DA 59 : Le fait d’allaiter abaisse le risque de polyarthrite rhumatoïde chez la femme

Article publié dans les Dossiers de l'allaitement n 59 (Avril - Mai - Juin 2004)
D'après "Breast-feeding may offer protection against the onset of rheumatoid arthritis." D Mahoney. Ob Gyn News 2002 ; 37(24).

Une durée totale d’allaitement supérieure à 12 mois pourrait protéger vis-à-vis de la polyarthrite rhumatoïde. C’est le résultat d’une grande étude prospective menée par EW Karson et al, et présentée à la rencontre annuelle de l’American College of Rheu-matology (26 au 29 octobre 2002, New Orleans, USA).

On pense depuis longtemps que les hormones sexuelles féminines jouent un rôle dans l’étiologie de la polyarthrite rhumatoïde (PR). De petites études cas-témoins donnaient à penser que l’allaitement pouvait augmenter la prévalence de la PR. Afin d’en savoir davantage, Karslon et al ont analysé les données provenant de la Nurses’ Health Study, une grande enquête épidémiologique longitudinale portant sur 121 701 femmes.

593 d’entre elles avaient des signes cliniques de PR, et 82 % étaient positives pour le facteur rhumatoïde. Les données recueillies ont été analysées par régression logistique multiple afin de rechercher tous les facteurs ayant un impact sur le risque de PR. Ces facteurs étaient l’âge, le tabagisme, l’index de masse corporelle, l’âge au moment des premières règles, la parité, l’âge au moment de la première naissance, la durée totale d’allaitement, l’âge au moment de la ménopause, l’utilisation d’hormones en post-ménopause.
Après ajustement pour les autres facteurs, il existait une corrélation négative significative entre la durée de l’allaitement et le risque de PR, corrélation qui n’était pas retrouvée pour les autres facteurs hormonaux (âge au moment des premières règles, au moment de la première naissance, nombre d’enfants, utilisation d’un contraceptif hormonal, etc.).

Les auteurs concluent que, contrairement à ce qu’on pensait, une durée suffisamment longue d’allaitement semble abaisser le risque de PR. La raison de cet impact reste à découvrir. Elle pourrait permettre l’identification de nouveaux marqueurs pour la PR, et le développement de nouvelles thérapies.