Julie Hamdan et Marie Courdent, LLL France
Réponses validées par le Pr Dominique Turck, pédiatre, spécialité gastroentérologie-nutrition, Département de pédiatrie, UFR3S Sciences de la santé et du sport, Université de Lille
2 juin 2023
Q1– Nous souhaitons pour notre enfant à naître un allaitement mixte. Quel type de lait 1er âge devrons-nous lui donner ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF, puéricultrice IBCLC, DIULHAM et Julie Hamdan, animatrice LLLF, médecin, DIULHAM, IBCLC – En cas d’alimentation mixte, les sociétés savantes de pédiatres et d’allergologues recommandent une préparation pour nourrissons (PPN) classique, produit traditionnellement appelé lait 1er âge. D’après ces mêmes sociétés savantes, les PPN dites "Relais de l’allaitement maternel" n’apportent aucun bénéfice par rapport à une PPN classique.
Q2 – J’attends notre second enfant. Pour l'aîné, lui aussi allaité, j’ai dû donner des compléments de lait 1er âge durant le séjour en maternité. Si cela devait se reproduire, j’aimerais éviter d’introduire une Préparation Pour Nourrissons à base de lait de vache. Que puis-je faire ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF, puéricultrice IBCLC, DIULHAM, Julie Hamdan, animatrice LLLF, médecin, DIULHAM, IBCLC, et Vanessa Lasne, animatrice LLLF, IBCLC – Quelle bonne idée d'anticiper cette éventualité, car vous pourrez, avec l'accord des professionnels qui suivent votre grossesse, dès 36-37 semaines d’aménorrhée, commencer à exprimer à la main du colostrum. Cette pratique encore peu connue fait peu à peu son chemin dans les maternités. N’hésitez pas à en parler pendant la grossesse avec les professionnels qui vous suivent. Le colustrum sera recueilli dans des seringues, congelé chez vous, et apporté à la maternité si besoin et si possible. Si toutefois vous n’aviez pas l’autorisation d’apporter ce colostrum recueilli à l’extérieur, n’hésitez pas à demander de quoi le recueillir sur place, pendant ou après le travail (seringue ou petit flacon). Ainsi, en cas de nécessité de compléments, vous éviterez tout produit industriel à base de lait de vache. Vous réduirez ainsi les risques que votre enfant se sensibilise aux protéines du lait de vache et développe ultérieurement une allergie à ces mêmes protéines. Vous permettrez aussi à votre bébé de conserver intact son microbiote intestinal, qui est si spécifique aux bébés allaités exclusivement. Voir aussi Le point sur l'hypoglycémie du nouveau-né.
Q3 – Je viens d’accoucher, et je suis toujours à la maternité. À J3, mon bébé allaité exclusivement continue à perdre du poids. Le personnel commence à nous parler de lait 1er âge à donner en complément. Vers lequel se tourner ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF, puéricultrice IBCLC, DIULHAM, et Julie Hamdan, animatrice LLLF, médecin, DIULHAM, IBCLC – Si, malgré des tétées très fréquentes, parfois toutes les heures, toutes les 2 heures, aux deux seins à chaque fois, en utilisant la compression du sein avec votre main pour lui procurer plus de lait, en s’aidant de la position instinctive ou BN (Biological Nurturing) qui permet à un bébé endormi de téter, et plus généralement au bébé d’exprimer tous ses réflexes et toutes ses compétences, et en utilisant l'expression manuelle de colostrum après chaque tétée, qui peut lui être donné à la petite cuillère "en dessert", si, malgré tout cela, son poids continue à baisser et que les pédiatres prescrivent un complément, les recommandations des sociétés savantes de pédiatres et d'allergologues sont claires : la préparation indiquée dans ce cas est un hydrolysat de protéines et non un lait 1er âge (PPN) classique. En effet, l’hydrolysat, fabriqué à base de lait de vache, ne comporte plus ou très peu de protéines spécifiques du lait de vache (PLV), elles ont été fragmentées (cassées) en tout petits morceaux, contrairement aux PPN classiques qui comportent des PLV entières. Cette recommandation très forte vise tout d’abord à ne pas donner de complément quand d’autres pistes existent pour optimiser l’allaitement. Dans les rares cas où ces compléments sont réellement indispensables, afin de prévenir une sensibilisation aux PLV qui risquerait de déclencher une allergie aux protéines du lait de vache (APLV) quand le bébé en reconsommera plus tard, ils doivent donc être donnés au moyen d’un hydrolysat de protéines. Cette recommandation, fondée sur les preuves, est valable que l’enfant ait ou non des antécédents d’allergie, notamment familiaux.
Certains spécialistes proposent, éventuellement, à la place d’un hydrolysat de protéines du lait de vache, un lait 1er âge ou PPN à base de protéines de riz, sans qu'il y ait d'étude formelle sur ces produits en prévention des APLV.
Les nourettes d’hydrolysat de protéines de lait de vache (des petits flacons prêts à l’emploi), distribués en maternité, existent et il faut vraiment exiger ce type de PPN. On sait que l’exposition ponctuelle et très précoce aux PLV causée par les compléments de PPN classique ou lait 1er âge durant les premiers jours de vie représente la principale cause d’allergie ultérieure aux protéines de lait de vache chez les bébés allaités.
Q4 – Je dois sortir aujourd'hui de maternité, mon allaitement a parfaitement bien démarré, mon bébé est allaité exclusivement sans avoir reçu aucun complément. Or, comme il a des antécédents familiaux d'allergie alimentaire (au choix : papa, maman, frère, sœur), le pédiatre me demande d'arrêter l'allaitement exclusif et de donner tous les jours 10 ml de lait 1er âge classique. Je voulais tous les avantages de l'allaitement exclusif pour mon enfant, et voilà qu'une prescription médicale va à contresens de ce projet. Que dois-je faire ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF, puéricultrice IBCLC, DIULHAM, et Julie Hamdan, animatrice LLLF, médecin, DIULHAM, IBCLC – Certains pédiatres allergologues francophones ont en effet publié récemment des articles indiquant la proposition (qu’ils n’ont fort justement pas nommée "recommandation") d’administrer du lait 1er âge à raison de 10 ml par jour, jusqu’à la diversification, chez les bébés exclusivement allaités dits "à risque atopique", "voire de façon plus large". Sont considérés à risque atopique les nouveau-nés chez qui un apparenté au premier degré (père, mère, frère ou sœur) présente ou a présenté une des pathologies suivantes : asthme allergique, eczéma allergique (ou dermatite atopique), rhinite allergique, conjonctivite allergique, allergie alimentaire. Nous commençons à recueillir des témoignages de mamans à qui il a été préconisé de suivre cette "proposition", telle quelle ou avec diverses variantes (1 biberon par jour, 1 biberon par semaine...). Ces allergologues s’appuient sur une seule étude, menée au Japon où les pratiques alimentaires et d’allaitement sont différentes de celles de la France. Elle comporte des biais méthodologiques, n'est pas suffisamment solide pour étayer des recommandations et justifier cette "expérimentation grandeur nature", quand on sait l'impact que cela peut avoir sur l'allaitement.
Sur la flore intestinale d’abord, puisque de nombreuses recherches sont en cours sur le sujet et qu’il est scientifiquement établi que le microbiote intestinal du bébé allaité exclusivement est différent de celui du bébé allaité partiellement, et que ce microbiote intestinal participe à l’état de santé du futur enfant et adulte.
Sur la durée d’allaitement ensuite, puisqu’il est également prouvé que l’introduction de compléments de PPN est associée à des durées d’allaitement plus courtes. En effet, cette "proposition" amène à avoir une boîte de lait 1er âge classique dans la cuisine. Sur un plan pratique, le lait 1er âge ne se reconstitue que par volumes de 30 ml, et la boîte ouverte se conserve peu de temps. Va-t-il donc falloir gaspiller du lait 1er âge, les parents vont-ils donner les 30 ml pour ne pas en jeter ? Un soir de doutes, de questionnements, ou pour toute autre "bonne" raison, il peut être tentant, puisqu’elle est là, entamée, et qu’elle a une durée de vie de trois semaines, de donner, en plus ou à la place d'une tétée, un biberon de ce lait 1er âge. De même qu'un loup dans une bergerie mange les moutons, si les biberons se répètent, ils risquent de "manger" (remplacer) les tétées, ce qui peut vite ressembler à une pente savonneuse conduisant au sevrage, plus précoce que souhaité et qui peut laisser un goût amer…
Le Professeur Dominique Turck, pédiatre spécialisé en gastroentérologie–nutrition au CHU de Lille, est très précis à ce sujet : "Cette proposition est non fondée et totalement irresponsable ." (voir la vidéo de l'intervention du Professeur Turck lors de la conférence du 14 mars 2023).
Q5 – Notre séjour en maternité se termine et j'ai dû, durant ces quelques jours, à la demande des professionnels de santé, donner des compléments de lait 1er âge classique (aux protéines entières). Lors de l'examen de sortie de la maternité, le pédiatre m'a demandé de poursuivre, alors que mon bébé est dorénavant exclusivement allaité, le don de lait 1er âge à raison de 10 ml par jour (parfois 30 ml par jour, un biberon par jour, un biberon par semaine...). Que penser de cette prescription ? Que devons-nous faire ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF, puéricultrice IBCLC, DIULHAM, et Julie Hamdan, animatrice LLLF, médecin, DIULHAM, IBCLC – Les recommandations de bonne pratique n’ont pas été respectées puisque, dans ce cas de figure, le produit recommandé est un hydrolysat et non une préparation pour nourrissons (PPN) classique. C’est encore fréquent en 2023 en France.
Il faut des études solides pour bouleverser des pratiques étayées et validées. À ce jour, il n’existe pas de telles études permettant de prouver que l’exposition du bébé à de petites quantités de lait 1er âge classique, quotidiennement, diminuerait le risque d'APLV ultérieurement, et ce sans impact négatif sur l’allaitement. Il n’y a aucune étude sur une exposition hebdomadaire à du lait 1er âge. En résumé, il n’y a actuellement pas de solide justification à s’engouffrer dans de nouvelles pratiques non fondées sur les preuves. Ces conseils du pédiatre sont basés sur des articles de pédiatres allergologues francophones, eux-mêmes basés sur une étude unique réalisée au Japon qui comporte de nombreux biais. Il ne s'agit donc nullement de recommandations d'une société savante, ni de recommandations d'un organisme public de santé (en France, ministère de la Santé, HAS, Santé Publique France par exemple). De plus, il faut prendre en considération l'impact potentiel qu’un tel conseil peut avoir sur l'allaitement exclusif (tentation d’avoir sous la main une boîte de lait en poudre les soirs de doute ou de fatigue…), et sur le microbiote qui n’est pas le même si le bébé est exclusivement allaité ou s’il reçoit du lait 1er âge, même en petite quantité, etc.
Q6 – Je quitte la maternité avec mon bébé allaité exclusivement. On me parle de lui donner tous les jours du lait 1er âge pour prévenir les allergies. Je consomme du lait de vache. Je sais que des PLV vont passer dans mon lait. Cela devrait suffire pour le protéger d’une APLV, n’est-ce pas ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF, puéricultrice IBCLC, DIULHAM, et Julie Hamdan, animatrice LLLF, médecin, DIULHAM, IBCLC – Recevoir, via le lait maternel, des protéines de lait de vache consommées par la mère, qui ont été digérées, métabolisées, et sont devenues des petits peptides (protéines plus courtes) n’a pas le même impact immunogène que recevoir directement des protéines entières de lait de vache dans une PPN (lait artificiel) classique. Les pédiatres allergologues s'accordent actuellement sur le fait que la consommation de protéines de lait de vache (PLV) par la mère qui allaite ne suffit pas à éviter une allergie aux PLV ultérieure chez l’enfant. Les PLV ainsi modifiées que l'on trouve dans le lait maternel peuvent aider l'enfant à acquérir une tolérance, ou au contraire dans certains cas déclencher une réaction allergique.
Autres questions/réponses
Q7 – Je sors de la maternité, où mon bébé a reçu des compléments d'hydrolysat de Protéines du Lait de Vache (PLV) ; il en a encore besoin ponctuellement, mais j'ai pour projet d'arriver très prochainement à un allaitement exclusif. Quelle Préparation Pour Nourrissons (PPN) lui donner en plus de mon lait ?
Qbis – J’allaite exclusivement depuis sa naissance mon bébé de 15 jours, mais ma lactation n’est pas suffisante. Je dois introduire, je l’espère ponctuellement, des compléments. Quelle PPN lui donner en plus de mon lait ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF, puéricultrice IBCLC, DIULHAM, et Julie Hamdan, animatrice LLLF, médecin, DIULHAM, IBCLC – Sauf avis contraire du médecin ou pédiatre traitant de l'enfant, à partir du moment où les compléments sont ponctuels et temporaires, il est préférable d'utiliser une PPN à type d'hydrolysat de PLV ou bien une PPN à base de riz, et ce, que l'enfant soit à risque atopique ou non. En effet, une exposition ponctuelle à des PLV risquerait de sensibiliser l'enfant et que celui-ci développe ultérieurement une allergie aux protéines de lait de vache.
PS. Sont considérés à risque atopique les nouveau-nés et nourrissons chez qui un apparenté au premier degré (père, mère, frère ou sœur) présente ou a présenté une des pathologies suivantes : asthme allergique, eczéma allergique (alias dermatite atopique), rhinite allergique, conjonctivite allergique, allergie alimentaire.
Q8 – J'allaite exclusivement mon bébé de 3 semaines, et pour de multiples raisons, je souhaite passer en alimentation mixte. Quelle PPN utiliser ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF, puéricultrice IBCLC, DIULHAM, et Julie Hamdan, animatrice LLLF, médecin, DIULHAM, IBCLC – Sauf avis contraire du médecin ou pédiatre traitant de l'enfant, et que l'enfant soit à risque atopique ou non, il est recommandé dans cette situation d'utiliser une PPN classique, alias lait 1er âge classique, qui contient donc des PLV entières.
En cas de symptôme(s) suspect(s) d’allergie aux protéines de lait de vache (APLV), mieux vaudra prendre un avis médical quant au type de PPN à donner au bébé.
De même, en cas de réaction suspecte d’APLV à la suite de l’administration d’un ou plusieurs biberons de lait 1er âge, un avis médical sera requis.
L’APLV peut se manifester par une réaction immédiate (urticaire, œdème de Quincke) ou bien retardée (symptômes souvent peu spécifiques tels qu’eczéma, pleurs excessifs, régurgitations et/ou coliques très intenses).
Q9 – J’allaite exclusivement mon bébé de 3 mois et souhaite ponctuellement lui donner un biberon de PPN, laquelle choisir ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF, puéricultrice IBCLC, DIULHAM, et Julie Hamdan, animatrice LLLF, médecin, DIULHAM, IBCLC – La littérature scientifique, à l’heure actuelle, ne répond pas à cette question précise. On sait que le risque de sensibiliser le bébé aux PLV est maximal dans les premiers jours de vie, notamment lors du séjour à la maternité. Mais il n’existe pour le moment pas d’âge défini au-delà duquel la recommandation de donner un hydrolysat de protéines de lait de vache en cas de complément ponctuel de PPN ne s’applique plus, permettant de rebasculer sur un lait 1er âge classique. Il est possible de solliciter l’avis du médecin ou pédiatre traitant.
Q10 – À partir de la vidéo de l'intervention du Professeur Turck lors de la conférence du 14 mars 2023, au CHU de Lille, "Alimentation : un enjeu santé pour maman et bébé", dans le cadre des 1000 jours. À la minute 41.25, question de la salle : "Dans le cadre des allergies familiales, est-ce qu'il y a des recommandations particulières pour l' introduction de certains aliments ou pas ?"
R du Professeur Dominique Turck (Département de Pédiatrie, Faculté de Médecine, CHR Lille) – "Je profite de votre question pour tordre le coup à un bruit de fond d'une recommandation qui n'en est pas une de quelques pédiatres allergologues qui recommandent, chez les enfants allaités exclusivement, de donner à partir de l'âge d'un mois 10 ml d'un lait pour nourrissons. C'est non fondé par la science, et c'est totalement irresponsable en termes de recommandation. C'est pas un comité d'experts, c'est des gens qui se sont réunis, c'est la liberté de chacun d'écrire "Nous, on pense que", c'est une étude japonaise, une, et qui est mal faite sur le plan méthodologique... Pourquoi cette étude a eu tant d'écho ? Surprenant ! On peut se poser la question du fait que certains, suivez mon regard, aient donné de l'écho pour des raisons bassement mercantiles, mais c'est pas bien du tout, c'est pas bien du tout. Quand on fait une recommandation, on doit se mettre tous ensemble, on doit s'asseoir, on ne doit pas s'envoyer des scuds des allergologues ou nutritionnistes, des pédiatres à je ne sais quoi, c'est vraiment pas bien.
Pour les enfants qui ont un risque allergique parce que papa, maman, frère, sœur... a une allergie authentique, au jour d'aujourd'hui, il y a aucune raison de faire différemment des autres enfants."
Q11 – Quand j’ai allaité mon aînée, elle a fait une grosse réaction aux Protéines de Lait de Vache que je consommais. Moi-même, enfant, j’étais IPLV (Intolérante aux Protéines du Lait de Vache ; APLV est pour Allergie aux PLV). Je suis enceinte de mon second enfant, dois-je faire un régime sans lait de vache ni laitages ?
R de Marie Courdent, animatrice LLL France – Les résultats des études sur la prévention des allergies chez les enfants sont actuellement en faveur d'une non-éviction des allergènes durant la grossesse (lait de vache, arachide, poisson, œufs, etc.).
Dans la réalité, les futures mamans qui ont eu un enfant APLV consomment souvent les PLV avec modération, sans se mettre en éviction totale, partant du principe que l’on ne peut tolérer que ce que l’on rencontre. La sensibilisation aux PLV peut se faire dès la grossesse, lors des premiers jours de vie avec un ou des biberons de lait industriel 1er âge à protéines entières donnés en complément des tétées, ou durant l’allaitement.
Pour essayer de limiter au maximum les allergies, les suggestions suivantes peuvent être appliquées :
- N’abusez pas de lait de vache, ni de laitages, ni de quoi que ce soit pendant la grossesse ou pendant l’allaitement. Si vous n'aimez pas le lait et les laitages, surtout, ne vous forcez pas à en consommer. Écoutez votre instinct !
- Adoptez une alimentation variée, sans abus, sans excès, sans changements radicaux.
- Exprimez du colostrum en anténatal pour le donner en complément des tétées les premiers jours, et ainsi éviter le lait industriel.
- Si naissance par césarienne il y a, voici un partage d'expériences originales mais réelles pour contaminer néanmoins le nouveau-né avec la bonne flore vaginale de sa maman : introduire un mouchoir en tissu dans le vagin pour ensuite le passer sur le visage de l'enfant dès la naissance afin qu'il soit en contact le plus vite possible avec la flore maternelle plutôt qu'avec la flore de l'hôpital. Parlez-en avec la sage-femme qui vous suit.
- Évitez +++ les antibiotiques en péripartum, qui modifieraient les microbiotes intestinaux maternel et du nouveau-né.
- Évitez les compléments de laits industriels 1er âge, "relais" et hypoallergéniques. Si, les premiers jours, un complément aux tétées vous est prescrit, et que vous n’avez pas de colostrum exprimé en anténatal ou juste après la tétée, demandez une préparation d’hydrolysat de protéines ou mieux, une préparation d‘acides aminés.
- Si l’enfant a la peau sèche, pour éviter une sensibilisation transcutanée via la peau lésée, lhydratez-la quotidiennement avec des produits hypoallergéniques contenant peu de composants chimiques, sans ingrédients "alimentaires" type avoine, lait, germe de blé, huile d'amande douce, etc., qui pourraient le sensibiliser.
- Soyez attentive aux signes d'APLV chez le nouveau-né pour ne pas traîner à rechercher informations et soutien avant d’envisager un régime d'éviction maternelle si besoin est. Voir AA 125 : Être allaité et néanmoins allergique
- Participez aux réunions LLL dès la grossesse et après la naissance pour recevoir informations et soutien.
Q12 – Notre fille de 4 mois, allaitée depuis sa naissance, a commencé à avoir des selles avec du sang (rouge vif). Parallèlement, son sommeil s’est énormément dégradé, les pleurs sont également plus nombreux, de grosses crises de larmes (en général une à deux heures après la tétée) où elle se cambre en arrière, il faut parfois une heure dans nos bras pour qu’elle se calme. Notre pédiatre a pensé à une Allergie aux Protéines de Lait de Vache (APLV) via mon alimentation, j’ai donc arrêté tous les produits laitiers, pas de résultat après une semaine. De plus, les résultats de l'analyse de sang n'ont pas montré d'APLV.
R – Quand le médecin suspecte une Allergie aux Protéines de Lait de Vache (APLV), pour en avoir le cœur net, le régime d'éviction de ces protéines de lait de vache (PLV) par la maman en allaitement exclusif consiste à éliminer de son alimentation tous les laits animaux et produits contenant du lait animal visible (vache + chèvre + brebis) ainsi que les boissons et produits à base de soja, car il existe un risque d’allergie croisée, et ce pendant 3-4 semaines. Donc pas de yaourt, crème fraîche, beurre, gruyère râpé, fromage, quiche, etc. On peut en revanche continuer fruits, légumes, légumineuses, céréales, huiles végétales, protéines animales et végétales.
Avec cet arrêt du lait, la plupart des mamans dont l’enfant réagit aux protéines de lait voient une amélioration, celle-ci peut être nette ou progressive. Certaines mamans doivent passer aussi par une éviction du lait caché dans les produits industriels, dont il faut étudier les étiquettes pour repérer les traces de lait qu’ils contiennent.
Si ces trois semaines d’éviction ont montré une amélioration de l’état de l’enfant, et que vous devez poursuivre l’éviction, un accompagnement par un allergologue sera indiqué pour le suivi de votre bébé. L’avis d’une diététicienne/nutritionniste pourra également se révéler précieux pour adapter au mieux votre alimentation dans la durée, sans crainte de carence, en calcium notamment. Plus tard, avec l'accompagnement de l’allergologue, réintroduire progressivement dans l’alimentation maternelle les traces de lait va permettre à l’enfant de rencontrer l’allergène et d’apprendre à le tolérer.
Si le régime d'éviction n'apporte pas d'amélioration et que le médecin suspecte toujours une allergie, celle-ci peut être à un autre aliment qui peut s'ajouter ou non aux PLV. L'avis d'un allergologue aidera à trouver ce que l'enfant ne tolère pas.
– Mais les résultats de l’analyse de sang n’ont pas montré d’allergie aux protéines de lait de vache.
– On distingue les allergies immédiates, dont les symptômes se déclenchent dans les minutes qui suivent l’ingestion de l’allergène (urticaire, œdème de Quincke, choc anaphylactique) et les allergies retardées dont les manifestations, décalées de plusieurs heures ou jours, sont moins spécifiques, ce qui complique le diagnostic (troubles digestifs à type de régurgitations à distance des tétées, troubles du sommeil, eczéma, pleurs, problèmes ORL, stagnation pondérale…).
L’allergie immédiate ou IgE médiée peut le plus souvent être confirmée par une analyse sanguine (recherche d’anticorps spécifiques de type IgE) et/ou des tests cutanés (prick-tests).
L’allergie retardée dite non IgE médiée n'est pas confirmée par une analyse sanguine. Elle peut être confirmée par tests cutanés (patch-tests), avec un risque de résultats faussement négatifs, notamment chez le bébé de moins de 6 mois. C’est pourquoi le régime d’éviction d’épreuve, c’est-à-dire à l’essai, permettra de trancher sur le diagnostic en fonction de son efficacité.
En conclusion, un enfant avec une prise de sang négative peut être porteur d'une allergie retardée aux PLV.
Q13 – Mon aîné de 3 ans, allaité pendant 2 ans et demi, est polyallergique sévère avec IgE élevé pour les PLV, œuf, céleri, poivron, moutarde, etc . Je suis enceinte de 6 mois. Bien sûr, je souhaite allaiter mon second également, même si je me doute qu'il aura aussi des allergies. Si je suis les recommandations médicales correctement, il faudrait commencer la diversification à 4 mois plutôt qu'à 6 mois, étant donné qu'il est "à haut risque de développer des allergies". Qu’en pensez-vous ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF, puéricultrice IBCLC, DIULHAM, et Julie Hamdan, animatrice LLLF, médecin, DIULHAM, IBCLC – Je comprends que vous envisagiez que votre second enfant soit allergique comme l’est votre aîné, mais chaque enfant est différent. Qui sait, l’hérédité de votre cadet, la grossesse, les conditions de naissance, etc., seront différentes, et peut-être échappera-t-il à cette problématique ? Nous, animatrices LLL, de par l’expérience des mères, nos lectures, les conférences auxquelles nous avons pu assister, sommes persuadées que l’allaitement permet aux enfants de rencontrer les allergènes dès la naissance via le lait maternel. Dans la grande majorité des cas, cela va les aider à apprendre à les tolérer. Aussi, se précipiter pour diversifier à 4 mois avant que l’enfant ne soit prêt physiologiquement à manger des solides, nous interpelle.Il n'y a pas de réel consensus à ce sujet au niveau mondial. Nous ne pouvons que vous encourager à faire suivre votre bébé à naitre par un allergologue "ami de l’allaitement".
Durant votre grossesse, n’hésitez pas à avoir une alimentation variée, sans abus, sans excès et sans changements notables importants. Suivez votre instinct sans vous forcer.
La vidéo de l'intervention du Professeur Turck lors de la conférence du 14 mars 2023 (CHU de Lille, "Alimentation : un enjeu santé pour maman et bébé", dans le cadre des 1000 jours) répondra en partie à vos questions. À 17.05 minutes, il dit : "Diversification : Entre 4 et 6 mois : l’enfant va bien et a envie et ses parents aussi… 6 mois comme dit l’OMS, c’est compris entre 4 et 6 mois."
Q14 – De façon assez exceptionnelle, certains enfants développent une allergie à l’histamine. Comment avez-vous fait le diagnostic pour votre petit garçon ?
R de C., animatrice LLLF – C’est l’allergologue qui a fait le diagnostic alors qu' Arthur avait 9 mois. Depuis sa naissance, notre petit garçon avait de nombreux problèmes digestifs : diarrhées (plus de 15 selles irritantes par jour, alors qu'il était allaité exclusivement), RGO, gastrite (diagnostiquée sous fibroscopie) ; et cutanés : érythème fessier résistant à l'application de lait maternel, eczéma. Nous avons donc tenté les évictions alimentaires les plus courantes : produits laitiers, gluten, œufs... Beaucoup de symptômes persistaient, notamment les signes cutanés. Nous avons donc procédé à d'autres évictions, pour moi qui l’allaitais et pour lui. Puis nous avons réintroduit les aliments un à un. Quand nous avons rencontré l'allergologue, elle a pu constater la liste d'aliments auxquels il réagissait et proposer un régime pauvre en histamine. Elle nous a confirmé que l'histamine passait dans le lait maternel. Il avait aussi une espèce d'eczéma résiduel sur ses deux joues qui étaient rouges, sèches, et cela s'accentuait avec les aliments à forte teneur en histamine. Ce qui a confirmé le diagnostic, c'est qu'il allait mieux suite au régime "sans histamine". Quand nous avons fait l'éviction puis la réintroduction, quelques minutes après avoir mangé de l'histamine, ses joues et ses lèvres ont commencé à rougir, il a également eu des troubles digestifs (RGO, diarhée). L'allergologue nous a donné une liste des aliments à éviter : chocolat, tomates, café, moutarde, avocat, choux, champignons, fraises, poireaux, crevettes..... D’autre part, les aliments devant être très frais sinon ils libèrent de l’histamine, je congelais dès l’achat la viande. Il ne pouvait manger aucun aliment préparé ou transformé, toutes les méthodes de conservation en dehors de la congélation étaient source d'histamine.... Aujourd'hui, il va bientôt avoir 5 ans, et même s' il ne mange pas vraiment comme tous les autres enfants de son âge puisqu'il conserve des allergies alimentaires, il peut manger en quantité modérée des aliments naturellement riches en histamine. Quand il dépasse la "limite" ou quand il mange des aliments industriels, nous savons que son corps réagit à l'histamine car ses joues deviennent toutes rouges et le démangent à la fin du repas.
Q15 – Mon bébé a 5 mois, je mange un peu de lait de vache et du fromage, mais souvent à base de lait de chèvre. Pour la deuxième fois, j’ai mangé une raclette. Une heure plus tard, j’ai allaité mon bébé et il a eu ensuite des douleurs de ventre, des pleurs qui ont duré longtemps. Le lendemain, tout était rentré dans l’ordre. Est-ce possible que l’aliment passe si vite dans mon lait ?
R de Rachel, animatrice LLL – La raclette, c'est terrible ! Dans mon expérience, sans avoir un bébé trop sensible aux PLV, après une raclette (ou une pizza 4 fromages), mon bébé régurgitait du liquide transparent avec de petits cubes de fromage caillé (comme des petits cubes de fromage dur), c'était vraiment typique et un peu impressionnant. C'est passé petit à petit, mais j'ai passé une année sans abuser du fromage fondu et du fromage en général.
R d’Eva, animatrice LLL – J'ai eu pas mal de témoignages en ce sens ! Des mamans dont le bébé est sensible aux PLV et chez qui raclette ou fondue se sentent illico.
Q16 – Mon enfant (allaité exclusivement ou allaité et déjà diversifié) a un sommeil très, très compliqué, avec de multiples réveils en hurlant. Est-ce que cela pourrait être une manifestation d‘allergie ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF – Il est possible que ce soit une allergie, mais ça serait beaucoup plus probant s'il y avait d’autres problèmes (manifestations d'atopie ou autres). Est-ce que ça dure depuis longtemps ou cela a-t-il débuté à un moment précis ? Est-ce qu'il y a d'autres manifestations qui pourraient évoquer d’autres soucis ? Comment est sa santé par ailleurs, son développement, etc., tout cela étant à voir avec votre médecin ?
Plusieurs études datant de la fin des années 1980 ont fait un lien entre troubles du sommeil de l’enfant et intolérance aux Protéines du Lait de Vache. A priori, tous ces enfants étaient nourris avec une Préparation Pour Nourrissons basique ou du lait de vache. Aucune mention de l’allaitement maternel, ni d’un régime maternel d’éviction des PLV.
Depuis, de nombreuses études ont montré que les PLV consommées par la mère passent dans son lait, en quantités très faibles certes mais entraînant, dans un certain nombre de cas, une
Allergie aux Protéines du Lait de Vache (APLV) chez le bébé allaité. Si votre bébé pleure beaucoup, hurle même et a de gros soucis de sommeil, renseignez-vous sur la possibilité que, bien qu’allaité exclusivement, il réagisse aux PLV que vous consommez. Un régime d’exclusion des PLV + PL Chèvre + PL Brebis + Soja de votre propre alimentation, très bien mené, durant 3-4 semaines, pourrait vous en apporter la preuve ou non. Si votre enfant est diversifié, veillez durant votre période d’éviction de 3-4 semaines à ce qu’il n’ait pas non plus de PLV dans sa propre alimentation. Pensez à analysez le contenu des petits pots, des menus de la crèche...
Si le test d’éviction des Protéines de Lait amène une amélioration dans le sommeil de votre enfant, pour ne pas poursuivre une éviction des PL au long cours qui pourrait finir par être délétère, vous avez besoin d’une prise en charge tous les deux : consultez alors médecin traitant et allergologue.
Les études en question (qui ne semblent pas avoir été refaites depuis) : Milk Intolerance in Children With Persistent Sleeplessness: A Prospective Double-Blind Crossover Evaluation, A. Kahn; M.J. Mozin; E. Rebuffat; M. Sottiaux; M.F. Muller, Pediatrics 1989;84(4):595–603 ; Insomnia and Cow's Milk Allergy in Infants, A. Kahn; M.J. Mozin; G. Casimir; L. Montauk; D. Blum, Pediatrics 1985;76(6):880–884 ; Sleep Characteristics in Milk-Intolerant Infants, A. Kahn, G. François, M. Sottiaux, E. Rebuffat, M. Nduwimana, M.J. Mozin, J. Levitt, Sleep 1988;11(3):291–297.
Q17 – Mon bébé peut-il être allergique à un aliment parce que j'en ai consommé pendant ma grossesse ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF – En France, les recommandations médicales sont de ne pas faire de régime particulier pendant la grossesse pour espérer prévenir les allergies. Mais l’écoute des mamans françaises ne nous permet pas d’être aussi catégoriques. Il semble que, lorsque la future maman, pendant sa grossesse, a consommé en grande quantité un aliment, qu’elle en a abusé involontairement, cela puisse, chez certains enfants, déclencher une allergie. Conclusion : durant la grossesse, privilégier une alimentation très variée, sans abus, mais sans se forcer non plus.
R de Domitille, animatrice LLLF – Voici l'histoire de l'allergie à la noisette pour mon 6ème enfant : Mes enfants ne voulant pas de petit-déjeuner classique le matin, nous avons décidé cette année scolaire là de leur faire manger ce qu'ils aiment, c'est-à-dire de la pâte à tartiner à la noisette. Et me voilà faisant tout les jours cinq tartines de pâte à tartiner à la noisette... que mes enfants ne finissaient pas... et que je mangeais pour éviter de jeter... Mon bébé est né en mai, cela a donc duré toute la grossesse. Conclusions : un bébé de 4 kg 980... pour ne pas dire 5 kg ; et une allergie à la noisette découverte autour de ses 12 mois quand elle a voulu goûter elle aussi la fameuse pâre à tartiner...
Réponse de Claire – Depuis plusieurs années, il y a toujours un citron dans le frigo. J’en consomme souvent le matin dans un peu d’eau tempérée ou chaude les jours de froid, et bien sûr avec le poisson. Dès le début de la grossesse, j’ai eu énormément de mal à tolérer tous les produits sucrés, je ne supportais que les fruits, les sorbets. Aucun jus de fruits, sodas, desserts, gâteaux industriels ne passaient. Si bien qu’en plein été, avec les chaleurs que nous connaissons en Corse, alors que je travaillais dans notre restaurant, pour aromatiser mon eau, je mettais des tranches de citron, et au dessert, je mangeais souvent une boule de glace au citron. Et ce que je faisais souvent le matin est devenu tout le temps. J’ai donc drastiquement augmenté ma consommation de citron.
Lorsque nous avons fait faire les patch-tests à A. à l’âge de 9 mois, le citron a été sa plus grosse réaction. Comme s'il était brulé à cet endroit. Et en mettant en place le régime d'éviction, je me suis rendu compte à quel point le citron était présent partout dans notre maison : compotes, yaourts végétaux, sauce salade, etc. ! Une chose en entrainant une autre, j’ai dû dépasser la dose journalière qui aurait empêché l’allergie.
A. est donc allergique à notre connaissance actuelle à 7 aliments, et je voudrais aller plus loin dans notre réflexion :
- citron : c’est vu.
- amande/avoine : je vous laisse deviner qui a consulté une naturopathe avant la grossesse ? Naturo qui a suggéré de manger des porridges le matin pour bien que ça tienne au corps ? Avec de la purée d’amandes et du lait végétal ?
- porc/poulet et donc bœuf et par extension PLV : les trois viandes que nous consommons à la maison, pour ma part en petite quantité, car je suis plutôt fan du végétal. Mais qui a accru sa consommation de porc et de bœuf pour pallier à une énorme anémie ? Boudin, foie de veau, steak, steak, steak…
- chocolat : maman, ne supportant plus le sucre, s’est rabattue sur le chocolat noir, noir. Et bien sûr, disait la naturo, c’est bon pour plein de choses. Et hop dans le porridge, et hop un petit carré au bureau, après manger.
Et si le "problème", c’est qu’on modifie trop nos habitudes alimentaires pendant la grossesse ? Et si, entre les privations (listériose, toxo, etc.) et les intolérances de grossesse, nous réduisons trop nos produits habituels ? Et si, attirées pendant la grossesse par le bien-être, la naturopathie, les bonnes choses pour maman et bébé, nous nous laissions "envahir" par des habitudes qui ne nous ressemblent pas en temps normal ?
R de Myriam, animatrice LLLF – Moi aussi j'ai remarqué que ce que j'ai pu manger en excès a eu une incidence sur les allergies de mes enfants. Pour mon premier, j'avais mangé beaucoup de cacahuètes, il a une allergie immédiate à cet ingrédient. Pour ma seconde, j'ai mangé beaucoup d'amandes avec mon diabète gestationnel, elle a une allergie aux amandes (il semble que ce soit aussi une allergie immédiate).
Q18 – Qu'est-ce qu'une "allergie immédiate" ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF et plus encore – Une allergie dite "immédiate" est une allergie que l’on dit aussi IgE médiée, c’est-à-dire avec la présence, médiée par des anticorps de la classe des IgE. Ces IgE sont dosables dans la prise de sang et éclaire allergologues et parents. Dans ce type d’allergie, les tests cutanés ou prick-tests seront positifs pour les allergènes auxquels réagit l’enfant. Quand l’enfant est en contact avec l’allergène alimentaire, que cela soit en direct ou via le lait de sa mère, les réactions sont rapides, si ce n’est immédiates : urticaires, régurgitations importantes, etc.
Au contraire, une allergie peut être dite "retardée", non IgE médiée, avec des réactions dans les jours qui suivent le contact avec l’allergène, de type eczéma, sang dans les selles, douleurs abdominales, hurlements, etc. Il n’y a pas de marqueurs sanguins, uniquement l’écoute des mères et le test d’éviction de ou des allergènes. On dit que c’est la clinique qui prime, c’est-à-dire que si les différents tests sanguins et cutanés sont négatifs mais que l’éviction de l’aliment, dans le cas d’un enfant allaité exclusivement, de l’alimentation maternelle apporte une amélioration à l’enfant, fait disparaitre les symptômes, c’est cela qui compte et fait la preuve de l’allergie.
Les allergies non IgE médiées peuvent être prouvées par des patchs-tests qui sont réalisés à partir de flacons d'allergènes non spécifiques, par exemple mélange de différents poissons, ou mélange de différentes pommes. Mais certains allergologues les réalisent à partir des aliments naturels sur lesquels la maman a un doute et qui sont apportés par les parents le jour du test.
Il peut y avoir des faux négatifs, ce qui amène les allergologues à ne pas les réaliser de façon systématique. Si le test est négatif, il faut savoir le répéter ultérieurement, tout en regardant la clinique ; s'il est positif, cela donne un très bon éclairage pour les parents de ce qu'ils doivent éviter.
Comme ce sujet est très complexe, il faut savoir qu’une allergie non IgE médiée peut devenir une allergie IgE médiée.
Q19 – Je me demande si mon bébé peut réagir, via le lait maternel, à ma consommation de pommes ? Sommeil très haché et toujours du reflux, même si j’ai vu une amélioration avec l’éviction de tous les laits animaux.
R de Julie, animatrice LLLF – Je me suis personnellement retrouvée dans cette situation à la naissance de mon fils. Sa grande soeur était allergique sévère aux PLV et mon cœur de maman me disait que mon fils nouveau-né n'était pas allergique aux PLV mais à la pomme et à la carotte. Je me suis écoutée et, miracle, je suis passée d'un bébé qui se retenait de téter (1x/12h à 2 mois de vie à un bébé accro aux seins !).
L'allergie à la pomme est possible, si cette maman sent qu'il s'agit de cela, elle devrait s'écouter. Il s'agit d'une allergie croisée au pollen de bouleau et il faudra qu'elle soit vigilante aux autres allergies croisées de ce pollen. Lorsque son éviction confirmera (ou non) son sentiment, il faudra qu'elle puisse obtenir une lettre de recommandation pour un allergologue pédiatrique. Encore une fois, il s'agit là de mon expérience personnelle. Mais écouter son cœur de maman est le plus important !
R de Marie Courdent, animatrice LLLF – Le syndrome pollen-aliment peut concerner pommes, carottes, céleri, etc. avec un pollen. Lors de nos réunions LLL allergies, des mamans ont rapporté que certains enfants étaient allergiques non pas à toutes les pommes mais à certaines variétés.
Connaissez-vous le syndrome pollen-aliment (syndrome de l'allergie orale) ? - Allergies Québec (allergies-alimentaires.org)
Q20 – Mon enfant exclusivement allaité présente une APLV via mon lait (ou une autre allergie alimentaire, ou est à risque d'allergie). L'âge de la diversification alimentaire approche. 4 mois ? 6 mois ? Nous sommes perdus, comment procéder ?
R – En plus des informations fournies par le professionnel de santé qui suit votre enfant, ce guide d'Allergies Québec devrait répondre à vos questions : Guide d'introduction des allergènes chez les nourrissons.
Q21 – Mon bébé a une APLV. Je fais l'éviction des laits animaux + soja. Comment arriver à me garder des plaisirs gourmands tout en continuant cet allaitement qui me tient à cœur ?
R de Léa, maman d’un bébé APLV retardée – J'ai découvert :
- les yaourts au lait d'amande,
- les glaces au lait d'avoine (parce que les sorbets, ça va bien 2 minutes !),
- faire mes gâteaux à la margarine et au lait d'avoine (ou le gâteau au chocolat à la courgette, une tuerie),
- que la super pâtisserie de mon coin fait des gâteaux végan sans soja sur commande,
- que mes commandes sans lait au restaurant étaient très bien respectées. Aucune rechute après un restaurant pour mon bébé.
J’ai réintroduit de moi-même la viande de bœuf, car j'avais fait une éviction totale des PLV et associées d'emblée, sans mauvaise expérience identifiée avec la viande de bœuf (mais j'étais tellement fatiguée et mon bébé était tellement mal que je ne me voyais pas essayer de commencer les évictions une par une), ça s'est bien passé. Diversification débutée à 6 mois (je lui ai fait goûter de la purée de fruits à coque et d’arachide 15 jours avant, en lui proposant un peu de pâte sur mes doigts, ça m'a permis de débuter les allergènes avant 6 mois, comme les allergologues le préconisent, donc ça m'a rassurée, mais mon bébé ne voulait rien goûter d'autre en plus ;) ).
Il est gardé par une nounou depuis 2 semaines. Cette nounou expérimentée a eu l'occasion de garder plusieurs bébés APLV +/- allaités et s'est bien renseignée sur le sujet. C'est très confortable !
Article excellent et complet à lire absolument quand on se pose des questions allergies. Il allie exigence scientifique et pragmatisme, réalité de nos vies de mamans. J'ai beaucoup aimé la question sur les changements de régime alimentaire qui font qu'on va abuser d'un aliment. La seule question peut-être manquante c'est une petite introduction ou lien avec la diversification alimentaire autour de 6 mois mais il y a d'autres articles très bien sur ce thème sur le site lllfrance.org. Merci La Leche League pour la qualité des informations partagés.
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