Article publié dans le numéro 64 des Dossiers de l'Allaitement (Juillet – Août – Septembre 2005)
Mme Marie-Alice ROUX, animatrice LLL, consultante en lactation. Cerny (91)
Ce couple ne pouvait pas avoir d’enfant, suite à une stérilité masculine. Il attendait l’adoption d’un enfant depuis 2 ans lorsque la femme a contacté une animatrice de LLL pour envisager l’allaitement de son futur bébé. Parmi les difficultés à prévoir :
elle n’est pas sûre de se voir confier un bébé (la fourchette d’âge choisie par ce couple est de 0 à 3 ans), et elle n’est donc pas sûre de pouvoir l’allaiter ;
elle n’a aucune idée du moment où cet enfant arrivera dans leur famille.
Suite aux informations données par l’animatrice, elle réfléchit à l’idée de stimuler ses seins avec un tire-lait. Mais combien de temps devra-t-elle le faire avant l’arrivée de l’enfant ? S’il n’arrive pas rapidement, devra-t’elle tirer pendant des mois ? Et si l’enfant est un bambin ? Elle décide de se donner le temps de la réflexion, et de venir à la réunion suivante du groupe local de LLL, 3 semaines plus tard.
A cette réunion, elle arrive bouleversée : la DDASS leur a proposé un bébé pour les jours qui viennent, mais son mari recule devant l’échéance brusquement aussi proche, et dit ne pas se sentir prêt. Les autres mères présentes à la réunion sont toutes enceintes ou avec un bébé qu’elles allaitent, ce qui met visiblement mal à l’aise cette femme. Mais son histoire émeut les autres mères qui l’entourent avec chaleur. Quelques jours plus tard, un petit garçon de 3 mois arrive dans cette famille, pour le plus grand bonheur des nouveaux parents.
La mère n’a pas stimulé ses seins, mais elle a proposé le sein à son bébé dès le premier jour pour le calmer. Il le prend immédiatement, et tète correctement. La mère assiste à la réunion suivante avec son bébé. Elle dit souhaiter continuer à venir aux réunions pour parler de maternage, même si elle « n’allaite pas vraiment son bébé ». Elle lui propose le sein 2 à 3 fois par jour, quand elle sent que son bébé en a besoin, et le bébé est par ailleurs nourri au biberon avec du lait industriel. La mère ne stimulera jamais davantage ses seins, et ne cherchera pas à augmenter sa production lactée.
A 6 mois, le bébé commence à prendre son pouce, et la maman pense que c’est le signe qu’il grandit et qu’il a moins besoin du sein. Il tète d’ailleurs de moins en moins souvent, même si la mère le lui propose encore avec beaucoup de bonheur. L’arrêt des mises au sein a été tellement progressif que la mère ne se souvient pas de l’âge exact de son enfant lors de la dernière tétée.
L’arrivée rapide du bébé n’a pas permis à la maman de préparer l’induction d’une lactation. Mais à partir du moment où elle a tenu le bébé dans ses bras, l’idée de produire du lait est devenue à ses yeux secondaire comparée au bonheur d’avoir enfin un enfant, et à la relation d’allaitement « câlin ». Cette mère envisage de reprendre son travail à la fin de son congé de maternité, lorsque le bébé aura un an.
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