Publié dans le n° 137 des Dossiers de l'allaitement, août 2018.
D'après : Evidence for mother-to-child transmission of Zika virus through breast milk. Blohm G et al. Clin Inf Dis 2018 ; 66(7) : 1120-1.
La zone d’épidémie du virus Zika continue à s’étendre dans les régions tropicales et subtropicales. Il peut se transmettre via les moustiques, les rapports sexuels et les transfusions sanguines. L’infection est asymptomatique dans la majorité des cas. La transmission verticale peut survenir pendant l’accouchement, l’allaitement, ou suite au contact étroit entre la mère et son enfant. Les auteurs rapportent un cas de transmission via l’allaitement.
Cette femme de 32 ans s’est présentée à une consultation vénézuélienne en raison de malaises, d’arthralgies, d’une éruption maculo-papuleuse et d’une hyperhémie conjonctivale, survenus 24 heures plus tôt. Elle allaitait exclusivement son bébé de 5 mois, qui ne présentait aucun symptôme. 4 jours plus tard, des échantillons de sang, de lait et d’urine ont été collectés chez la mère, ainsi que des échantillons de sang et d’urine chez le bébé. Le virus Zika, celui de la dengue et le chikungunya ont été recherchés dans tous les échantillons par PCR pour leur ARN. Le virus Zika a été identifié dans tous les échantillons. La mère avait également des IgM spécifiques, ainsi qu’un faible taux d’IgG spécifiques ; elle était négative pour tous les autres anticorps antiviraux recherchés. La conjonctivite et l’éruption cutanée ont disparu 4 jours après le début des symptômes, tandis que les malaises et les arthralgies ont disparu au bout de 10 jours. Le bébé allaité est resté asymptomatique.
Le virus Zika retrouvé dans le lait maternel et les urines de l’enfant a été séquencé, ce qui a permis de constater une correspondance à 99 % de leur matériel génétique. La comparaison avec les virus isolés dans les autres échantillons a constaté la même correspondance. L’analyse phylogénétique de comparaison avec toutes les souches connues du virus Zika a constaté que la souche retrouvée chez cette dyade correspondait à 99 % avec une souche mise en évidence en Colombie (pays où la mère n’était jamais allée). Cette famille vivait dans une maison confortable, disposant de l’air conditionné, et le bébé passait l’essentiel de son temps au domicile parental. Il avait donc un faible risque d’avoir été lui-même piqué par un moustique porteur du virus. Si l’on ne peut affirmer avec une totale certitude que le virus Zika a bien été transmis de la mère à l’enfant via le lait maternel, cela semble l’option la plus probable.
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