Écrit par Ana Castillo, animatrice LLL au Niger.
Le paludisme – maladie potentiellement mortelle – est provoqué dans sa forme la plus grave par la transmission du parasite Plasmodium falciparum, lors de la piqûre de moustiques anophèles.
On peut se demander si, dans certaines conditions, l’allaitement peut avoir un effet protecteur contre le paludisme. Bien que cette question ait été très peu étudiée par les chercheurs, les bénéfices de l’allaitement sur la santé et notamment sur le système immunitaire de l'enfant semblent jouer un rôle dans la diminution du risque, surtout chez des populations vivant dans des zones endémiques, qui développent une sorte d’immunité naturelle. En ce sens, des études in vitro ont montré que les facteurs dans le lait maternel qui inhibent le développement de parasites (tels que la lactoferrine et les IgA) agissent contre le Pllasmodium falciparum, qui provoque la forme la plus dangereuse de paludisme.
Voici les conclusions d’une étude menée en 2000 à ce propos (Kassim OO et al, Inhibitory factors in breastmilk, maternal and infant sera against in vitro growth of Plasmodium falciparum malaria parasite, J Trop Pediatr 2000 ; 46(2) : 92-6) : « Cette étude démontre la présence de titres d'anticorps significatifs aux stades annulaire, trophozoïte, schizonte et gamétocyte de P. falciparum dans 144 échantillons de lait de mères nigérianes et également dans des sérums maternels et infantiles appariés. L'étude démontre également une inhibition significative de la croissance in vitro de P. falciparum par les sérums maternels et infantiles, mais surtout par des échantillons de lait maternel et des constituants du lait maternel, tels que la lactoferrine et le sIgA. Les résultats suggèrent donc un rôle protecteur in vivo pour le lait maternel dans la modulation possible de la fréquence, de la gravité et des complications du paludisme. » (This study demonstrates the presence of significant antibody titers to ring, trophozoite, schizont and gametocyte stages of P. falciparum in 144 Nigerian maternal milk samples and also in paired maternal and infant sera. The study also demonstrates significant in vitro growth inhibition of P. falciparum by maternal and infant sera, but most notably by breastmilk samples and breastmilk constituents, such as lactoferrin and sIgA. The results therefore suggest a protective in vivo role for breastmilk in the possible modulation of malaria frequency, severity and complications.)
Autrement dit, les antigènes qui protègent la mère contre le paludisme se retrouvent également dans le lait maternel et le sérum sanguin du bébé allaité.
D’autre part, on sait aujourd’hui que les populations exposées peuvent développer différentes formes d’immunité compatibles avec la persistance de parasitémie dans le sang, comme expliqué dans cette autre étude (Doolan DL et al, Acquired immunity to malaria, Clin Microbiol Rev 2009 ; 22(1) : 13-36) : « Chez l'être humain, différents types d'immunité acquise ou adaptative contre les plasmodium ont été définis : (i) l'immunité anti-maladie, conférant une protection contre la maladie clinique, qui affecte le risque et l'étendue de la morbidité associée à une densité parasitaire donnée ; (ii) l'immunité antiparasitaire, conférant une protection contre la parasitémie, qui affecte la densité des parasites ; et (iii) la prémunition, fournissant une protection contre de nouvelles infections en maintenant une parasitémie de bas grade et généralement asymptomatique. » (In humans, various types of acquired or adaptive immunity against plasmodia have been defined: (i) antidisease immunity, conferring protection against clinical disease, which affects the risk and extent of morbidity associated with a given parasite density; (ii) antiparasite immunity, conferring protection against parasitemia, which affects the density of parasites; and (iii) premunition, providing protection against new infections by maintaining a low-grade and generally asymptomatic parasitemia).
Par ailleurs, l’action des anticorps maternels, transmis par le placenta et le lait maternel, expliquerait aussi que la maladie semble être moins fréquente chez les bébés de moins de 6 mois que chez les enfants plus âgés vivant dans des zones à risque.
On peut ainsi conclure que les facteurs immunitaires du lait maternel qui stimulent la maturation et la réponse du système de défense du bébé et du jeune enfant allaités auraient un rôle protecteur contre la fréquence, la gravité et les complications du paludisme lorsqu’une sorte d’immunité est acquise par la maman.
Cela ne devrait en aucun cas empêcher la prise de mesures de prévention de base telles que : dormir sous moustiquaire, utiliser des répulsifs, se couvrir entre le coucher et le lever du soleil et se faire dépister rapidement en cas de signes cliniques.
Non seulement, vous ne risquez pas de lui transmettre, mais vous pouvez le protéger du paludisme par les anticorps qui seront dans votre lait.
Voir cet article :
https://neurosciencenews.com/malaria-breastfeeding-15421/ (que vous pouvez traduire avec Google traduction).
Est ce que je peux transmettre le paludisme à mon bébé via le lait maternel ou l'allaitement ?
Je vous remercie pour vos explications aprofondie, l'allaitement avec paludisme.
Merci beaucoup pour ce tuto .en l'ayant lu je suis un peu rassuré en tout cas.merci de l'avoir écrit.
Je Vous Remercie Pour Votre Contribution Et Je Vous Encourage Pour Continuer à pousser très loin votre recherche.merci
Excellent
Toutes mes félicitations
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