Publié en 2002 dans les Dossiers de l'allaitement n° 53 (Octobre – Novembre – Décembre 2002)
D'après : Preventing post-partum depression (PPD) : a case report. R Malter. J Orthomolecular Med 2001 ; 4 : 213-17.
Existe-t-il une cause biochimique qui prédispose certaines femmes à une DPP sévère ? Quels pourraient être les moyens d’abaisser le risque de DPP chez ces femmes, voire de la prévenir ? Comment éviter d’exposer des mères à des produits aussi potentiellement dangereux que les IRS ?
Bernard Rimland a décrit ce type de traitement comme étant « toximoléculaire », dans la mesure où les psychotropes utilisés sont habituellement toxiques. Pauling a utilisé le terme « orthomoléculaire » pour décrire des traitements nutritionnels pour certains problèmes psychologiques et émotionnels, car ces traitements portent surtout sur la correction d’un terrain, et sont habituellement dépourvus de toxicité. Des études permettent de penser qu’un excès de cuivre ou qu’un rapport zinc/cuivre trop bas sont d’importants facteurs de risque pour la DPP. Ce même type de déséquilibre minéral est constaté chez les femmes qui souffrent de syndrome prémenstruel. Il est fréquent chez les femmes qui utilisent une pilule contraceptive contenant des œstrogènes. Ces femmes sont particulièrement sensibles au stress. L’auteur rapporte ici un cas de prévention de la DPP à l’aide d’une approche orthomoléculaire.
Cette femme de 33 ans a consulté alors qu’elle attendait son troisième enfant. Elle avait souffert de DPP sévère après chacun de ses deux premiers accouchements, avec hospitalisation en psychiatrie et traitement antidépresseur lourd, et elle était terrifiée à la perspective d’une troisième dépression. Elle avait présenté d’importants effets secondaires avec les divers psychotropes qui lui avaient été prescrits, et gardait un souvenir cauchemardesque de ces dépressions. Lorsque sa troisième grossesse a été confirmée, l’obstétricien lui a recommandé de commencer un traitement antidépresseur immédiatement après la naissance, car d’après lui une nouvelle DPP sévère était inévitable au vu de ses antécédents.
Cette mère a passé un bilan nutritionnel détaillé. Le rapport zinc/cuivre était de 2,83 chez elle (rapport souhaitable : 8). Elle avait aussi un rapport calcium/potassium trop élevé, ce qui induit un dysfonctionnement au niveau des échanges cellulaires, et augmente le risque de dépression. Le rapport sodium/potassium était aussi trop élevé (7,67, taux idéal : 2,4), ce qui reflétait un état chronique de stress avec hypersensibilité émotionnelle. On lui a donc prescrit des suppléments destinés à normaliser les rapports zinc/cuivre et sodium/potassium : suppléments de zinc, de vitamine C et B6, de chrome, de potassium et de magnésium. Elle a aussi été référée à une thérapeute, pour la pratique d’exercices de relaxation, de contrôle de son niveau de stress, et d’augmentation de sa confiance en elle et de son sentiment de contrôle sur elle-même et sur sa vie. La thérapeute a aussi travaillé avec le mari de cette femme, afin de l’encourager à soutenir sa femme sur le plan émotionnel.
Ce traitement a eu un impact tout à fait positif. La mère a accouché à terme d’un bébé en parfaite santé, et l’accouchement a été pour elle une expérience positive. Elle n’a présenté aucune dépression, et a eu la joie d’éprouver le sentiment d’être une mère parfaitement normale et en bonne santé allaitant son bébé et profitant d’un maternage gratifiant. Elle avait été privée de toute cette expérience de maternage avec ses deux premiers enfants, en raison de son hospitalisation et des traitements subis.
Ce cas est instructif pour diverses raisons. Tout d’abord, les déséquilibres minéraux peuvent être objectivés à l’aide d’examens de laboratoire (examen du contenu minéral des cheveux). Chez cette femme, le rapport zinc/cuivre trop bas et le rapport sodium/potassium trop élevé étaient typiques d’un risque élevé de dépression ; le même type de déséquilibre est constaté chez les femmes souffrant de syndrome prémenstruel. Lorsqu’un tel déséquilibre est dépisté, il est possible de le corriger, et ce faisant de prévenir la survenue d’une DPP. La plupart des médecins estiment que le dysfonctionnement biochimique induisant la dépression ne peut être traité que par des antidépresseurs. Ce cas démontre qu’il existe d’excellentes raisons de reconsidérer l’utilisation des antidépresseurs pour le traitement de la DPP, d’autant que les risques liés aux IRS sont particulièrement élevés chez les femmes présentant un tel déséquilibre minéral. Il serait important de faire des études sur les examens de laboratoire permettant de mieux évaluer les déséquilibres minéraux en cause dans la DPP, et de guider le praticien dans le choix des suppléments à prescrire pour corriger ces déséquilibres.
L’étude de ces déséquilibres spécifiques d’un risque élevé de dépression montre également que les suppléments vitaminiques et minéraux couramment prescrits aux femmes enceintes peuvent en fait augmenter le risque de dépression. Ces suppléments contiennent habituellement trop de calcium et pas assez de potassium, et ils aggraveront le déséquilibre. Ce cas illustre aussi l’importance du rôle du soutien émotionnel et psychologique, apporté tant par la famille que par un thérapeute.
Références
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