Publié dans le n° 154 des Dossiers de l'allaitement, janvier 2020.
D'après : Lack of transmission of Zika Virus infection to breastfed infant. Hemachudha P et al. Clin Med Insights Case Rep 2019 ; 12 : 1179547619835179.
Le virus Zika appartient à la famille des Flaviviridae, essentiellement transmis par les moustiques. Pendant des décennies, l’infection à virus Zika était connue pour être une maladie bénigne. Toutefois, on a constaté à l’occasion d’une épidémie survenue au Brésil en 2015 une corrélation avec une augmentation des pathologies congénitales chez les enfants dont les mères avaient été contaminées pendant la grossesse. Lorsqu’une mère est contaminée pendant l’allaitement, les recommandations de l’OMS sont de poursuivre l’allaitement, car la contamination via le lait maternel n’est pas démontrée avec certitude, même si l’ARN du virus est excrété dans le lait. Les auteurs rapportent un cas d’allaitement chez une mère contaminée, l’enfant ne l’ayant pas été.
Cette Thaïlandaise de 38 ans avait accouché normalement et par voie basse d’un bébé en bonne santé. Elle a commencé à allaiter exclusivement dès la naissance. Son bébé avait 10 mois lorsqu’elle a commencé à être malade, et tous les signes cliniques d’une infection à virus Zika étaient présents lorsqu’elle est venue consulter (fièvre, conjonctivite, éruption cutanée, douleurs articulaires…). La sérologie 4 jours après le début des symptômes a confirmé une infection à virus Zika, et la mère a décidé d’arrêter l’allaitement. Tous les symptômes ont disparu chez la mère au bout de 12 jours.
Cette mère tirait régulièrement son lait et le congelait (et elle a continué à le faire après avoir sevré). Il a donc été possible de rechercher le virus dans son lait sur 22 jours consécutifs (entre 8 jours avant l’apparition des signes cliniques chez la mère jusqu’à leur disparition totale). Des échantillons de sang et d’urine ont également été collectés chez la mère et son enfant sur une période de 3 semaines pour recherche du virus, par PCR puis par test ELISA. Le virus commençait à être excrété dans le lait maternel 3 jours avant l’apparition des signes cliniques chez la mère, et il y restait détectable pendant 11 jours. Il restait détectable dans les urines maternelles pendant 10 jours de plus. Le bébé n’a présenté aucun symptôme de contamination, le virus n’a été retrouvé dans aucun des 7 échantillons d’urine collectés, et le bébé est resté séronégatif pour le virus Zika.
Les données existantes ne permettent pas d’affirmer que les enfants contaminés pendant les premières semaines post-partum l’ont été via le lait maternel ; la contamination pourrait également être survenue en fin de grossesse ou pendant l’accouchement. Cette étude confirme que le virus Zika est excrété dans le lait maternel, mais qu’il n’a pas contaminé le bébé alors que ce dernier a reçu pendant plusieurs jours du lait contenant le virus. Il est possible que les anticorps spécifiques du virus Zika, très probablement présents dans le lait maternel, aient protégé le bébé, ou que la contamination via le lait maternel soit moins facile chez un enfant de 10 mois que chez un petit nourrisson. Au vu des données actuelles, on peut encourager les mères contaminées par le virus Zika à poursuivre l’allaitement, ce virus ne semblant pas être transmis par voie orale. D’autres études sont nécessaires pour analyser les facteurs susceptibles de favoriser la contamination de l’enfant (charge virale lactée, viabilité du virus présent dans le lait maternel, statut immunitaire maternel, traitement éventuel du lait maternel…).
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