Mon bébé est arrivé le jour du printemps à 30 SA, après 48 heures de travail suite à une rupture de la poche des eaux. Il est né de façon naturelle, je l'ai entendu pleurer, je l'ai vu de dos et ils l'ont emmené.
Vingt minutes après, je le découvre enfin dans sa couveuse. À ce moment-là, aucune personne ne m'a parlé d'allaitement, et ce pendant les trente-six heures qui ont suivi. Mon bébé était en réanimation, sous aide respiratoire et nourri par sonde gastrique par du lait maternel qui n'était pas le mien.
Il a très vite bien digéré le lait qu'il a commencé à recevoir environ 3 jours après sa naissance. J'ai commencé à tirer mon lait le lendemain soir, après qu'une sage-femme soit venue me demander si je souhaitais allaiter ou non.
Elle m'a présenté le tire-lait, les conditions d'hygiène, les biberons et téterelles stériles, les étiquettes, et comment noter la date et l'heure... J'ai donc rythmé mes journées à 6 ou 7 tirages par jour. La montée de lait s'est faite assez rapidement au bout de 2 jours. Les test de depistage du VIH et autres étaient nécessaires avant d'avoir un accord d'administration de mon lait, et il fallait avoir un minimum de volume en biberonnerie (500 ml).
Je tenais un carnet de bord sur lequel je notais chaque tirage : date, heure, quantité. Cela me permettait de savoir où en était ma lactation. Au bout d'une semaine, je tirais 500 ml de lait par jour. Au bout de deux semaines, 1 litre. Mon lait n'a pourtant été donné qu'au bout de deux semaines et demie (et beaucoup d'insistance de ma part pour que les choses avancent, surtout qu'il ne s'agissait que de côté administratif). Quand ce fut le cas, je commençai enfin à me sentir un peu mère.
J'ai également très tôt demandé quand est-ce qu'il serait possible de faire les premiers contacts au sein, et la réponse a très vite varié. Les infirmières penchées sur l'allaitement se démarquaient en disant que cela était envisageable dès que possible. Les autres, protocolaires, pas avant 34 SA, par peur des fausses routes.
J'ai alors analysé chaque infirmière, et lorsque je tombais sur une infirmère "pro allaitement", je n'hésitais pas à redemander quand cela serait possible. À 32 SA, nous avons ainsi pu avoir notre premier contact au sein. C'était magique... L'information a tourné, on me laissait faire, première bataille gagnée !
Au bout de quelques jours, mon bébé s'est mis à léchouiller le lait qui coulait, puis à faire ses premières succions isolées. Il était à ce moment-là en soins intensifs et ne respirait pas encore tout seul.
Au bout d'une semaine, c'était bon, il respirait enfin seul, montait en néonat. Dernière étape avant la sortie : l'apprentissage de l'alimentation. Les infirmères avaient un graphique expliquant les différentes étapes de l'allaitement ; chaque étape devait être validée pour passer à la suivante, il devait passer aux tétées nutritives, et c'est ce qu'il a rapidement fait. Très vite, je le voyais et l'entendais déglutir pour mon plus grand bonheur. Nous avons décidé alors de le peser avant une tétée, puis après, afin de déduire la quantité bue. Il avait pris toute sa ration, soit l'equivalent de 35 ml. Il avait scotché l'infirmière, et j'ai ressenti une grande fierté pour lui, pour nous ! En mon absence, j'avais demandé à ce que le lait lui soit donné principalement par sonde pour éviter une confusion, mais le sevrage de la sonde était une étape primordiale. Aussi l'équipe donnait le biberon. J'appréhendais au début, mais mon bébé a largement montré sa préférence pour le sein, car il y prenait toutes ses rations tandis qu'il avait un peu de mal avec le biberon, ce qui ne l’empêchait pas de prendre du poids.
La sortie s'est faite une semaine après, pour notre plus grand bonheur. Bien que j'ai rencontré certaines difficultés avant sa sortie (canal bouché, coup au moral, etc.), c'est seulement une fois à la maison que j'ai renconté une grande difficulté, et je ne m'y attendais pas. J'avais beaucoup trop stimulé ma lactation ; je m'en doutais, mais personne ne me disait rien, au contraire, on m'encourageait à continuer et à ne pas diminuer le nombre de tirages du lait. De plus, bébé était réglé à manger toutes les 4 heures. Pendant une semaine, j'étais en hyperlactation. Souffrance, douleur, mastite, fièvre... j'ai tout vu.
Je découvrais en même temps que j'avais un réflexe d'ejection fort. Ce qui expliquait les fausses routes que mon bébé faisait à toutes les tétées... Je pris un gros coup au moral. J'ai alors contacté plusieurs animatrices LLL qui m'ont conseillé d'augmenter la fréquence des tétées afin que mon corps produise moins mais en plusieurs fois, plutôt que d'accumuler beaucoup de lait en 4 heures. J'ai ajouté à cela une consommation de persil plat et d'infusion de sauge pendant deux jours pour diminuer ma lactation (Ndlr : des données récentes semblent indiquer que la sauge n'est pas très indiquée pour diminuer la lactation). Le problème s'est résolu du jour au lendemain...
Depuis, tout s'est mis en place et tout se passe pour le mieux, un vrai bonheur. Ça a été dur, mais aujourd'hui, je suis plus que fière de ce combat, cela m'a permis de faire le lien entre mon bébé et moi lorsqu'il était hospitalisé, puis de créer ce lien que nous avons mis du temps à créer, le lien mère-enfant.
Bonjour.
Superbe histoire. Ça nous encourage, nous, mamans de grands prématurés.
Je commence la mise au sein à 31 semaines. J'attendais avec impatience !
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