Chez les femmes ayant subi des abus sexuels, le maternage et l’allaitement peuvent en raviver douloureusement le souvenir. Le vécu sensuel de l’allaitement pourra être insupportable pour certaines mères, et les amener à sevrer rapidement. Pour d’autres, l’allaitement pourra être réparateur.
Les études qui suivent s'adressent aux professionnels de santé, mais elles peuvent aider les femmes ayant subi des abus sexuels à comprendre ce qui se passe en elles en rapport avec l'allaitement, et à savoir quoi attendre comme aide de la part d'un professionnel de santé.
Voir aussi Violences intrafamiliales et allaitement.
Vécu de l’allaitement chez une mère ayant subi des abus sexuels
Publié dans le n° 83 des Dossiers de l'allaitement, avril 2010.
Breastfeeding after child sexual abuse. SECASA, 23 Apr 2009. Qualitative study of breastfeeding after childhood sexual assault. J Coles. J Hum Lact 2009 ; 25(3) : 317-24.
Le maternage et l’allaitement sont des expériences physiques comportant un vécu émotionnel important. Une étude rapportait que jusqu’à 25 % des femmes expérimentaient un certain degré d’excitation sexuelle pendant les tétées. Certaines femmes sont à l’aise avec ce type de sensations, d’autres les vivent très mal. On sait que les femmes ayant subi des abus sexuels présenteront divers troubles pouvant perdurer toute la vie. On estime que 7 à 14 % des femmes ont subi un viol, et le pourcentage de femmes ayant subi pendant l’enfance des attouchements génitaux non souhaités pourrait être beaucoup plus élevé. Le maternage et l’allaitement pourront raviver douloureusement les souvenirs de ces abus. Le vécu sensuel de l’allaitement pourra être insupportable pour certaines mères ; les tétées seront difficiles émotionnellement, et pourront déclencher des flash-back. Pour d’autres, l’allaitement sera une expérience réparatrice : leurs seins jouent le rôle qui leur est biologiquement dévolu.
Jan Coles a fait une étude afin de mieux comprendre le vécu de mères ayant des antécédents d’abus sexuels infligés par un membre de leur famille, et ayant allaité pendant au moins trois mois. Parmi les 20 mères qui ont contacté l’auteur, 11 ont été rencontrées. L’âge de l’enfant au moment de l’entretien allait de 6 semaines à 2 ans. 5 mères ont participé à un second entretien, leur enfant étant âgé de 10-12 semaines à 12 mois. 9 mères allaitaient au moment de l’entretien. Les mères ont pu parler autant qu’elles le souhaitaient de leur expérience de l’allaitement, de leur vécu d’abus sexuels, et de la façon dont elles estimaient que ces abus avaient influencé leurs pratiques de maternage et d’allaitement.
Ces mères voyaient l’allaitement comme un moyen de rendre plus étroite leur relation avec leur bébé. Allaiter leur enfant était quelque chose qu’elles étaient les seules à pouvoir faire pour lui. Leur lait permettait à leur enfant de grandir et de se développer, ce qui les faisait se sentir de bonnes mères. Une mère a décrit comment l’allaitement lui avait permis de se reconnecter à ses émotions. Des mères ont toutefois ressenti des émotions négatives difficiles, en particulier 2 mères de jumeaux ; l’une d’entre elles avait l’impression d’être « exploitée » par ses enfants, l’autre (chez qui la grossesse n’avait pas été désirée) avait l’impression que ses enfants n’étaient pas vraiment les siens ; cette dernière mère a vécu de façon plus gratifiante l’allaitement de l’enfant suivant. L’allaitement permettait également à ces mères d’avoir une image plus positive de leur corps, leurs seins remplissaient leur rôle biologique. Les mères dd'e cette étude avaient résolu le conflit entre les rôles sexuel et nourricier des seins en désexualisant leurs seins. Pour certaines d’entre elles, l’allaitement était juste un travail à accomplir, un devoir, une routine qui ne leur apportait aucun plaisir. Aucune d’entre elles ne ressentait d’excitation sexuelle pendant les tétées, et une seule appréciait la sensualité du contact physique de l’allaitement. L’allaitement en public était souvent difficile pour ces mères. Elles avaient besoin de contrôler l’environnement dans lequel elles allaitaient afin de se sentir « en sécurité ».
Les femmes qui ont des antécédents d’abus sexuel dans l’enfance sont nombreuses à souhaiter allaiter, mais elles pourront présenter des problèmes spécifiques qui auront un impact négatif sur l’allaitement. Elles auront besoin d’un environnement sécurisant pour allaiter pendant leur séjour en maternité. Si un professionnel de santé estime devoir toucher le corps de la mère ou son bébé, il sera nécessaire de lui expliquer pourquoi, et de lui demander son accord. Cela pourra aider ces mères de parler de la façon dont elles perçoivent leurs seins, et des sentiments qu’elles éprouvent pendant les tétées, afin de les aider à développer des stratégies qui leur rendront l’allaitement plus facile.
Un feuillet d’information édité par le South Eastern Centre Against Sexual Assault, propose les suggestions suivantes pour aider ces mères :
· Informer les mères sur l’allaitement, sa physiologie et sa pratique.
· Suggérer à la mère d’avoir un certain contrôle sur l’environnement des tétées, à la maternité comme à la maison.
· Encourager la mère à dire clairement aux membres de l’équipe soignante ce qui peut aider comme ce qui doit être évité (comme toucher les seins par exemple).
· Informer la mère sur les moyens d’allaiter discrètement. L’utilisation d’une écharpe ou d’un poncho permet d’allaiter en toute discrétion.
· Regarder la télévision, lire, écouter de la musique… pendant les tétées peut limiter les difficultés émotionnelles.
· Les tétées nocturnes seront particulièrement difficiles pour certaines femmes. Discuter avec la mère au sujet d’un changement de lieu, ou sur les distractions qui les rendront plus faciles. Si les tétées nocturnes sont trop difficiles émotionnellement, le père peut nourrir l’enfant la nuit (éventuellement avec du lait maternel exprimé).
· Certaines femmes trouvent les tétées trop difficiles à vivre, mais elles peuvent tirer leur lait pour le donner à leur bébé.
· Beaucoup de bambins aiment sourire, jouer, caresser les seins… pendant les tétées. C’est un comportement normal. S’il est mal vécu par la mère, elle peut mettre des limites, ou trouver des distractions pour son enfant.
· De nombreuses femmes éprouvent un plaisir sensuel pendant les tétées. C’est une réponse physiologique normale, qui ne signifie pas du tout que la femme expérimente des sentiments d’ordre sexuel pour son enfant. Ces mères pourront être plus sensibles aux critiques si elles allaitent un bambin. Rappeler que l’OMS recommande l’allaitement jusqu’à 2 ans et au-delà.
· Certaines femmes peuvent avoir une sensibilité exacerbée à la douleur. D’autres peuvent vivre des sentiments de dissociation ou de sidération. Dans les 2 cas, les problèmes d’allaitement pourront être plus difficiles à résoudre.
· Ces femmes sont souvent plus sujettes aux infections en raison d’une mauvaise réponse immunitaire, et elles devront tout particulièrement veiller à prendre soin d’elles.
· Les femmes ayant subi des abus sexuels ont un risque plus élevé d’alcoolisme ou de toxicomanie. Un conseil médical approprié sera nécessaire en pareil cas. Elles ont également un risque plus élevé de dépression, et elles ne devront pas hésiter à demander de l’aide le plus rapidement possible.
Lorsqu’une femme semble avoir des problèmes émotionnels majeurs liés à l’allaitement, ou des symptômes évoquant un stress post-traumatique, des antécédents d’abus sexuel peuvent être en cause. Le professionnel de santé qui suit la mère pourra l’aider, soit à trouver les moyens de rendre l’allaitement plus facile, soit en lui « donnant la permission » d’arrêter l’allaitement s’il est émotionnellement trop éprouvant pour elle.
Cette femme a subi un viol pendant son adolescence. Même si elle reconnaît que le personnel soignant n’était pas au courant de son vécu, elle a été profondément traumatisée par la façon dont elle a été traitée pendant son premier accouchement, et il était impensable pour elle d’allaiter. Elle n’a pas allaité non plus son second enfant.
Pendant sa troisième grossesse, elle était mieux informée, et elle se sentait soutenue par son entourage. Elle a donc décidé d’essayer d’allaiter. Le démarrage a été très difficile, tant sur le plan pratique (son bébé a refusé le sein pendant les premières 48 heures) que sur le plan psychologique. Son bébé a maintenant 5 mois, et l’allaitement est devenu un plaisir pour elle. De plus, cela lui a permis de « guérir » bien des choses. Le viol avait été accompagné de coups et blessures, et elle en avait gardé d’importantes cicatrices au niveau des seins. Depuis, elle avait psychologiquement beaucoup de mal à vivre avec cette partie de son corps, et elle avait souvent rêvé d'une double mastectomie pour se débarrasser de ses seins. Mais maintenant, ces derniers sont source de nourriture et de réconfort pour son bébé, ce qui a amené cette mère à les percevoir d’une façon très différente.
Cette femme avait subi pendant des années des sévices sexuels de la part d’un membre de sa famille. Elle a finalement été placée en famille d’accueil, avant d’être émancipée à 16 ans. Pour elle, il était primordial que ses enfants ne subissent pas ce qu’elle avait subi. Lorsqu’elle a été enceinte pour la première fois, elle a décidé d’allaiter parce qu’elle savait que c’était « le meilleur choix », et parce qu’elle pensait que cela favoriserait un lien mère-enfant plus étroit.
Elle avait entendu des amies parler du bonheur d’allaiter. Mais à sa grande surprise, elle n’a pas aimé l’allaitement. Pour aucun de ses enfants. Elle a actuellement 5 enfants, âgés de 8 ans à 10 mois, qui n’ont jamais reçu un seul biberon. Elle allaite en continu depuis la naissance de son premier enfant, elle a allaité pendant ses quatre dernières grossesses, et elle co-allaite encore. Elle a donc eu tout le temps d’analyser ce qu’elle éprouvait, et de réfléchir aux raisons pour lesquelles l’allaitement n’était pas une expérience gratifiante. Les premières minutes de la tétée se passent bien pour elle, puis elle commence à ressentir de l’angoisse et un sentiment de claustrophobie. Elle ne supporte absolument pas que l’enfant touche l’autre sein pendant la tétée, ni les tétées dans des positions « acrobatiques », ni les « jeux » de l’enfant au sein : cela lui fait « dresser les cheveux sur la tête ». Pourtant, les jeux sexuels impliquant les seins ne lui posent aucun problème avec son mari.
À la réflexion, elle a fini par conclure que le malaise qu’elle ressent lorsqu’elle a un enfant au sein est lié à la dépendance. Le bébé est totalement dépendant de sa mère. Et cette dépendance est particulièrement criante pendant l’allaitement. C’est une relation totalement différente de la relation avec un partenaire sexuel qui n’est pas dépendant de vous. Par ailleurs, un rapport sexuel non désiré dure rarement très longtemps, cela peut être accompli dans l’obscurité, et la personne peut apprendre à « ne pas être dans son corps ». Cela est impossible pour l’allaitement : il faut y voir clair pour mettre le bébé au sein, tout au moins au début. Pendant le séjour en maternité, n’importe quel membre de l’équipe soignante peut venir vous regarder et vous toucher les seins, et cela a été très difficile à supporter pour cette mère, même si elle savait que ces personnes voulaient juste l’aider. Enfin, lorsqu’on a un bébé au sein, il est difficile de faire comme si on était ailleurs.
Ses deux premiers enfants se sont sevrés à environ 5 ans. Ils ont voulu essayer de téter à nouveau après la naissance des enfants suivants, mais ils ne savaient plus téter. Lorsqu’elle a expliqué à son fils de 8 ans que l’allaitement n’était pas forcément facile et agréable pour la mère, il a répondu : « Mais tu AIMAIS quand je tétais ! » Elle ne l’a pas détrompé, alors même qu’elle se rappelait ses difficultés à gérer ce bébé qui était particulièrement « tripoteur » pendant les tétées. Elle est cependant heureuse de voir qu’apparemment son enfant n’a pas été particulièrement traumatisé par le fait d’avoir été allaité par une mère qui était loin d’être en extase pendant les tétées.Cette mère a bien souvent entendu dire qu’il ne fallait surtout pas pousser à allaiter une femme qui avait subi des abus sexuels et qui hésitait à le faire. Mais en dépit des difficultés qu’elle a rencontrées, elle estime au contraire qu’il faut encourager ces femmes à allaiter. Elle estime que, globalement, l’allaitement est une excellente thérapeutique pour la femme et pour son enfant. Elle pense également qu’une femme qui a subi des sévices sexuel acceptera plus facilement qu’une autre femme l’idée que « cela ne va pas être facile », mais qu’il est important de le faire quand même.
Allaitement chez des mères ayant subi des abus sexuels
Breastfeeding in women having experienced childhood sexual abuse. Elfgen C et al. J Hum Lact 2017 ; 33(1) : 119-27.
Les abus sexuels subis par les enfants induisent un traumatisme majeur dont l’impact pourra se faire sentir pendant toute la vie. La nature exacte de l’abus, la personne responsable, l’âge et le sexe de l’enfant au moment de l’abus, la durée de l’expérience abusive sont des facteurs qui auront un impact sur les composantes du traumatisme. L’incidence de ce problème est probablement fortement sous-estimée en raison de la honte et de la crainte ressenties par les enfants. Les personnes ayant subi des abus sexuels ont un risque significativement plus élevé de syndrome de stress post-traumatique, de troubles psychologiques variés, de pathologies somatiques, et d’être à nouveau victimes d’abus divers.
Chez une femme, cela pourra avoir un impact important sur sa perception de la grossesse et de l’allaitement. Chez certaines femmes, le contact physique lié à l’allaitement pourra réactiver le traumatisme, et induire des sentiments de dissociation et des flashs-back. Toutefois, l’allaitement pourra avoir un impact positif chez d’autres femmes. Des études ont constaté que l’allaitement était corrélé à un risque plus faible de dépression du post-partum, et cela pourra également être constaté chez les femmes qui ont subi des abus sexuels. Le but de cette étude allemande était de mieux comprendre les caractéristiques et le vécu des femmes qui ont subi des abus sexuels pendant l’enfance.
Les données ont été recueillies dans le cadre d’une étude destinée à évaluer le vécu de l’accouchement chez des femmes ayant ou non subi des abus sexuels. Les femmes incluses ont répondu à un questionnaire détaillé, incluant le recueil de données sur d’éventuels abus sexuels. On a également collecté des données démographiques, socioéconomiques, et sur le déroulement de la grossesse et la période post-natale. Les femmes ayant souffert d’abus sexuels (groupe cas) ont été recrutées via une association qui aide et soutient ces femmes, et qui a des antennes régionales dans tout le pays. Les femmes du groupe témoin ont été recrutées parmi les mères dont l’enfant était scolarisé dans un certain nombre d’écoles maternelles, les femmes ayant subi des abus sexuels pendant l’enfance étant exclues de ce groupe. Parmi les femmes contactées via les centres de soutien, 90 ont accepté de participer et ont reçu le questionnaire, et 85 ont fourni toutes les données nécessaires. Parmi les 218 femmes contactées pour le groupe témoin qui ont reçu le questionnaire, 170 ont fourni toutes les données. Les 2 groupes présentaient des caractéristiques similaires pour l’âge des femmes, la parité et l’âge de leurs enfants. Le vécu de l’allaitement a été évalué par 10 questions avec possibilité de plusieurs réponses, réponses sur une échelle de Likert à 3 points, ou réponses ouvertes suivant les questions.
Ces femmes avaient en moyenne 38,5 ans et 2 enfants. Dans le groupe cas, 34,1 % des femmes étaient séparées de leur conjoint, contre 5,9 % dans le groupe témoin. 65,9 % des femmes du groupe cas avaient également vécu des sévices physiques. L’abus sexuel avait débuté avant 8 ans pour 57,6 % des femmes, et les abus avaient duré pendant > 2 ans pour 47,1 % d’entre elles. 60 % ont présenté des complications du post-partum contre 33,5 % des femmes du groupe témoin. 96,5 % ont commencé à allaiter contre 90,6 % dans le groupe témoin. 77,7 % ont présenté des problèmes d’allaitement contre 67,1 % dans le groupe témoin : essentiellement mastites (49,4 % contre 27,6 %) et problèmes de mamelons douloureux (29,4 % contre 18,8 %). 58 % ont rapporté des épisodes dissociatifs pendant les tétées ; 10 emmes estimaient que cela les aidait à poursuivre l’allaitement et 11 trouvaient ces épisodes perturbants. 20 % (17 femmes) ont dit que les tétées ravivaient le souvenir des abus sexuels, ce qui a eu un impact sur l’allaitement pour certaines d’entre elles : 2 ont immédiatement sevré leur bébé, 2 autres ont poursuivi l’allaitement mais ont sevré plus rapidement que prévu, et 7 ont continué à allaiter alors que l’expérience n’était pas gratifiante. 55,3 % des femmes du groupe cas étaient satisfaites du soutien reçu de la
part des professionnels de santé, et 35,3 % ne l’étaient pas. Certaines femmes ont dit ne pas avoir eu confiance dans le personnel soignant, ou s’être senties sans défense. Les suggestions faites par ces femmes pour améliorer le soutien aux femmes ayant subi des abus sexuel étaient de recevoir de l’empathie vis-à-vis de leurs problèmes émotionnels, de pouvoir parler de leurs antécédents avec un professionnel formé pour ce type de soutien, et de bénéficier d’une aide plus personnalisée.
Les femmes du groupe cas avaient activement recherché de l’aide et elles étaient suivies par une association de soutien ; elles ne sont donc pas représentative de l’ensemble des femmes ayant subi des abus sexuels. Le questionnaire utilisé explorait également l’utilisation d’une formule lactée commerciale, mais n’était pas conçu pour évaluer avec précision les pratiques d’allaitement. Cette étude permet toutefois de penser que les antécédents d’abus sexuels sont corrélés à une prévalence plus élevée de problèmes d’allaitement, mais n’ont pas d’impact sur le taux de démarrage de l’allaitement. Ces femmes auront donc besoin d’une écoute et d’un soutien personnalisés.
Les antécédents de sévices sont corrélés à un risque plus élevé de sevrage précoce
Past and recent abuse is associated with early cessation of breastfeeding : results from a large prospective cohort in Norway. Sørbø MF et al. BMJ Open 2015 ; 5 : e009240.
De nombreuses femmes subissent divers sévices (physiques, sexuels et/ou psychologiques) pendant leur vie, de la part de leur conjoint ou d’autres personnes. On sait que ces sévices ont un impact négatif sur la santé physique et mentale des femmes, y compris en relation avec leur vie reproductive. Elles ont un risque élevé de grossesses non désirées, de fausses couches, et de dépression. Cela peut également avoir un impact sur leurs pratiques d’alimentation infantile. En Norvège, presque toutes les mères commencent à allaiter. Le but des auteurs était d’évaluer l’impact des sévices passés et/ou présents subis par des mères sur leurs pratiques d’allaitement.
Les données ont été recueillies dans le cadre d’une grande étude prospective de cohorte sur la grossesse et la santé maternelle et infantile, qui suit actuellement 95 200 mères et leurs 114 500 enfants. Les mères doivent répondre à des questionnaires réguliers pendant leur grossesse, puis après la naissance, avec entre autres des questions sur les éventuels sévices passés et/ou présents, les personnes ayant infligé ces sévices, et sur l’allaitement. Cette analyse a porté sur 51 101 mères qui avaient fourni toutes les données nécessaires. Les enfants ont été répartis selon qu’ils étaient totalement allaités, partiellement allaités, ou non allaités. L’âge de l’enfant au moment de l’introduction des solides a été noté, et les enfants ont également été regroupés suivant qu’ils avaient ou non été totalement allaités (le lait maternel étant le seul lait reçu) jusqu’à 4 mois, sevrés ou non avant 4 mois, totalement allaités ou non jusqu’à 6 mois, et sevrés ou non avant 6 mois. De nombreuses variables ont été prises en compte, et les données ont été ajustées pour ces variables.
98,9 % des femmes ont allaité, et 14 % ont allaité totalement jusqu’à 6 mois, près de 80 % des enfants de cet âge étant toujours allaités. 12,1 % des mères ont totalement sevré avant 4 mois, et 38,9 % allaitaient partiellement à cet âge. Au total, 19 % des mères ont rapporté divers sévices, et ces mères étaient significativement plus nombreuses à ne pas allaiter (28,3 % contre 1,1 %), et à sevrer avant 4 (24,3 %) ou 6 mois (23,6 %). Les sévices étaient plus fréquents chez les femmes plus âgées, non mariées, qui avaient subi des sévices pendant l’enfance, avaient plusieurs enfants, avaient accouché par césarienne, fumaient et/ou avaient consommé de l’alcool pendant la grossesse, étaient en surpoids ou obèses, et qui avaient présenté une dépression du post-partum. Globalement, les femmes qui avaient subi divers sévices avaient un taux 1,25 fois plus élevé de sevrage avant 4 mois par rapport aux femmes qui n’en avaient pas subi ; ce taux était 1,28 fois plus élevé en cas uniquement de sévices psychologiques, 1,39 fois plus élevés en cas de sévices psychologiques et physiques, 1,27 fois plus élevé en cas de sévices psychologiques et sexuels, et 1,47 fois plus élevés en cas de sévices épsychologiques, physiques et sexuels. Cet impact était observé lorsque l'agresseur était connu de la femme, et/ou lorsqu’elle avait subi des sévices de la part de personnes connues et inconnues, mais pas lorsque l'agresseur était inconnu. Le risque de sevrage avant 4 mois était 1,41 fois plus élevé en cas de sévices pendant l’enfance (en particulier en cas de cumul de divers sévices). En cas de sévices subis à l’âge adulte et après correction pour les autres variables, ce risque était 1,21 fois plus élevé en cas de sévices anciens, et 1,4 fois plus élevé en cas de sévices récents par rapport aux personnes n’en ayant pas subi.
Cette étude permet de constater que les sévices de divers types, subis pendant l’enfance ou à l’âge adulte, étaient corrélés à une prévalence et une durée plus basses d’allaitement, en particulier lorsque les sévices étaient récents, et perpétrés par des personnes proches de la femme. Cela confirme ce qui avait été constaté par d’autres études. Toutefois, plusieurs études américaines n’avaient pas constaté de corrélation entre les sévices subis récemment et les pratiques d’allaitement.
Vécu de l’allaitement chez une mère ayant subi des abus sexuels
An adult survivor of child sexual abuse and her breastfeeding experience: a case study. Beck CT. MCN Am J Matern Child Nurs 2009 ; 34(2) : 91-7.
L’objectif de cet article était de mieux informer les cliniciens sur l’impact que peuvent avoir des antécédents d’abus sexuels pendant l’enfance sur la façon dont une femme vivra l’allaitement.
L’auteur a été contactée via Internet par une mère qui lui a fourni les données sur son histoire personnelle. Les antécédents d’abus sexuel pendant l’enfance ont eu un impact négatif sur le déroulement de son accouchement, ainsi que sur sa tentative d’allaiter. Les mises au sein induisaient des crises d’angoisse, un phénomène de dissociation, et des flash-back très perturbants.
Lorsqu’une femme semble avoir des problèmes émotionnels majeurs liés à l’allaitement, ou des symptômes évoquant un stress post-traumatique, des antécédents d’abus sexuel peuvent être en cause. Le professionnel de santé qui suit la mère pourra l’aider en lui « donnant la permission » d’arrêter l’allaitement si le sevrage est nécessaire à la santé mentale de la mère.
Dépression, sommeil et bien-être maternel chez des mères ayant des antécédents d’abus sexuel
Depression, sleep quality, and maternal well-being in postpartum womenwith a history of sexual assault ; a comparison of breastfeeding,mixed-feeding, and formula-feeding mothers. Kendall-Tackett K, Cong Z,Hale TW. Breastfeed Med 2012 ; 8(1) : 16-22.
Les femmes qui ont des antécédents d’abus sexuels ont un risque plus élevé de troubles psychologiques et physiques. Ces femmes présentent divers troubles du sommeil (difficultés d’endormissement, cauchemars, pensées intrusives…), et on sait que ces derniers favorisent la dépression. Plusieurs études ont évalué l’impact des antécédents d’abus sexuels sur la décision d’allaiter, et ont constaté que ces femmes étaient aussi nombreuses, voir plus nombreuses à souhaiter allaiter que les femmes qui n’avaient pas ce type d’antécédents. Des études ont fait état d’un niveau plus élevé de stress et d’un niveau plus bas de bien-être chez les mères qui n’allaitaient pas. Les hormones de l’allaitement ont un impact calmant et relaxant. Le but de cette étude était d’évaluer le niveau de dépression, de bien-être maternel, et la qualité du sommeil, chez des mères ayant des antécédents d’abus sexuels, selon qu’elles allaitaient exclusivement, partiellement, ou pas du tout.
Cette étude multicentrique a été effectuée aux États-Unis, au Canada, en Angleterre, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Toutes les mères ayant un enfant de 0 à 12 mois, et ayant des antécédents de sévices sexuels, étaient éligibles quel que soit le mode d’alimentation de leur bébé. On leur a donné l’adresse Internet d’un site où trouver un questionnaire en ligne comportant 253 questions, de divers types (fermées, ouvertes, échelle de Likert…). Au total, 6 410 femmes vivant dans 59 pays ont répondu au questionnaire, dont 4 789 femmes vivant aux États-Unis. 994 d’entre elles ont dit avoir subi des sévices sexuels, et 78,6 % ont allaité, contre 78,9 % des femmes n’ayant pas subi ce type de sévices. 4 774 femmes allaitaient exclusivement, 1 125 allaitaient partiellement, et 176 n’avaient pas du tout allaité. Les femmes qui avaient subi des sévices sexuels avaient un nombre quotidien plus bas d’heures de sommeil, et elles mettaient plus de temps pour s’endormir ; après répartition en fonction du mode d’alimentation du bébé, les femmes qui allaitaient exclusivement avaient un nombre plus élevé d’heures de sommeil et mettaient moins de temps pour s’endormir que celles qui allaitaient partiellement ou pas du tout, qu’elles aient ou non été victimes d’abus sexuels.
Les femmes victimes d’abus sexuels se disaient en significativement moins bonne santé physique, elles avaient un niveau plus bas d’énergie, et un niveau plus élevé d’anxiété ; là encore, l’allaitement exclusif était corrélé à une santé physique globalement meilleure, et ce dans les deux groupes de mères. L’allaitement exclusif augmentait le niveau d’énergie physique, ainsi que le niveau d’anxiété, et ce chez toutes les mères. L’allaitement exclusif abaissait également le niveau de colère, d’irritabilité, et de dépression, plus élevé chez les victimes d’abus sexuels.
Cette étude confirme ce qui a été constaté par d’autres études : les femmes qui ont des antécédents de sévices sexuels sont plus souvent anxieuses, déprimées, en colère, elles souffrent plus souvent de troubles du sommeil, et sont en moins bonne santé. Par ailleurs, l’allaitement exclusif a un impact bénéfique sur tous ces problèmes, que la femme ait ou non subi des sévices sexuels. L’impact constaté par cette étude était globalement modeste, mais il semble que l’impact bénéfique de l’allaitement pour la mère soit particulièrement important chez les femmes qui ont des antécédents d’abus sexuels.
Impact des sévices sexuels pendant l’enfance sur la grossesse et l’allaitement : rôle des équipes soignantes
The impact of childhood sexual abuse on childbearing and breastfeeding : the role of maternity caregivers. Klaus P. Breastfeed Med 2010 ; 5(4) :141-5.
Cette femme avait accouché par voie basse, et l’allaitement avait bien démarré. Trois semaines après la naissance, elle a contacté l’auteur et lui a dit qu’elle allait arrêter l’allaitement car elle n’en pouvait plus, que c’était trop difficile. L’auteur lui a demandé d’expliquer ce qui était dur, quels sentiments elle éprouvait, ce qui les déclenchait. Dans la discussion, il est apparu que la mère ne supportait absolument pas que son bébé touche son autre sein quand il tétait, et elle s’est rappelé que son père lui caressait les seins lorsqu’elle était enfant. Elle a discuté avec l’auteur des moyens de séparer cette expérience de celle de l’allaitement, et des solutions pour empêcher son bébé de toucher son autre sein. Le fait d’être écoutée et de voir reconnus ses sentiments de détresse a permis à cette mère de poursuivre l’allaitement.
Certains signes doivent amener le professionnel de santé à suspecter des antécédents d’abus sexuels : déni de la grossesse, ou au contraire mise en avant excessive des modifications du corps liées à la grossesse ; fœtus perçu comme un parasite ou un ennemi ; refus d’avoir un enfant d’un sexe donné ; difficultés à accepter le suivi prénatal (malaise évident lors d’un examen vaginal ou d’une autre procédure impliquant d’être touchée)… Ces femmes peuvent être très rigides dans leurs demandes, mettre systématiquement en doute tout ce qui leur est proposé, ou au contraire être totalement dépendantes du professionnel de santé qui les suit. Elles choisiront souvent d’être suivies par un professionnel de santé femme, et pourront alors être très perturbée si ce professionnel de santé ne se comporte pas suivant leurs attentes ; elles pourront alors réagir en rejetant le professionnel de santé, ou au contraire en vivant son comportement comme une nouvelle preuve de leur absence de valeur. Il est donc important qu’un professionnel de santé s’abstienne de juger une mère, et qu’il soit à son écoute devant tout comportement qu’il trouve déroutant.
L’accouchement pourra être vécu comme un viol par ces femmes en raison de la nudité, de l’exposition de leurs organes génitaux devant des personnes étrangères, des examens vaginaux… Elles y réagiront en présentant diverses difficultés d’accouchement, en refusant de coopérer, voire en étant agressives, en manifestant de l’hypervigilance, de la dissociation, en éprouvant une douleur excessive. Cela sera rendu encore plus difficile si la femme a l’impression d’avoir totalement perdu le contrôle de la situation, d’être totalement soumise à la volonté d’autres personnes (en particulier si elle est sous monitoring, perfusion…). Certaines femmes, pour la grossesse suivante, pourront exiger une péridurale précoce, voire une césarienne avant le début du travail, afin d’éviter tout ce qu’implique l’accouchement par voie basse. Le stress lié à l’accouchement pourrait être minimisé grâce à une exploration de ce que la femme souhaite pour son accouchement, effectuée en routine à l’occasion du suivi prénatal, même si l’existence d’antécédents d’abus sexuels est inconnue. Un questionnaire permettrait de savoir point par point ce que la femme préfère, ce qu’elle souhaite, et ce qu’elle refuse (personnes présentes pendant l’accouchement, suivi, procédures…). Pendant l’accouchement, les professionnels de santé peuvent aider la mère en lui tenant les mains, en lui parlant doucement, en lui suggérant de se focaliser sur des images rassurantes, sur la présence de son compagnon, ou toute autre suggestion pouvant la rassurer. Des choses toutes simples peuvent redonner à la femme le sentiment de garder le contrôle : lui demander son accord avant de la toucher, lui expliquer avec précision ce qu’on va lui faire et pourquoi, lui donner le choix entre plusieurs possibilités, se présenter et présenter toute nouvelle personne qui arrive et expliquer la raison de sa présence, respecter ses sentiments de pudeur. Un moyen simple d’aider la femme à gérer un sentiment très négatif est de lui suggérer de l’enfermer dans un coffre jusqu’à la fin de l’accouchement.
Il sera utile de demander à la mère si elle souhaite qu’on lui donne immédiatement son bébé. Le simple fait de savoir qu’elle peut attendre un peu pour voir si elle s’en sent capable pourra faciliter les choses. Certaines mères ne pourront prendre leur bébé dans leurs bras que lorsqu’il sera habillé. Pour certaines femmes, l’allaitement sera réparateur : leur seins jouent leur rôle biologique. D’autres le vivront comme un nouveau sévice sexuel. Les tétées pourront induire des flash-back émotionnellement très difficiles à vivre. La femme pourra se sentir anormalement fatiguée, elle pourra refuser de mettre son bébé au sein en cas de visite, surtout si la personne responsable des sévices est présente. Elle pourra avoir peur de ne pas savoir s’occuper de son bébé, refuser de toucher ses organes génitaux pendant la toilette, vivre les besoins du bébés comme une agression, être très perfectionniste. Il est particulièrement important que les professionnels de santé soient attentifs au vécu de la mère, qu’ils prennent le temps de l’écouter sans la juger, et d’explorer avec elle les solutions potentielles à ses difficultés. Il reste important de lui demander son accord avant de la toucher, et de lui expliquer pourquoi on le fait. Les tétées la nuit dans le lit seront émotionnellement très difficiles pour certaines mères ; on peut alors suggérer que la mère tire son lait qui sera donné au bébé la nuit par le père, ou que la mère s’installe ailleurs que dans son lit pour les tétées nocturnes. Le plus important est d’explorer avec la mère les points précis qui lui posent un problème, afin de l’aider à trouver une solution. On peut également discuter avec elle des besoins physiologiques du bébé, afin qu’elle comprenne mieux son comportement, ce qui l’aidera à l’accepter. Il est également important de rappeler à la mère qu’elle doit prendre soin d’elle.
Pour de nombreuses femmes, le fait d’avoir réussi leur accouchement et leur allaitement aura un effet thérapeutique : leur corps a accompli correctement son travail, ce qui est source de fierté et de sentiment de compétence. Les professionnels de santé devraient connaître les ressources disponibles dans leur secteur, qui sont susceptibles d’aider une femme qui a des antécédents de sévices sexuels. En pratiquant une écoute respectueuse, en veillant à procurer à ces femmes, pendant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement, un environnement qui limite autant que faire se peut les facteurs de stress, en leur permettant de garder le contrôle de la situation, les professionnels de santé aideront ces femmes à surmonter un passé traumatisant.
Impact des sévices sexuels sur l’allaitement
Breastfeeding and the sexual abuse survivor. K Kendall-Tackett. J Hum Lact 1998 ; 14(2) : 125-30. B Abs 1998 ; 17(4) : 27-28.
Il existe des moyens d’aider les femmes ayant subi des sévices sexuels à avoir une expérience d’allaitement gratifiante, en dehors d’un soutien psychologique qui est du ressort d’un spécialiste.
Une mère pourra dire spontanément qu’elle a souffert de sévices sexuels. Dans le cas contraire, il est impossible de demander de but en blanc à une femme si elle a été victime d’abus sexuels. Il faudra donc être très prudent. Le premier pas est d’écouter la mère parler de ses difficultés de maternage ou d’allaitement. Les faits pourront ressortir au cours de la conversation si la mère est suffisamment en confiance, et si on lui demande d’expliquer exactement ce qui la gêne et pourquoi (dans des situations telles que : refus d’allaiter en public, peur du contact physique avec son bébé, refus absolu de mettre son bébé au sein la nuit…). Dans certains cas, le discours et/ou le comportement de la mère seront suffisamment évocateurs pour que la question puisse lui être posée (avec beaucoup de diplomatie et après mûre réflexion sur l’opportunité de le faire). Si elle parle de son expérience, elle devra être écoutée avec respect et empathie.
En cas de problème d’allaitement, il sera bon de discuter longuement avec la mère des situations qui induisent chez elle une détresse physique et/ou émotionnelle. Trois périodes sont généralement plus difficiles à vivre pour ces mères : le post-partum précoce, les tétées nocturnes et l’allaitement d’un enfant plus âgé. Le post-partum précoce est une période de changements majeurs dans la vie de la mère ; la fatigue, la responsabilité de s’occuper d’un bébé, le contact physique important nécessité par les soins à l’enfant... pourront exacerber les sentiments d’incapacité et d’angoisse de la mère. Les tétées nocturnes peuvent rappeler douloureusement les sévices subis, surtout s’ils étaient perpétrés la nuit, à tel point que certaines mères seront incapables émotionnellement de les supporter ; elles pourront préférer tirer leur lait pour le donner au biberon pendant la nuit, ou souhaiter que le père prenne l’enfant en charge à ce moment. Le fait d’allaiter un enfant plus grand, qui aime toucher et caresser les seins de sa mère pendant qu’il tète, sera souvent intolérable ; vous pourrez lui dire qu’elle a parfaitement le droit de ne pas accepter un tel comportement et de poser des limites à son enfant. Certaines mères veulent donner leur lait à leur bébé, mais ne supportent absolument pas de le mettre au sein ; tirer leur lait pour le donner au biberon leur paraîtra acceptable, et sera toujours préférable à une alimentation au lait industriel.
Ces mères ont souvent une vision faussée de leur corps en général, et de leurs seins en particulier. Certaines vivront mal les sentiments de plaisir qu’elles éprouveront éventuellement pendant les tétées ; d’autres au contraire vivront l’allaitement comme une « réparation », les seins étant « désexualisés » et ramenés à leur fonction biologique. Elles auront besoin de savoir ce qu’il est normal d’éprouver à l’occasion des tétées, à savoir que bon nombre de femmes trouvent les tétées agréables, et que certaines peuvent y prendre beaucoup de plaisir (en fonction des réactions personnelles). Il leur sera aussi utile de savoir que l’allaitement à la demande, l’allaitement long et le sommeil de l’enfant près de sa mère sont des pratiques normales pour l’espèce humaine.
Beaucoup de femmes tenteront de compenser en essayant d’être des mères parfaites ; c’est un but louable, mais totalement (heureusement) inaccessible ; elles pourront avoir besoin d’aide pour apprendre à définir leurs propres limites, et à percevoir celles de leur enfant.
Les séquelles liées à des sévices sexuels dans l’enfance sont très variées. Certaines femmes ne peuvent même pas accepter l’idée d’allaiter. D’autres trouvent que l’allaitement est une source de valorisation, qui les aide à surmonter ce qu’elles ont subi. D’autres enfin sont plutôt neutres, et allaiteront parce qu’elles souhaitent donner à leur enfant ce qui est prévu par la nature. Avec l’aide d’un professionnel de santé à l’écoute de leur vécu et de leurs besoins (Ndlr : sans oublier le soutien inestimable d'un groupe de mères !), ces mères pourront avoir une expérience d’allaitement gratifiante, ce qui est particulièrement important pour ces femmes, qui ont bien souvent une image négative de leur corps.
Bonjour, vers les 18 mois de mon fils , que j'allaitais , je suis retombée enceinte .
C'est à ce moment là, que j'ai ressenti une sensation répugnante en allaitant , un sensation qui me fait penser à une bouche intrusive sur mon sein .
Je n'ai plus allaité du côté droit car c'est le pire côté ..
J'ai continué l'allaitement en ''faisant avec ''.
J'ai allaité mon autre enfant 2 ans et le 3 ème qui finit les 2 ans très bientôt...
Actuellement , je suis enceinte d'un 4 ème .. j'allaite le 3 ème ...
Cette sensation est pénible , d'autant plus que mon fils est très dépendant du sein , à presque 2 ans ...
Ces sensations et toutes autres pensée répugnantes sont là,je ne peux rien y faire ...
Appart ne plus allaiter ...
Je précise que je n'ai pas de souvenir d'abus mais j'ai soupçonné tout de même leurs existance il y a quelques années..
merci pour ces articles et de faire connaitre ce grave problème
cependant : comment voulez vous dire, à la maternité, que vous avez été violée ?
c'est déjà très difficile d'en parler à des proches, alors à des inconnus...
ensuite, le processus de lactation peut même se bloquer si il y a blocage psychologique, malgré tous les efforts et la bonne volonté de la mère à prendre sur elle et persévérer pour surmonter les sensations de dégoût
quand on a été violée, on a aussi fait l'expérience que notre corps ne nous appartenait pas
ce corps, on le déteste
car c'est à cause de lui qu'on a attirée une personne, et c'est ce corps en particulier qui lui a donné l'envie de nous violer
alors materner après tout ça... voir du positif dans un contact physique aussi si proche et aussi fréquent... dans cet état de dépendance totale de la mère à l'enfant, car oui, la mère doit être à disposition h24 pour le bébé, elle ne s'appartient plus, et on retrouve ce qui s'est passé au moment du viol : n'être plus qu'un corps, encore une fois, à la disposition pleine et entière d'autrui
merci de publier mon message
vous avez raison de parler de cela, ce que j'espère, c'est surtout que le problème soit résolu en amont, c'est à dire que pour éviter les viols, il faut plus de sécurité dans un pays, et pour avoir plus de sécurité, il ne faut pas laisser rentrer n'importe qui dans le pays, et aussi, appliquer les peines de prison quand il y a viol, car de nombreuses femmes signalent ces abus mais leur démarche n'aboutit à rien
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