Ce texte, publié dans les actes du congrès, présentait la conférence qu'a donnée le Dr Didier Cohen-Salmon, médecin anesthésiste et fondateur de l'association Sparadrap, au
Congrès national de LLL France (5 et 6 novembre 2005, Rungis)
Dans l’enquête que l’association Sparadrap vient de réaliser (avec le financement de la Direction Générale de la Santé et le soutien de la Société Française de Pédiatrie) sur la place des parents dans les hôpitaux d’enfants (1), on peut relever l’aspect démographique : 1 426 parents d’enfants hospitalisés nous ont répondu, parmi ces derniers un sur six est un nouveau-né, et au total 43 % des enfants sont âgés de moins d’un an.
C’est dire à quel point le bébé à l’hôpital est fortement concerné par le problème de la douleur associée aux soins, et son corollaire indispensable : la présence des parents lors de ces soins. Notre enquête a montré en effet un déficit persistant d’intégration des parents dans ces situations.
Or le temps n’est plus où l’on pouvait prendre argument du jeune âge de l’enfant, censé ne rien sentir, ne rien retenir de l’expérience douloureuse. Ressentir la douleur est une faculté innée. Ce qui fait défaut chez le bébé, ce n’est pas la capacité à souffrir, mais bien les ressources internes lui permettant de limiter une souffrance, qui dès lors va l’envahir tout entier (2). Et on en mesure mieux maintenant les conséquences à long terme : les douleurs éprouvées dans les premiers mois de la vie sensibilisent aux douleurs ultérieures, elles favorisent les somatisations douloureuses chez l’enfant plus grand (3).
Il y a un travail à poursuivre pour lever les résistances à l’utilisation des méthodes classiques d’analgésie : morphiniques, crème anesthésiante, MEOPA…, résistances toujours actives, même quand ces moyens sont disponibles.
Mais chez le petit bébé et particulièrement chez le nouveau-né, nous disposons d’autres moyens, complémentaires des premiers, dont l’originalité est de ne pas être de nature pharmacologique : les solutions sucrées, la succion de la tétine, le « peau à peau », diverses mesures environnementales, ainsi que l’allaitement maternel pendant le soin. Avec ces modalités analgésiques, la prise en charge de la douleur des soins rejoint directement la place de la mère, partenaire mais non soignante, auprès de son bébé à l’hôpital.
C’est dire le rôle majeur que les parents ont à jouer : non seulement celui de porte-parole de leur bébé qui ne peut que manifester dans son comportement son mal-être, mais pas le dire avec des mots, mais aussi comme aide concrète lors de certains soins. Et cela sans sortir de leur rôle de parent, mais au contraire en l’assumant dans des conditions différentes.
(1) Enquête nationale sur la place des parents à l’hôpital, Association Sparadrap, 2004.
(2) Carbajal R, Traitement non pharmacologique de la douleur du nouveau-né, Archives de Pédiatrie 2005 ; 12 : 110-116.
(3) Grunau R, Withfield MF, Petrie JH, Early pain experience, child and family factors, as precursors of somatization : a prospective study of extremely premature and fullterm children, Pain 1994 ; 56 : 35-359.
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