Julie Hamdan, animatrice LLLF, médecin, DIULHAM, IBCLC
et Marie Courdent, animatrice LLLF, puéricultrice IBCLC, DIULHAM
mai 2025
PLV : protéines de lait de vache
APLV : allergie aux PLV
PPN : préparation pour nourrissons
Q1– Mon aînée était APLV (Allergique aux Protéines du Lait de Vache). Je suis enceinte de mon second enfant, dois-je faire un régime sans lait de vache ni laitages ? Mon bébé peut-il être allergique à un aliment parce que j'en ai consommé pendant ma grossesse ?
R JH et MC – Les résultats des études sur la prévention des allergies chez les enfants sont actuellement en faveur d'une non-éviction des allergènes les plus courants durant la grossesse (lait de vache, arachide, poisson, œufs, etc.). Mais l’écoute des mamans françaises ne nous permet pas d’être aussi catégoriques. Plusieurs mamans ont témoigné, pendant leur grossesse, avoir consommé en grande quantité un aliment, en avoir abusé involontairement, et avoir constaté ultérieurement une allergie chez leurs enfants. De leur côté, les futures mamans qui ont déjà eu un enfant APLV consomment souvent les PLV avec modération, sans se mettre en éviction totale, partant du principe que l’on ne peut tolérer que ce que l’on a rencontré. Le risque de sensibilisation aux PLV est maximal en cas d’administration au bébé d’un complément ponctuel de PPN à protéines de lait de vache entières dans les premiers jours de vie. Mais la sensibilisation peut aussi se faire dès la grossesse, ou plus tard durant l’allaitement. Pour essayer de limiter au maximum les allergies, les suggestions suivantes peuvent être appliquées :
- n’abusez pas de lait de vache ni de laitages, ni d’autres aliments pendant la grossesse ou pendant l’allaitement ; si vous n'aimez pas le lait et les laitages, ne vous forcez pas à en consommer, écoutez votre instinct !
- adoptez une alimentation variée, sans abus, sans excès, sans changements radicaux,
- si naissance par césarienne il y a, des études sont en cours afin de développer des techniques permettant de favoriser la colonisation du bébé par la flore vaginale maternelle. En effet ce phénomène se produit naturellement lors d’une naissance par voie basse. Les résultats sont pour le moment incertains, mais il est évoqué la possibilité d’introduire une compresse stérile dans le vagin de la maman pour ensuite le passer sur le visage de l'enfant dès la naissance. Cela permettrait qu'il soit en contact le plus vite possible avec la flore maternelle plutôt qu'avec la flore de l'hôpital. Parlez-en avec la sage-femme qui vous suit,
- évitez au maximum les antibiotiques autour de la naissance, ils modifient les microbiotes intestinaux de la maman et du nouveau-né,
- refusez les compléments de PPN classiques, PPN "relais" et PPN hypoallergéniques (HA). En cas de besoin de complément aux tétées, favorisez du colostrum exprimé avant la naissance, après la naissance, ou bien exigez une PPN à base d’hydrolysat de protéines ou mieux, une préparation à base d’acides aminés,
- si votre enfant a la peau sèche, pour éviter une sensibilisation cutanée via la peau lésée, hydratez-la quotidiennement avec des produits hypoallergéniques contenant peu de composants chimiques, sans ingrédient "alimentaire" type avoine, lait, germe de blé, huile d'amande douce, etc., qui pourrait le sensibiliser.
- soyez attentive aux signes d'APLV chez le nouveau-né pour ne pas perdre de temps avant d’envisager un régime d'éviction maternelle si besoin est. Voir AA 125 : Être allaité et néanmoins allergique.
R de Domitille, animatrice LLLF – Voici l'histoire de l'allergie à la noisette pour mon sixième enfant. Mes enfants ne voulant pas de petit-déjeuner classique le matin, nous avons décidé cette année scolaire-là de leur faire manger ce qu'ils aiment, c'est-à-dire de la pâte à tartiner à la noisette. Et me voilà, faisant tous les jours cinq tartines de pâte à tartiner à la noisette que mes enfants ne finissaient pas... et que je mangeais pour éviter de jeter. Mon bébé est né en mai, cela a donc duré toute la grossesse. Conclusion : un bébé de 4 kg 980... pour ne pas dire 5 kg ; et une allergie à la noisette découverte autour de ses 12 mois quand elle a voulu goûter elle aussi la fameuse pâte à tartiner...
R de Claire – Depuis plusieurs années, il y a toujours un citron dans le frigo. J’en consomme souvent le matin dans un peu d’eau tempérée ou chaude les jours de froid, et bien sûr avec le poisson. Dès le début de la grossesse, j’ai eu énormément de mal à tolérer tous les produits sucrés, je ne supportais que les fruits, les sorbets. Aucun jus de fruits, sodas, desserts, gâteaux industriels ne passaient. Si bien qu’en plein été, avec les chaleurs que nous connaissons en Corse, alors que je travaillais dans notre restaurant, pour aromatiser mon eau, je mettais des tranches de citron, et au dessert, je mangeais souvent une boule de glace au citron. Et ce que je faisais souvent le matin est devenu tout le temps. J’ai donc drastiquement augmenté ma consommation de citron.
Lorsque nous avons fait faire les patch-tests à A. à l’âge de 9 mois, le citron a été sa plus grosse réaction. Comme s'il était brulé à cet endroit. Et en mettant en place le régime d'éviction, je me suis rendu compte à quel point le citron était présent partout dans notre maison : compotes, yaourts végétaux, sauce salade, etc. ! Une chose en entrainant une autre, j’ai dû dépasser la dose journalière qui aurait empêché l’allergie.
A. est donc allergique à notre connaissance actuelle à 7 aliments, et je voudrais aller plus loin dans notre réflexion :
- citron : c’est vu.
- amande/avoine : je vous laisse deviner qui a consulté une naturopathe avant la grossesse ? Naturo qui a suggéré de manger des porridges le matin pour bien que ça tienne au corps ? Avec de la purée d’amandes et du lait végétal ?
- porc/poulet et donc bœuf et par extension PLV : les trois viandes que nous consommons à la maison, pour ma part en petite quantité, car je suis plutôt fan du végétal. Mais qui a accru sa consommation de porc et de bœuf pour pallier à une énorme anémie ? Boudin, foie de veau, steak, steak, steak…
- chocolat : maman, ne supportant plus le sucre, s’est rabattue sur le chocolat noir, noir. Et bien sûr, disait la naturo, c’est bon pour plein de choses. Et hop dans le porridge, et hop un petit carré au bureau, après manger.
Et si le "problème", c’est qu’on modifie trop nos habitudes alimentaires pendant la grossesse ? Et si, entre les privations (listériose, toxo, etc.) et les intolérances de grossesse, nous réduisons trop nos produits habituels ? Et si, attirées pendant la grossesse par le bien-être, la naturopathie, les bonnes choses pour maman et bébé, nous nous laissions "envahir" par des habitudes qui ne nous ressemblent pas en temps normal ?
R de Myriam, animatrice LLLF – Moi aussi j'ai remarqué que ce que j'ai pu manger en excès a eu une incidence sur les allergies de mes enfants. Pour mon premier, j'avais mangé beaucoup de cacahuètes, il a une allergie immédiate à cet ingrédient. Pour ma seconde, j'ai mangé beaucoup d'amandes avec mon diabète gestationnel, elle a une allergie aux amandes (il semble que ce soit aussi une allergie immédiate).
R de Florence, maman – Mes deux garçons ont été polyallergiques. Pour le plus grand, qui est mon second enfant, les allergies ont été diagnostiquées par patch-test : lait de vache, lait de brebis, lait de chèvre, soja, amande, carotte ; viande de bœuf, concombre, avoine, riz de Thaïlande, champignons de Paris.
Pour le plus petit, qui est mon troisième enfant, les allergies ont également été diagnostiquées par patch-test : lait de vache, lait de brebis, lait de chèvre, soja, amande, carotte ; viande de poulet, moutarde, maïs, citron, fenouil, figue, cacao.
Lors de ma troisième grossesse, à cause d'un diabète gestationnel, j'ai dû changer mon alimentation. Pendant six mois au début de quasiment chaque repas, j'ai mangé une carotte crue. Je consommais également beaucoup d'avoine, de moutarde et d'amandes. Mon deuxième enfant étant allergique au bœuf et toujours allaité, je n'ai pas mangé de bœuf, mais souvent du poulet. Pour le cacao, je n'en ai pas mangé tant que ça car non compatible avec le diabète gestationnel. En revanche, une fois que j'ai accouché, j'en ai énormément mangé. Est-ce que, via l'allaitement, l’abus d’un aliment pourrait aussi favoriser des allergies ?
R de Cécile, maman – Je souhaitais masser mon ventre de femme enceinte avec de l’huile d’amande douce, ce que m’a déconseillé ma sage-femme par crainte d’une possible sensibilisation allergique de mon enfant. J’ai donc utilisé de l'huile de coco, et il est allergique... à la coco, avec une très forte réactivité lors des patch-tests.
R de Gwendoline, maman – Pendant la grossesse, j'utilisais du beurre de karité pour masser la peau de mon ventre. Toutefois, le mois avant l'accouchement, je suis passée à l'huile d'avocat le matin en plus du karité le soir pour hydrater ma peau et limiter les vergetures.
Depuis sa naissance, plusieurs allergies ont été diagnostiquées chez ma fille et parmi elles, celle à la banane/avocat (même protéine qui provoque l'allergie croisée IgE médiée). Lors d'une réunion LLL en visio sur les Allergies Alimentaires chez l’enfant Allaité, j’ai découvert que l'usage en cutané de certains produits, surtout au troisième trimestre de grossesse, peut provoquer des allergies. Je pense effectivement que c’est le cas pour elle, car personnellement, je ne consomme jamais ni banane, ni avocat.
Le mécanisme est sûrement le même pour l'allergie aux amandes (confirmée par prick test) : je lui ai régulièrement appliqué de l'huile d'amande douce sur les croûtes de lait, et depuis, elle fait des réactions quand moi-même je consomme des amandes.
Q2 – Je suis actuellement un régime d'éviction alimentaire des PLV, et suis enceinte. Est-ce que cela a une incidence sur mon bébé à venir, qui n’est donc pas exposé aux PLV dans mon ventre, concernant sa future tolérance aux PLV après la naissance ?
R JH et MC – Il y a déjà peu d’études sur l’allaitement d’un enfant ordinaire, encore moins d’un enfant allaité avec une APLV, et à notre connaissance aucune étude en cas d’allaitement sans consommation des PLV durant la grossesse et de co-allaitement avec les mêmes évictions. Nous ne pouvons que vous partager des expériences de vie.
R de Domitille Charpentier, animatrice LLLF – Mon aîné était allergique et allaité, j’ai passé la grossesse du deuxième sans PLV, sans poisson, sans œuf. À la naissance, c'était mon plus petit bébé sur mes huit enfants : 3 kg 800 quand même ! Il a été co-allaité six mois avec son grand frère et avait donc du lait maternel sans PLV, sans poisson, sans œuf… Il a ensuite mangé de tout. Il a maintenant 12 ans et fait un peu d'eczéma, nous allons entamer des recherches allergologiques pour comprendre (eau hyper calcaire en Charente, stress ou intolérances alimentaires... qui cherche trouve !).
R de Noëlie, animatrice LLLF (automne 2024) – Ayant une polyarthrite rhumatoïde depuis 2006, j'ai arrêté les PLV tôt. Ma grossesse était en 2017, j'évitais au maximum les PLV. Oïhana est OK avec les PLV, et ce, depuis son premier contact. Son père mange du fromage de vache au lait cru, rarement pasteurisé ou thermisé. Le lait de vache, ça doit être une fois par an, voire moins. Nous mangeons fromages de chèvre et de brebis en saison. Cela reste une consommation modérée, c'est subjectif. L'éviction stricte a été aléatoire tout au long de ma vie d’adulte ; par contre ma consommation était élevée dans l'enfance. Je suis sans symptômes de polyarthrite rhumatoïde et sans traitement depuis la grossesse d'Oïhana (01/2017).
R de M., maman – Je suis sans PLV depuis six ans environ pour des problèmes de santé personnels et autres. Du coup, deux grossesses sans PLV et sans laits animaux tout court d'ailleurs. Mon premier bébé, qui a plus de 4 ans aujourd'hui, en mange sans problème, et mon deuxième, qui a 18 mois, a lui une petite intolérance qui semble diminuer au fil du temps (NDLR : le terme d'intolérance aux PLV est aujourd'hui abandonné, on parle d'allergie, que celle-ci soit immédiate, retardée, médiée par les IgE ou non, voir plus loin sur cette page).
Q3 – Je dois sortir aujourd'hui de maternité, mon bébé est allaité exclusivement sans avoir reçu aucun complément. Le pédiatre me demande d'arrêter l'allaitement exclusif et de donner tous les jours 10 ml de lait 1er âge classique ou de lait de vache UHT. Je voulais tous les avantages de l'allaitement exclusif pour mon enfant, et voilà qu'une prescription médicale va à contresens de ce projet. Les PLV que je consomme moi-même et qui passent dans mon lait ne suffisent-elles pas à prévenir l’allergie chez mon bébé ? Que dois-je faire ?
R JH et MC – Certains pédiatres allergologues francophones ont en effet publié en 2022 des articles indiquant une proposition (qu’ils n’ont fort justement pas nommée "recommandation") d’administrer une PPN (lait artificiel 1er âge) à raison de 10 ml par jour, jusqu’à la diversification, chez les bébés exclusivement allaités dits "à risque atopique", "voire de façon plus large". Sont considérés à risque atopique les nouveau-nés chez qui un apparenté au premier degré (père, mère, frère ou sœur) présente ou a présenté une des pathologies suivantes : asthme allergique, eczéma allergique (alias dermatite atopique), rhinite allergique, conjonctivite allergique, allergie alimentaire. Nous avons recueilli des témoignages de mamans à qui il a été préconisé de suivre cette "proposition", telle quelle ou avec diverses variantes (1 biberon par jour, 1 biberon par semaine...). Ces allergologues s’appuient sur une seule étude, menée au Japon, où les pratiques alimentaires et d’allaitement sont différentes de celles de la France. Elle comporte des biais méthodologiques, n'est pas suffisamment solide pour étayer des recommandations et justifier cette "expérimentation grandeur nature", quand on sait l'impact que cela peut avoir sur l'allaitement.
Sur la flore intestinale d’abord, puisque de nombreuses recherches sont en cours sur le sujet et qu’il est scientifiquement établi que le microbiote intestinal du bébé allaité exclusivement est différent de celui du bébé allaité partiellement, et que ce microbiote intestinal participe à l’état de santé du futur enfant et adulte.
Sur la durée d’allaitement ensuite, puisqu’il est également prouvé que l’introduction de compléments de PPN est associée à des durées d’allaitement plus courtes. En effet, cette "proposition" amène à avoir une boîte de lait 1er âge classique dans la cuisine. Sur un plan pratique, le lait 1er âge ne se reconstitue que par volumes de 30 ml, et la boîte ouverte se conserve quatre semaines. Au bout d'un mois, que faire de la poudre de lait non utilisée ? la jeter ? l'utiliser quand même ? Chaque jour, pour ne pas gaspiller ce lait reconstitué qui a un coût certain, les parents ne seront-ils pas tentés de donner plutôt 30 ml que les 10 ml recommandés ? Un soir de doute, de questionnement, ou pour toute autre "bonne" raison, il peut être tentant, puisqu’elle est là, entamée, et qu’elle a une durée de vie limitée, de donner, en plus ou à la place d'une tétée, un biberon de ce lait 1er âge. De même qu'un loup dans une bergerie mange les moutons, si les biberons se répètent, ils risquent de "manger" (remplacer) les tétées ; cela ressemble à une pente savonneuse conduisant au sevrage, plus précoce que souhaité et qui peut laisser un goût amer…
Le Professeur Dominique Turck, pédiatre spécialisé en gastroentérologie–nutrition au CHU de Lille, est très précis à ce sujet : "Cette proposition est non fondée et totalement irresponsable." (voir la vidéo de l'intervention du Professeur Turck lors de la conférence du 14 mars 2023).
En revanche, les pédiatres allergologues s'accordent actuellement sur le fait que la consommation de protéines de lait de vache (PLV) par la mère qui allaite ne suffit pas à éviter une allergie aux PLV ultérieure chez l’enfant. Recevoir, via le lait maternel, des PLV qui ont été digérées, métabolisées, et sont devenues des petits peptides (protéines plus courtes) n’a pas le même impact immunogène que recevoir directement des PLV dans une PPN (lait artificiel) classique. Les PLV ainsi modifiées que l'on trouve dans le lait maternel peuvent aider l'enfant à acquérir une tolérance, ou au contraire dans certains cas déclencher une réaction allergique, sans qu’on connaisse bien tous les mécanismes qui feront pencher la balance d’un côté ou de l’autre.
Compléments en maternité
Q4 – J’attends notre second enfant. Pour l'aîné, lui aussi allaité, j’ai dû donner des compléments de PPN (Préparation Pour Nourrisson) durant le séjour en maternité. Si cela devait se reproduire, j’aimerais éviter d’introduire une PPN. Que puis-je faire ?
R JH, MC et Vanessa Lasne, animatrice LLLF, IBCLC – Quelle bonne idée d'anticiper cette éventualité, car vous pourrez, avec l'accord des professionnels qui suivent votre grossesse, dès 36-37 semaines d’aménorrhée, commencer à exprimer à la main du colostrum. Cette pratique encore peu connue fait peu à peu son chemin dans les maternités. N’hésitez pas à en parler pendant la grossesse avec les professionnels qui vous suivent. Le colostrum sera recueilli dans des seringues, congelé chez vous, et apporté à la maternité si besoin et si possible. Si toutefois vous n’aviez pas l’autorisation d’apporter ce colostrum recueilli à l’extérieur, n’hésitez pas à demander de quoi le recueillir sur place, pendant ou après le travail (seringue ou petit flacon). En cas de nécessité de compléments, le colostrum est idéal pour votre bébé et permet d’éviter le recours à une PPN. Vous réduirez ainsi les risques que votre enfant se sensibilise aux protéines du lait de vache et développe ultérieurement une APLV (Allergie aux Protéines du Lait de Vache) . Vous permettrez aussi à votre bébé de conserver intact son microbiote intestinal, qui est si spécifique aux bébés allaités exclusivement. Voir aussi Le point sur l'hypoglycémie du nouveau-né.
Q5 – Je viens d’accoucher, et je suis toujours à la maternité. À J3, mon bébé allaité exclusivement continue à perdre du poids. Le personnel commence à nous parler de lait artificiel 1er âge à donner en complément. Vers lequel se tourner ?
R JH et MC – Le recours aux compléments de lait artificiel devrait rester une exception . Avant d’en arriver là, l’allaitement peut être optimisé grâce à des tétées très fréquentes, parfois toutes les heures ou toutes les 2 heures, aux deux seins à chaque fois, en utilisant la compression du sein avec votre main pour lui procurer plus de lait, en s’aidant de la position instinctive ou BN (Biological Nurturing) qui permet à un bébé endormi de téter, et plus généralement au bébé d’exprimer tous ses réflexes et toutes ses compétences. L'expression manuelle du colostrum après chaque tétée permet de compléter le bébé à la petite cuillère "en dessert". Si la mère a exprimé du colostrum en anténatal (voir Q/R précédente), cela permet de complémenter le bébé sans avoir recours à du lait artificiel.
Si, malgré tout cela, son poids continue à baisser et que les pédiatres prescrivent un complément, les recommandations des sociétés savantes de pédiatrie et d'allergologie sont claires : la PPN indiquée dans ce cas est un hydrolysat de protéines ou une formule d’acides aminés, et non un lait 1er âge classique.
En effet, les études ont mis en évidence une augmentation du risque d’Allergie aux Protéines du Lait de Vache (APLV) chez les bébés qui ont reçu des compléments de PPN contenant des PLV pendant les premiers jours de vie, et sont ensuite exclusivement allaités, et ce, que les bébés aient des antécédents familiaux d'allergie ou non.
L’hydrolysat, fabriqué à base de lait de vache, ne comporte plus ou très peu de protéines spécifiques du lait de vache (PLV) : elles ont été fragmentées (cassées) en tout petits morceaux, contrairement aux PPN classiques qui comportent des PLV entières. Certains spécialistes proposent, à la place d’un hydrolysat de protéines du lait de vache, une PPN à base de protéines de riz, sans qu'il y ait d'étude formelle sur ces produits en prévention des APLV. D’autres spécialistes vont même plus loin en proposant une formule d’acides aminés, où la cassure des PLV a été encore plus poussée que dans un hydrolysat, et où ces protéines se retrouvent réduites au plus petit état possible, celui d’acides aminés.
En résumé, cette recommandation forte vise tout d’abord à ne pas donner de complément quand d’autres pistes existent pour optimiser l’allaitement. Dans les rares cas où ces compléments sont réellement indispensables, afin de prévenir une sensibilisation aux PLV qui risque de déclencher une APLV quand le bébé en consommera plus tard, l’utilisation d’une PPN à base d’hydrolysat de PLV ou d’acides aminés est donc recommandée. Beaucoup de maternités se sont adaptées à ces nouvelles recommandations, mais pas toutes ; alors que faire quand la maternité ne laisse pas le choix à la maman et propose un seul type de PPN, lait artificiel à protéines de lait de vache entières ? Certaines mères envoient un proche acheter une PPN à base de riz, ou se font prescrire un hydrolysat de protéines qu’un proche va chercher en pharmacie, et qui sera reconstitué dans leur chambre, dans un biberon acheté ou donné par la maternité, avec l'eau minérale qui leur est fournie ou de l'eau du lavabo qu'elles ont laissée couler quelques secondes.
Q6 – Je crains d’accoucher quelques semaines avant terme – ou j’ai accouché quelques semaines avant terme. Je compte allaiter exclusivement mon enfant légèrement prématuré. S’il fallait absolument le compléter, quelle serait la meilleure option ?
R JH et MC – Concernant les enfants nés entre 35 et 37 semaines d'aménorrhée, c’est-à-dire légèrement avant terme, et qui ont besoin d'un complément en plus du lait maternel, nous nous appuyons ici sur la pratique de la maternité Jeanne de Flandre du CHR de Lille (maternité de niveau 3 labellisée IHAB) sur les recommandations du Professeur Delphine Ley, gastropédiatre. Dans ce cas, il est donné en priorité, non pas une PPN spéciale prématuré appelée couramment "Lait Pré", mais du lait de donneuse (lait humain pasteurisé en provenance du lactarium) et, en cas d’indisponibilité, un hydrolysat de protéines de lait de vache.
Q7 – Notre séjour en maternité se termine et j'ai dû, durant ces quelques jours, à la demande des professionnels de santé, donner des compléments de lait 1er âge classique (aux PLV entières). Lors de l'examen de sortie de la maternité, le pédiatre m'a demandé de poursuivre, alors que mon bébé est dorénavant exclusivement allaité, le don de lait 1er âge ou de lait de vache stérilisé UHT à raison de 10 ml par jour (30 ml par jour, un biberon par jour, un biberon par semaine...). Que penser de cette prescription ? Que devons-nous faire ?
R JH et MC – Les recommandations de bonne pratique n’ont pas été respectées puisque, dans ce cas de figure, le produit recommandé est un hydrolysat de PLV ou une formule d’acides aminés, et non une préparation pour nourrissons (PPN) classique contenant des PLV. C’est malheureusement encore fréquent en 2025 en France.
Si un bébé a "malencontreusement" reçu une PPN avec PLV pendant son séjour en maternité, alors que le projet de la mère était un allaitement au sein exclusif prolongé, il est certain que le risque qu’il développe ultérieurement une Allergie aux PLV est nettement augmenté (multiplié par 5, et même par 11 en cas de naissance par césarienne). Il convient de le noter dans le carnet de santé.
La question se pose alors de continuer à donner une petite quantité quotidienne de PLV pendant les premiers mois, jusqu’à l’âge de la diversification alimentaire. Sabouraud-Leclerc D. et al. et Sakihara T. et al. proposent de le faire sous forme de lait de vache UHT (qui peut être donné à la seringue) ou de PPN classique 1er âge, à raison de 10 ml/j. Il n’est actuellement pas formellement démontré que cette attitude diminue le risque d’APLV.
Cette conduite à tenir est actuellement controversée, car beaucoup d’inconnues persistent sur l’innocuité de cette prescription. En premier lieu, un impact sur le microbiote du bébé est à attendre, car il ne reçoit alors plus exclusivement du lait maternel. Il est en effet prouvé scientifiquement que la flore digestive du bébé se modifie dès l’administration du premier complément de PPN : rien qu’après un complément unique de lait artificiel, la flore met au moins 2 semaines à redevenir superposable à celle d’un bébé qui a toujours été exclusivement allaité. Il existe un effet dose : l’effet sur le microbiote sera d’autant plus marqué que les compléments de lait artificiel sont fréquents et en volume important. L’utilisation de lait 1er âge classique ou de lait de vache UHT non transformé en petites quantités pose également des questions de conservation du contenant : une boîte de poudre se garde seulement 3 ou 4 semaines après ouverture, la bouteille de lait UHT seulement quelques jours au frigo. De plus, la tentation pour les parents de donner de plus grandes quantités un soir de doute ou de fatigue peut s’avérer une pente savonneuse vers la diminution des tétées et un sevrage plus précipité que voulu.
Il faut des études solides pour bouleverser des pratiques étayées et validées. À ce jour, de tels conseils ne reposent que sur la validité interne d’un raisonnement ; il n’existe pas d’études prouvant que l’exposition régulière et ininterrompue du bébé à de petites quantités de lait 1er âge classique ou de lait de vache stérilisé UHT, diminue le risque d'APLV ultérieurement, sans impact négatif sur l’allaitement.
Q8 – Je souhaite ou je dois, ponctuellement, donner un biberon de PPN à mon bébé de 15 jours / 1 mois / 3 mois... J’allaite exclusivement depuis la naissance, ou mon bébé a reçu des compléments de PPN à base d'hydrolysat à la maternité. Laquelle choisir ?
R JH et MC – Sauf avis contraire du pédiatre ou médecin traitant de l'enfant, à partir du moment où les compléments sont ponctuels et temporaires, il est préférable d'utiliser une PPN à type d'hydrolysat de PLV ou bien une PPN à base de riz. Cette réponse est valable que l'enfant soit à risque atopique ou non. Sont considérés à risque atopique les nouveau-nés et nourrissons chez qui un apparenté au premier degré (père, mère, frère ou sœur) présente ou a présenté une des pathologies suivantes : asthme allergique, eczéma allergique (alias dermatite atopique), rhinite allergique, conjonctivite allergique, allergie alimentaire.
En effet, une exposition ponctuelle à des PLV risque de sensibiliser l'enfant et que celui-ci développe ultérieurement une allergie aux PLV. On sait que le risque de sensibiliser le bébé aux PLV est maximal dans les premiers jours de vie, notamment lors du séjour à la maternité. Mais il n’existe dans la littérature scientifique actuelle pas d’âge défini au-delà duquel la recommandation de donner un hydrolysat en cas de complément ponctuel ne s’applique plus, permettant de basculer sur un lait 1er âge classique. Il est possible de solliciter l’avis du pédiatre ou médecin traitant.
Q9 – Nous souhaitons pour notre enfant à naître un allaitement mixte, que ce soit dès la naissance ou au bout de quelques jours / semaines de vie. Quel type de lait 1er âge devons-nous lui donner ?
R JH et MC – En cas d’alimentation mixte, les sociétés savantes de pédiatres et d’allergologues recommandent une préparation pour nourrissons (PPN) classique, alias lait 1er âge, qui contient des protéines de lait de vache. D’après ces mêmes sociétés savantes, les PPN dites "Relais de l’allaitement maternel" n’apportent aucun bénéfice par rapport à une PPN classique. Sauf avis contraire du pédiatre ou médecin traitant de l'enfant, et que l'enfant soit à risque atopique ou pas, il est donc recommandé dans cette situation d'utiliser une PPN classique à PLV entières.
En cas de symptôme(s) suspect(s) d’allergie aux protéines de lait de vache (APLV), ou en cas de réaction suspecte d’APLV à la suite de l’administration d’un ou plusieurs biberons de lait 1er âge, un avis médical est recommandé.
L’APLV peut se manifester par une réaction immédiate (urticaire, œdème de Quincke) ou bien retardée (symptômes souvent peu spécifiques tels qu’eczéma, pleurs excessifs, régurgitations et/ou coliques très intenses). (voir Q/R suivantes).
Allaitement - Allergie suspectée ou avérée
Q10 – Mon enfant (allaité exclusivement ou allaité et déjà diversifié) a un sommeil très compliqué, avec de multiples réveils en hurlant. Est-ce que cela pourrait être une manifestation d‘allergie ? – Notre fille de 4 mois, allaitée depuis sa naissance, a commencé à avoir des selles avec du sang rouge vif. Parallèlement, son sommeil s’est énormément dégradé, les pleurs sont également plus nombreux, de grosses crises de larmes (en général une à deux heures après la tétée) où elle se cambre en arrière, il faut parfois une heure dans nos bras pour qu’elle se calme. Notre pédiatre a pensé à une Allergie aux Protéines de Lait de Vache (APLV) via mon alimentation, j’ai donc arrêté tous les produits laitiers, pas de résultat après une semaine. De plus, les résultats de l'analyse de sang n'ont pas montré d'APLV.
R JH et MC – De nombreuses études ont montré que les PLV consommées par la mère passent dans son lait, en quantité très faible, mais entraînant, dans un certain nombre de cas, une Allergie aux Protéines du Lait de Vache (APLV) chez le bébé allaité. On distingue les allergies immédiates, dont les symptômes se déclenchent dans les minutes qui suivent l’ingestion de l’allergène (urticaire, œdème de Quincke, choc anaphylactique) et les allergies retardées dont les manifestations, décalées de plusieurs heures ou jours, sont moins spécifiques, ce qui complique le diagnostic (troubles digestifs à type de régurgitations à distance des tétées, sang dans les selles, troubles du sommeil, eczéma, pleurs, problèmes ORL, stagnation pondérale…). Il est possible que des troubles du sommeil isolés soient la manifestation d’une allergie, mais on s’attache en règle générale à retrouver d’autres manifestations évocatrices d'atopie. Plusieurs études datant de la fin des années 1980 ont fait un lien entre troubles du sommeil de l’enfant et APLV. Néanmoins, tous ces enfants étaient nourris avec une Préparation Pour Nourrissons basique contenant des PLV, sans que mention soit faite de l’allaitement.
L’allergie immédiate, ou IgE médiée, peut le plus souvent être confirmée par une analyse sanguine (recherche d’anticorps spécifiques de type IgE) et/ou des tests cutanés (prick-tests). L’allergie retardée, dite non IgE médiée, n'est pas confirmée par une analyse sanguine. Elle peut être confirmée par des tests cutanés (patch-tests), qui sont réalisés à partir de flacons d'allergènes non spécifiques, par exemple un mélange de différents poissons, ou un mélange de différentes pommes. Certains allergologues les réalisent à partir des aliments sur lesquels la maman a un doute et qui sont apportés par les parents le jour du test. Il y a un risque significatif de résultats faussement négatifs, notamment chez le bébé de moins de 6 mois. Si le test est positif, cela donne un bon éclairage pour les parents de ce qu'ils doivent éviter ; s’il est négatif, il faut savoir le répéter ultérieurement, tout en regardant la clinique. C’est pourquoi le régime d’éviction “d’épreuve”, c’est-à-dire à l’essai, permettra de trancher sur le diagnostic en fonction de son efficacité.
Quand le médecin suspecte une Allergie aux Protéines de Lait de Vache (APLV), pour en avoir le cœur net, le régime d'éviction de ces protéines de lait de vache (PLV) par la maman en allaitement exclusif consiste à éliminer de son alimentation tous les laits animaux et produits contenant du lait animal visible (vache, chèvre, brebis) ainsi que les boissons et produits à base de soja, car il existe un risque d’allergie croisée, et ce, pendant 3 à 4 semaines. Concrètement : pas de yaourt, crème fraîche, beurre, gruyère râpé, fromage, crème glacée, etc. On peut en revanche continuer à consommer fruits, légumes, légumineuses, céréales, huiles végétales, protéines animales (y compris viande de boeuf, au moins dans un premier temps) et végétales.
Avec ce régime d’éviction, la plupart des mamans dont l’enfant réagit aux PLV voient une amélioration. Celle-ci peut être nette ou progressive. Certaines mamans doivent passer aussi par une éviction du lait caché dans les produits industriels, dont il faut étudier les étiquettes pour repérer les traces de lait qu’ils contiennent.
Si ces trois semaines d’éviction ont montré une amélioration de l’état de l’enfant, et que vous devez la poursuivre, un accompagnement par un allergologue est indiqué pour le suivi de votre bébé. L’avis d’une diététicienne/nutritionniste peut également se révéler précieux pour adapter au mieux votre alimentation dans la durée, sans craindre de carence, en calcium notamment. Plus tard, avec l'accompagnement de l’allergologue, réintroduire progressivement dans l’alimentation maternelle les traces de PLV permettra à l’enfant de rencontrer l’allergène et d’apprendre à le tolérer.
Si le régime d'éviction n'apporte pas d'amélioration et que le médecin suspecte toujours une allergie, celle-ci peut être à un autre aliment qui peut s'ajouter ou non aux PLV. L'avis d'un allergologue aidera à trouver ce que l'enfant ne tolère pas.
Q11 – Mon bébé a 5 mois, je mange un peu de lait de vache et du fromage. Pour la deuxième fois, j’ai mangé une raclette. Une heure plus tard, j’ai allaité mon bébé et il a eu ensuite des douleurs au ventre, des pleurs qui ont duré longtemps. Le lendemain, tout était rentré dans l’ordre. Est-ce possible que l’aliment passe si vite dans mon lait ?
R JH et MC – Chaque bébé, même sans être allergique aux PLV, peut avoir son seuil de tolérance qui peut être dépassé en cas d'orgie de fromage.
R de Rachel, animatrice LLL – La raclette, c'est terrible ! Dans mon expérience, sans avoir un bébé trop sensible aux PLV, après une raclette (ou une pizza 4 fromages), mon bébé régurgitait du liquide transparent avec de petits cubes de fromage caillé (comme des petits cubes de fromage dur), c'était vraiment typique et un peu impressionnant. C'est passé petit à petit, mais j'ai passé une année sans abuser du fromage fondu et du fromage en général.
R d’Eva, animatrice LLL – J'ai eu pas mal de témoignages en ce sens ! Des mamans dont le bébé est sensible aux PLV et chez qui raclette ou fondue se sentent illico.
Q12 – Mon bébé a une APLV. Je fais l'éviction des laits animaux + soja. Comment arriver à me garder des plaisirs gourmands tout en continuant cet allaitement qui me tient à cœur ?
R de Léa, maman d’un bébé APLV – J'ai découvert :
- les yaourts au lait d'amande,
- les glaces au lait d'avoine (parce que les sorbets, ça va bien 2 minutes !),
- faire mes gâteaux à la margarine et au lait d'avoine (ou le gâteau au chocolat à la courgette, une tuerie),
- que la super pâtisserie de mon coin fait des gâteaux végan sans soja sur commande,
- que mes commandes sans lait au restaurant étaient très bien respectées. Aucune rechute après un restaurant pour mon bébé.
J’ai réintroduit de moi-même la viande de bœuf, car j'avais fait une éviction totale des PLV et associés d'emblée, sans mauvaise expérience identifiée avec la viande de bœuf (mais j'étais tellement fatiguée et mon bébé était tellement mal que je ne me voyais pas essayer de commencer les évictions une par une), ça s'est bien passé. Diversification débutée à 6 mois (je lui ai fait goûter de la purée de fruits à coque et d’arachide 15 jours avant, en lui proposant un peu de pâte sur mes doigts, ça m'a permis de débuter les allergènes avant 6 mois, comme les allergologues le préconisent, donc ça m'a rassurée, mais mon bébé ne voulait rien goûter d'autre en plus ;-) ).
Il est gardé par une nounou depuis 2 semaines. Cette nounou expérimentée a eu l'occasion de garder plusieurs bébés APLV +/- allaités et s'est bien renseignée sur le sujet. C'est très confortable !
Q13 – Je me demande si mon bébé peut réagir, via le lait maternel, à ma consommation de pommes ? Sommeil très haché et toujours du reflux, même si j’ai vu une amélioration avec l’éviction des laits animaux.
R de Julie, animatrice LLLF – Je me suis personnellement retrouvée dans cette situation à la naissance de mon fils. Sa grande sœur était allergique sévère aux PLV et mon cœur de maman me disait que mon fils nouveau-né n'était pas allergique aux PLV mais à la pomme et à la carotte. Je me suis écoutée et, miracle, je suis passée d'un bébé qui se retenait de téter (1x/12h à 2 mois de vie à un bébé accro au sein !).
L'allergie à la pomme est possible, si cette maman sent qu'il s'agit de cela, elle devrait s'écouter. Il s'agit d'une allergie croisée avec celle au pollen de bouleau, et une vigilance s’impose vis-à-vis des autres allergies croisées de ce pollen. Lorsque son éviction confirmera (ou non) son sentiment, il faudra qu'elle puisse obtenir une lettre de recommandation pour un allergologue pédiatrique. Encore une fois, il s'agit là de mon expérience personnelle. Mais écouter son cœur de maman est le plus important !
R de Marie Courdent – Le syndrome pollen-aliment peut concerner pommes, carottes, céleri, etc., vis-à-vis desquels les réactions peuvent être croisées avec celle de pollens particuliers. Lors de nos réunions LLL allergies, des mamans ont rapporté que certains enfants étaient allergiques, non pas à toutes les pommes, mais à certaines variétés. Connaissez-vous le syndrome pollen-aliment (syndrome de l'allergie orale) ? - Allergies Québec (allergies-alimentaires.org)
Q14 – De façon assez exceptionnelle, certains enfants développent une allergie à l’histamine. Comment avez-vous fait le diagnostic pour votre petit garçon ?
R de C., animatrice LLLF – C’est l’allergologue qui a fait le diagnostic alors qu' Arthur avait 9 mois. Depuis sa naissance, notre petit garçon avait de nombreux problèmes digestifs : diarrhées (plus de 15 selles irritantes par jour, alors qu'il était allaité exclusivement), RGO, gastrite (diagnostiquée sous fibroscopie) ; et cutanés : érythème fessier résistant à l'application de lait maternel, eczéma. Nous avons donc tenté les évictions alimentaires les plus courantes : produits laitiers, gluten, œufs... Beaucoup de symptômes persistaient, notamment les signes cutanés. Nous avons donc procédé à d'autres évictions, pour moi qui l’allaitais et pour lui. Puis nous avons réintroduit les aliments un à un. Quand nous avons rencontré l'allergologue, elle a pu constater la liste d'aliments auxquels il réagissait et proposer un régime pauvre en histamine. Elle nous a confirmé que l'histamine passait dans le lait maternel. Il avait aussi une espèce d'eczéma résiduel sur ses deux joues qui étaient rouges, sèches, et cela s'accentuait avec les aliments à forte teneur en histamine. Ce qui a confirmé le diagnostic, c'est qu'il allait mieux suite au régime "sans histamine". Quand nous avons fait l'éviction puis la réintroduction, quelques minutes après avoir mangé de l'histamine, ses joues et ses lèvres ont commencé à rougir, il a également eu des troubles digestifs (RGO, diarrhée). L'allergologue nous a donné une liste des aliments à éviter : chocolat, tomates, café, moutarde, avocat, choux, champignons, fraises, poireaux, crevettes..... D’autre part, les aliments devant être très frais sinon ils libèrent de l’histamine, je congelais la viande dès l’achat. Il ne pouvait manger aucun aliment préparé ou transformé, toutes les méthodes de conservation en dehors de la congélation étaient source d'histamine.... Aujourd'hui, il va bientôt avoir 5 ans, et même s'il ne mange pas vraiment comme tous les autres enfants de son âge, puisqu'il conserve des allergies alimentaires, il peut manger en quantité modérée des aliments naturellement riches en histamine. Quand il dépasse la "limite" ou quand il mange des aliments industriels, nous savons que son corps réagit à l'histamine car ses joues deviennent toutes rouges et le démangent à la fin du repas.
Article excellent et complet à lire absolument quand on se pose des questions allergies. Il allie exigence scientifique et pragmatisme, réalité de nos vies de mamans. J'ai beaucoup aimé la question sur les changements de régime alimentaire qui font qu'on va abuser d'un aliment. La seule question peut-être manquante c'est une petite introduction ou lien avec la diversification alimentaire autour de 6 mois mais il y a d'autres articles très bien sur ce thème sur le site lllfrance.org. Merci La Leche League pour la qualité des informations partagés.
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