Allaiter après/malgré une césarienne
Laurie (allaitement et césarienne)
On a déclenché mon accouchement, et mon bébé s'est retrouvé en détresse fœtale. J'ai dû subir une césarienne d'urgence. N'ayant pas opté pour la péridurale (car j'ai la phobie des aiguilles !), on m'a fait une anesthésie générale.
Tout s'est bien passé, mais je suis restée environ 10 heures en salle de réveil, et je n'ai pas pu voir mon bébé. Cela a été particulièrement dur, car mon mari n'a pas pu s'occuper du bébé, ils l'ont mis en nursery. En Inde, généralement, c'est la maman qui est aux côtés de sa fille qui accouche et non pas son compagnon (mais ça commence à changer).
L'allaitement s'est fait tout naturellement quand on m'a apporté mon bébé. C'était magique ! Enfin, les premiers jours... Tout s'est transformé en cauchemar, car j'avais les seins engorgés (ayant en plus un problème de prolactine élevée même hors grossesse) la veille de ma sortie de l'hopital (soit le troisième jour).
Je devais vider mes seins toutes les deux heures pendant 24 heures. Deux infirmières venaient les vider à la main avec des compresses chaudes. J'ai beaucoup pleuré de douleur, et j'ai demandé à stopper l'allaitement ! Je voulais qu'on stoppe la montée de lait. Ma gynéco a fait celle qui n'a pas entendu (et je la remercie !) et m'a dit que, de toute façon, il fallait vider mes seins pour éviter une mastite, etc.
Pendant ce temps, on faisait téter mon bébé et on le nourrissait à la seringue. Je n'ai pas eu le temps de me poser trop de questions, car je suis rentrée à la maison avec mon mari. Nous n'étions que tous les trois (car notre famille n'avait pas pu se déplacer pour la naissance). Mon mari a repris le travail le lundi (soit deux jours après mon retour à la maison). J'ai un peu craqué, car c'était la période chaude en Inde (entre 40 et 45°), et je n'avais personne pour m'aider (à ce moment-là, impossible de trouver du personnel de maison rapidement).
Je ne me souviens pas avoir souffert particulièrement de la cicatrice, car on m'a levée dès le premier jour pour me forcer à allaiter dans un fauteuil. J'ai toujours allaité assise (sauf vers 8 mois, où j'ai aussi allaité couchée). Le papa m'apportait le bébé pour m'éviter de me lever la nuit.
Je pense que je me suis retrouvée dans une situation difficile. J'ai eu un gros dérèglement thyroïdien, et donc j'ai perdu 13 kg en une semaine, alors que je n'en avais pris que 8, et que du coup je ne pesais plus que 47 kg...
L'allaitement a été une évidence pour moi. J'ai finalement allaité 23 mois. En Inde, c'est aussi très pratique, car on ne trouve pas facilement du lait et il faut stériliser. On a pu voyager à travers le pays avec notre loulou, c'était vraiment génial. Je me suis d'autant plus sentie à l'aise que les femmes allaitent longtemps en Inde (ça commence à changer malheureusement). Le plus difficile etait lors de mes séjours en France, où l'on me faisait des réflexions. Ne parlons pas du cododo..
Très belle expérience ! Mon loulou de 3 ans n'a jamais été malade ! Par contre, le sevrage a été très difficile à cause de mon fort taux de prolactine... Je souhaitais que cela se fasse naturellement, mais ma quantité de lait n'a jamais baissé. Les cachets n'ont pas fait effet. Pendant 10 jours, j'ai eu l'impression de me retrouver dans la même situation qu'à l'hôpital.
Les docteurs n'avaient jamais vu ce cas. Ils étaient inquiets. Mais au bout de 10 jours, on a réussi ensemble. Ce fut une période triste pour mon loulou et pour moi. Je ne souhaitais pas arrêter comme ça. Surtout qu'il ne tétait plus qu'une ou deux fois maximum. On partait en vacances en France, et je me suis mis la pression car je ne supportais plus les réflexions des gens. Je ne me voyais pas allaiter dans l'avion mon petit de 23 mois. Sans ce voyage en France, j'aurais sûrement continué en attendant qu'il se lasse tout seul. Il y a après une nouvelle image de soi à accepter : finie la grosse poitrine... je me suis retrouvée avec un 90A... mais pas des gants de toilette (comme certaines me l'avaient prédit !), mais un corps différent.
J'espère que je revivrai cela très vite. C'était vraiment une formidable expérience.
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