Article publié dans les Dossiers de l'allaitement n° 131, février 2018.
D'après : Tolerance development in food protein-induced allergic proctocolitis : single centre experience. Erdem SB et al. Allergol Immunopathol 2017 ; 45 : 212-9.
La prévalence des allergies alimentaires pédiatriques est en augmentation. Si le mécanisme des allergies IgE-médiées est globalement bien connu, celui des allergies non IgE-médiées reste mal cerné. La proctocolite allergique alimentaire (PAA) est non IgE-médiée. Elle débute habituellement pendant le premier mois de vie, et se manifeste par la présente de mucus et de sang dans les selles d’un bébé par ailleurs en bonne santé ; la prise de poids est habituellement normale et il est rare de constater une anémie légère ou une hypoalbuminémie. L’aliment le plus souvent en cause est le lait de vache, et dans 60 % des cas, ce problème est constaté chez un bébé allaité exposé aux protéines du lait de vache via le lait maternel. Le pronostic à long terme est excellent, avec disparition spontanée des manifestations cliniques avec le temps. Le but de cette étude espagnole était d’évaluer les manifestations cliniques, les facteurs de risque et l’évolution d’une PAA chez des bébés.
Cette étude rétrospective a été menée auprès d’enfants suivis par un service spécialisé entre janvier 2010 et janvier 2015. Elle a inclus 77 enfants chez qui un diagnostic de PAA avait été posé et pour lesquels toutes les données ont pu être collectées. Divers tests allergologiques ont été effectués chez les enfants qui présentaient d’autres manifestations d’atopie (dermatite, wheezing récurrent, choc anaphylactique) : prick-tests, dosage des IgE spécifiques aux allergènes alimentaires les plus fréquents chez tous les enfants, ainsi qu’à d’autres allergènes déterminés au cas par cas chez certains d’entre eux, et patch-tests. Un examen endoscopique a été effectué en cas d’allergies alimentaires multiples, de démarrage tardif des signes cliniques, ou de saignements importants dans les selles, avec examens histologiques. Les produits laitiers ont été éliminés de l’alimentation des mères qui allaitaient. Un hydrolysat poussé a été prescrit aux enfants non allaités, remplacé en cas d’échec par une formule à base d’acides aminés. Lorsque la disparition des manifestations était obtenue, des tests de réintroduction des aliments en cause dans l’alimentation de la mère (lorsque l’enfant était allaité) étaient progressivement menés, les aliments étant réintroduits un par un après environ 3 semaines d’éviction. En cas de réapparition des signes cliniques, l’aliment en cause était à nouveau éliminé, et de nouveaux tests de tolérance étaient effectués tous les 6 mois.
Parmi ces 77 enfants, l’âge au moment de l’apparition des symptômes allait de 7 jours à 36 mois. 10 enfants ont été hospitalisés. 9 avaient des antécédents familiaux d’allergie alimentaire. Tous les enfants avaient du sang dans les selles, 69 présentaient une diarrhée et 14 des vomissements. 1 enfant présentait des saignements importants. 41 des enfants étaient allaités au moment du début des signes cliniques. Les protéines du lait de vache étaient en cause chez 60 enfants, l’œuf chez 4 enfants, les protéines du lait de vache et l’œuf chez 10 enfants. 3 enfants souffraient d’allergies alimentaires multiples ; les autres aliments en cause étaient le blé, le sésame, la viande, le poisson, la carotte et la pomme. Chez les enfants qui étaient exclusivement allaités au moment du diagnostic, tous les signes cliniques ont disparu après suppression des produits laitiers dans l’alimentation maternelle, et ces produits n’ont pas été réintroduits directement dans l’alimentation de l’enfant tant que la tolérance orale n’a pas été obtenue chez lui après réintroduction des protéines du lait de vache dans l’alimentation maternelle. La tolérance orale était d’autant plus rapidement obtenue que l’enfant était jeune au moment de l’apparition des symptômes. Elle a été obtenue au bout de 14,77 ± 12 mois (3 à 66 mois) : avant 1 an chez 31 enfants, entre 1 et 2 ans chez 21 enfants, entre 2 et 3 ans chez 7 enfants. Elle était obtenue plus rapidement chez les enfants qui étaient allergiques aux protéines du lait de vache et/ou à l’œuf, et plus tardivement chez les enfants souffrant d’allergies alimentaires multiples.
De nombreux aliments peuvent induire une PAA, même si les protéines du lait de vache sont les plus souvent impliquées. Les manifestations cliniques les plus fréquentes sont la présence de sang dans les selles et les diarrhées. Il n’existe pas de test diagnostique réellement spécifique, et le meilleur test est la disparition de tous les symptômes après éviction de l’aliment en cause et leur réapparition si cet aliment est réintroduit. Le pronostic est excellent, avec acquisition spontanée d’une tolérance avec le temps, qui est d’autant plus rapidement acquise que le bébé est très jeune au moment de l’apparition des signes cliniques, et qu’il est allaité.
Bonjour Madame,
Avec ces quelques infos je ne peux que vous donner les principes de base :
Le sang dans les selles peut en effet être un signe d’intolérance alimentaire mais il peut aussi provenir, par exemple, de fissures annales, rares chez le bébé allaité dont les selles sont molles , mais qui peuvent être le résultat de prises de température rectale trop fréquentes.
De nombreuses mamans nous ont rapporté avoir fait le test d’un régime d’éviction des protéines du lait de vache (PLV) et avoir constaté l’arrêt de ces micro-saignements dans les selles de leur bébé allaité à 100 %. Le test d’éviction veut dire 0 lait de vache sous toutes ses formes ( lait liquide, fromage, gruyère râpé, yaourts, crème fraiche, quiche, etc.) 0 lait de chèvre sous toutes ses formes, 0 lait de brebis, ces mammifères ayant des points communs avec la vache et 0 soja sous toutes ses formes à cause de ce que l’on appelle les allergies croisées. Parfois les mamans sont amenées à arrêter la viande de bœuf et de veau et dans les cas extrêmes les produits industriels qui contiennent des PLV. Cette éviction est nécessaire au moins 3 semaines pour être sûre d’avoir éliminé toutes les protéines incriminées de leur corps. Ensuite elle font le point.
S’il n’ay pas d’amélioration il faut alors se dire que les PLV ne sont peut être pas en cause, que la maman peut en reconsommer en y allant doucement tout en observant son bébé et qu’un autre aliment qu’elle consomme, qui passe via leur lait à leur bébé, pourrait être en cause. Bien souvent il peut s‘agir des œufs, ou des fruits à coques ou ??? .
L’allergie alimentaire chez l’enfant est un problème complexe et il est indispensable d’être accompagné par des professionnels de santé à l’écoute et qui connaissent la problématique spécifique du bébé allaité afin de l’aider à acquérir une tolérance. Surtout ne restez pas seule.
Poursuivre l’allaitement comporte de nombreux bénéfices puisque la réintroduction du ou des aliments allergéniques pourra se faire dans un 1er temps via le lait maternel et puis il n’y a pas que les allergies dans la vie, le lait maternel reste l’aliment normal de l’enfant, prévu par Dame Nature pour un développement optimal de la tête au pied si on peut dire. De plus on a jamais autant de câlins que quand on est allaité et cela compte aussi.
Informez vous, lisez nos pages sur le site sur les allergies, procurez vous à la boutique le numéro de notre revue Allaiter Aujourd’hui N° 125 sur le sujet pour être l’avocat de votre bébé allaité et néanmoins peut être allergique
Bon courage à vous car le régime d'éviction au long cours est difficile mais votre bébé vous dit "Merci de me construire la meilleure santé possible"
Marie Courdent Animatrice LLLF - Lille
Bb de 4 mois présente du sang ds les selles
Environ 5-6 fois . Allaité . Mère ne prend pas de produits laitiers depuis que le bb a 3 semaines. Ne souhaite pas cesser l'allaitement si possible!
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