Article publié dans les Dossiers de l'allaitement n° 131, février 2018
D'après : "He was teaching us" : responsive breastfeeding in a baby with laryngomalacia. McGuire E, Bollella D. Breastfeed Rev 2017 ; 25(2) : 33-6.
La laryngomalacie est la principale cause de stridor chez les nourrissons. Dans la plupart des cas, elle est bénigne, ne nécessite aucune intervention médicale, et disparaît spontanément avec le temps. Les auteurs présentent le cas de l’allaitement d’un enfant souffrant de laryngomalacie, et la façon dont les parents ont appris à la gérer en observant leur bébé.
Dans les jours qui ont suivi la naissance de leur enfant, les parents ont constaté que, par moments, sa respiration était bruyante, particulièrement pendant son sommeil. Puis ils ont constaté qu’elle était également bruyante pendant les tétées. Ils ont passé des heures à observer leur bébé jour et nuit afin de cerner la cause du problème, sans résultat. Ils ont fini par filmer leur bébé pendant un de ces épisodes et l’ont montré à un médecin, qui a diagnostiqué un stridor probablement causé par une laryngomalacie.
La laryngomalacie est une malformation laryngée qui induit un prolapsus de la muqueuse sus-glottique dans le larynx au moment de l’inspiration. On suppose que ce prolapsus est causé par un mauvais contrôle musculaire en raison de l’immaturité neurologique du nourrisson, ou qu’il est dû au manque de fermeté du tissu cartilagineux de soutien, ou à une variation anatomique. Un reflux gastro-œsophagien peut y être associé ou même y contribuer en raison de l’inflammation qu’il induit. La laryngomalacie peut être isolée, ou être en rapport avec d’autres pathologies des voies aériennes, un problème cardiaque, neurologique ou autre. Le prolapsus induit par la dépression créée dans le pharynx par l’inspiration obstrue partiellement les voies aériennes, et provoque le stridor. La sévérité du stridor est variable, mais dans 70 à 90 % des cas, il est bénin. Il débute dans les deux premières semaines de vie, augmente pendant les premiers mois, puis s’améliore pour disparaître habituellement avant 24 mois. En effet, les structures du larynx se développent plus rapidement que l’épiglotte pendant les deux premières années, et cette dernière ne pourra plus obstruer les voies aériennes. De plus, la maturité musculaire et neurologique s’améliore. Lorsque la laryngomalacie est sévère, l’enfant pourra présenter des épisodes de cyanose et d’apnée, en particulier pendant les tétées. En effet, la coordination entre la succion, la déglutition et la respiration est complexe, et le sera encore davantage en cas de laryngomalacie. Dans les cas sévères, elle empêchera le bébé de se nourrir correctement et induira une stagnation staturo-pondérale. En pareil cas, une correction chirurgicale sera nécessaire.
Le stridor est très anxiogène pour les parents, qui trouvent habituellement très difficile de ne pas savoir comment aider leur bébé à mieux respirer. Les parents de ce bébé ont constaté qu’il respirait mieux quand la pièce où il se trouvait était maintenue à 22°C (le stridor était plus prononcé avec une température plus basse). Il rejetait spontanément sa tête en arrière lorsqu’il dormait, ce qui lui permettait aussi de mieux respirer. La gravité peut limiter le prolapsus muqueux et donc le stridor, et l’enfant respirera mieux s’il est couché sur le ventre, ou dans une position où sa tête est placée plus haut que le reste de son corps.
Le démarrage de l’allaitement s’était bien passé, mais au bout de 4 à 5 semaines, le bébé a commencé à devenir très agité après avoir passé quelques minutes au sein. Il respirait très bruyamment et s’étranglait souvent. Pendant la déglutition, le larynx et l’épiglotte s’élèvent, l’œsophage s’ouvre et le lait coule vers l’estomac. Lorsque le bébé avale, il doit faire une pause respiratoire, mais cela pourra être difficile pour le bébé souffrant de laryngomalacie qui a déjà du mal à respirer. Après beaucoup de frustrations et de persévérance, la mère a fini par réaliser que son bébé avait besoin d’ajustements. Les longues tétées le fatiguaient. Elle a donc décidé de le mettre au sein plus souvent et par sessions ne dépassant pas 10 minutes, avec au moins 30 minutes de pause entre deux sessions. En observant la façon dont son bébé rejetait la tête en arrière pendant son sommeil, elle a décidé d’essayer de le mettre au sein dans une position où il pouvait mettre sa tête davantage en arrière, ce qui a en effet rendu les tétées plus faciles pour le bébé. Enfin, elle a décidé de l’allaiter allongée plutôt qu’assise ; le lait coulait moins rapidement dans la bouche de son bébé, ce qui facilitait également la déglutition.
Les parents ont réellement eu l’impression que leur bébé leur "apprenait" comment ils pouvaient l’aider à gérer sa laryngomalacie. Après le diagnostic, ils se sont sentis un peu rassurés dans la mesure où on leur a affirmé que le problème était bénin et disparaîtrait spontanément, mais ils restaient très démunis et frustrés, car personne ne leur avait dit comment aider leur bébé et gérer les tétées difficiles. Le seul conseil qui leur avait été donné était d’amener leur bébé aux urgences s’il semblait vraiment avoir d’importantes difficultés respiratoires, afin qu’il soit mis sous oxygène. En observant soigneusement leur bébé, ils ont toutefois fini par trouver les moyens de l’aider à mieux respirer, y compris pendant les tétées, et ont pu constater que des adaptations somme toutes mineures avaient un impact positif significatif. Ils en ont conclu que les parents d’un bébé qui présente un problème devraient écouter leur instinct et observer leur bébé afin de déterminer ce qui est le mieux pour lui.
Voir aussi le témoignage de Gaëlle
Mon enfant est également atteint de laryngomalacie. Nous avons également spontanément fait ces ajustements au niveau des tétées mais nous n’arrivons pas à trouver une position qui lui semble confortable ou un son sommeil, on a toujours l’impression qu’il souffre vu son stridor. Auriez-vous des conseils?
Merci d’avance
Merci pour ce témoignage. Car mon bébé de 6 jours respire vite et fort quand il tete et juste après. J’en ai parlé à la sage femme qui ne comprenais pas. Votre témoignage est rassurant. Je pourrait filmer mon bébé et en parler avec mon médecin.
Merci à vous
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