Article publié dans les Dossiers de l'Allaitement numéro 61 (Octobre-Novembre-Décembre 2004)
D'après "An update on breastfeeding and rheumatology." TJ Tobolic. ABM News and Views 2003 ; 9(1) : 3.
Plusieurs petites études cas-témoin avaient constaté que la grossesse et l’allaitement pouvaient avoir un impact sur l’évolution et l’étiologie de la polyarthrite rhumatoïde (PR) chez les femmes. La prolactine était impliquée en tant qu’agent pro-inflammatoire augmentant le risque de survenue ou de poussées actives chez les femmes génétiquement prédisposées à cette maladie. Toutefois, une étude récente de Karlson et al a constaté qu’un allaitement d’une durée totale de plus de 12 mois avait un impact protecteur significatif et dose dépendant vis-à-vis de la PR. Cette étude, présentée à la conférence annuelle de 2002 du Collège de Rhumatologie, avait utilisé les données recueillies par la Nurse’s Health Study, une grande étude longitudinale portant sur 121.701 femmes.
D’autres études avaient conclu que l’augmentation du taux de prolactine corrélée à l’allaitement pouvait aggraver les poussées de PR en post-partum précoce chez les femmes prédisposées. Toute-fois, ce phénomène est surtout constaté après le premier accouchement. Une étude de Lankarani-Fard avait examiné les relations à long terme entre le taux de cortisol, la parité et la lactation, chez des femmes âgées de 50 à 89 ans, qui ne prenaient aucun traitement oestrogénique (Cumulative duration of breast feeding influences cortisol levels in postmenopausal women. J Womens Health Gend Based Med September 2001 ; 10 : 681 7). Les femmes qui avaient allaité pendant au moins un total de 12 mois avaient des taux significativement plus élevés de cortisol que les femmes qui n’avaient pas allaité ou avaient allaité pendant moins de 12 mois. Cette élévation était particulièrement importante chez les femmes qui avaient accouché 3 fois ou plus. L’auteur concluait que dans la mesure où le taux de cortisol augmentait avec la durée totale d’allaitement dans la vie, l’impact bénéfique de l’allaitement sur certaines pathologies auto-immunes pourrait être en rapport avec cette augmentation du taux de cortisol.
Walker et Jacobson ont passé en revue les relations entre la pro-lactine, la gonadotropin-releasing hormone, le système immunitaire, et les pathologies auto-immunes (Roles of Prolactin and Gonadotropin releasing hormone in rheumatic disease. Rheu-matic Diseases Clinics of North America, November 2000 ; 26 : 4). La prolactine est produite par l’hypophyse, ainsi que par le cerveau et les lymphocytes. On pense qu’elle est en fait une cytokine, qui a un rôle important au niveau du système immunitaire, et une aug-mentation du taux de prolactine est constatée dans diverses pathologies auto-immunes. Toutefois, Walker et al font état d’études qui ont constaté des taux normaux, voire abaissés, de prolactine chez des personnes souffrant de PR.
Des études sur l’impact de la bromocriptine ou du quinagolide, un agoniste de la dopamine, ont donné des résultats non concluants sur des variables telles que le taux de sédimentation ou le taux de protéine C-réactive, tout en permettant une amélioration de la symptomatologie douloureuse. Les auteurs concluaient que la prolactine fabriquée par les lymphocytes, qui pouvait être à l’origine des inflammations intra-articulaires, était indépendante de la prolactine hypophysaire. En pareil cas, la bromocriptine et le quinagolide, qui agissent uniquement sur la sécrétion hypophysaire de prolactine, n’auraient aucun impact sur l’évolution de la PR.
Dans l’ensemble, toutes ces études soulèvent davantage de questions qu’elles n’offrent de réponses. L’étude de Karlson montre un net impact protecteur de l’allaitement, ce qui n’est pas le cas des autres études. Le rôle exact de la prolactine dans la PR et dans d’autres pathologies auto-immunes reste obscur. Il serait nécessaire d’en savoir davantage sur les relations entre la prolactine hypophysaire produite pendant l’allaitement, et la prolactine produite périphériquement, ainsi que sur les facteurs susceptibles d’augmenter le risque de poussées de PR en post-partum.
Le taux de prolactine est affecté par de nombreux facteurs hormonaux et neuroendocrines, à commencer par le stress. On peut supposer que, pour de nombreuses primipares, le post-partum précoce est une période très stressante, ce qui participe à l’élévation du taux de prolactine (si la prolactine est réellement en cause). En fait, l’hypothèse selon laquelle l’allaitement causerait une aggravation de la PR en raison de l’élévation de la prolactine pourrait être totalement fausse. Il est aussi intéressant de constater que la prévalence de la PR a baissé depuis une vingtaine d’années, pour une raison qui reste mal élucidée.
L’étude de Karlson est importante, car elle aide à clarifier les relations entre l’allaitement et la polyarthrite rhumatoïde. Ses résultats sont à ajouter à la liste des bénéfices préventifs et protecteurs de l’allaitement pour les femmes, et nous donnent une raison supplémentaire d’encourager les mères à allaiter leurs enfants aussi longtemps que possible.
Il existe des anti-inflammatoires compatibles avec l'allaitement.
Bonjour,
Cela fera deux mois que j'ai accouché et j'ai une inflammation aux deux mains poignets doigts douloureux et inconfort. J'ai déjà eu l'année dernière une injection de corticoide dans le pouce eu a l'expulsion d'un dépôt de calcium. Quel solution j'ai si je veux continuer à allaiter en sachant que je n'ai pas droit au anti inflammatoire afin de soulager la douleur ?
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