Paru dans le n° 137 des Dossiers de l'allaitement, août 2018.
D'après : Breastfeeding a child with Down syndrome through leukaemia. McGuire E, Miller H. Breastfeed Rev 2017 ; 25(3) : 27-31.
Les auteurs rapportent le cas d’un enfant trisomique 21 dont l’allaitement s’est poursuivi pendant le traitement de la leucémie.
Ce bébé était était régulièrement suivi sur le plan biologique (antécédents familiaux d’hypothyroïdie). Il avait 18 mois lorsque l’hémogramme a constaté un faible taux de plaquettes. Un prélèvement de moelle a confirmé le diagnostic de leucémie. Il a été hospitalisé et une chimiothérapie a été débutée. Il a suivi 6 cures de chimiothérapie : 4 cures d’induction avec injection de cytarabine, daunorubicine, 6-thioguanine et L-asparaginase, et 2 cures d’intensification avec administration d’étoposide et de cytarabine. Les cures étaient séparées de 3 à 4 semaines. Il a également reçu des antibiotiques (piperacilline et tazobactam) après la 4e et la 6e cure. Plusieurs transfusions plaquettaires ont été nécessaires. L’ensemble du traitement a duré 7 mois, au bout desquels il était en rémission.
La 2e cure a été particulièrement difficile en raison de troubles digestifs. L’enfant a fortement réduit ses apports alimentaires et il était à nouveau majoritairement allaité. La production lac-tée de sa mère a augmenté suite à l’augmentation de la fréquence des tétées. Elle restait près de son enfant pendant la journée et, la nuit, elle rentrait chez elle pour s’occuper de son autre enfant, pendant que le père passait la nuit à l’hôpital. Pendant toute l’hospitalisation de l’enfant, le lait maternel a représenté une part importante de son alimentation. La mise au sein a un impact calmant et antalgique démontré, qui peut être particulièrement utile chez un enfant hospitalisé dans un environnement stressant. De plus, le lait humain contient de nombreux facteurs bioactifs susceptibles d’aider une personne traitée par anticancéreux. Il a des propriétés anti-oxydantes, antimicrobiennes, anti-inflammatoires et anti-anorexiques. La chimiothérapie a généralement un impact négatif important sur l’appétit. Tous les autres enfants du service étaient nourris par sonde nasogastrique avec un lait industriel spécial. Pendant le traitement, cet enfant est passé d’environ 3 tétées à 8 tétées quotidiennes. Le fait de bénéficier de l’apport nutritionnel du lait maternel lui a permis de ne pas perdre de poids, et de ne pas avoir besoin d’une sonde pour son alimentation. L’allaitement a également permis à la mère et à son enfant de trouver du réconfort pendant cette période particulièrement stressante pour toute la famille. L’enfant était souvent mis au sein pendant qu’on lui administrait son traitement, qu’on changeait l’aiguille de la voie veineuse centrale, ou pour certains examens invasifs, qu’il subissait alors beaucoup plus calmement. Les séances de transfusion étaient longues et ennuyeuses, et les tétées aidaient l’enfant à les supporter.
Après la fin du traitement, l’enfant a de nouveau modifié son comportement alimentaire. La fréquence des tétées a baissé et il a progressivement recommencé à consommer des solides. Au bout de plusieurs mois, il a cessé de téter pendant la journée ; il a continué à prendre le sein le matin en se réveillant et le soir. Le service dans lequel l’enfant était hospitalisé, qui disposait d’un règlement concernant l’allaitement des enfants hospitalisés, a soutenu la mère dans la poursuite de l’allaitement. Les soignants veillaient à examiner l’enfant et à faire certains soins pendant qu’il était au sein, et ils appréciaient le fait que cela rendait les soins plus faciles. Un parent pouvait rester en permanence auprès de l’enfant, et ses repas étaient fournis. Le règlement du service prévoyait des repas spéciaux pour les mères allaitantes tant que leur enfant avait moins de 2 ans. Or, cet enfant avait plus de 2 ans lorsque le traitement s’est terminé, ce qui a amené l’administration de l’hôpital à supprimer la limite d’âge pour les repas fournis aux mères allaitantes. Dans le cas présenté ici, la poursuite de l’allaitement a été bénéfique pour tout le monde : principalement l’enfant, à qui il a permis de maintenir un bon statut nutritionnel et de conserver tous les bénéfices du lait maternel, à la dyade pour qui il a été source de réconfort et de bien-être, et à l’équipe soignante car il a facilité les soins à l’enfant.
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