûr que je voulais !
La question était plutôt de savoir si je pourrais. Je n’avais aucun exemple d’allaitement dans ma famille, les femmes ayant opté pour le biberon.
Marielle, la sage-femme, m’a alors répondu : « Mais pourquoi ne pourriez-vous pas ? » Je ne savais pas. À vrai dire, je ne connaissais que quelques rudiments en matière d’allaitement (le lait maternel est le meilleur lait, c’est naturel, nous sommes faites pour ça, c’est la suite logique, c’est pratique...).
En revanche, je ne savais pas comment cela fonctionnait, et je me demandais si moi, personne handicapée, je pourrais allaiter.
Quelles étaient mes peurs ? Je ne sais pas au juste. Je pense que je doutais des capacités de mon corps...
Marielle m’a tout expliqué sur l’allaitement. J’avais trouvé une sage-femme compétente et exceptionnelle, j’étais comblée, et surtout rassurée. À présent, je savais que je pouvais allaiter. Mon fiancé me soutenait. J’avais confiance en moi.
Je me suis passionnée pour le sujet. J’ai parcouru les forums, les sites, j’ai discuté sur le net avec des mamans. J’ai vite compris les choses à faire, et celles à ne pas faire. J’ai aussi appris à ne pas écouter les mauvais conseils, même de la part de certains professionnels de santé.
Allaiter est devenu un véritable défi. D’autant plus grand que la famille croyait peu en moi. Ou bien est-ce l’idée de l’allaitement en lui-même qui dérangeait ?
À 31 semaines, j’ai fait une menace d’accouchement prématuré. Il me fallait du repos, beaucoup plus de repos. Pour le bien de mon bébé, et aussi pour arriver jusqu’aux 37 semaines que je m’étais fixées, je suis restée tranquille.
J’ai tenu 36 semaines. J’avais très peur que mon bébé aille en couveuse.
Finalement, il se portait à merveille.
Quant à moi, je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie. Après de nombreux essais, l’anesthésiste a réussi la rachianesthésie. Mais à cause de mon dos mal fichu, l’aiguille a dévié, et l’anesthésie n’a marché que d’un côté. J’ai senti tout le côté droit pendant la césarienne.
Je ne voulais pas tomber dans les pommes. Je voulais être consciente pour découvrir mon fils et l’allaiter le plus vite possible.
Lorsque je l’ai vu, ce fut magique. J’avais réussi ! Il était là, beau comme un ange. Il est parti avec son papa quelques instants pour ses soins pendant que l’obstétricien me recousait. Il me semble que j’ai eu une dose de calmants, certainement de la morphine, car je me sentais moins douloureuse. Néanmoins, je ne voulais pas être trop shootée pour pouvoir allaiter.
En salle de réveil, on me l’a mis au sein. Il n’a pas vraiment tété. J’étais épuisée, lui aussi. J’avais mal.
Nous sommes remontés tous les trois en chambre, au calme. Je l’ai veillé toute la nuit. Je n’ai pas fermé l’oeil pour l’admirer et aussi être attentive au moment où il serait prêt à téter.
Cette nuit-là, il a fait deux magnifiques tétées. J’étais très heureuse. Les jours suivants ont été plus durs. Il s’endormait au sein. Nous devions sans arrêt le stimuler. Mais je gardais confiance.
Il perdait de plus en plus de poids. Ensuite, il a stagné. La pression de la famille était énorme. Elle pensait que je ne le nourrissais pas bien, que je n’avais pas assez de lait. J’avais eu ma montée de lait. Mon fils tétait bien, mais s’endormait vite. Je multipliais donc les tétées.
Personne (sauf le papa) ne comprenait pourquoi je m’acharnais. Nos proches voulaient que je passe au biberon. Une auxiliaire de nuit lui en a même donné un, alors que je ne voulais pas. J’avais peur que cela compromette mon allaitement.
Finalement, mon fils a repris un peu de poids.
Nous sommes rentrés à la maison. À la maternité, rien n’était pratique pour moi. Chez nous, j’ai voulu le changer, participer au bain... Malheureusement, sans vraiment l’avouer, mon fiancé n’arrivait pas à me faire totalement confiance. Il prenait tout en main. Je n’arrivais pas à trouver ma place auprès de mon fils.
L’allaitement m’a aidée à créer un lien avec mon fils, car là, personne ne pouvait me remplacer. C’était notre moment privilégié et unique. J’étais fière de le nourrir, fière de voir qu’il grandissait et grossissait grâce à moi. L’allaitement nous a unis.
Mon fiancé a repris le travail, et j’ai enfin pu être la mère de mon fils. Il s’est rendu à l’évidence que je me débrouillais bien et a appris à me faire confiance.
L’allaitement fonctionnait à merveille.
Je m’étais dit que j’allais tenir six semaines avant de recourir à l’allaitement mixte. En effet, j’étais fatiguée et j’avais lu qu’il fallait attendre au moins ce laps de temps avant de faire du mixte. Finalement, plus le temps passait, plus je m’organisais, et moins j’étais fatiguée. De fait, c’était bien pratique de l’allaiter. Cela arrangeait bien le papa puisqu’il ne se levait jamais (le pauvre fait les 3-8).
Pour poser une question, n'utilisez pas l'espace "Commentaires" ci-dessous, envoyez un mail à la boîte contact. Merci