Quatres études publiéés dans Les Dossiers de l’Allaitement n°67 (avril-mai-juin 2006)
Impact d’une supplémentation en calcium pendant la grossesse sur le taux lacté de calcium de mères gambiennes
Impact of calcium supplementation in the preceding pregnancy on the human milk calcium concentration of Gambian women. LMA Jarjou, A Prentice, J Bennett. Adv Exper Med Biol 2004 ; 554 : 337-39.
Cette étude en double aveugle a porté sur 124 femmes vivant dans une région rurale de la Gambie, dont les apports calciques sont de 100 à 400 mg/jour. Ces femmes ont été réparties par tirage au sort pour recevoir, entre 20 semaines de grossesse et leur accouchement, soit un complément apportant 1500 mg de calcium par jour, soit un placebo. Toutes ces femmes étaient globalement en bonne santé, et ont accouché d’un bébé en bonne santé. Des échantillons de sang ont été collectés à 2, 13 et 52 semaines post-partum, pour détermination du statut pour le calcium et le phosphore. Des données socio-économiques et démographiques ont été recueillies.
Il n’existait aucune différence entre les 2 groupes de femmes pour tous les paramètres mesurés à tous les moments du suivi, avant et après correction pour les variables confondantes. Les auteurs concluent que le don d’un supplément de calcium pendant la grossesse à des femmes habituées à des apports calciques bas n’avait aucun impact sur le taux lacté de calcium pendant l’allaitement qui suivait la grossesse.
Impact de l’alimentation maternelle sur le taux lacté de protides
Influence of maternal protein intake on nitrogen fractions of human milk. C Boniglia, B Carratu, F Chiarotti, S Glammarioli, E Sanzini. Int J Vitam Nutr Res 2003 ; 73(6) : 447-52.
Les études effectuées sur le sujet n’ont pas permis d’avoir des réponses fiables en ce qui concernant l’impact des apports maternels en protéines sur le taux lacté de protides. Le but de cette étude italienne était de voir dans quelle mesure les apports alimentaires protidiques de mères allaitantes avait un impact sur le taux lacté de produits azotés protidiques et non protidiques.
117 femmes allaitantes en bonne santé ont été recrutées dans diverses régions d’Italie. Des données anthropométriques ont été recueillies 1 mois après l’accouchement, et les mères ont noté leur alimentation sur une période de 2 jours. L’enfant a été vu à la naissance et à 1 mois pour mesure des paramètres de la croissance. Des échantillons de lait ont été collectés à 1 mois, pour dosage du taux total d’azote, d’azote protidique, d’azote non protidique, et analyse du profil des acides aminés libres.
Les apports énergétiques des mères étaient inférieurs aux apports recommandés, tandis que leurs apports protidiques étaient supérieurs. Il existait des différences significatives suivant la région où vivait la mère. L’alimentation n’avait aucun impact mesurable sur le taux lacté des divers composants azotés, sauf en ce qui concernait la fraction azotée non protidique et le taux de sérine.
Apports lipidiques maternels et lipides lactés
Dietary fat type influences total milk fat content in lean women. NK Anderson, KA Beerman, MA McGuire et al. J Nutr 2004 ; 135(3) : 416-21.
Les acides gras trans sont trouvés à l’état naturel dans quelques aliments (produits laitiers par exemple), ainsi que dans les graisses végétales hydrogénées et les produits cuisinés contenant ce type de graisses. Des études permettent de penser que ces acides gras trans peuvent abaisser le taux lacté de lipides chez certains animaux.
Pour cette étude randomisée, 12 femmes ont suivi 3 régimes différents : un régime riche en acides gras trans (utilisation large de margarine), pauvre en acides gras trans (peu de margarine), ou pauvre en acides gras trans « artificiels » mais riche en acides gras trans naturels (utilisation large de beurre). Elles ont suivi ces divers régimes successivement, pendant 5 jours, chaque période de test étant séparée de la suivante par 7 jours pendant lesquels la mère reprenait son alimentation habituelle.
Dans l’ensemble, les taux sériques et lactés d’acides gras étaient le reflet de l’alimentation maternelle. Il existait une corrélation significative entre l’adiposité maternelle et les divers régimes, et les lipides lactés, la quantité de lait consommée par l’enfant, la glycémie maternelle, et le taux sérique d’acides gras non estérifiés. Lorsque la mère consommait beaucoup de margarine, son taux lacté de lipides était plus bas chez les femmes minces, mais pas chez les femmes en surpoids. La consommation de margarine, quelle que soit la quantité d’acides gras trans apportée par la margarine, induisait un taux sérique plus élevé d’acides gras non estérifiés chez les femmes en surpoids, par rapport à la consommation de beurre.
La principale constatation de cette étude était que la consommation régulière de margarine apportant des acides gras trans artificiels abaissait le taux lacté de lipides chez les femmes minces. D’autres études seraient nécessaires pour mieux évaluer cet impact, et pour voir dans quelle mesure une augmentation de la consommation de lait par l’enfant peut compenser la baisse d’apport calorique induite par ce plus faible taux de graisses.
Acides gras trans dans le lait de mères polonaises
Trans fatty acids in human milk in Poland and their association with breastfeeding mothers’ diet. H Mojska et al. Acta Paediatr 2003 ; 92(12) : 1381-87.
100 mères ont donné des échantillons de lait. 69 d’entre elles ont noté leur alimentation pendant 1 semaine, et ont fourni des données anthropométriques. Pour les mères ayant donné des échantillons de lait pendant le printemps, le taux total d’acides gras trans était en moyenne de 1,37% des graisses totales dans le colostrum, de 2,59% des graisses totales dans le lait à 5-6 semaines post-partum, de 2,36% des graisses totales à 9-10 semaines de lactation. Pour les échantillons de lait donnés à l’automne, ces chiffres étaient respectivement de 1,80%, 2,41% et 2,77% des graisses totales. Les principales sources alimentaires des acides gras trans dans l’alimentation de ces mères étaient les produits de boulangerie, les plats cuisinés et les collations. Le taux lacté d’acides gras trans était d’autant plus élevé que la mère consommait de grandes quantités de ces produits.
Les auteurs concluent que les produits de boulangerie, les plats cuisinés et les collations sont une source majeure d’acides gras trans dans l’alimentation des mères polonaises. Le taux lacté d’acides gras trans pourrait refléter les apports de la mère pendant l’allaitement, mais aussi ses apports pendant la grossesse.
Ce domaine m'intéresse, en particulier en qualité de bénévole dans une grande association caritative afin de conseiller ou non l'allaitement maternel aux femmes étrangères logées par le 115 qui ont une assez mauvaise alimentation.
Hélas les études que je viens de lire ci-dessus sont trop techniques pour des non initiés. Pourriez-vous faire une vulgarisation ?
J'avais entendu dire que la composition du lait était sensiblement la même quelle que soit l'alimentation de la mère et que par conséquent on pouvait la conseiller même à des populations mal nourries qualitativement.
Je vois ces femmes dépendre des associations pour recevoir les boites de lait infantile et se retrouver parfois à alléger les dosages pour faire durer la boîte... Elles sont jeunes et en bonne santé et elles pourraient allaiter comme elles l'auraient fait dans leur pays. Ceci sans parler des problèmes d'hygiène dans l'entretien des biberons.
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