Cet article, écrit par Diana West* et Lisa Manning** pour la revue Breatsfeeding today (mai 2015), a été publié dans Allaiter aujourd'hui n° 107 (LLL France, 2016).
Pensez-vous à votre corps, vous demandant s’il vous plaît ou s’il vous gêne ? Y pensez-vous souvent ? Difficile d’imaginer une femme sur cette planète qui n’ait pas des sentiments forts à propos de son corps et de son apparence.
Les transformations apportées par la grossesse et la maternité peuvent magnifier l’image que nous avons de nous. Beaucoup de femmes se découvrent à cette occasion une nouvelle puissance physique, quand d’autres au contraire ont l’impression de n’être plus du tout attirantes.
Un rapide coup d’œil aux forums en ligne pour les nouvelles mères confirme le fait que les changements du corps en post-partum peuvent affecter les sentiments que les femmes ont par rapport à ce corps de bien des façons différentes. Devenir mère peut améliorer la façon dont beaucoup de femmes vivent leur corps. D’autres sont perturbées par les changements négatifs apportés par l’accouchement et l’avancée en âge. Certaines ressentent les deux en même temps ou oscillent entre les deux.
Pour autant, il n’y a pas de doute que la plupart d’entre nous aimeraient changer quelque chose si c’était possible. On pense facilement que les autres femmes gèrent mieux que nous les changements du post-partum. En réalité, quelle que soit la façon dont nous ressentions notre corps hier, le ressentons aujourd’hui et le ressentirons demain, on peut être sûres qu’il y a autour de nous des millions de femmes qui ressentent la même chose. Les mères postent sur les réseaux sociaux à quel point elles sont frustrées par leur corps post-accouchement. Les commentaires vont de la résignation ironique à propos de leurs « rayures de tigre » et de leurs ventres « flasques » à la dépression sévère et à l’autodépréciation.
Dans cet article, nous voulons creuser ce phénomène si répandu d’insatisfaction par rapport à notre corps. Pourquoi tant d’entre nous se sentent-elles si mal avec elles-mêmes ? Pourquoi avons-nous cette souffrance rampante dans nos cœurs ? Comment pouvons-nous nous extirper des sables mouvants de la honte par rapport à notre corps ?
En plus d’explorer les raisons sous-jacentes et la psychologie, nous partagerons des histoires personnelles afin d’ouvrir la porte à un dialogue honnête sur le sujet. Savoir que nous ne sommes pas les seules à grimacer devant notre miroir peut être rassurant. Comprendre que nos corps sont en fait normaux peut aider à diriger nos perceptions dans une direction plus positive.
Après l’accouchement, un corps moins attirant ?
Dans la culture occidentale, on associe (de façon injuste) la beauté au succès et aux capacités, si bien que plus une femme est attirante, plus les gens la pensent capable et heureuse (1). Bien sûr, la beauté féminine est tout à fait relative. La beauté du visage dépend généralement de traits symétriques (2), mais le fait de trouver une femme belle dépend de l’endroit et de l’époque où elle vit. À certaines époques et à certains endroits, par exemple dans les sociétés anciennes et traditionnelles, quand le poids était signe de prospérité et de capacité à survivre dans les temps difficiles, les femmes grosses étaient révérées. Dans les temps modernes et dans les sociétés occidentales, où la nourriture est abondante et où la minceur est signe d’auto-discipline, de soin de soi-même et de productivité (3), les femmes grosses sont plus susceptibles d’être vilipendées. Malheureusement, la définition de « gros » a changé. L’ultra-minceur est devenue l’idéal à atteindre dans la plupart des endroits, que la femme soit ou non par ailleurs en forme et en bonne santé.
La jeunesse est une autre variable importante dans la perception de l’attirance. À mesure que nous prenons de l’âge et que nos corps changent avec les grossesses, nous commençons souvent à nous sentir devenir invisibles en public. C’est particulièrement vrai pour celles d’entre nous qui étaient habituées pendant leur jeunesse à attirer les sourires et les marques d’attention de la part d’étrangers.
Les femmes d’aujourd’hui ont tendance à être moins satisfaites de leur corps que les hommes (4), probablement parce que notre culture insiste davantage sur l’attractivité des femmes que sur celle des hommes. Cette tendance s’accentue énormément à notre époque (5), probablement en raison de l’augmentation des messages en ce sens dans les médias (6). Et pourtant, beaucoup de ces images ne sont même pas réelles – soit qu’elles aient été « photoshoppées », soit que les femmes aient été « travaillées » par la chirurgie esthétique.
Une méta-analyse (étude regroupant plusieurs études) datant de 2008, faite par Grabe, Ward et Hyde, a montré que les mannequins féminins et les actrices employées dans les médias traditionnels – films, télévision et magazines – sont devenus de plus en plus minces au fil du temps, frisant souvent, voire dépassant, les critères de l’anorexie (7). Le nombre de femmes extrêmement minces dépasse de loin celui des plus grosses dans les médias, distordant de façon totalement disproportionnée le poids réel des vraies femmes constituant leur audience. Voir des femmes ultra-minces dans tous les types de médias nous fait penser qu’il est normal et nécessaire d’être ainsi pour être attirante, créant de ce fait une norme inatteignable pour la plupart d’entre nous, spécialement après qu’on a eu des enfants (8). Ensuite, nous sommes bombardées de conseils de célébrités sur comment retrouver ses formes après la grossesse, ce qui implique que notre apparence est plus importante que notre maternage. Et pour finir, les images de femmes somptueuses sur les réseaux sociaux inondent nos téléphones, tablettes et ordinateurs.
Cet idéal irréaliste est sans arrêt dans notre ligne de mire, et consciemment ou inconsciemment nous lui comparons notre corps, le trouvant souvent inférieur à cet idéal. Ces images ne nous affectent pas toutes de la même façon, mais très peu d’entre nous n’en sont pas du tout affectées (9). Après avoir vécu la transformation physique la plus importante de toute notre vie, à savoir vivre dans un corps qui ne nous est plus familier et est beaucoup plus gros, beaucoup d’entre nous se sentent misérables, pas désirables, et honteuses de leur corps après l’accouchement. Quand nous enterrons notre souffrance et nous isolons parce que nous nous sentons peu attirantes, nous pouvons nous retrouver engluées dans une négativité toxique qui ne fait qu’empirer le problème.
Dans son ouvrage Body Wars, Margo Maine dit ceci à propos de l’effet de la culture sur la perception qu’ont les femmes de leur corps : « Le fait d’avoir une définition aussi étroite de la beauté féminine rend les femmes soumises, insécures, sans pouvoir, sans cesse à mener des guerres du corps (body wars) au lieu de vivre leur vie pleinement. Revenons à la définition de la beauté – toutes ces choses qui "stimulent les sens ou l’esprit au plus haut niveau" – et arrêtons de réduire la valeur d’une femme à son apparence physique. Il est temps d’arrêter de banaliser et dévaloriser la valeur et les accomplissements des femmes, il est temps de mettre un terme aux guerres du corps. Il est temps de laisser les femmes avoir le vrai pouvoir. »
La beauté dépend de celui qui regarde
La façon dont nous nous voyons nous-mêmes dans le regard de nos proches et de nos amis joue un rôle important dans l’image que nous avons de nous. Une étude faite en 2005 par Jordan, Capdeville et Johnson confirme ce que beaucoup d’entre nous savent déjà – à savoir que le soutien et l’approbation de notre entourage peuvent faire en sorte que nous soyons ou non à l’aise avec notre apparence physique dans l’après-accouchement. Lorsque nous voyons approbation et acceptation dans les yeux de ceux que nous aimons, il est plus facile de nous aimer et de nous accepter.
Janet raconte : « J’ai toujours été une très petite femme, je mesure 1,50 m, et lors de ma première grossesse, je pesais 52 kg. Après la naissance, mon mari d’alors décida que j’étais "grosse" et qu’il ne voulait plus rien avoir à faire avec moi sur le plan sexuel. Inutile de dire que ça n’a rien arrangé en matière d’estime de soi. Son rejet, en particulier lorsque j’avais vraiment envie de sexe, a provoqué chez moi des problèmes d’estime de soi et d’image du corps qui ont duré jusqu’à mon divorce. C’est alors que j’ai découvert que je pouvais en fait être désirable malgré les changements causés par la grossesse et l’âge. Cela m’a pris du temps pour en arriver là, et je dois dire qu’il a fallu les assurances d’autres personnes, hommes et femmes, pour m’aider à comprendre que la beauté physique est la somme de tout un ensemble de choses. »
Bien sûr, se sentir bien dans sa peau est différent de la façon dont nous percevons notre corps. La plupart d’entre nous – en particulier celles qui se sentent le moins attirantes – ne voient pas leur corps de façon réaliste (11). Nous ne sommes pas aussi grosses ni aussi laides que nous pensons l’être ! C’est peut-être difficile à croire, mais la plupart des gens nous trouvent très bien comme nous sommes. Nous pouvons commencer à le croire, mais nous tombons ensuite sur l’image d’une belle femme, et à nouveau nous pensons que nous en sommes bien loin.
Le fait de devenir mère, que ce soit en donnant naissance ou par l’adoption, a le pouvoir de magnifier nos sentiments vis-à-vis de notre corps, car c’est à travers lui que nous élevons nos enfants, que ce soit en les faisant grandir, en les portant, en les nourrissant. Une étude de 2008 (Clark et al.) a trouvé que les femmes étaient souvent plus satisfaites de leur corps quand elles étaient enceintes parce que c’est un moment de la vie où la société approuve clairement le fait de ne pas être mince, et qu’elles savent que leur prise de poids a pour but merveilleux de faire grossir un bébé. Mais une fois le bébé né, cette « excuse » disparaît et la pression pour être mince revient (12). Le pic d’insatisfaction semble se situer entre 6 et 18 mois après l’accouchement. Une découverte intéressante, c’est que l’une des raisons pour lesquelles les femmes aiment moins leur corps après l’accouchement, c’est qu’elles le pensent alors moins utile (13).
Dans l’étude de Clark, la moitié des mères étaient frustrées par l’aspect de leur corps après l’accouchement, et leur manque de contrôle sur cela. Une des mères a partagé ce sentiment si familier : « Mes vergetures sont si déprimantes. La moitié du temps, je me sens bien avec mon corps, l’autre moitié du temps, je me sens mal. Pendant la grossesse, je me sentais vraiment bien, car je savais que mon corps faisait exactement ce pour quoi il était fait. »
D’autres femmes dans l’étude de Clark admettaient ne pas aimer à quoi elles ressemblaient, tout en disant qu’elles étaient trop occupées pour s’en préoccuper (14). Alina raconte : « J’ai été élevée par une mère complètement obsédée par la minceur, qui m’a transmis cette obsession. Avant de devenir mère, je m’efforçais de diminuer mon tour de taille, mais maintenant que je n’ai plus vraiment de taille, plutôt que d’en avoir honte comme c’était le cas il y a des années, je me sens plutôt indifférente. J’ai aujourd’hui plus de pain sur la planche, et mon tour de taille doit... attendre son tour. »
Et l’allaitement dans tout ça ?
Comment le sentiment d’avoir un corps qui sert à quelque chose est-il affecté par l’allaitement ? Il est sûr que nourrir un bébé avec son corps peut faire en sorte qu’une femme se sente utile au bien-être de son bébé. Mais quand l’allaitement ne se passe pas bien, cela risque d’aggraver le sentiment d’échec de la femme et l’idée que son corps ne fonctionne pas de la façon dont il devrait le faire (15). Beaucoup de femmes se sentent alors coupables et même honteuses. Amy raconte : « Mon corps est brisé et il m’a lâchée. J’ai mis des années à tomber enceinte. Et je n’ai jamais réussi à produire plus de 30 ml à la fois pour nourrir mon petit garçon, et ce bien que j’aie à peu près tout essayé. »
La façon dont l’allaitement va affecter leur corps préoccupe beaucoup de femmes. Une étude japonaise a trouvé que la pression culturelle intense visant à retrouver sa taille d’avant-grossesse réduit la durée de l’allaitement, souvent à cause de préoccupations sur la façon dont l’allaitement pourrait affecter la forme des seins (16). Une vaste étude anglaise portant sur 12 000 femmes a trouvé un taux d’allaitement plus bas chez celles qui étaient davantage préoccupées par leur apparence corporelle et leur poids (17). Cela peut également refléter un problème avec l’intimité quand les femmes ressentent leur corps comme inacceptable, y compris pour leur propre bébé.
Lorsque l’allaitement se passe bien, la mère se surprend souvent à éprouver un émerveillement et un respect tout nouveaux pour la capacité de son corps à nourrir son tout-petit. Susan raconte : « Quand je me regarde dans le miroir, je suis si incroyablement fière. L’allaitement ne m’avait jamais traversé l’esprit quand je grandissais, que j’achetais de la lingerie fine ou que je me lamentais à propos de mes bonnets B. Et maintenant, je regarde mes seins et je suis en admiration et en paix avec mon corps d’une manière que je n’aurais jamais cru possible. Et plus le temps passe, plus je suis admirative de la perfection que peuvent avoir deux seins et du miracle que représentent la grossesse et la mise au monde. »
Ashley le pense aussi : « Après la naissance de mon fils, je me suis dit "Si j’ai pu mettre au monde ce bébé, alors je peux aussi le nourrir". Bien que je sois actuellement 6 kilos au-dessus de mon poids d’avant la grossesse, je me suis promis de nourrir mon corps d’aliments sains et nutritifs afin d’avoir une lactation optimale. Je suis très loin de mon poids idéal, mais sachant que mon corps fait des choses étonnantes et produit du lait pour mon bébé, je trouve que ça en vaut la peine ! J’adore le voir grossir, et je pourrai toujours perdre mes kilos en trop une fois qu’il sera sevré. »
Christine ajoute : « Après avoir mis au monde et allaité deux gros bébés, je suis fière de mon corps. Je le respecte tellement plus, et je ne me soucie plus de choses superficielles. »
Robyn nous dit à quel point l’allaitement a changé l’opinion qu’elle avait de ses seins : « Je me suis développée tardivement, et je me suis fait moquer horriblement au collège pour mes petits seins. Je les haïssais et pensais que leur taille riquiqui me rendait affreuse. Lors de ma première grossesse, je n’étais pas sûre d’être capable d’allaiter à cause de leur petitesse. Trois enfants et treize années d’allaitement non-stop plus tard, je suis fière de dire que mes petits seins ont fait leur job en beauté. J’en suis maintenant très fière ! »
Leigh Ann : « J’ai senti un nouveau empowerment d’abord en étant enceinte et en faisant grossir un bébé en mon sein. J’ai encore acquis plus de sentiment de respect et de pouvoir en le faisant grandir à mon sein. J’ai toujours lutté avec une mauvaise image du corps, mais j’ai appris à la contrôler afin que cela ne déteigne pas sur mes enfants. J’ai aussi appris à aimer mon corps parce que mes enfants et mon mari l’aiment. Mon corps est la demeure où vit mon esprit. »
Diana Wiessinger, animatrice LLL de longue date, nous dit avoir regardé une série de diapos de seins normaux en post-partum et s’être dit que la plupart des femmes dont elle voyait la poitrine pensaient sûrement, en se regardant dans le miroir, que leurs seins étaient moches et pas assez bien. Et pourtant, tous ces seins normaux, fonctionnels et en bonne santé produisaient le lait dont se nourrissaient leurs bébés. Elle pensait qu’il était vraiment triste que tant de gens trouvent les seins d’une femme mûre moins beaux que les seins immatures d’une jeune fille.
Elle ajoutait : « Je suis allée dans un sauna en Finlande, et sur une plage seins nus au Mexique. Je n’ai eu aucun problème avec les seins nus à l’un ou l’autre endroit. C’est plutôt mon ventre que je ne veux pas que les gens voient ! »
Nikki Lee raconte de son côté : « Je suis allée une fois dans un sauna, avec des femmes de tous âges. Celles d’entre nous qui avaient allaité étaient les plus fières, les plus acceptantes de leurs seins, et les moins critiques de leur taille et forme. Il semble que notre image du corps soit bonifiée par le fait d’avoir utilisé nos seins pour ce pour quoi ils sont faits. »
Une mère néo-zélandaise confiait : « J’ai la sensation que mon corps a mûri comme il faut avec l’allaitement. J’ai augmenté de taille de bonnets avec mes deux premières grossesses (dont une fausse couche), et mon corps est maintenant revenu à sa taille d’avant la naissance. J’ai acquis une nouvelle confiance en mon corps et en ses capacités. Je ne me suis jamais sentie aussi sexy. La sensibilité de mes mamelons a également changé. Auparavant, je trouvais leur stimulation par mon partenaire plutôt ennuyeuse, mais ça ne me gêne plus comme avant. Le seul point négatif, c’est que mes mamelons sont maintenant protubérants, voire élastiques ! C’est vraiment étonnant ! »
Brelfies
Un phénomène récent intéressant, c’est la vogue des « brelfies », des selfies d’allaitement. Selon une récente enquête, une mère sur cinq en a déjà partagé un en ligne. Le site netmums.com a même fait des brelfies la tendance parentale numéro un pour 2015.
On peut se demander si l’on poste des brelfies en dépit de problèmes d’image du corps, parce que montrer sa fierté d’allaiter est plus important, ou si le fait de les poster aide à se sentir plus positive vis-à-vis de son corps.
Chrissie Russell a partagé son opinion à propos des brelfies dans le Irish Independant : « Je pense que la plupart des femmes prennent un brelfie pour la même raison qu’elles prennent n’importe quel selfie – c’est un bon souvenir à garder. Je ne me fais pas d’illusion sur mon allure quand j’allaite. Mon garçon de 6 mois, Tom, est plutôt grand, et la façon la plus confortable pour nous d’allaiter, c’est : moi avachie et lui étalé sur ma poitrine comme un parachutiste. Mais quelquefois, c’est à mon sein qu’il est le plus calme, et quand je vois sa petite frimousse réjouie, c’est un joli moment. Et même si, à ce moment-là, je suis en peignoir plein de taches, les cheveux sales et des poches sous les yeux, lui me regarde comme si j’étais la chose la plus ravissante qu’il ait jamais vue. J’ai envie de conserver cette sensation, alors je prends une photo. »
Et puis arrive la ménopause
Et juste au moment où nous pourrions commencer à faire la paix avec notre corps, le voilà qui prend un virage brutal vers la ménopause, qui change tout. Le poids peut s’accumuler, la peau devient plus sèche (partout), les articulations craquent, les rides apparaissent, et les cheveux commencent à grisonner (si ce n’était pas déjà fait). Si nous n’étions pas déjà devenues invisibles, les changements de la ménopause peuvent être notre première expérience de disparaître dans le paysage. Cela peut amplifier nos sentiments négatifs d’image du corps.
Denise partage ainsi son expérience : « Plein de changements hormonaux m’ont rappelé les premiers jours d’après l’accouchement. J’ai dû aussi modifier complétement mon alimentation. J’ai dû travailler dur pour surmonter (bon, j’y travaille encore) la détestation de moi-même quand je me vois dans un miroir, parce que ma taille est toujours épaisse alors que mes fesses ont complètement disparu. »
Arriver à l’acceptation
La beauté véritable vient de l’intérieur. Certes, mais nous pensons que cela s’applique uniquement aux autres. Il peut être difficile d’arriver à s’accepter comme l’ont fait ces deux femmes :
Angela : « Ce que je voudrais conseiller à toutes les femmes, c’est de célébrer le corps que vous avez à ce moment précis, sans regarder en arrière. Chaque ride, chaque marque, chaque cicatrice raconte une histoire. Mon corps est l’expression de mon voyage en tant que mère et j’en suis fière. Il raconte une histoire de création, de nourriture, de douleur, de joie. Il fait partie de ce que je suis. »
Et Melinda : « J’ai fini par apprécier la capacité de mon corps à se modifier, car sans modification, mes bébés ne seraient pas là. Il est nouveau, il est différent, mais j’en suis fière. »
Donc continuons à raconter nos histoires. Plus nous les partagerons, mieux nous commencerons à comprendre que nos corps sont normaux, et que ce sont les attentes culturelles qui ne le sont pas. Partager nos histoires nous permet de partager les vulnérabilités qui sont des ponts d’acceptation mutuelle entre nous, et rendent moins importante la façon dont le monde extérieur voudrait qu’on soit. Ces ponts peuvent même nous amener à un endroit où nous pourrons apprécier notre moi intérieur, nous permettant de nourrir notre corps et notre esprit de façon vraiment saine, sans nous occuper de sa forme ou de sa taille. Après tout, les gens ne penseront pas à la forme de nos corps quand nous serons parties, uniquement à la forme de nos coeurs.
1. Feingold, A. Good-looking people are not what we think. Psychological bulletin 1992 ; 111(2) : 304.
2. Rhodes, G., Proffitt, F., Grady, J. M., & Sumich, A. Facial symmetry and the perception of beauty. Psychonomic Bulletin & Review 1998 ; 5(4) : 659-669.
3. Thompson, C. J., & Hirschman, E. C. Understanding the socialized body: a poststructuralist analysis of consumers’ self-conceptions, body images, and self-care practices. Journal of Consumer Research 1995 ; 139-153.
4. Striegel-Moore, R. H., & Franko, D. L. Body image issues among girls and women. Body image: A handbook of theory, research, and clinical practice 2002 ; 183-191.
5. Feingold, A., & Mazzella, R. Gender differences in body image are increasing. Psychological Science 1998 ; 9(3) : 190-195.
6. Roth, H., Homer, C., & Fenwick, J. Bouncing back: How Australia’s leading women’s magazines portray the postpartum body. Women and Birth 2012 ; 25(3) :128-134.
7. Grabe, S., Ward, L. M., & Hyde, J. S. The role of the media in body image concerns among women: a meta-analysis of experimental and correlational studies. Psychological bulletin 2008 ; 134(3) : 460.
8. Ibid.
9. Yamamiya, Y., Cash, T. F., Melnyk, S. E., Posavac, H. D., & Posavac, S. S. Women’s exposure to thin-and-beautiful media images: Body image effects of media-ideal internalization and impact-reduction interventions. Body image 2005 ; 2(1) : 74-80.
10. Jordan, K., Capdevila, R., & Johnson, S. Baby or beauty: a Q study into post pregnancy body image. Journal of reproductive and infant psychology 2005 ; 23(1) :19-31.
11. Cash, T. F., & Pruzinsky, T. Body image: A handbook of theory, research, and clinical practice 2004 ; The Guilford Press.
12. Clark, A., Skouteris, H., Wertheim, E. H., Paxton, S. J., & Milgrom, J. My baby body: A qualitative insight into women’s body‐related experiences and mood during pregnancy and the postpartum. Journal of reproductive and infant psychology 2009 ; 27(4) : 330-345.
13. Ibid.
14. Ibid.
15. Orbach, S. Breastfeeding failure leads to increased body dissatisfaction. Bodies 2009 ; Macmillan.
16. Inoue, M., & Binns, C. Weight Gain: Women’s attitudes, health implications and psychological challenges 2013 ; New York: Nova Science Publishers, Chapter 3 : 63.
17. Barnes, J., Stein, A., Smith, T., & Pollock, J. I. Extreme attitudes to body shape, social and psychological factors and a reluctance to breast feed. Journal of the Royal Society of Medicine 1997 ; 90(10) : 551-559.
Pour la plupart des femmes, l’insatisfaction vis-à-vis de leur poids et de leurs formes est toujours présente, mais de façon assez atténuée pour que cela n’affecte pas leur fonctionnement quotidien. Mais lorsque cela interfère avec les activités quotidiennes et la productivité normale, il peut être bon de s’adresser à un thérapeute spécialisé dans la dysmorphophobie ou dysmorphobie (crainte obsédante d’être laid ou malformé : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dysmorphophobie).
* Diana West est animatrice LLL, consultante en lactation IBCLC. Elle a écrit ou co-écrit plusieurs ouvrages, notamment la huitième édition de L’Art de l’allaitement maternel et Plus de lait !, qui vient de paraître en français.
** Lisa Manning est animatrice LLL en Nouvelle-Zélande, et journaliste.
Ce numéro est en vente dans la boutique.
Un immense merci pour ces témoignages, ça fait du bien de lire cela...
Cela fait maintenant 9 mois que j'ai accouché, et que j'allaite mon fils, mon corps est marqué et j'ai du mal à l'accepter comme il est.
Ces kilos en trop, je les enlèverais bien mais le simple fait de penser que c'est ce corps qui a pu fabriquer un petit être et qui le nourrit, c'est fantastique... je me suis battue pour mon allaitement, encore plus maintenant car je n'ai pas envie d'arrêter malgré la pression sociale, alors tout simplement MERCI!
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