Publié dans le n° 136 des Dossiers de l'allaitement, juillet 2018.
D'après : Breast engorgement induced by antenatal betamethasone therapy in a woman after mammoplasty. Wiener Y et al. Breastfeed Med 2017 ; 12(10) : 659-60.
Certains médicaments sont susceptibles d’induire un engorgement mammaire et une galactorrhée. Les auteurs décrivent un cas d’engorgement mammaire aigu chez une femme enceinte traitée par bétaméthasone en raison d’une menace d’accouchement prématuré.
Cette femme avait accouché spontanément d’un premier enfant à 31 semaines de grossesse en raison d’une chorioamniotite. Elle avait 27 ans et elle attendait son deuxième enfant lorsqu’elle a été admise dans le service d’obstétrique des auteurs en raison d’un engorgement mammaire avec galactorrhée, survenu brutalement. Elle avait subi une chirurgie d’augmentation mammaire trois ans avant le début de cette seconde grossesse (implants placés sous le muscle pectoral). En raison de son premier accouchement prématuré, sa seconde grossesse était étroitement suivie, et elle était traitée par progestérone par voie vaginale, et nifédipine. Trois jours avant son hospitalisation pour engorgement mammaire, elle avait reçu deux injections en IM de bétaméthasone en raison d’un raccourcissement du col de l’utérus de 22 à 7 mm, faisant suspecter une menace d’accouchement prématuré.
Lorsqu’elle s’est présentée aux urgences, elle souffrait d’un engorgement important, les seins étant très durs et douloureux. Elle ne présentait aucun autre signe clinique. L’examen a constaté l’engorgement important sans aucun signe de mastite. La pression sur les seins induisait un écoulement de lait. Elle ne présentait pas de contractions utérines anormales, et la longueur du col de l’utérus était de 7 mm. On lui a administré de l’amoxicilline à titre prophylactique. Les examens biologiques se sont avérés normaux, y compris le taux de prolactine. L’engorgement et la galactorrhée ont régressé progressivement. Elle a accouché à 36 semaines, par césarienne en raison de saignements et d’une présentation basse du placenta. Le bébé pesait 2 350 g et il était en bonne santé. Aucun problème mammaire n’a été rapporté pendant les premiers jours post-partum.
La survenue d’un engorgement mammaire avec galactorrhée a été rapportée chez des femmes enceintes traitées par ritodrine ou sulfate de magnésium, mais le mécanisme exact de survenue n’est pas connu. Une étude a rapporté l’impact de l’administration anténatale de stéroïdes sur la lactation chez les brebis. Suite à cette étude, des auteurs ont mené une étude prospective portant sur 87 femmes enceintes qui avaient reçu de la bétaméthasone en raison d’une menace d’accouchement prématuré. Lorsqu’elles n’ont pas accouché rapidement après ce traitement, ces femmes ont présenté une galactorrhée transitoire accompagnée d’un engorgement mammaire. Il semble que le corticoïde, en présence d’un taux élevé de prolactine (ce qui est le cas en fin de grossesse), déclenche l’activation de la glande mammaire. La survenue d’un tel engorgement avec ou sans galactorrhée n’est pas le signe d’un début du travail. Par ailleurs, la possibilité d’une galactorrhée post-chirurgicale a été décrite après chirurgie d’augmentation mammaire, sans que cela semble corrélé à une quelconque morbidité à plus long terme. Il est possible que, dans certains cas, la pression exercée par le corps étranger qu’est l’implant ait un impact négatif sur la glande mammaire. Dans ce cas, la conjonction de l’existence d’implants mammaires et de l’administration de bétaméthasone a pu contribuer à la survenue de cet important engorgement mammaire.
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