Ce n’est « que du bonheur », nous a-t-on dit lorsque notre fils vint au monde.
C’est vrai, mon bébé avait l’air bien, son ventre contre le mien. Mais très vite, il ne cessa de pleurer, de cracher et de s’étrangler avec ce que l’on me dit être des « glaires », rien d’inquiétant. Pourtant, le quatrième jour, mon bébé avait perdu plus de 10 % de son poids. Il fallut donc le faire téter toutes les 1 h 30, et non toutes les 3 h. Je fis ce que l’on me dit, mais les choses allèrent de mal en pis. Mon bébé hurlait, pleurait, se cambrait, et ne tétait pas.
Selon les intervenants : « il a des coliques, cela va passer », « il ne veut pas téter », « courage, ce n’est pas facile d’allaiter », « le lait ne coule pas assez vite ». On s’adressa à mon bébé en essayant de le convaincre de téter parce qu’il « fatigue sa maman ».
En dépit de la montée de lait, on me proposa un complément, qu’il refusa aussi. Après ce « marathon » pour le nourrir, mon bébé put quitter la maternité. Retrouvant calme et intimité, je me dis alors que tout allait rentrer dans l’ordre.
Je me trompais. Huit jours après, comme il ne prenait toujours pas de poids, je vis un pédiatre, qui me proposa un complément et m’affirma qu’avec la chaleur, il était normal que mon fils n’ait pas pris un gramme. Mais des cris et des hurlements, il ne m'en dit rien.
Une semaine après, faute d’amélioration, je me rendis à la PMI. La puéricultrice me proposa un complément et me « rassura » : l’allaitement n’est pas si simple, l’image d’une maman souriante allaitant son bébé gracieux est trompeuse, les bébés allaités grossissent mal les premiers jours.
La pédiatre n’en dit guère plus : un complément est utile, surtout à l’extérieur, car les sorties ou visites rendent l’allaitement plus compliqué. À l’une comme à l’autre j’ai demandé pourquoi mon bébé hurlait, se tordait, comme dans de terribles souffrances, au cours des tétées. La réponse fut presque inchangée : l’allaitement n’est pas si simple, le bébé râle parce que le lait ne coule pas assez vite et puis, il y a les fameuses coliques. Massages et calmosine n’en vinrent pas à bout.
Une semaine après, un autre pédiatre me dit que je n’ai plus assez de lait, qu’il fait chaud, que je ne bois sûrement pas assez, et que je suis fatiguée.
Pourtant, depuis le premier jour, le lait est bien là, mais depuis 48 h, il me semble en avoir moins. Je sens mon allaitement en péril.
À un mois, mon bébé prenait enfin du poids, mais hurlait de plus belle, et se cambrait à tel point que j’avais grand peine à le tenir. Chaque tétée était un déchirement : il semblait souffrir, il semblait me rejeter aussi. Je me sentais seule, comme si personne ne pouvait m’entendre, ni l’entendre lui.
On me jeta à la figure les caprices de ce petit être déjà malicieux qui fait marcher sa mère ; la normalité et la banalité des pleurs d’un bébé ; et notre incompétence de « jeunes » parents. Malgré tout, je restais persuadée qu’il n’allait pas bien et que l’allaitement devrait être plus simple ; mince, quoi de plus naturel ? Je remarquais entre autres que ses crises – faites de cris, de hurlements, de tortillements, et de pleurs inconsolables – avaient la même fréquence, qu’il n’aimait pas être allongé, qu’il régurgitait loin des tétées.
Ces crises le réveillaient en sursaut ; inconsolable, il pleurait pendant plus d’une heure et demie, jusqu’à l’épuisement.
Enfin, un énième pédiatre, au son éraillé de ses pleurs, décela un reflux gastro-œsophagien (RGO) pathologique.
Plus tard, d’autres examens révélèrent une malposition de l’estomac, une œsophagite et des troubles du péristaltisme. Et voilà comment les souffrances de mon bébé sont passées inaperçues pendant plus d’un mois. Pensez, il ne souffrait pas, non, il était allaité, c’est compliqué l’allaitement, ça fait hurler les bébés.
Par la suite, cet allaitement auquel je n’ai pas renoncé conduisit deux spécialistes à ignorer les complications de ce RGO : le premier lui prescrivit un complément en fer en étant persuadé que l’allaitement avait causé l’anémie ferriprive de mon fils. Pourtant, je n’avais aucune carence. L’anémie s’aggrava, mais il fut hors de question d’en rechercher la cause. Le second ne crut pas aux douleurs de mon fils, persuadé que ses pleurs étaient amplifiés par la relation, nécessairement fusionnelle, d’une mère allaitante avec son enfant.
Et voilà comment furent ignorés, par deux spécialistes, l’œsophagite aiguë, l’œdème du larynx, et les ulcérations dus aux reflux acides, à l’origine de son anémie.
Pour d’autres professionnels, mon bébé était un capricieux, râleur, tyran, qui ne supportait pas d’être allongé car il avait été trop porté. C’était pourtant une torture pour lui : ses pleurs, son regard paniqué et ses gestes affolés ne trompaient pas.
En fait, l’allaitement à la demande, le portage, le cododo m’ont permis de veiller à son alimentation et à son sommeil. L’observation de ses réactions – non ce n’est pas qu’un « petit tube », non je ne le divertis pas systématiquement pour qu’il cesse de pleurer – m’a permis de persévérer et de soulager ses douleurs. Aujourd’hui encore, je n’échappe pas aux réactions de l’entourage qui est loin de comprendre ce par quoi est passé notre fils, tant il est souriant et éveillé.
Comment les souffrances de mon bébé sont passées inaperçues pendant plus d’un mois
Bonjour,
Nous vivons la même chose aujourd’hui avec notre fille. Elle a 2mois et demie et souffre de RGO, je soupçonne également une œsophagite. Aucun médecins, pédiatre ne nous écoute. « Vous savez un bébé ça pleure, leur estomac n’est pas mature, vous avez un bébé Koala, Porter le, cajoler le, mais surtout arrêter de stresser car il ressent tout et ça n’arrange pas son estomac ». Ils nous donnent cependant des traitements, gaviscon (horrible à donner), calmosine, colocynthis, coccynthal, pro biotique, polysilane… Rien ne fonctionne, je suis persuadée que c’est du placebo.
Le stress .. un bien grand mot.. Une grossesse parfaite, un accouchement sans péridurale, sans encombre. Je pensais emmener ma fille avec moi partout, j’étais plus qu’optimiste et aucunement stressée. Mais lorsqu’on ne peut aller nul part au quotidien, que l’on est bercée par ses douleurs, que l’on n’arrive même plus à manger, toujours aux petits soins pour elle, pour la soulager avec le portage (qui est la seule solution pour la calmer). On est à bout de nerfs, de fatigue, seule, à se demander pourquoi son lait est degueulasse et indigeste. A imaginer le lait maternisé même si on est pro nature. Puis la consultante en lactation vous dit que ce sera encore pire, détecte un frein de langue. Vous l’emmener chez un ORL pour le couper, il la traumatise .. Au final, toujours pas d’amélioration. Vous tentez l’ostéopathie, rien.
Vous allez en voir un autre, rien. La réflexologie, rien. La sage femme vous rassure, à 3 mois ça va passer. C’est tellement long 3 mois et plus le temps passe, moins ça s’arrange. Les symptômes évoluent tous les jours, un jour des espèces de coliques, un jour du vomit toute la journée, un jour des remontées internes, un jour de bien, une bronchiolite, un jour de pleurs interminable…
On en voit pas la fin. On a envie de se faire mal, de se punir, on se déteste, on a l’impression d’être là pire mère. Le couple bat de l’aile, et on vit sans vivre.
Le seul moment où l’on ressent un peu de bonheur c’est lors de ses sourires, entre deux douleurs, de ses areuuh, et lorsque qu’on est avec des amis qui ne jugent pas. Qui ne se permettent pas de dire tu devrais la poser elle prend des mauvaises habitudes, elle te fais des caprices, tu la porte comme ça toute la journée ? Mets la dans son lit, laisse la un peu seule, tu exagère un peu, blabla.
Des fois on a envie d’aller voir le toubib et de le secouer, de le supplier de trouver pourquoi et un remède. On espère que le temps arrange les choses mais rien.
Je désespère toujours, et j’espère que vous me direz que vos bébés vont mieux, et comment vous avez fait
Bonjour à toutes et tous,
Merci pour ces témoignages.
Gabriel Chadi est mon troisième bébé, pourtant les inquiétudes d'une jeune maman ne m'ont pas quittés. L'expérience révèle plus rapidement les difficultés et aide à solliciter les ressources ; c'est un fait. Nonobstant, rien ne remplace l'ecoute de soi et du couple bébé/maman intimement, intuitivement. La fatigue, les doutes y font obstacle souvent.
Avoir confiance, c'est le maître mot.
Alors, les périodes de découragement sont nombreuses et très présentes encore (il a un mois et demi, frein de langue mal sectionné, RGO, nouvelle organisation sur famille recomposée...).
Lorsque l'on discute avec d'autres maman, on entend parfois pire, culpabilisant.
On apprend à fermer ses oreilles aux conseils de personnes qui n'y connaissent rien, et l'on ne sait plus à quel "sein" se vouer ; on se sent isolé.
Après, le sentiment vient l'isolement, passage obligé que l'on traverse avec bébé. La dedans il y a le papa qui veut aider, qui observe, qui s'inquiète et qui soutient maladroitement ; le couple conjugal devient parental.
A toutes, prenez courage. Gardez confiance. Entourez-vous de positif. Ecoutez-vous.
Merci aux conseillères en lactation, aux PMI qui luttent pour faire preuve d ouverture malgré le contexte sanitaire, aux sites de soutiens comme celui-ci ; merci aux papa bienveillant :)
Heureusement qu'il y a les témoignages. Sur ce!a ns sommes désemparés lorsque notre bb souffre . On nous vend tant de bienfait avec l'allaitement qu'on se dit qu'il y a forcément 1 problèmes avec notre lait. Mais non c comme ça il ya des bb qui régurgite et il n' y a pas forcement de solution. Il faut juste se dire que ça va passé. C dur très dur moralement et épuisant. A ns de trouver la solution car quand on parle aux professionnels, soit clairement tu comprend qu'il ne peuvent pas t'aider et en prime il te propose tous les médicaments qui existent ( façon de parler). Alors nous allons essayer plusieurs choses au jour le jour mais 1 chose est sûre, celle qui c le mieux écouter et interpréter ce bb, c moi sa maman tous simplement.
Comme je me reconnais dans ce témoignage...
Moi aussi j'y ai eu droit à tous ces commentaires, "mais non elle grossit bien tout va bien"...
C'est vrai que c'est normal d'avoir un bébé qui se tortille sans raison, qui finit par "grogner" toutes les 5 minutes en secouant à la tête au point de n'en plus dormir, qui faisait ses nuits dès tout petit et qui tout à coup se réveille en hurlant x fois par nuit en ayant toutes les peines du monde à le rendormir...
C'est dur de batailler avec des personnes qui vous répètent qu'il n'y a rien qui cloche (encore que moi, j'ai réussi quand même à l'avoir, le traitement du RGO) mais ça n'a pas suffit, et il a fallu attendre que bébé ne prenne plus ses biberons (pour l'allaitement j'ai fini par craquer : trop de fatigue psychologique à la voir se tortiller et repousser le sein sans arrêt, et du coup elle ne prenait pas assez, au biberon, ça s'est quand même mieux passé... mais je regrette...) pour qu'enfin quelqu'un prenne la chose au sérieux...
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