Article publié dans les Dossiers de l'Allaitement numéro 69 (Octobre – Novembre – Décembre 2005)
Fatigue and breastfeeding : an inevitable partnership ? S Callahan, N Séjourné, A Denis. J Hum Lact 2006 ; 22(2) : 182-87. Mots-clés : allaitement, alimentation au lait industriel, fatigue maternelle.
La fatigue est fréquente chez la mère en post-partum, et elle s’atténue habituellement entre 8 et 24 semaines. Elle est une raison fréquemment donnée pour sevrer l’enfant. Beaucoup de mères pensent que la fatigue peut abaisser la production lactée. Le fait d’éprouver de la fatigue est normal en post-partum, quelle que soit la façon dont le bébé est nourri. Des études permettent de penser que, beaucoup plus que l’allaitement en soi, c’est la conviction maternelle que l’allaitement est fatigant qui peut avoir un impact sur la façon dont la mère perçoit son niveau de fatigue. Le but de cette étude était de comparer le niveau de fatigue éprouvé par des mères allaitantes et des mères qui nourrissent leur enfant au lait industriel.
L’étude a inclus 129 mères allaitant exclusivement, et 118 mères donnant exclusivement un lait industriel, qui avaient accouché dans une maternité privée de Toulouse, appartenant pour la plupart à une classe socio-économique moyenne. Elles étaient âgées de 29,96 4,5 ans. Elles ont été vues à J2-J4 (T1), et un questionnaire à compléter leur a été envoyé à 6 (T2) et 12 semaines (T3) post-partum. Ce questionnaire comportait une échelle d’évaluation du niveau de dépression, d’anxiété et de fatigue (scores de Pichot) comportant 24 items cotés de 0 à 4.
A T1, 128 mères allaitant exclusivement et 114 mères donnant un lait industriel ont été évaluées. Le niveau de fatigue était similaire dans les 2 groupes. A T2, on a pu évaluer 68 mères allaitant exclusivement, 78 mères donnant exclusivement un lait industriel depuis la naissance, et 19 mères qui allaitaient au départ, mais avaient cessé d’allaiter ; là encore, il n’y avait aucune différence significative dans le niveau de fatigue éprouvé par toutes ces mères. A T3, seulement 89 femmes ont répondu au questionnaire : 25 mères qui allaitaient exclusivement, 41 mères qui donnaient un lait industriel depuis la naissance, et 23 mères qui allaitaient au départ et avaient sevré depuis ; il n’existait toujours aucune différence significative entre ces 3 groupes de femmes quant au niveau de fatigue dont les mères faisaient état.
Les femmes qui allaitaient avaient un niveau de scolarité plus élevé, elles étaient plus souvent primipares. De nombreuses femmes sont sorties de l’étude ; il est possible que celles qui n’aient pas répondu étaient également les plus fatiguées. Toutefois, l’analyse des caractéristiques des mères montrait que les groupes présentaient des caractéristiques similaires aux 3 moments du suivi. Aucune différence dans le niveau de fatigue n’a pu être constatée entre les femmes qui allaitaient exclusivement et celles qui donnaient exclusivement un lait industriel ; le fait de sevrer l’enfant n’induisait pas de modification au niveau de la fatigue éprouvée par la mère. Il semble donc bien que l’allaitement n’est pas fatigant en soi. Il est possible que les femmes qui disent avoir sevré à cause de la fatigue citent cette raison parce qu’elle leur semble acceptable ; il est également possible que la mère éprouve une fatigue psychologique, qu’elle attribue à l’allaitement. Quoi qu’il en soit, les professionnels de santé qui suivent les mères doivent les informer sur le fait qu’il est normal d’être fatiguée en post-partum, et que sevrer l’enfant n’aura probablement en soi aucun impact sur la fatigue éprouvée. Cela permettra à la femme de mieux s’organiser pour traverser cette période plus difficile, en particulier si elle a accouché par césarienne.
Article sur fatigue et allaitement, publié dans les Dossiers de l'Allaitement numéro 69 (Octobre – Novembre – Décembre 2005)
Merci pour cet article qui donne des éléments concrets pour faire tomber une idée reçue et très répandue. L'allaitement en tant que tel n'est pas une raison majeure de fatigue (par contre gérer une maison, une fratrie, un travail, etc. en plus de s'occuper d'un bébé ou jeune enfant oui ! Peut importe comment il est nourri).
Dans le cas de mères totalement épuisées (dont il n'est pas particulièrement question ici), il est possible qu'elles aient besoin de confier leur enfant à quelqu'un d'autre pour se reposer, pas précisément en raison de l'allaitement mais en raison de leur épuisement qui peut avoir de multiples causes. Auquel cas il est toujours possible pour la personne qui a la charge de l'enfant de le nourrir avec du lait (maternel, idéalement, ou artificiel si besoin), en favorisant des contenants alternatifs au biberon dans la mesure du possible.
Entièrement d'accord avec le commentaire de Tat en 2017. Être fatiguée ok. Mais être épuisée, exténuée, à bout de forces, ça ne devrait jamais être normal. C'est un cercle vicieux au bout duquel une maman n'a même plus la force de porter son propre bébé et de le placer elle-même au sein. C'est ce que j'ai vécu pourtant. Alors ne nous dites pas que c'est normal mais acceptez que parfois, la meilleure solution c'est de complémenter un peu le bébé pour que la maman puisse reprendre des forces et mieux s'en occuper. Certes, cet article retrace juste une étude. Mais dans votre site, je ne trouve aucune solution concrète et réaliste pour les mamans épuisées par l'allaitement avec des tétées extrêmement longues qui s'enchaînent presque sans pause, à longueur de temps.
Le site est très bien fait et permet de donner de précieux conseils et surtout de palier au manque de connaissance de nombreux professionnels de santé.
Je rejoins cependant Tat, quand la maman est épuisée votre discours est très culpabilisant pour les mères avec des enfants aux besoins importants; il peut même être dangereux pour les mères sans soutien.
Il ne faut pas oublier que le retour au travail en France se fait avant les 3 mois de l enfant. Il y aussi des frères et sœurs à gérer souvent. La culture française n'accompagne pas particulièrement la maman
L allaitement est à favoriser mais le biberon donné par le papa ou un membre de l entourage peut aider la mère à se reposer.
Il est clair que si l'on en arrive à tel un degré de fatigue, il faut faire quelque chose !
Si pour vous, donner un biberon de lait artificiel le soir a été la solution, tant mieux pour vous.
L'article ne faisait que relater les résultats d'une étude (et il y en a plusieurs autres qui vont dans le même sens) disant que sur la population étudiée, le degré de fatigue était le même chez les mères qui allaitaient et chez celles qui donnaient le biberon.
Et comme on dit en réunion LLL, dans ce que vous entendez (ou lisez sur le site), prenez ce qui vous convient, laissez ce qui ne vous convient pas !
Je trouve que votre article n'est ni réaliste ni objectif à l'image de votre site et de vos conseils. J'ai un bébé qui tête la nuit et parfois en journée aussi toutes les heures, avec des têtées de 40/50 mn. Par fois, surtout le soir, les têtées durent trois heures avec quelques pauses de quelques minutes toutes les demi heures. Vous comprendrez dans ces conditions que je tombe de fatigue et n'ai plus la force de répondre aux demandes de têtées et je n'ai d'autre choix que de laisser mon bébé pleurer car je suis exténuée et j'ai besoin de dormir au moins trois heures sur une plage horaire de 24 h. Avec un biberon de lait artificiel, il est certain que j'aurai la paix pendant 4 heures, c'est une réalité. Prétendre le contraire discrédite votre propos et décourage les mères comme moi de poursuivre l'allaitement: les conseils donnés font fi de la réalité rencontrée par les mères et surtout ils culpabilisent avant tout la mère au lieu de lui fournir l'aide recherchée pour solutionner les problèmes rencontrés. Je pense que vous devriez revoir votre approche, arrêter de prétendre des choses fausses et arrêter de culpabiliser les mamans. S'il n'y a pas de solution aux problèmes rencontrés par les mamans, le reconnaître simplement. et permettre à la mère de faire le meilleur arbitrage entre allaitement et lait artificiel en fonction des difficultés rencontrées et de sa condition physique et psychologique. Le cas échéant, en mettant la pression sur les mamans, en les culpabilisant à l'excès si elles ne répondent pas systèmatiquement et dans l'immédiat aux demandes de têtées du bébé en dépit de leur fatigue, épuisement neverveux, c'est mettre en danger la maman et le bébé, la mère épuisée et dépassée psychologiquement et physiquement par la situation, qui ne pourra pas s'occuper correctement de son bébé.
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