Ou comment être la mère d’un bambin en pleine phase de découverte exploratoire intensive, et ne pas péter les plombs.
Troisième enfant, troisième allaitement, avec les mêmes choix de vie et de maternage : sans séparations, à plein temps. Et donc avec eux, tous les événements de la vie, toutes les aventures : des voyages, des fêtes, et le quotidien : courses au supermarché, queues à la poste…
Et plus j’ai de recul, plus la question me semble criante : comment fait-on quand on n’allaite pas ? Comment fait-on pour emmener son bébé absolument partout sans souci ni inquiétude, si on n’a pas ses seins tout prêts et disponibles, pour nourrir, étancher une soif, rassurer, endormir ?
L’allaitement permet de simplifier la vie… Le monde des adultes n’est pas toujours très accueillant pour les bébés, et les seins de maman sont un havre rassurant ! S’il fait un peu trop chaud, par exemple, on tète !
L’allaitement m’offre la liberté de pouvoir emmener partout mon bébé sans contrainte : pour les grands voyages, dans l’avion, il tète et s’endort ; à l’étranger, si je ne suis pas sûre de trouver de la nourriture qui lui convienne, ça n’est pas grave, il y a le lait de maman.
Et quand bébé a grandi, et qu’il ne s’agit plus seulement de faim, de soif, d’inconfort et de besoin de sommeil ?
Comment fait-on pour s’occuper d’un bambin 24 h sur 24 si l’on n’a pas ces parenthèses de décompression, de paix, de tendresse absolue que sont les tétées dans une journée ? Journée frénétique, passée à dire non 20 000 fois pour les mêmes prises de courant, étalages, rayonnages de livres, piles d’objets, bibelots fragiles, papiers importants vers lesquels se tendent des petites mains avides, vives, rapides et tellement agiles… Et vous souvenez-vous des escaliers, des chaises, des tables et de leurs coins, des acrobaties qui se soldent par des bosses énormes et d’affreux chagrins décuplés par la rage et la frustration de l’échec ?
Comment ferait-on alors si l’on n’avait pas la tétée-câlin qui console de tout, absolument tout, et réconcilie avec le monde ?
Et connaissez-vous l’ennui, le terrible ennui qui accable tout bambin dans les circonstances les plus variées et avec une constance désespérante ? Quoi faire dans les files d’attente ? Dans les trains ? Les avions où l’on n’a même pas le droit de se promener ? Heureusement qu’il y a la tétée, dernier recours dans un monde hostile…
Et quand il faut absolument découvrir encore, plus, toujours, aller de l’avant, et que dans cette ardeur, les jouets ne sont d’aucun secours, que seules les affaires des grands représentent un vrai défi, quand le monde entier s’oppose à l’exercice d’une volonté farouche, et que la frustration est immense, impardonnable, alors, que ferait une mère s’il n’y avait pas la TETEE-DODO ?
Quand soudain il y a une issue, un port, et que les petits bras se tendent, déjà reconnaissants…
Ô ce moment de grâce où le petit corps s’apaise et s’alourdit, où le bambin vient se rassembler en tétant pour entrer dans le sommeil, réparateur et salutaire…
Flore
75 Paris
La conclusion est tellement belle ❤
Mais comment fait-on après... quand bébé (bambin) et maman ont pris leurs habitudes... je me pose la question de "comment fait-on pour se "séparer". Est-ce possible de le faire "cordialement" ? Melange de sentiments entre l'envie de retrouver son "indépendance" et la peur de blesser l'enfant je crois, et de l'éloignement...
Très beau texte en tous cas.
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