Article paru dans les Dossiers de l'allaitement n° 132, mars 2018.
D'après : History of breast feeding and risk of incident endometriosis : prospective cohort study. Farland LV et al. BMJ 2017 ; 358 : 3778. Mots-clés : endométriose, facteurs de risque, allaitement.
L’endométriose est une pathologie gynécologique chronique qui touche environ 10 % des femmes aux États-Unis. Elle induit des douleurs pelviennes, une dysménorrhée et une dyspareunie. Les lésions d’endométriose varient en fonction du taux d’œstrogène circulant. L’allaitement (et l’aménorrhée lactationnelle qui l’accompagne) pourrait être un facteur de risque modifiable d’endométriose. L’objectif de cette étude était d’évaluer les relations entre l’allaitement et le risque d’endométriose.
Les données ont été collectées dans le cadre de la Nurses’ Health Study II (NHSII), une grande étude prospective américaine débutée en 1989 auprès de 116 430 infirmières diplômées âgées de 25 à 42 ans. À leur entrée dans l’étude et tous les 2 ans par la suite, ces femmes ont répondu à un questionnaire détaillé. Plus de 90 % de ces femmes sont restées dans l’étude. Entre autres, les questionnaires ont collecté des données sur chaque grossesse et sur les allaitements, ce qui a permis, chez les pares, de calculer la durée de l’allaitement pour chaque enfant ainsi que la durée totale d’allaitement, la durée de l’allaitement exclusif pour chaque enfant étant également prise en compte. On a noté également le délai entre l’accouchement et le retour de couches, ainsi que de nombreuses variables confondantes (indice de masse corporelle, tabagisme, contraception hormonale, âge au moment de la ménarche…). Les auteurs ont retenu uniquement les cas d’endométriose confirmés par endoscopie afin d’éviter les risques d’erreurs de diagnostic. Ils ont exclu les femmes qui souffraient déjà d’endométriose à leur entrée dans l’étude, celles qui en souffraient avant leur première grossesse, et celles qui souffraient de cancer. Les femmes ont été réparties en fonction du nombre de grossesses (1, 2, ≥ 3), de l’âge au moment de la ménarche et de la première grossesse, de la durée totale d’allaitement. Les données ont été analysées suivant la régression de Cox.
Parmi les 72 394 femmes qui avaient rapporté au moins une grossesse ayant duré au moins 6 mois et qui avaient fourni les données nécessaires sur l’allaitement, une endométriose a été diagnostiquée chez 3 296 femmes pendant leur participation à l’étude. Les femmes qui avaient allaité plus longtemps que la moyenne étaient plus âgées, plus souvent multipares, et plus nombreuses à n’avoir jamais fumé ni utilisé de contraceptifs hormonaux. Elles étaient également moins souvent en surpoids ou obèses, et elles avaient eu leur ménarche plus tôt. Par rapport aux femmes qui avaient allaité pendant une durée totale de ≥ 36 mois, celles qui n’avaient pas allaité avaient un risque de survenue d’une endométriose 2,5 fois plus élevé. Il existait une corrélation inverse significative entre la durée totale d’allaitement et le risque d’endométriose, chaque mois supplémentaire d’allaitement (jusqu’à 45 mois) étant corrélé à une baisse de 3 % de ce risque. Lorsqu’on prenait en compte la durée de l’allaitement séparément pour chaque enfant, une augmentation de 3 mois de la durée de l’allaitement abaissait de 8 % le risque de survenue d’une endométriose. Cet impact de l’allaitement était corrélé à la durée de l’aménorrhée lactationnelle. Par rapport aux femmes qui avaient eu une durée totale d’aménorrhée lactationnelle de 6 à 12 mois, celles qui avaient eu leur retour de couches rapidement après la naissance avaient un risque d’endométriose 1,7 fois plus élevé. Toutefois, même après correction pour la durée de l’aménorrhée lactationnelle, la durée totale d’allaitement et la durée totale d’allaitement exclusif avaient toujours un impact significatif sur le risque d’endométriose. L’impact de l’allaitement était le plus important chez les femmes dont la dernière grossesse datait de < 5 ans ; il baissait par la suite tout en restant significatif. La prise de médicaments pour inhiber la montée de lait n’avait pas d’impact sur ce risque.
Les principaux points forts de cette étude sont le nombre important de femmes, suivies de façon prospective sur une longue période (plus de 20 ans), avec un très faible pourcentage de femmes perdues de vue, et un nombre important de variables prises en compte. Elle présente cependant des limitations. Les données concernant l’allaitement ont été collectées de façon rétrospective pour certaines femmes. Dans la mesure où les auteurs ont exclu les femmes qui souffraient d’endométriose avant leur première grossesse, on ignore dans quelle mesure l’allaitement peut avoir un impact bénéfique chez ces femmes. Certaines femmes pouvaient présenter une endométriose peu symptomatique et donc non diagnostiquée. L’étude n’a pas collecté de données précises sur la sévérité de l’endométriose et sur sa localisation. Le fait de souffrir d’endométriose pourrait avoir eu un impact négatif sur l’allaitement. Cette vaste étude montre toutefois que, même si cet impact était atténué après correction pour d’autres facteurs, l’allaitement abaissait significativement le risque de survenue d’une endométriose de façon dose-dépendante, dans tous les groupes de femmes concernées, quelles que soient leurs autres caractéristiques et facteurs de risque. Cet impact était en partie fonction de la durée de l’aménorrhée lactationnelle. Les femmes devraient être informées des bénéfices de l’allaitement sur leur santé, incluant le risque d’endométriose.
Bjr
Pour ma part j ai une endometriose de stade 4 . Découverte en 2011, 3 coelioscopie, parcours PMA 5 ans, 2 FIV. Puis mon petite miracle est arrivé le 6/10/18. Retour de couches 28 jours après avoir accouché malgré que j allaite et continue à allaiter. Mon bébé à aujourd'hui 5 mois. J ai alors repris une pilule progestative au 1 mois de mon bébé juste après mon retour de couches . J ai pu constater le retour des symptômes de l endometriose qui avait pas vraiment disparu pendant la grossesse mais beaucoup moins important 2 mois après mon accouchement. Pour moi la grossesse et l allaitement n on rien changé contrairement à tout ce qu on peu dire. J ai eu des saignement les 3 premiers mois quand j était enceinte. J ai accouché à 26 SA, utérus très contractile. Si ça peut aider
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