Publié dans les Dossiers de l'allaitement n° 49, 2001
D'après : Breastfeeding beyond 12 months – An historical perspective. Y Piovanetli. Pediatr Clin North Am 2001 ; 48(1) : 199-206.
L'Académie Américaine de Pédiatrie recommande un allaitement de 12 mois et plus. L'OMS et l'UNICEF recommandent un allaitement de 2 ans et plus. Or, une étude récente menée auprès des pédiatres a constaté que seulement 37 % d'entre eux recommandaient d'allaiter jusqu'à 1 an. Dans une autre élude, 25 % des médecins décourageaient activement l'allaitement au-delà de 2 ans, et estimaient que c'était à la mère de décider du moment du sevrage. La plupart des pédiatres laissent donc leurs conceptions purement culturelles interférer avec les recommandations objectives des services de santé. Dans cet article, l'auteur fait le point sur les aspects historiques et scientifiques de l’allaitement pendant plus de 12 mois.
Un allaitement de plusieurs années était la norme autrefois. Chez les Hébreux, l'enfant était sevré vers 3 ans. Des textes religieux tels que le Talmud ou le Coran recommandent un allaitement d'au moins 2 ans. Une durée de 2 à 3 ans était courante chez les Grecs et les Romains. Les vertus curatives du lait humain étaient reconnues, pour traiter les problèmes ophtalmiques par exemple, en Chine, en Inde, en Égypte... Avec l'introduction progressivement de plus en plus précoce d'autres aliments, les professionnels de santé ont contribué à un sevrage de plus en plus rapide de l'enfant dans les pays occidentaux. Au 18ème siècle, Cadogan, un médecin anglais, s'élevait contre la pratique du don précoce des aliments solides et contre le placement des enfants en nourrice.
Le raccourcissement de la durée de l'allaitement est devenu alarmant dans les pays occidentaux pendant le 19ème siècle. Les pratiques d'alimentation infantile sont devenues la principale cause de mortalité infantile, et celle de la création de la pédiatrie en tant que spécialité médicale. À cette époque, les médecins recommandaient encore un allaitement de 9 à 12 mois, le sevrage définitif ne devant pas intervenir pendant les grosses chaleurs. Cet abaissement de l'âge du sevrage s'est accompagné d'une augmentation de la morbidité et de la mortalité. Il a fallu attendre la médecine « moderne » et les découvertes bactériologiques pour voir baisser l'incidence des pathologies liées au non-allaitement et au sevrage précoce. Mais la sortie de laits mieux adaptés a fait entrer en jeu les intérêts commerciaux, et a induit une nouvelle baisse du taux de l'allaitement et de sa durée.
Des anthropologues ont tenté d'estimer la durée "normale" de l'allaitement dans l'espèce humaine. Dans la plupart des cultures traditionnelles où l'allaitement reste la norme, l'enfant est habituellement allaité jusqu'à 2 à 4 ans. Une étude comparative avec les grands singes qui sont les plus proches de nous permet de constater que les grands primates ont une durée de croissance et de dépendance à la mère nettement plus longue que les autres mammifères. Les calculs effectués d'après la durée d'allaitement constatée chez ces grands singes amènent à estimer une durée normale d'allaitement allant de 2-3 ans à 4-7 ans. Il est intéressant de constater que c'est vers 5-6 ans que survient l'éruption de la première molaire, et que le système immunitaire de l'enfant atteint sa pleine efficacité, De ce point de vue, un sevrage intervenant à cet âge se ferait à un moment où l'enfant a atteint un certain niveau d'autonomie sur le plan physiologique.
Un certain nombre d'études ont constaté que l'impact protecteur de l'allaitement vis-à-vis de certaines pathologies infectieuses durait aussi longtemps que l'allaitement. Par ailleurs, les taux lactés de facteurs immunologiques restent stables pendant la seconde année de lactation. Des études ont retrouvé un impact à long terme sur certaines maladies chroniques, qui était d'autant plus important que l'allaitement avait été long. Un allaitement long serait encore plus important pour les enfants vivant dans les populations défavorisées, où l'hygiène est mauvaise, et où les autres aliments disponibles sont de médiocre qualité ; le lait maternel continue à protéger l'enfant vis-à-vis des pathologies diarrhéiques, et apporte des nutriments de haute valeur ; de nombreuses études dans les pays en voie de développement ont montré que la santé et la croissance des enfants étaient meilleures lorsqu'ils étaient toujours allaités que lorsqu'ils étaient complètement sevrés.
Dans les cultures occidentales, l'allaitement long est rarement bien vu, et la mère pourra trouver nécessaire de cacher le fait qu'elle allaite toujours pour éviter la désapprobation. Des mères ont été accusées d'abus sexuel ou de mauvais traitements à enfants parce qu'elles avaient choisi un allaitement long. Il faut espérer que toutes les découvertes faites sur l'intérêt de l'allaitement changeront cet aspect des choses, et aideront l'allaitement long à redevenir la norme dans les sociétés occidentales. « II a de la chance, l'enfant qui continue à téter jusqu'à 2 ans » (Dr Antonia Coello-Novello, neuropédiatre américaine).
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Merci beaucoup Claude pour ce retour. Nous allons essayer ce protocole.
Beaucoup d'enfants se réveillent encore la nuit à cet âge alors qu'ils ne sont pas ou plus allaités.
Vous pourriez tenter un sevrage des tétées de nuit en suivant ce "protocole" :
https://naitreaumonde.blogspot.com/2010/07/programme-de-sevrage-nocturne-du-dr-jay.html
Bonjour,
J'ai exclusivement allaité ma fille jusqu'à ses 2mois puis j'ai pratiqué un allaitement mixte quand elle a commencé à aller chez sa nounou. Maintenant elle a 1an et je l'allaite encore le matin , parfois le soir et la nuit quand elle le réclame. J'adore ces moments que je partage avec elle mais je ressens une pression extérieure sur l'arrêt de cet allaitement. Je me pose des questions sur l'éventuel arrêt même si je n'en ai pas envie pour le moment. Ma fille s'endort facilement le soir vers 19h30 mais en général elle se réveille pour téter 1 fois voir 2 fois la nuit puis vers 7h au réveil. On me dit beaucoup que ma fille fera ses nuits lorsque j'aurais définitivement arrêté de l'allaiter. Je commence à être très fatiguée par ses nuits hachées et je ne sais pas comment faire pour qu'elle fasse enfin des vrais nuits sans se réveiller. Je suis presque prête à craquer et arrêter l'allaitement pour voir si cela marche..je suis perdue, que dois-je faire ?
Je souhaite apporter un complément pour Lélé. Il n'est pas facile de conseiller à distance, et de conseiller tout cour. Il y aurait tellement de chose à prendre en compte: environnement familiale, habitudes, conditionnement, personnalité du bébé, personnalité des parents, génétique,....
Ce qui est tout aussi important que la santé du bébé est la santé de la maman. Il ne faut pas se négliger, pensez à votre alimentation/hydratation/sommeil.
Ce que je peux vous conseiller c'est d'observer votre bébé, de vous observer vous, vos habitudes, et d'essayer de faire des liens et d'essayer de mettre en place des choses. Essayer de ne pas faire de fixation sur un sujet ni d'en faire des peurs, bébé ressent tout.
Posez-vous la question: est ce que je suis réellement inquiète pour l'évolution de ma fille? est ce que ce sont des peurs que l'on m'a mise en tête? si vous pensez réellement être inquiète, essayez d'abord des solutions tirés de vos observations, des choses qui vous parlent. Une approche intéressante est la kinesthésie, cela peux résoudre des "problématiques" insoupçonnées, ou parfois simplement rassurer que nous faisons en fait bien les choses mais que nous sommes à contre-courant de ce qu'impose la société
Bon courage à vous, j'espère que vous trouverez réponse
Chose importante aussi, la santé de maman! on l'oubli souvent! pour produire du bon lait, il est important de bien manger, de dormir le plus possible et de bien s'hydrater.
C'est toujours délicat de conseiller à distance, de conseiller tout court: écoutez voter petit puce, si vous avez peur pour sa croissance, essayez de l'incite à prendre le sein d'avantage, et voyez sa réponse
Bonjour Lélé,
Je me connecte tout spécialement pour vous répondre. L'allaitement est un sujet qui me passionne, et que je défends!
Mon bébé a bientôt 12 mois, je l'allaite toujours et naturellement je me suis dirigée sur l'allaitement à la demande ... je me suis posée tellement de questions depuis 1 an , est ce que je fais bien, est-ce qu'il prend assez, est-ce que je devrais définir des heures de tété, est-ce que je dois le sevrer la nuit...
À 6 mois, on me dit que je peux introduire la nourriture, chose que je fais sans le forcer, mais cela n'a pas tellement pris, je lui ai fais gouté beaucoup de chose, mais de la à dire qu'il faisait des repas, non! Ce n'est que maintenant qu'il commence à manger d'avantage, mais cela change d'un jour à l'autre... en parallèle donc j'allaite, et il se sert encore beaucoup!!!
En général, il se réveille une a deux fois par nuit pour téter. Par période, il peut se réveiller plus souvent, ou mettre du temps à s'endormir car il n'a pas pris sa quantité de lait dont il a besoin à ce moment là. Des fois, toujours suite aux conseils des autres ("passes au biberon et mets lui des céréales, il dormira mieux, me dit-on!" par simplicité et tout simplement parce que je pense que l'allaitent est naturel et tellement bon pour recharger l'enfant en tout point, je ne veux pas introduire des céréales, ni utiliser un biberon.) des fois donc, j'ai tenté de le faire manger plus et ce dès 17h (compote, pain, légumes, ajout de semoule fine...) ,pensant qu'il serait moins demandeur de lait. Et bien pas du tout, il lui faut malgré tout SA quantité de lait dont IL a besoin. J'observe donc que son alimentation de base en mon lait.
J'observe aussi chez mon bébé, que lorsque qu'il a moins tété en journée, soit parce que nous étions en vadrouille dans la famille, ou parce qu'il découvre de nouvelles choses qu'il ne pense pas forcément à téter, et bien il compense la nuit. Je ne limite jamais les tétés, d'ailleurs je ne pourrais pas il est intenable au moment où il me fait comprendre qu'il veut téter, c'est à volonté et quand il a besoin.
De manière plus général, il s'est trouvé un rythme de croisière qui est plus ou moins toujours le même, l'heure du coucher, l'heure des tétés, c'est en fait lui qui s'est règlé tout seul.
Comme vous, des fois je me demande s'il prend assez de lait, car le soir je sens qu'il en voudrait plus pour mieux s'endormir. Mais en observant toutes les phases depuis 1 an, je vois qu'il y a des phases où il a besoin de plus car ses besoins, comme lui, grandissent, et que c'est en tétant que cela stimule la production de lait, donc plus il tète, plus il stimule, plus cela produit, pour ainsi satisfaire ses besoins grandissants, puis cette phase se stabilise.
Finalement, malgré tout ce que l'on peut me dire, les conseils d'autrui, je me rend compte que je trouve toujours réponse en moi, et surtout en mon bébé! Lui seul sait vraiment ce qu'il a besoin.
Je vous conseille de suivre votre instinct, d'avoir confiance en vous et en votre bébé. Les conjoints ne sont pas forcément de bons soutiens concernant l'allaitement, ils ne le vivent pas. De mon côté c'est pareil, mon conjoint me soutien d'un sens disant que c'est ce qu'il y a de mieux pour bébé, et d'un autre, dès que je fais face à une problématique, il met tout sur le dos de l'allaitement.
L'allaitement à la demande revient dans notre société depuis peu, mais il n'était plus pratiqué pendant des années, et nous devons ré-apprendre. De ce fait, la plupart des conseils que nous recevons viennent de personnes qui n'ont pas connu l'allaitement à la demande, ces conseils sont parfait pour des bébés élevés au biberon mais ne fonctionne pas forcément pour des bébés élevés au sein. Rapprochez vous le plus possible de maman qui le pratique ou qui l'on pratiqué.
De mon point de vue, on nous bourre le crâne à dire qu'un bébé doit faire ses nuits, doit manger 3 à 4 repas par jour, doit faire au moins 2 siestes par jour.... que l'on perd confiance en nous et que l'on oubli d'écouter bébé, d'autant plus qu'un bébé allaité à la demande ne peut pas avoir le même rythme qu'un bébé nourrit au biberon à heure fixe.
Je pense qu'il faut laisser faire les choses, et accepter que parfois les nuits sont plus fractionnées, que parfois il va manger moins ,ou plus, que parfois il aura besoin de dormir plus, ou parfois moins....tout en surveillant bien sur la santé de bébé.
En espérant vous avoir aider
Lélé je vous ai envoyé un mail perso en réponse à votre commentaire.
Merci de vérifier qu'il n'est pas arrivé dans vos spams.
Au plaisir de vous lire
Marie Courdent Animatrice LLL France à Lille
Bonjour,
Merci pour vos articles toujours très éclairants. Merci aussi aux mamans dont les messages sont inspirants et donnent de la force.
J'allaite encore ma fille de 13 mois, malgré les commentaires négatifs, notamment du papa ("on dormira mieux quand tu n'allaiteras plus" ou "tu te rends esclave de ta fille"...).
Je sens que j'ai moins de lait qu'avant et je me demande si ça lui suffit.
Parce qu'elle a un petit poids pour son âge, on a dû voir une diététicienne et faire toutes sortes de tests. Mais elle semble aller bien, elle est très vigousse, joyeuse... la diététicienne m'a dit de ne plus allaiter à la demande en journée, mais après les repas, de sorte qu'elle ait + faim pour la nourriture solide. Du coup elle compense la nuit j'ai l'impression.
Je redoute déjà le prochain rdv chez le pédiatre, qui nous dira très probablement qu'elle est en dessous des courbes de croissance pour son âge et qu'il faut lui donner des compléments....
Que pensez-vous de cette situation ?
Merci d'avance pour vos conseils!
Merci pour cet article rassurant. Ma fille a 13 mois et est toujours allaitée matin et soir (et davantage le weekend). Elle n'a jamais voulu le biberon. Je voulais absolument allaiter à sa naissance, et moi-même je ne pensais pas pouvoir le faire autant. Je ne me sens pas honteuse auprès des autres personnes qui trouvent ça "bizarre", au contraire je me sens plutôt fière de la nourrir. On a une relation que personne ne peut nous envier, c'est notre moment à toutes les deux. Alors aussi longtemps qu'elle en aura besoin, je poursuivrais l'allaitement puis le sevrage se fera en douceur quand elle le voudra.
Bb a 13 mois, il est au sein soir et matin et parfois plus souvent le week-end. Mon objectif était d’allaiter au moins 6 mois en exclusif lait maternel et aujourd’hui je suis fière de l’allaiter encore et de faire la sourde oreille à ceux qui me disent d’arrêter car c’est bon, bébé est grand. Il décidera seul du bon moment pour arrêter ✋
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