Duration of lactation and risk factors for maternal cardiovascular disease. Schwarz EB, Ray RM, Stuebe AM et al. Obstet Gynecol 2009 ; 113(5) : 974-82.
Les pathologies cardiaques sont la principale cause de décès aux Etats-Unis. De nombreux facteurs de risque contribuent à ces pathologies. Des études chez la femme et les autres mammifères ont constaté que la lactation avait un impact sur le métabolisme de la mère allaitante, en particulier sur l’homéostasie glucidique et lipidique, et que les hormones de l’allaitement pouvaient réguler la pression sanguine et abaisser la sécrétion d’hormones de stress. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact de la lactation sur le risque de pathologies cardiovasculaires après la ménopause.
Les données ont été recueillies dans le cadre d’une grande étude prospective observationnelle débutée en 1994, la Women’s Health Initiative (WHI), portant sur les facteurs de risque des pathologies chroniques chez les femmes ménopausées. 161 808 femmes âgées de 50 à 79 ans au moment de leur entrée dans l’étude sont suivies. A l’entrée dans l’étude, toutes ces femmes ont répondu à un questionnaire détaillé portant sur leurs antécédents personnels et familiaux, sur leur état de santé, et sur leur mode de vie et leur alimentation. De nouveaux questionnaires ont ensuite été administrés tous les ans. Cette étude s’est focalisée sur les hospitalisations et les décès liés aux pathologies cardiovasculaires (pathologie coronarienne, angine de poitrine, infarctus, pathologies cardiaques congestives, pathologies artérielles périphériques…). Les femmes ont été réparties en fonction de la durée totale d’allaitement dans leur vie : pas d’allaitement ou durée totale de < 1 mois, de 1 à 6 mois, de 7 à 12 mois, de 13 à 23 mois, et ≥ 24 mois. Elles ont également été réparties en fonction de leur âge, et du temps écoulé depuis le dernier allaitement. 5 facteurs de risque ont tout particulièrement été pris en compte : obésité, hypertension, diabète, hyperlipidémie, et antécédents de pathologie cardiovasculaire avant l’entrée dans l’étude.
Parmi les femmes suivies par la WHI, 139 681 avaient eu au moins un enfant, et ont fourni les données concernant la durée totale d’allaitement. 58% d’entre elles avaient allaité, mais seulement 6% avaient allaité ≥ 24 mois au total. Le dernier allaitement datait d’en moyenne 35 ans. A leur entrée dans l’étude, 30 % de ces femmes étaient obèses. Toutefois, les femmes qui avaient allaité étaient moins souvent obèses et hypertendues que les femmes qui n’avaient pas allaité, après correction pour l’âge. La prévalence du diabète et de l’hyperlipidémie était similaire chez les nullipares et chez les femmes qui avaient allaité, mais elle était plus élevée chez les femmes qui avaient eu des enfants et n’avaient pas allaité.
Après ajustement pour les autres variables, la prévalence de l’hypertension, du diabète et de l’hyperlipidémie était inversement corrélée à la durée de l’allaitement, et à la prévalence des pathologies cardiovasculaires. Par rapport aux femmes qui avaient allaité pendant un total de > 12 mois, la prévalence de l’hypertension (RR : 1,13), du diabète (RR : 1,25), de l’hyperlipidémie (RR : 1,23) et des pathologies cardiovasculaires (RR : 1,1) était plus élevée chez les femmes qui n’avaient pas du tout allaité. On pouvait calculer que parmi les femmes qui avaient eu des enfants, 42,1% de celles qui n’avaient pas allaité allaient présenter une hypertension contre 38,6% de celles qui avaient allaité > 12 mois au total. Ces prévalences seraient de respectivement 5,3% et 4,3% pour le diabète, 14,8% et 12,3% pour l’hyperlipidémie, et 9,9% contre 9,1% pour les pathologies cardiovasculaires, en dépit d’un taux d’obésité de 30 % dans les 2 groupes. L’impact de l’allaitement s’atténuait avec le temps écoulé depuis le dernier allaitement. Chez les femmes de 50 à 59 ans qui n’avaient pas allaité, le risque de pathologie cardiovasculaire était 1,19 fois plus élevé que chez celles qui avaient allaité pendant 7 à 12 mois, 1,25 fois plus élevé que chez celles qui avaient allaité pendant 13 à 23 mois, et 1,33 fois plus élevé que chez celles qui avaient allaité ≥ 24 mois. Parmi les femmes âgées de 60 à 69 ans, seules celles qui avaient allaité pendant ≥ 13 mois avaient un risque plus bas de pathologies cardiovasculaires (RR : 0,85). Et chez les femmes de > 70 ans, l’impact de l’allaitement cessait d’être significatif. Si on analysait les données portant uniquement sur les femmes ayant eu un seul enfant, celles qui n’avaient pas allaité avaient un risque de pathologies cardiovasculaire 1,38 fois plus élevé que celles qui avaient allaité pendant 7 à 12 mois. Chez les multipares, le risque de ces pathologies était 1,72 fois plus élevé chez celles qui n’avaient pas allaité que chez celles qui avaient allaité 2 enfants pendant > 12 mois, et 1,28 fois plus élevé que chez celles qui avaient allaité 3 enfants pendant > 12 mois.
Chez ces femmes ménopausées, la durée de l’allaitement était inversement corrélée au risque d’hypertension, de diabète, d’hyperlipidémie, et de pathologies cardiovasculaires.
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