Article publié dans les Dossiers de l'Allaitement numéro 66 (Janvier-Février-Mars 2006)
D'après Relactation in the intended mother of triplets born via surrogate pregnancy. A Dermer, R Wood Johson, AL Feldman. 8th Annual Meeting of the Academy of Breastfeeding Medicine, Chicago, Oct 16-20 2003.
ABM News and Views 2003 ; 9(4) : 31.
Cette femme de 38 ans, qui devait adopter des triplés nés d’une grossesse menée par une mère porteuse, s’est présentée en consultation pour une induction de lactation. Elle avait un enfant de 14 ans, qu’elle avait allaité pendant 4 mois. Elle avait fait une fausse couche 3 ans plus tôt suite à une grossesse de triplés FIV, qui avait nécessité une hystérectomie en urgence pour un placenta acreta. Elle avait commencé à tirer son lait environ 3 fois par jour, et une amie allaitante tirait son lait et le conservait au congélateur pour le lui donner.
Elle n’avait aucun antécédent de troubles cardiovasculaires ou psychiatriques. Après discussion avec elle des avantages et des risques liés à ce traitement, la mère a commencé à prendre une pilule contraceptive (prise en continu de 1 mg de norethindione + 35 µg d’éthinyloestradiol – Ortho-Novum®) selon le protocole Newman-Goldfarb d’induction d’une lactation (The protocol for induced lactation – A guide for maximizing breastmilk production. L Goldfarb, J Newman). Le seul effet secondaire enregistré a été une phlébite superficielle pendant la thérapie hormonale, traitée par AINS et applications de compresses chaudes. Après la naissance des bébés à 28 semaines d’âge gestationnel, elle a cessé de prendre la pilule contraceptive et a débuté la prise de dompéridone, de fenugrec et de chardon marie (Ndlr : la dompéridone a un effet galactogène rapporté mais n'a pas d'AMM en France pour cette indication).
Dans la semaine qui a suivi la naissance des enfants, la mère a commencé à avoir les seins engorgés si elle restait plus de 3 heures sans tirer son lait, et elle tirait environ 50 ml de lait à chaque session d’expression, soit une quantité similaire à celle tirée par les autres mères dont l’enfant était dans le même service de néonatalogie. A partir du moment où les bébés ont commencé à être nourris par sonde, ils ont reçu le lait de leur mère adoptive. La sécrétion lactée a encore doublé à partir du moment où la mère a commencé un programme de portage kangourou. Pendant leur séjour en néonatalogie, les bébés ont reçu le lait tiré par la mère, et du lait humain provenant d’un lactarium auquel était ajouté un produit d’enrichissement. Pendant le second mois de vie des enfants, la mère a présenté une mastite ; elle a tiré et jeté son lait pendant une semaine, en raison d’une suspicion de Staphylocoque résistant à la méthicilline.
L’équipe soignante hésitait à laisser la mère mettre les bébés au sein. Mais après la sortie des enfants, la mère les a mis au sein, et elle tirait aussi son lait pour le leur donner. L’alimentation des bébés était constituée d’environ 50% de lait maternel et de 50% de lait industriel, et ce jusqu’à 6 mois, âge auquel la mère a sevré les bébés. Ces derniers ont eu une croissance parfaitement normale. Aucun effet secondaire n’a été constaté pendant les 6 mois du traitement par dompéridone.
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