Article publié dans les Dossiers de l'allaitement n° 129, décembre 2017
D'après : Zika virus shedding in human milk during lactation – an unlikely source of infection ? Cavalcanti MG et al. Int J Infect Dis 2017 ; 57 : 70-2.
Le virus Zika est essentiellement transmis par les moustiques, mais il existe de plus en plus de rapports permettant de penser qu’il existe une transmission sexuelle. L’infection est le plus souvent asymptomatique, mais elle peut induire une fièvre avec céphalée, rash, conjonctivite et arthralgies. L’allaitement pourrait être un vecteur de transmission : le matériel génétique du virus a été mis en évidence dans le lait humain. Toutefois, des mères contaminées ont allaité sans transmettre le virus. La présence de ce dernier dans le lait maternel semble donc le plus souvent ne pas suffire pour contaminer l’enfant allaité. Les auteurs ont suivi 4 mères allaitantes qui ont présenté une infection à virus Zika.
La 1ère mère avait 33 ans et elle était malade depuis 7 ours lorsqu’elle a consulté. L’ARN du virus Zika a été retrouvé dans son sang, ses urines et son lait, et elle présentait une éruption cutanée au niveau du visage, du tronc et des membres supérieurs. Elle avait suspendu l’allaitement au moment de l’apparition de l’éruption, mais l’a repris au bout de 4 jours lorsque l’éruption a disparu. Le suivi de son enfant à 11 mois a montré qu’il n’avait pas été contaminé. C’était également le cas de l’époux de cette femme.
La 2e mère, une femme de 42 ans, s’est présentée alors qu’elle avait la fièvre depuis 5 jours, ainsi que des douleurs rétro-oculaires et une conjonctivite. Trois jours plus tôt, elle avait présenté une éruption cutanée plus ou moins généralisée, puis elle a développé des arthralgies et des œdèmes articulaires au niveau des doigts et des orteils. L’ARN du virus Zika a été retrouvé dans son sang, ses urines et son lait, et la mise en culture du lait a retrouvé du virus infectieux. Tous les prélèvements faits chez son mari étaient négatifs. Elle a poursuivi l’allaitement pendant toute la durée de la maladie. Deux semaines plus tard, l’enfant était toujours asymptomatique.
La 3e mère avait 28 ans et elle était enceinte d’un mois lorsqu’elle s’est présentée pour une sévère arthralgie au niveau des épaules, des poignets et des chevilles, ayant débuté 7 jours plus tôt. Depuis 3 jours, elle présentait également une éruption au niveau du visage et des membres supérieurs et, depuis 2 ours, une fièvre et une conjonctivite. Après 2 jours de disparition totale des symptômes, l’éruption cutanée au niveau du visage et des membres supérieurs a récidivé pendant 3 jours. L’ARN du virus Zika a été retrouvé dans son sang et ses urines. Cette femme allaitait toujours son enfant précédent, âgé de 10 mois. Par la suite, cet enfant a présenté un exanthème cutané pendant 2 jours et, 7 jours après le début de la maladie, l’ARN du virus Zika était retrouvé dans son sang.
La 4e mère avait 33 ans et elle était enceinte de 28 semaines lorsqu’elle s’est présentée en consultation. Depuis 2 ours, elle présentait des arthralgies modérées au niveau du poignet gauche et des genoux, sans arthrite ni œdème, ainsi qu’une éruption cutanée diffuse sans fièvre. L’ARN du virus Zika a été retrouvé dans son sang. Les signes cliniques ont perduré pendant 7 jours et elle n’a présenté aucune complication, mais l’ARN viral a été retrouvé dans ses urines pendant 30 jours après le début des symptômes. Elle a accouché d’un bébé en bonne santé et l’a allaité pendant 4 mois. L’enfant n’a présenté aucun signe de maladie. Pendant toute la durée de l’allaitement, l’ARN du virus n’a pas été retrouvé dans son lait, il n’a pas non plus été retrouvé chez le bébé, qui est également resté séronégatif pour le virus Zika.
Dans les 3 cas de mères contaminées par le virus Zika alors qu’elles allaitaient, le virus était excrété dans le lait maternel, ce qui suggérait la possibilité d’une contamination de l’enfant allaité. Toutefois, un seul enfant allaité a présenté des signes de contamination, et il est impossible d’affirmer que le virus présent dans le lait maternel était en cause, l’enfant ayant également pu être contaminé par un moustique. Même si cette étude confirme la présence du virus Zika dans le lait maternel, il n’est toujours pas possible de savoir si le lait maternel peut être une route de transmission. Tout au plus peut-on affirmer que l’allaitement est un mode peu efficace de transmission. D’autres études sur le sujet seraient nécessaires.
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