Ce texte est adapté de « Tongue Tie: What More Can We Offer? » (Frein de langue serré : que proposer de plus ?), un exposé de Myrte van Lonkhuijsen pour la conférence en ligne à l’occasion du 60e anniversaire de LLLI.
Compte-rendu par Mary Francell paru dans Leader Today (octobre 2017).Traduit par Justine Piette.
La conférence en ligne pour le 60e anniversaire de LLLI a réuni de nombreux exposés intéressants, mais la présentation de Myrte van Lonkhuiijsen intitulée « Frein de la langue serré : que proposer de plus ? » m’a particulièrement captivée.
Lonkhuijsen a d'abord partagé le constat que l’ankyloglossie antérieure classique (frein de la langue d'un nourrisson court et attaché à la pointe de la langue ou juste derrière celle-ci) est en général facilement diagnostiquée et traitée par les médecins et sages-femmes par une rapide incision du frein. Cependant, d’autres différences de l’anatomie de la bouche ne sont pas forcément aussi évidentes, notamment un menton fuyant, ou encore un frein lingual sous-muqueux ou postérieur (frein serré à la base de la langue) susceptible de résulter d'un léger torticolis (raideur du cou).
De plus, les parents éprouvent parfois de la réticence à l’idée que l’on coupe dans la langue de leur nourrisson ou que son corps soit soumis à une manipulation quelconque, et ce pour diverses raisons, notamment le coût et la disponibilité de ces services.
Ensuite, Lonkhuijsen a posé la question suivante : « Pouvons-nous proposer autre chose ? L’allaitement lui-même pourrait-il constituer une partie de la solution ? »
La réponse se cache peut-être dans les peintures anciennes représentant des mères allaitant leurs bébés. Si l’on recommande aujourd'hui aux mères de tenir leur bébé dans une position arrondie presque à l’horizontale, les tableaux anciens montrent des nourrissons allaités davantage à la verticale, le bras de la mère soutenant le dos de l’enfant. Les mères tiennent leur sein en ciseaux, le levant presque jusqu’à la bouche du bébé, un geste aujourd’hui souvent déconseillé.
En se fondant sur cette technique d'allaitement « médiévale », Lonkhuijsen a mis au point la position « Concorde », ainsi nommée car le sein est levé, mais le mamelon est dirigé vers le bas, à la manière du nez d'un avion Concorde.
La mère s’assied confortablement en maintenant le nourrisson contre elle, un bras le long de la colonne vertébrale du bébé, les jambes de celui-ci reposant sur ses cuisses. Un index posé près de l’aréole et parallèle à la lèvre inférieure du bébé soutient le sein et le lève vers la mâchoire. Le bras de la mère rapproche vers elle la partie inférieure du corps du nourrisson, ce dernier peut ainsi doucement incliner sa tête vers l’arrière.
Voir sur le site de Lonkhuijsen : https://www.myrteibclc.nl/en/category/concorde/.
Cette position favorise la détente, l’ouverture de la bouche et un large éventail de mouvements de la mâchoire inférieure, tout en apprenant au nourrisson qu'une meilleure prise du sein lui fournira plus de lait.
D’autres peintures anciennes nous apportent des signes supplémentaires de l’efficacité de cette technique. Lonkhuijsen a analysé deux tableaux représentant des enfants royaux, le premier ayant un menton saillant, l’autre fuyant, et a émis l’hypothèse que le bébé au menton fuyant avait un frein de la langue court. Nous pouvons supposer que ces bébés étaient tous deux allaités, pour la simple et bonne raison qu’à l’époque, ils n’auraient jamais atteint l’âge adulte sans cela. Lonkhuijsen en conclut qu’une anatomie buccale parfaite n’est peut-être pas nécessaire pour réussir un allaitement, et que l’action même de boire au sein favorise et stimule une croissance orofaciale optimale.
Elle cite d'autres techniques pour venir en aide aux nourrissons présentant une anomalie de la bouche.
La méthode de l’imitation consiste pour le parent à encourager en douceur le nourrisson à tirer la langue, en sortant lui-même sa langue jusqu’à son menton ou son nez. Associée à l’imitation, l’utilisation d’un mot de code, par exemple « ouvre », peut apporter des résultats encore meilleurs.
La compression du sein permet d’augmenter le débit du lait pour les bébés habitués aux biberons.
Prendre une grande inspiration en relâchant les épaules est également propice à un débit de lait plus important.
Si un nourrisson doit subir une frénotomie, Lonkhuijsen affirme que l’allaitement est le meilleur soin de suivi possible, car il suppose un mouvement de la langue intense et d’extension, au moins huit fois par 24 heures. Pour se nourrir au sein avec efficacité, les bébés doivent être dans une position qui leur offre assez d’espace au niveau de la mâchoire et une liberté de mouvement optimale de la bouche. Les bébés doivent également expérimenter le fait que sortir la langue en vaut la peine.
La prise Concorde est par conséquent un outil supplémentaire que nous pouvons proposer aux parents pour les aider, avec leur bébé, à rendre l’allaitement confortable et gratifiant, en particulier si le nourrisson présente une anomalie de la cavité buccale.
Mary Francell et son époux Howard sont les parents de trois enfants allaités aujourd'hui âgés de 25, 21 et 18 ans. Figure d'importance au sein de LLL depuis plus de 20 ans, elle est Area Professional Liaison pour LLL en Géorgie (États-Unis) et collaboratrice à la rédaction de Leader Today. Consultante en lactation certifiée IBCLC, Mary travaille à mi-temps dans une clinique pédiatrique. Par ailleurs, elle assure une consultation dans un cabinet d’allaitement privé à Atlanta, en Géorgie, avec lequel elle est sous contrat.
Myrte van Lonkhuijsen, ancienne animatrice LLL, est depuis l’an 2000 consultante en lactation certifiée IBCLC dans un cabinet privé d’Amsterdam, aux Pays-Bas. Formée en sciences de l’éducation, elle s’est passionnée pour l’allaitement en allaitant ses trois enfants.
Excellent travail. Merci pour les informations très précises.
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