The natural history of jaundice in predominantly breastfed infants. Maisels J et al. Pediatrics 2014 ; 134(2) : e340-5.
On a constaté depuis plusieurs décennies que les bébés allaités présentaient un ictère néonatal qui pouvait persister des semaines, voire plusieurs mois. La progression céphalocaudale de l’ictère est également bien documentée. Le but de cette étude était d’évaluer l’évolution normale de l’ictère néonatal pendant le premier mois post-partum chez des bébés américains, d’origine essentiellement européenne, majoritairement allaités (au maximum 1 biberon de formule lactée commerciale 1 fois par jour), et d’évaluer l’intérêt de la prise en compte du stade de progression céphalocaudale de l’ictère en cabinet pédiatrique.
Cette étude a été menée auprès de 1 044 enfants, nés à ≥ 35 semaines et en bonne santé, vus entre J3 et J28 dans 5 cabinets pédiatriques et dans une consultation pédiatrique fonctionnant en milieu hospitalier entre septembre 2010 et août 2013, et chez qui 1732 mesures transcutanées de la bilirubine ont été effectuées. À chaque fois, 3 mesures successives ont été effectuée au niveau du milieu du sternum du bébé, et on a calculé la moyenne des 3 résultats. Les auteurs ont également inclus 108 nourrissons exclusivement allaités et séjournant en maternité, suivis pendant les 2 premiers jours post-partum.
50,4 % des enfants étaient des garçons, 76,3 % étaient d’origine européenne, 90,5 % étaient nés entre 37 et 42 semaines de gestation. À 21 ± 3 jours post-partum, 43 % des enfants avaient un taux de bilirubine ≥ 5 mg/dl, et 34 % des enfants présentaient un ictère visible. À 28 ± 3 jours, c’était le cas de respectivement 34 % et 21 % des enfants. Quel que soit le taux de bilirubine constaté à J1, ce taux culminait à J3, et il baissait ensuite, cette baisse se ralentissant après J14. Il existait une forte corrélation entre le taux de bilirubine et le score pour la progression céphalocaudale, mais chaque point de ce score était associé à une large gamme de taux de bilirubine, ce qui rendait ce score peu intéressant en pratique clinique. Toutefois, un score de 0 était fortement prédictif d’un taux de bilirubine < 12,9 mg/dl, tandis qu’un score de ≥ 4 était le plus souvent corrélé à un taux de ≥ 10 mg/dl.
Diverses hypothèses ont été proposées pour expliquer cet ictère dit « au lait maternel », mais il n’existe pas d’explication démontrée de façon fiable. Une prédisposition génétique chez l’enfant est démontrée (polymorphisme du gène codant la UGT1A1, responsable de la conjugaison de la bilirubine). Cela pourrait également être en rapport avec un composant du lait maternel. Les pédiatres et les généralistes qui voient régulièrement des nourrissons doivent savoir que de nombreux bébés allaités présentent toujours un ictère à 3-4 semaines post-partum, et rassurer les parents sur la normalité de ce phénomène.
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