Hépatite B et allaitement, une méta-analyse

D'après : Should chronic hepatitis B mothers breastfeed ? A meta analysis. Zheng Y, Lu Y, Ye Q et al. BMC Public Health 2011 ; 11 : 502. 

On estime qu'environ 400 millions de personnes dans le monde sont porteuses du virus de l'hépatite B (VHB). En cas d'hépatite chronique maternelle, la contamination de l'enfant est fréquente. La présence du VHB dans le lait maternel a été rapportée pour la première fois en 1974, et confirmée par d'autres études par la suite. Mais aucune étude n'a constaté d'augmentation du risque de transmission verticale de ce virus via l'allaitement, y compris avant la prophylaxie effectuée actuellement chez les nouveau-nés de mères porteuses du virus. L'OMS recommande donc l'allaitement aux mères porteuses du VHB, y compris en l'absence de prophylaxie chez le nouveau-né. Toutefois, un certain nombre de professionnels de santé restent sceptiques, et recommandent à ces mères de ne pas allaiter, en particulier lorsqu'elles souffrent d'hépatite B chronique. Le but de cette méta-analyse était de faire le point sur les données existantes sur le plan du risque de transmission du VHB via l'allaitement.

Deux des auteurs ont recherché de façon indépendante toutes les études publiées sur le sujet, à la recherche des études prospectives et rétrospectives, portant sur des enfants nés de mères souffrant d'hépatite B chronique, qui étaient allaités ou nourris au lait industriel. Tous les enfants devaient avoir reçu au moins 3 doses de vaccin contre l'hépatite B après la naissance. La présence d'une hépatite B chronique avait été recherchée à l'occasion des visites prénatales chez les mères, et chez les enfants dans l'année qui a suivi la naissance. Deux autres auteurs ont extrait les données pour les analyser, et un autre auteur a analysé les résultats. La qualité méthodologique des études a été évaluée à l'aide de l'échelle Newcastle-Ottawa.

Les auteurs ont retrouvé 517 articles, dont 99 pouvaient correspondre aux critères de cette méta-analyse. L'examen plus approfondi de ces articles a permis de sélectionner 32 études indépendantes. Elles avaient été publiées entre 1985 et 2010. 30 avaient été effectuées en Chine, 1 en Italie, et la dernière aux États-Unis. Les mères avaient choisi le mode d'alimentation de leur enfant dans toutes les études sauf une qui était randomisée. Le nombre de mères incluses dans ces études allait de 38 à 436 (143 en moyenne). Sur un total de 5 650 enfants, le taux global de transmission du VHB était de 4,32 %. La différence dans le taux de transmission entre les enfants allaités et les enfants nourris au lait industriel était en moyenne de - 0,8 %. L'allaitement n'avait donc aucun impact sur le risque de contamination de l'enfant (et il semblait même abaisser légèrement ce risque). En analysant les sous-groupes de mères ayant une hépatite chronique estimée très active (42 % des mères), on constatait que ces mères étaient moins nombreuses à avoir décidé d'allaiter.
Mais même dans ce groupe, l'allaitement n'avait pas d'impact significatif sur le risque de transmission verticale du VHB.

Les résultats de cette méta-analyse permettent de penser que l'allaitement par une mère souffrant d'hépatite B chronique n'a pas d'impact sur le risque de transmission verticale du VHB lorsque les enfants ont été vaccinés contre ce virus en commençant à la naissance, y compris lorsque la mère peut être considérée comme hautement infectieuse. La transmission in utero est rare, et elle se fait essentiellement au moment de la naissance. Il est donc nécessaire d'informer les professionnels de santé sur le fait qu'ils peuvent encourager ces mères à allaiter.