L’allaitement abaisse le risque de survenue d’un diabète chez la mère
Prior lactation reduces future diabetic risk through sustained post-weaning effects on insulin sensitivity. Bajaj H et al. Am J Physiol Endocrinol Metab 2017 ; 312(3) : E215-E223.
Un allaitement d’au moins 12 mois est recommandé pour la santé infantile, mais cela présente également des bénéfices pour la mère. Des études ont constaté que l’allaitement était corrélé à un risque plus bas de diabète maternel, par un mécanisme qui reste mal éclairci. L’hypothèse des auteurs était que cet impact était en rapport avec la persistance, après le sevrage, d’un impact sur la tolérance au glucose, via une amélioration de la sensibilité à l’insuline et/ou du fonctionnement des cellules bêta pancréatiques.
Cette étude canadienne a évalué les relations entre la durée de l’allaitement et la résistance à l’insuline, la fonction pancréatique bêta et la glycémie chez 330 femmes pendant les 3 premières années post-partum. 70 femmes avaient allaité pendant ≤ 3 mois, 140 pendant 3 à 12 mois et 120 pendant ≥ 12 mois. Les femmes avaient été sélectionnées pour représenter tous les types de tolérance au glucose pendant la grossesse. Des examens biologiques ont été effectués 3 mois, puis 1 et 3 ans après la naissance. La prévalence d’un trouble de la glycémie (diabète ou prédiabète) 3 ans après la naissance était de 12,5 % chez les femmes qui avaient allaité pendant ≥ 12 mois contre 21,4 % chez celles qui avaient allaité pendant ≤ 3 mois, et 25,7 % chez celles qui avaient allaité pendant 3 à 12 mois. Après analyse par régression logistique multiple, un allaitement ≥ 12 mois était corrélé à un risque significativement plus bas de diabète ou de pré-diabète (RR : 0,37). Un allaitement ≥ 12 mois était corrélé à une baisse du risque de résistance à l’insuline, à une glycémie à jeun plus basse et à un meilleur résultat au test de tolérance orale au glucose, mais n’avait aucun impact sur la fonction pancréatique.
Un allaitement d’au moins 12 mois abaisse le risque de survenue d’un diabète maternel pendant les 3 années qui suivent la naissance, via un impact sur le niveau de résistance à l’insuline, mais pas via un impact sur la fonction pancréatique bêta.
L’allaitement abaisse le risque de diabète chez les mères et les enfants
Breastfeeding initiation associated with reduced incidence of diabetes in mothers and offspring. Martens PJ et al. Obstet Gynecol 2016 ; 128(5) : 1095-1104.
Plusieurs études ont constaté que le non-allaitement augmentait le risque de diabète chez les enfants, mais également chez les mères. Le but de cette étude était d’évaluer les relations entre le démarrage de l’allaitement et le risque de diabète maternel et infantile dans un groupe de natifs canadiens (indigènes non métis et non Inuit) et un groupe de non natifs, suivant que les femmes avaient présenté ou non un diabète gestationnel.
Pour cette étude rétrospective, les auteurs ont collecté les données concernant 334 553 naissances survenues entre 1987 et 2011 dans le Manitoba, les enfants ayant été suivis pendant une durée allant jusqu’à 24 ans. Les informations sur l’allaitement ont été extraites des dossiers médicaux tenus par les services de maternité, et celles sur le diabète ont été collectées à partir des bases de données médicales sur la population canadienne. Un modèle des risques proportionnels de Cox a été utilisé pour analyser les données. 83 % des mères non-natives du Canada ont commencé à allaiter, ainsi que 56 % des mères natives du Canada. L’allaitement était corrélé à un risque 27 % plus bas de diabète chez les non-natives Canadiennes qui n’avaient pas présenté de diabète gestationnel, et plus bas de 22 % chez celles qui avaient présenté un diabète gestationnel. Chez les mères natives canadiennes, le démarrage de l’allaitement était corrélé à un risque de diabète plus bas de 11 % chez celles qui n’avaient pas présenté de diabète gestationnel, et plus bas de 18 % chez celles qui avaient présenté un diabète gestationnel. Chez les enfants, l’allaitement était corrélé à un risque de diabète de type 2 plus bas de 17 %.
Le fait d’avoir allaité après la naissance était corrélé à un risque plus bas de diabète chez la mère et l’enfant, indépendamment de l’origine ethnique ou de la survenue d’un diabète gestationnel. Ces résultats permettent de penser que le non-allaitement est un facteur de risque modifiable de diabète chez les mères canadiennes, tant chez les mères d’origine européenne que chez les natives canadiennes.
Allaitement et risque maternel de diabète de type 2
Breast-feeding and maternal risk of type 2 diabetes : a prospective study and meta-analysis. Jäger S et al. Diabetologia 2014 ; 57(7) : 1355-65.
Des études ont constaté que le non-allaitement était corrélé à un risque plus élevé de troubles métaboliques et cardiovasculaires chez les femmes. Le but de cette étude était d’examiner les relations entre l’allaitement et le risque maternel de diabète de type 2, et de voir si ces relations étaient affectées par divers facteurs anthropométriques et biochimiques.
Les données ont été recueillies dans le cadre d’une étude cas-témoin, incluse dans une grande étude prospective européenne sur le cancer et la nutrition (étude EPIC), entre 1994 et 2005. Elle incluait 1 262 femmes en âge de procréer : 203 femmes souffrant de diabète de type 2, et 1 059 femmes constituant le groupe témoin. Ces femmes avaient 35 à 64 ans. Elles ont répondu à des questionnaires pour évaluer la durée totale d’allaitement. Des échantillons de sang ont été prélevés pour mesure du HDL-cholestérol, des triglycérides, de la protéine C réactive, de l’adiponectine, de la gamma-glutamyltransférase, et de la fétuine-A. Par ailleurs, les auteurs ont recherché toutes les études prospectives publiées sur le sujet, et en ont fait une méta-analyse. Pour chaque tranche de 6 mois supplémentaires d’allaitement, le risque de diabète de type 2 était de 0,73. La méta-analyse sur les trois études prospectives déjà publiées et sur cette étude constatait une relation inverse entre la durée de l’allaitement et le risque de diabète maternel de type 2 (RR : 0,89 pour une durée totale d’allaitement de 6-11 mois par rapport à pas d’allaitement). L’impact bénéfique de l’allaitement était plus faible après correction pour l’indice de masse corporelle et le tour de taille. La relation entre l’allaitement et les marqueurs biologiques expliquait en grande partie la corrélation entre l’allaitement et le risque de diabète de type 2.
Une plus longue durée d’allaitement semble donc abaisser le risque de diabète de type 2, cette protection semblant être en rapport avec un meilleur profil métabolique. Toutefois, le rôle du poids et de la masse grasse en tant que variable confondante reste à préciser.
L’allaitement abaisse le risque maternel de diabète de type 2
Lactation and maternal risk of type 2 diabetes : a population-based study. Schwarz EB et al. Am J Med 2010 ; 123(9) : 863.e1-6.
La prévalence de l’obésité et du diabète augmente de façon inquiétante dans de nombreux pays. Un certain nombre d’études ont fait état de l’impact bénéfique de l’allaitement sur la santé maternelle. Des études in vivo ont montré que la lactation pouvait augmenter la sensibilité à l’insuline, et elle améliore le métabolisme glucidique chez les femmes qui ont présenté un diabète gestationnel. Le but de cette étude américaine était d’évaluer l’impact de l’allaitement (durée et exclusivité) sur la prévalence du diabète de type 2.
Les données ont été recueillies dans le cadre d’une étude sur les facteurs de risque de l’incontinence féminine, pour laquelle 2 270 femmes âgées de 40 à 78 ans sont incluses : environ 40 % de femmes d’origine européenne, 20 % d’Afro-américaines, 20 % d’Hispaniques, et 20 % d’Asiatiques ; par ailleurs, elles avaient été sélectionnées pour qu’au moins 400 d’entre elles soient diabétiques. Ces femmes ont répondu à un questionnaire, et elles ont été vues pour recueil de données anthropométriques. On leur a demandé si elles avaient allaité, et si oui pendant combien de temps (allaitement exclusif et allaitement partiel), et ce pour chaque enfant. En fonction de la durée d’allaitement, elles ont été réparties en trois groupes : femmes n’ayant jamais allaité, femmes ayant allaité au moins un enfant pendant > 1 mois, et femmes ayant allaité tous leurs enfants pendant > 1 mois.
Ces femmes avaient 55 ± 9 ans. 68 % présentaient un surpoids. 70 % avaient eu au moins 1 enfant, et 62 % d’entre elles avaient allaité au moins 1 enfant pendant > 1 mois. En moyenne, les femmes qui avaient allaité l’avaient fait pendant en moyenne 6 ± 5,7 mois pour chaque enfant, et avaient allaité exclusivement pendant 3 ± 2,2 mois. La prévalence du diabète de type 2 était de 17,5 % chez les nullipares ; elle était de 18 % chez les femmes qui avaient allaité au moins 1 enfant pendant > 1 mois, et de 26,8 % chez les femmes qui n’avaient pas allaité. Parmi les femmes qui avaient allaité, elle était de 16 % chez celles qui l’avaient fait pendant > 6 mois, et de 19,3 % chez celles qui avaient allaité pendant 1 à 6 mois. Globalement, après ajustement pour les autres variables, le risque de diabète de type 2 était 1,92 fois plus élevé chez les femmes qui avaient eu au moins un enfant et n’avaient jamais allaité que chez celles qui avaient allaité tous leurs enfants pendant > 1 mois. Et parmi les mères qui avaient allaité, celles qui n’avaient jamais allaité exclusivement avaient un risque 1,52 fois plus élevé que celles qui avaient allaité exclusivement pendant 1 à 3 mois.
Le risque de diabète de type 2 augmente après chaque grossesse menée à terme qui n’est pas suivie par une durée d’allaitement > 1 mois, indépendamment du niveau d’activité physique et de l’index de masse corporelle par la suite. Les femmes peuvent être encouragées à allaiter pour leur propre santé, et entre autres pour abaisser leur risque de diabète de type 2.
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